L’inutile monarchie belge
Le théâtre royaliste en Belgique devient de plus en plus obscène , outre l'indécence de l'accroissement des inégalités, et les plaintes de l'ancien roi, Albert II, qui a eu le toupet d'abdiquer, qui estimait ne pas recevoir assez d'argent, sans oublier la vassalité des médias, le maintien de la monarchie est révélateur du rapport qu'entretiennent les Belges avec l'autorité. Surtout depuis que Philippe est monté sur les planches...
Il faut reconnaître que ça ressemble pas à grand-chose. Ils sont là, mi fantôme moulé, à débiter à dates régulières le même discours mou en trois langues. Quelques lignes, lapidaires, rien de plus . On essaie de ne froisse personne puisqu'on est père du royaume. Devant la caméra, le père couronné tiens fermement son papier, de peur d'oublier son discours. Ses petites lunettes lui donnent un air de fouine. Il plisse les yeux et décortique les phrases, mot par mot, sans sembler rien y comprendre. On assiste alors à un formidable enfonçage de porte ouverte. On vantera dans les médias la fermeté du roi et de son engagement pour l'unité de la Belgique. La potiche tient son rôle de mannequin de vitrine à qui l'on prête des poses et des habits pour vanter le magasin. À quelques pas de là, pour les consommatrices une autre statue au sourire figée et en costume de poussin représente l'élégance à la Belge, le charme de la petite monarchie tranquille dessinée en dépit du bon sens. Tout ce cirque a pourtant un prix. Et je ne doute pas que l'on me qualifie de démagogue si j'affirme qu'il est indécent de voir une famille vivre dans un palais quand dorment sur des bancs les "locataires" du parc d'en face. Démagogique, certes, puisque tout argument du coeur aujourd'hui trouve sa réponse technocratique et ses diagrammes en fumeurs pour contre argument, mais au-delà de la réalité matérielle, qui, en dépit de l'idéologie de la croissance et de l'illimité dont tous la plupart des politiciens belges ont pris le parti, c'est tout un exemple imprimé au coeur de la culture belge que le régime monarchique conserve, l'idéologie du sang n'est jamais loin lorsqu'il s'agit de dynastie. Ce rapport au pouvoir questionne du coup notre idée de la structure familiale.
Cette structure est selon moi, la cause fondamentale de la soumission à l'autorité puisqu'elle est éducation même de l'obéissance.
La famille nucléaire trouve dans la monarchie un formidable propagandiste mais correspond à la structure belge dès la famille. En Belgique, le nombre de mariages a toujours été plus important que le nombre de divorces, bien que les courbes tendent à se rejoindre. (1) La monarchie était déjà un anachronisme à sa création. Aujourd'hui certains se rattachent à la couronne, par nostalgie, par peur, ou par habitude. Mais qui, à part ceux-là s'interesse à ce régime qui porte aux nues les inégalités ? Nous observons de loin leurs petites sorties mondaines. Ah ! Qu'il est loin le temps ou Léopold II, le bienveillant patriarche défendait ce plat pays qui est les miens sur le plan international. Cette fois, la Belgique s'était enfin faites respectée. On oubliait le pays paillasson, l'État tampon issu des complots de Talleyrand sur les lequel la France et l'Angleterre avaient vocation de s'essuyer les pieds. Tout dans la construction du royaume faite à Londres à l'occasion d'un fameux congrès, n'aura été pensé que pour calmer les ardeurs républicaines et bonapartistes qui avaient enflammé Bruxelles. Les frontières elles-mêmes semblent avoir été traçés comme un vulgaire pays colonial, sans avoir poussé la moindre réflexion sur les peuples et leurs cultures. Aujourd'hui, les Belges passent leur temps à se disputer entre régions, comme dans les anciennes colonies où les dictatures et l'impérialisme ont fait renaitre le tribalisme. Talleyrand, magouilleur en chef de cette construction d'un État neutre déclarera peu de temps après : « les Belges . Ils ne dureront pas. Ce n’est pas une nation, deux cents protocoles n’en feront jamais une nation. Cette Belgique ne sera jamais un pays, cela ne peut tenir… »(2)
Et pourtant... ça tient. Après six réformes de l'État et l'élargissement des compétences aux régions, on voit bien que les Belges ont de moins en moins envie d'être ensemble. On peut agiter sans cesse la marionnette couronnée, ça ne dupe plus personne. (3) De plus, il devient indécent de voir une famille jouir de privilèges pour le simple fait de leur sang lorsque la population belge constate que vivre devient de plus en plus cher. Le roi est un symbole. Il est l'image même de l'autorité bien qu'il n'est pas de pouvoir. On nous parle sans cesse de démocratie. Mais j'affirme que la démocratie réside dans le choix et non dans l'élection qui est part nature aristocratique. Phillippe n'a, pas été choisi, il a été élu par je ne sais quel Providence aveugle. La démocratie est un mode de prise de décision qui fait ( souvent) mal. Mais abattre la monarchie et changer de régime, c'est combattre ce qui reste du droit naturelle qui préside au libéralisme et à la propriété qui n'est que vol, comme disait Proudhon. Doit ont part ailleurs rappeler les rapports avec la finance de l'aristocratie belge. Cette noblesse est plus bourgeoise qu'aristo. Doit-on rappeler aussi, combien la Belgique fut fer de lance de la société de consommation. L'émergence de la voiture en 1901 rend nécessaire l'exploitation du caoutchouc, abondant au Congo qui fera la fortune du petit pays et de son souverain. Quant à la dette, parlons de l'argent emprunté à la banque Rotshild pour la colonisation du Congo(4) À cette heure ou l'Europe demande des restrictions de l'administration, je propose que l'on commence par couper du coté du palais de Laeken. Puisqu'il faut réduire le nombre de fonctionnaires, commençons donc par le premier d'entre eux. (5)
J'espère que le temps fera place à la république. Et que l'Histoire se souviendra du temps des monarques comme d'une blague belge un peu trop longue. Il est temps que du coté francophone, on ose renouer avec cette idée. Nous ne pouvons pas laisser à la droite nationaliste flamande la défense d'un régime ou chaque citoyen se doit de choisir ce qui est bon pour tous.
(1) http://statbel.fgov.be/fr/statistiques/chiffres/population/mariage_divorce_cohabitation/
(2) http://www.talleyrand.org/politique/talleyrand_belgique.html
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