L’oligarchie de la rue
1 000 protestants dans une rue valent autant que 1 000 bulletins de votes.
L'élitisme de la rue
Une voix, dans notre type de démocratie, ne vaut qu'une seule voix, peu importe la forme d'expression de cette voix. Que ce soit un bulletin dans une urne, une marche dans la rue en chantant et faisant du bruit, brandissant des gros titres. Une voix vaut une voix. Elle n'est pas multipliée proportionnellement à l'intensité de son expression.
1 000 protestants dans une rue valent autant que 1 000 bulletins de votes.
Le pouvoir d'une manifestation est assez complexe, à la fois elle pense être la plus puissante des contestations, par fantasme (mai 68, cpe,...) et boostée par les meneurs - souvent politisés ou motivés par des ambitions politiques - mais au final, elle a très peu d'effets sur ce qu'elle attaque et/ou défend. Symboliquement elle peut avoir beaucoup de pouvoir sur la psychologie du citoyen et l’image du gouvernement.
Émetteurs, Récepteurs, 250 combinaisons d'interprétation.
Les conséquences de la manifestation, sont instrumentalisées par les initiateurs et les meneurs, les médias, les politiques. Et pourtant la voix des manifestants - leurs opinions, leurs contestations, pouvant être multiples et différentes pour chaque manifestant - peut être plus ou moins différentes de celle de l'entité, la voix unique, la "Manif".
Et à chaque parole d’une de ces sources, une interprétation différente peut être proposée et ré-interprétée différemment par le récepteur, le peuple.
Si le gouvernement devait obéir à la rue, il devrait également obéir aux statuts Facebook, aux tweets, à toutes les formes d'expression publiques. Car le principe est le même : "J'exprime mon opinion de citoyen, peu importe le support, le gouvernement doit prendre en compte mon opinion."
Pourtant, la rue pense être la seule à avoir la légitimité à être écoutée et qu'on lui obéisse. Sortir de chez soi, marcher, aurait il plus de valeur que de rester chez soi ? Être dehors à marcher prouverait par principe que ce que l'on pense est sincère, réfléchi, éduqué, pur ? Alors que donner son avis de chez soi, n'aurait aucune valeur ?
Propagande
La rue est la 1ère à dénoncer la propagande du “pouvoir” en place, en étant aveugle à sa propre propagande. Effectivement, "Une propagande du bien ne peut pas être une propagande, une propagande est forcément une instrumentalisation de l’information, une bonne com, pour faire passer une loi malveillante", donc par principe, "comme la rue a raison, il est hors de question de penser à une propagande".
Propagande de la rue, il y a : Les très rares bavures policières sont amplifiées sans complexe, attribuées à l'entité Police. "Un manifestant blessé = la police à l’ordre de tout faire pour arrêter l’expression du peuple". On est dans une psychologie excessive, d’un cas isolé, ressenti comme une violence - certes réel, mais à une certaine échelle - la rue dénonce un système extrême (dictature, répression totale, totalitarisme, il empêche les journalistes de montrer la vérité, etc…). Du pur fantasme alors que ces cas sont statistiquement rares, isolés, parfois une bavure, parfois un accident involontaire, certes condamnables mais à leur juste valeur !!
Ces bavures, ces accidents, il est indécent d'en instrumentaliser les blessures alors qu'il n'y a aucune compassion finalement pour la victime elle même. On se plonge en une seconde dans la haine du système. Il n'y a aucune compassion, ces gens sont individualistes. Individualistes car leur seule et unique émotion est tournée vers un système qui peut les atteindre EUX ! Un manifestant blessé = "La police va trop loin et j’ai peur pour moi", ou plutôt, "Je me plonge dans mes certitudes extrêmes qui me rassurent, me rassurent parce que j'ai raison.
Il est irresponsable pour la rue de faire une propagande qui est destructrice sous-couvert d'opposer un contre-pouvoir à un pouvoir qui serait à la limite du totalitarisme, un pouvoir qui ne respecterait pas la démocratie.
Démocratie
Il peut y avoir plusieurs formes de démocratie, la nôtre est simple, des citoyens attribuent la légitimité au pouvoir de s’occuper au mieux de l’intérêt général et décident de ceux qui ont le plus de chance d’y réussir.
La méthode, un bulletin dans une urne et le peuple choisit de donner le pouvoir pendant "5" ans à ceux qui vont gouverner (Président, députés, ...).
Est-ce que pendant ces "5" ans, accepter qu’une minorité du peuple s’auto-proclame contre pouvoir officiel et unique pour imposer par la force d'autres décisions, fait il parti de notre système de démocratie ? Non, et si il l'était, il devrait être organisé et légitimé, car n’importe quel groupe malveillant ou manipulé et pensant être bienveillant, ou croyant sincèrement avoir “raison”, aurait la possibilité de saboter le pouvoir qui a été mis en place démocratiquement.
L'image de la manifestation
En visionnant des vidéos brutes de manifestations avec très peu de montage, aucun commentaire et avec une certaine neutralité dans ce qui est filmé, on se rend compte de la complexité psychologique de l’affrontement, où ça dérape, comment ça dérape, et comment il est extrêmement facile de proposer une interprétation erronée de la manifestation en montrant quelques images avec des commentaires descriptifs hors du contexte.
La vision manichéenne de la problématique est une erreur, il n’y a pas d’un côté les méchants policiers qui auraient des ordres d’être plus durs, plus violents, qui seraient manipulés par l'entité hiérarchique afin de les pousser à agir d’une certaine manière et de l’autre côté les bons manifestants par principe, car leur combat est le bon, dans la forme et dans le fond.
Il y a quelques mecs - qui se trouvent être des manifestants - qui résistent violemment, pour X raisons (alcool, provocation, kiffe d’adrénaline, fantasme de l’insoumission face à un état qui serait “totalitaire”, une rage boostée par la propagande syndicaliste, etc…) et quelques mecs - qui se trouvent être des flics - qui dérapent, pètent un câble, après des heures d’affrontements ultra tendus.
On se retrouve donc avec un micro-événement déclencheur qui ensuite dégénère très rapidement et très facilement, car la tension est extrême. Et quand tout bascule, c’est foutu, on se retrouve avec des hommes face à des hommes, certains provoquent, certains franchissent la ligne, certains dérapent. Avec des milliers d’heures de rushs, il y aurait donc automatiquement des images choquantes, qui prises hors contexte, vont cristalliser cette vision d'une société manichéenne, figée, d'un pouvoir des plus forts contre les plus faibles.
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