L’Union Européenne résistera-t-elle aux migrants ?
L’Europe unie est désormais un concept dépassé, car des invités surprises sont en train de bousculer toutes les pieuses résolutions antérieures, et les chiffres de l’institut Eurostat montrent l'ampleur du défi posé.
Selon l'organisme européen, sur 507 millions d'habitants dans l'UE, 34,1 millions sont des ressortissants étrangers n'ayant pas la nationalité de leur pays de résidence (chiffres datant de fin 2015 et portant sur 2014). Parmi eux, une vingtaine de millions viennent de pays hors-UE. En outre, l'UE a connu en 2015 et 2016 un afflux exceptionnel de milliers de migrants arrivant par la Méditerranée, "fuyant pour la plupart la guerre dans leurs pays" selon la version officielle, ce qui ne parait pas certain, mais ne change rien au problème humanitaire posé, même si des migrants économiques se mêlent à la masse.
Selon l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), plus d'un million de personnes sont arrivées en 2015, dont plus de 850 000 via les côtes grecques, provenant en large majorité de Syrie (56 %), d'Afghanistan (24 %) et d'Irak (10 %).
En 2016, toujours selon l'OIM, les arrivées par la mer se seraient stabilisées à plus de 363 000, chiffre auquel il faut ajouter 24 000 arrivées par des routes terrestres.
Un accord conclu en mars 2016 avec la Turquie a permis de contenir un peu les brèches via la mer Egée, mais l'afflux a atteint un niveau record en 2016 sur les côtes italiennes, avec plus de 180 000 arrivées - le plus souvent des migrants économiques reconnaît là Eurostat.
Plus de 1,2 million de demandes d'asile ont été recensées dans les pays de l'UE en 2016, soit un nombre proche du record de 1,26 million de 2015. Les Syriens (334 800), les Afghans (183 000) et les Irakiens (127 000) restent les trois principales nationalités des demandeurs. Et l'Allemagne reste de loin le pays où le plus de nouvelles demandes ont été enregistrées (722 300 en 2016, soit 60 % du total européen), devant l'Italie (121 200), la France (76 000) et la Grèce (49 000). Fin 2015, la Commission européenne a reconnu benoitement que cet afflux devrait provoquer des « hausses de dépenses publiques dans plusieurs Etats » !!
A l'Est, on se rebelle
Or il se trouve que dans l’Europe ex-communiste, la venue des migrants n’est pas regardé du meilleur œil, ce qui pose un sacré problème politique aux héritiers de Jean Monnet.
Pour les représentants du groupe de Višegrad en effet, le refus acharné de la politique migratoire de Bruxelles est avant tout une question de survie et de sécurité. Le groupe de Visegrád - réunion informelle et très ancienne de quatre pays d' Europe centrale, Hongrie, République tchèque, Pologne et Slovénie - postule que le lien entre terrorisme islamique et immigration ne fait aucun doute.
Pour sommaire qu'elle soit, cette opinion est difficile à réfuter : la vague d’attentats qui frappe l’Europe de l’Ouest s’arrête pile à l’Est ! Aucun des pays du groupe de Višegrad (qui précisément refusent tous les quotas européens) n'a jamais été frappé par un attentat à connotation islamiste. Et non sans logique, les dirigeants de ces pays avancent que c'est grâce à leur refus de la politique migratoire voulue par l'UE qu’ils sont épargnés. Ainsi, le pour le ministre polonais de la Défense, Michał Dworczyk, l'attentat terroriste de Barcelone est « une preuve de plus que la politique migratoire et la politique de sécurité doivent être conduites de manière très réfléchie et responsable (…) La sécurité qui règne en Pologne est entre autres le résultat de la politique conséquente du gouvernement ». Un point de vue appuyé par Péter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères, pour qui accueillir des migrants « est un risque énorme ». Beata Szydlo (Premier Ministre polonais) n'a pas apprécié les critiques d'Emmanuel Macron à l’endroit de la politique stricte appliquée dans la Patrie de Chopin : « je conseille à M. le président de s'occuper des affaires de son pays, il réussira alors peut-être à avoir les mêmes résultats économiques et le même niveau de sécurité de ses citoyens que ceux garantis par la Pologne ».
Certes, ces propos tranchent fortement avec la politique prônée par les Merkels ou Macron (et avant lui l'ectoplasme Hollande), mais sont-ils exacts ? Voici la liste des attaques imputables à l'islam radical depuis 2001 en Europe : 58 en France, 50 en Grande-Bretagne, 32 en Allemagne, 15 en Belgique, 10 en Italie, 6 en Espagne. Aucun en Europe Centrale, ce qui semble corroborer la thèse des dirigeants d'Europe Centrale, mais il faut nuancer car les assaillants sont très souvent des enfants de 2 ou 3ème génération de l'immigration des années 80
L'unité européenne se fracassera-t-elle sur l'attitude à tenir face au flux des migrations dans le proche futur ?
C'est fort possible.
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