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Accueil du site > Tribune Libre > L’Union Européenne va se disloquer et il faut un projet

L’Union Européenne va se disloquer et il faut un projet

Combien de temps l’UE parviendra-t-elle encore à survivre à ses difficultés et au rejet grandissant de ses peuples ? La rupture interviendra-t-elle au cours du prochain quinquennat ? Quels évènements seront déterminants ? 

Grande Bretagne, Danemark et Pays-Bas se sont déjà opposés à une diminution de leur souveraineté ou à un élargissement de l’UE. La consultation des électeurs hongrois à propos de la politique migratoire européenne traduisait également une inquiétude partagée par la plupart des populations des Etats membres de l’UE. 

L’hexagone, jusque-là moins affecté par l’austérité que la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou l’Italie, pourrait bientôt l’être davantage. Après les crises à répétition dont celles de l’euro et l’appauvrissement de populations entières, l’antienne d’une UE qu’il faut sauver coûte que coûte pour la changer de l’intérieur en une Europe plus humaine et sociale, moins libérale mais génératrice de croissance et d’emploi, ne convainc plus.

En France, les candidats à l’élection présidentielle issus des deux partis de gouvernement dont l’ancien sénateur socialiste Jean Luc Mélenchon ou les anciens ministres Emmanuel Macron et Benoît Hamon prétendent, comme leur homologue du Parti Les Républicains François Fillon , présenter des alternatives. Pourtant, tous jouent sur ce registre commun et leurs programmes économiques occultent la menace qui pèse sur l’euro et l’UE. On peut comprendre qu’il ne soit guère aisé de reconnaitre l’échec de la politique européenne défendue pendant plusieurs décennies mais cet autisme et l’absence de vision ou de réel projet, démobiliseront encore de nombreux électeurs. 

Les instances européennes et les milieux financiers scrutent maintenant la troisième économie européenne. Les banques transalpines croulent sous 360 milliards de créances douteuses et manquent de fonds propres. Bien que la Grèce en 2010, l’Irlande en 2011 et le Portugal en 2012, aient bénéficié du secours de fonds européens, la chancelière allemande s’oppose aujourd’hui à un prêt et s’appuie sur la règlementation européenne de 2014 qui impose une mise à contribution des épargnants même modestes et des actionnaires des banques, avant une aide de l’Etat. Mais la faillite de banques italiennes pourrait entrainer une récession dans le pays et déstabiliser un peu plus l’euro et l’Union Européenne. Certes, on peut présumer qu’en dernier recours, la BCE optera pour le sauvetage mais on peut aussi se demander quel jeu joue l’Allemagne.

Angela Merkel refuse que son pays soit davantage mis à contribution et ne souhaite pas une intégration financière plus poussée de la zone euro. La chancelière allemande a-t-elle déjà pris la décision, notamment en raison du Brexit, d’en finir avec l’euro et l’UE ? 

Déjà, en avril 2014, (quelques mois avant son assassinat dans les bureaux de Charlie Hebdo) l’économiste Bernard Maris prévenait : « Plus de vingt ans de guerre économique ont passé, et l’industrie allemande a laminé les industries italienne et surtout française. L’Allemagne n’a plus besoin de la zone euro. Au contraire : la zone euro commence à lui coûter cher, à tel point qu’elle songe elle aussi à quitter l’euro. Il est bien évident que ni la Grèce, ni le Portugal, ni l’Espagne, ni même la France et l’Italie ne pourront jamais rembourser leur dette avec une croissance atone et une industrie dévastée. La zone euro éclatera donc à la prochaine grave crise de spéculation contre l’un des cinq pays précités. »

La première ministre britannique Theresa May a saisi le sens de l’histoire et veut tirer profit du Brexit. Celle-ci a décidé de tourner le dos à la politique Thatchérienne qui a désindustrialisé la Grande-Bretagne pendant 30 ans. Cette nouvelle volonté politique pourrait préfigurer la fin du paradigme qui prône la toute-puissance des marchés et la déréglementation des échanges, souvent symbolisé par le slogan de Margareth Thatcher, There is no alternative (TINA). Toutefois, le gouvernement anglais n’entamera pas le processus de sortie de l’UE avant le début ou la fin 2017. La sortie effective ne devrait donc se concrétiser qu’en début ou fin 2019, au terme des deux ans de négociations nécessaires. Aussi on peut penser que la Grande Bretagne parie sur d’autres crises voire l’explosion de l’UE et ne souhaite pas s’engager immédiatement dans des négociations qui se révèleraient dès lors hasardeuses ou inutiles. Par ailleurs, on observe depuis quelques années chez son cousin anglo-saxon américain et pays du libre-échange, une volonté de relocalisation de l’industrie et le rétablissement de barrières douanières. Le haro aux USA sur le TTIP nous confirme cette tendance. Aussi, peut-être assisterons-nous au cours des années à venir, à l’émergence d’une nouvelle ère économique. 

L’Allemagne projette très certainement de s’extirper de l’UE, la Grande-Bretagne va en sortir et l’Italie qui pourrait bientôt entrer dans une grave récession devra repasser sous les fourches caudines de Bruxelles. Mais notre pays, pourtant déjà endetté de l’équivalent de trois ans de PIB (notre tribune dans le magazine Marianne Il faut sortir de l’euro et de l’UE avant un défaut de paiement), s’accroche avec nostalgie à un idéal européen promis au milieu du XXème siècle par les fondateurs de la construction européenne dans l’Europe en chantier d’après-guerre dont l’environnement économique n’avait rien de comparable avec celui d’aujourd’hui. 

Le déni ne saurait sauver une UE moribonde et déjà condamnée. Alors, peut-être devrions-nous aussi, afin de préparer au mieux notre avenir, en accepter la réalité. Le pragmatisme devrait primer et nous avons le devoir de définir, hors de considérations idéologiques ou politiques, un programme d’intérêt national qui pourrait être rapidement mis en œuvre, quel que soit le gouvernement qui officierait au moment de la désagrégation de l’Union Européenne. Car la France, nouvellement affranchie de la contrainte des traités européens, pourrait alors bénéficier d’extraordinaires opportunités de développement. 

Un travail de réflexion entamé il y a plusieurs années, a permis l’élaboration d’un modèle économique qui profiterai à tous, citoyens et entreprises. Ce projet, soucieux des intérêts de la Collectivité nationale, si l’on considère son objet et sa nature, propose les quelques rares solutions concrètes susceptibles de permettre le moment venu, de relancer l’industrie pour à terme, vaincre le chômage de masse tout en favorisant un mode de consommation plus respectueux. Le programme résumé en dix pages a été publié sur le site du Figaro en mai et juin 2016. Il convient maintenant, en collaboration avec l’Etat, des écoles d’ingénieurs et des entreprises, de poursuivre cette étude, dont notamment, l’évaluation des potentialités des métiers des secteurs manufacturiers.  

Francis Journot tient le site Collectivité nationale. Il est membre du mouvement Rendez-nous notre industrie et de l’association Vêtements made in France


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9 réactions à cet article    


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 28 février 2017 09:56

    Bonjour,
    Au lieu d’attendre que cette usine à gaz s’effondre, autant se rassembler pour en sortir avant, comme la GB est en train de le faire...

    « Les 10 raisons qui nous imposent de sortir de l’ UE »


    « UPR - Programme de Libération Nationale en 20 points »

    • MagicBuster 28 février 2017 13:02
      L’Union Européenne va se disloquer (tant mieux - on a voté NON en 2005) et il faut un projet.

      On fait un référendum pour le nouveau projet ou on laisse ENCORE la main à la mafia ??


      • baldis30 28 février 2017 18:22

        @MagicBuster
        1) On reprend nos billes

        2) Enquête sur les trahisons de la parole du référendum

        3) Les traitres à Cayenne


      • Captain Marlo Fifi Brind_acier 1er mars 2017 08:45

        @MagicBuster
        Il n’y a que l’ UPR qui propose le Frexit comme priorité et qui ait un programme construit.
        Les autres sont pour rester dans l’UE, comme Macron et Fillon. Ou bien, ils veulent renégocier les Traités pour avoir une Autre Europe, comme Dupont Aignan, le FN ou Mélenchon.


      • Lambert 28 février 2017 19:50

        J’ai recommandé cet article car j’ai été intéressé par quelqu’un, entrepreneur d’après ce que je comprends (reprenez-moi si je me trompe), qui parle de sortir de l’UE d’un point de vue qui n’est pas politique. Cela, déjà, me surprend beaucoup. En effet, tout ce qu’on entend dans les médias est que sortir de l’UE constituerait une catastrophe économique et voilà qu’un acteur économique dit tout le contraire. 

        J’ai toujours été opposé à cette Europe (et non à l’Europe, comment le pourrais-je puisque je suis européen !) qui est à mes yeux un goulag (économique au lieu d’être politique, mais le résultat est le même. On n’est pas condamné aux camps mais ostracisé et réduit à la misère). Comment en effet accepter le sort fait à la Grèce quels que soient ses torts. Et chez nous cela a été la destruction de notre industrie, comme le rappelle cet article. Il est grand temps que ce marché de dupes cesse !

        • Doume65 2 mars 2017 00:41

          @Lambert
          « En effet, tout ce qu’on entend dans les médias est que sortir de l’UE constituerait une catastrophe économique et voilà qu’un acteur économique dit tout le contraire. »

          Les acteurs économiques, en France, sont bien plus nombreux que ceux qui dirigent les multinationales. Or on n’entend que ces derniers ou ceux qui travaillent pour eux.


        • jesuisdesordonne jesuisdesordonne 28 février 2017 20:36

           "un idéal européen promis au milieu du XXème siècle par les fondateurs de la construction européenne dans l’Europe en chantier d’après-guerre"

          Il s’agit là d’une façade, un mythe quasi religieux qui mystifie une réalité quasi inverse.

          Quand on visionne les vidéos ou si on lit les ouvrages de Jacques PAUWELS et Annie LACROIX-RIZ, notamment, on découvre que cette parole d’évangile n’a pas grand chose à voir avec les accords du coté des cartels des industriels européens et américains ainsi que de l’oligarchie bancaire qui défend un modèle capitaliste où les profits reposent sur un salariat dominé par les puissances de l’argent et un vaste marché unique de consommateurs.

          En ce sens, l’Union Européenne de cette oligarchie bancaire et industrielle date de bien avant l’après deuxième guerre mondiale. Elle est montée en puissance pendant les arrangements pour le non paiement des dommages de guerre après la première guerre mondiale. Elle a rendu inévitable la première et la deuxième guerre mondiale pour repartager le monde colonial.
          C’est elle qui a financé et armé les fascistes qui ont massacré les prolétaires révolutionnaires libertaires espagnols à partir de 1936. C’est elle qui a fait élire les fascistes en Italie et en Allemagne pour faire massacrer par millions les prolétaires révolutionnaires autoritaires russes et accessoirement quelques syndicalistes révolutionnaires ou pacifistes français comme en 1914. C’est elle qui a des complices au Vatican, en France, en Angleterre... C’est elle qui a fait fortune grâce aux camps de travail nazis. (FORD et d’autres) C’est elle qui a ouvert la porte à la colonisation américaine.
          Quand on regarde les conférences de François Asselineau on comprend que Walter HALLSTEIN a, dû laisser passer plusieurs années, après guerre, avant de ressortir les projets d’UE devenus publics pendant la guerre, période faste de l’Union Européenne des capitalistes autoritaires au temps où les salaires avaient été divisés par deux et où de nombreuses entreprises bénéficiaient des camps de travail nazis. Les salariés qui n’étaient pas dans les camps avaient perdu 12 kg en moyenne quand même.
          La période d’après guerre n’est donc qu’une parenthèse, une période de décrue temporaire du projet totalitaire qui monte encore en puissance actuellement.


          • ddacoudre ddacoudre 28 février 2017 21:06

            bonjour V M I F
             l’ennemie n’est pas l’UE, c’est le capitalisme. celui-ci n’est et ne sera jamais social car pour lui l’humain est une charge. nous avons ce paradoxe à régler après l’échec de la tentative communiste. mais encore faut-il nommer la source de nos maux.
            cordialement. ddacoudre.over-blog.com.

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