• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > La baisse du chômage en France : qu’en est-il réellement (...)

La baisse du chômage en France : qu’en est-il réellement ?

J’écoutais l’autre jour sur RMC je ne sais quel secrétaire d’Etat aux "très petites entreprises" qui d’un côté déplorait qu’il n’y ait aucune statistique concernant la mise en oeuvre du CNE (contrat nouvelle embauche, le CDD de 24 mois) et se félicitait par ailleurs que ces mêmes CNE, réservés aux TPE, aient fait baisser le chômage significativement depuis leur introduction en France.

De deux choses l’une : soit on a des chiffres, soit on n’en a pas. Si on n’en a pas, ce n’est pas la peine de dire qu’il y a un résultat. Bref, tout le discours de ce secrétaire d’Etat, comme celui de tous ces énarques qui nous dirigent, était basé sur le même postulat : ce que fait le gouvernement est bon, donc, le chômage baisse.

Moi, je pense que c’est totalement faux.

Tout d’abord, le chômage baisse, c’est vrai, mais c’est dû à la diminution mécanique par le biais du passage à la retraite des 65 ans et à la diminution actuelle de la population active, elle-même liée au "trou" de natalité de la guerre 1939/1945.

Afin que vous compreniez mieux, je vais vais illustrer mes propos par une pyramide des âges afin que vous puissiez comprendre de visu.

La pyramide des âges estimée en 2000

Vous pouvez donc voir sur cette pyramide que la note 3 renvoie à un déficit de population. Ce déficit a duré cinq ans, de 1939 à 1944, et correspondait au sentiment d’insécurité de la population lors de l’occupation par l’Allemagne. La pyramide des âges allemande n’est pas la même que la française : en effet, 1939/1944 fut en Allemagne une période d’expansion et d’incitation à la natalité... mais ceci est un autre débat.

On voit que ce creux de la pyramide des âges se retrouve quelque 30/40 ans plus tard, (5) et correspond cette fois-ci à une baisse du taux de fécondité (légalisation de la pilule et de l’avortement), et aussi au fait que les enfants de 1939/1945 qui n’étaient pas nés, ne pouvaient pas à leur tour avoir d’enfants.

Bref, ce n’est pas la raison du trou qui nous intéresse, mais il faut se concentrer sur ce déficit (5) de population qui nous arrive actuellement et fait, mécaniquement, baisser le chômage.

En effet les personnes qui sont nées entre 1969 et 1979 arrivent maintenant aux âges de 26 - 35 ans, soit la période de la vie qui est la plus active. Ils ont fini leurs études, ils sont prêts à trouver un emploi...

Problème, ils ne sont pas nés, ces travailleurs : les emplois qu’ils auraient occupés sont vacants : mécaniquement, le chômage baisse ; on est obligé de faire appel à d’autres catégories de main d’oeuvre, etc. A priori, on a pour dix ans de recul du chômage, quelle que soit la politique économique mise en place.

Un môme de 15 ans comprendrait ça, moins de travailleurs, plus de travail... Pendant ce temps-là, on nous bourre le mou dans tous les organes de presse avec les propositions des uns et des autres pour faire baisser le chômage. .

A part ça, je remarque que le chômage a baissé, mais que le RMI a augmenté.

Rien que dans mon quartier, plusieurs personnes ont refusé des propositions de travail et se retrouvent au RMI, radiées de l’ANPE (donc plus au chômage) .

Il faut dire que les lieux d’exercice des emplois proposés étaient éloignés. Et les décrets d’application du projet de prime de mobilité de 1000 euros, prime promise par le gouvernement à grand renfort d’annonces, ne sont toujours pas signés. Donc on peut t’embêter si tu ne veux pas travailler, mais surtout pas te payer tes frais...


Moyenne des avis sur cet article :  4.2/5   (5 votes)




Réagissez à l'article

14 réactions à cet article    


  • jluk (---.---.15.131) 12 janvier 2006 11:36

    Un point de détail qui, à ma connaissance, n’a pas était signalé dans les médias : les premiers CNE arriverons à expiration juste après les élections de 2007 ! Quelle sera l’attitude des entreprises et n’y a-t-il pas là un outil de pression ?


    • jerome_t_ (---.---.51.125) 12 janvier 2006 11:38

      Bonjour,

      Votre approche ne peut être juste que si plusieurs conditions sont réunies : 1. l’économie française ne réalise au cours du temps AUCUN gain de productivité horaire. Autrement dit, le stock global des emplois (occupés et disponibles) est constant à travers le temps... Est-ce le cas ? 2. l’entrée dans la vie active se fait entre 26 et 35 ans. En réalité, seule une minorité des jeunes fait des études supérieures (26 ans = bac + 8 !!!!). L’entrée dans la vie active se fait beaucoup plus tôt, dès 16 ans pour certains. Suivant votre approche, le chômage aurait dû commencer à baisser tendanciellement depuis 1990 environ... 3. votre approche implique aussi que, globalement, il y a adéquation parfaite entre les « profils » des emplois disponibles et les compétences et souhaits des actifs disponibles. Allez dire cela à tous les bac+5 de sociologie (discipline passionnante mais sans débouché...) 4. enfin, mais c’est un détail, le CNE n’est pas un CDD.

      L’approche macro est souvent utile, ceteris paribus (toutes choses égales par ailleurs). Je ne suis pas certain que le « ceteris paribus » s’applique en l’espèce...


      • Gimmygimmycheak (---.---.4.4) 12 janvier 2006 12:35

        26 ans = bac + 8 !!!!

        juste un petit rectificatif, ce n’est pas parce qu’on fait encore des études à 26 ans qu’on fait un bac +8 forcément...


      • Sophie Hautenauve Sophie 12 janvier 2006 12:39

        Effectivement, je ne crois pas que le stock global des emplois soit en évolution positive... Ceci risque de nuire à ma démonstration. Cependant je reste persuadée qu’il manque de l’emploi en france, et que les chiffres vont baisser pendant quelques années... Ceci dit, oui, qui voudra faire balayeur ?

        En ce qui concerne l’âge d’arrivée sur le marché du travail, je manque de données (si quelqu’un peut m’indiquer des chiffres, il sera le bienvenu), je me base uniquement sur ce que je vois autour de moi, chez les enfants de mes relations - qui ne sont peut-être pas très représentatifs et ont tendance effectivement à faire des études. Je remarque cependant que certains jeunes travaillent, oui, mais souvent comme « stagiaires » ou dans des contrats « d’accompagnement à l’emploi », CIE etc... Sont-ce des vrais contrats ? Ma propre fille, par exemple, suit des études en effectuant, parrallèlement, un contrat je sais plus trop quoi qui ne lui donne pas droit à plus de 50% du SMIC mais lui permet de rester à l’éducation nationale... Est-ce un emploi ? Pendant ce temps là bien sûr elle ne pointe pas à l’ANPE, mais je sais qu’elle attend la fin de ses études pour enfin décrocher un « vrai » travail. Beaucoup de jeunes, aussi, travaillent en intérim, ou pire (à mon sens) à travers des boîtes d’insertion qui les payent des tarifs ridicules... Ce sont souvent des « missions » de un à trois jours, avec juste assez de travail dans le mois pour survivre chez les parents...

        De fait , et pour résumer là un com qui pourrait devenir long, la composition structurelle de l’emploi est quelque chose qui mériterait d’être totalement mis à plat et analysé. En effet, depuis 1992 date des premières mesures d’aide à l’emploi, destinées, je le rappelle, à combattre le chômage, on ne peut pas dire que le chômage ait beaucoup baissé. Par contre, les droits sociaux, si.

        Ceci dit, je persiste dans ma démonstration, que les classes d’âges 40- 45 sont maintenant à la retraite, et que par le jeu des ajustements - justement - du marché du travail, on en voit maintenant le résultat.

        En ce qui concerne les CNE, effectivement les premiers CNE arriveront à terme avec les prochaînes élections... A mon avis, d’ailleurs, la plupart des contrats seront dénoncés plus tôt. C’est encore un cadeau honteux fait au patronat (cette fois ci, on a visé les « petits patrons », en bon poujadistes (n’oublions pas que les associations, qui, au départ, devaient bénéficier des contrats CNE en sont finalement exclues)). Bref, les entreprises de moins de 20 salariés (mais le gouvernement parle de l’étendre aus entreprises de moins de 50 salariés) peuvent embaucher dans la plus grande précarité légalement. Même le médef n’en demandait pas tant !

        Sophie www.baiona.tv


        • jerome_t_ 12 janvier 2006 13:49

          Merci de votre réponse. Je partage sur le long terme votre intuirion que mécaniquement, le chômage va baisser pour des raisons démographiques, j’ajouterai : sous contrainte du progrès technique et de l’entrée de nouveaux actifs en France.

          Juste un commentaire sur votre conclusion liée au CNE : votre vision me paraît complètement déconnectée du monde réel. Un patron de TPE réagit en fonction de l’intérêt de son entreprise - dont, généralement, la survie est assez précaire (cf. les stats de faillites en France), pas de telle ou telle facilité législative. Former deux ans une personne pour rompre son contrat avant qu’il ne se transforme en CDI est suicidaire pour l’entreprise SAUF si l’emploi est absolument non qualifié. Et encore : tout recrutement constitue un coût et une prise de risque, et le patron de TPE a d’autres chats à fouetter (au hasard : développer son entreprise) que de prendre le risque de virer qq’un qu’il connait et apprécie et qui connait le métier, pour embaucher un parfait inconnu... N’oubliez pas non plus qu’en cas de rupture du CNE, l’employeur doit verser une « prime » de 10% du salaire perçu au salarié qu’il licencie. Ca fait cher l’avantage de la flexibilité...

          Un peu de réalisme. Il y a bien sûr des petits patrons voyous, mais ils ne sont pas la majorité. De la même façon, il y a des salariés voleurs, des fonctionnaires paresseux, des médecins véreux, etc. Mais ils ne sont pas la majorité.

          Enfin, du point de vue du salarié, entre un CDI et un CNE, il est évident qu’il vaut mieux un CDI. Mais entre un CNE (CDI avec période d’essai de 2 ans) et un CDD (renouvelable une fois pour un max de 18 mois, je crois) ou pire, un intérim, ou encore pire, RIEN, que vaut-il mieux ?

          Dernier détail : 52% des CNE rompus l’ont été à l’initiative du salarié.


        • dominique (---.---.255.92) 13 janvier 2006 10:54

          bonjour et merci pour ce débat très interressant.

          En réponse à Sophie, j’aimerais revenir sur un point ! Parler de formation à un poste d’une durée de deux ans me parait tout à fait illusoir. La réalité est tout autre. Je dirais que trois mois ou au plus 6 mois sont suffisants à la formation d’un salarié à son nouveau poste(il faut aussi tenir compte de l’experience demandée lors de l’embauche !!!!). Tout ça pour dire que sur le reste des deux années l’employé en question à largement le temps de devenir rentable pour l’entreprise. Donc au bout des 2 ans l’entreprise ne serait pas du tout « perdante » à à réembaucher. De plus cette situation peut etre un moyen de pression à l’embauche de la part des employeurs pour faire diminuer les salaires (en effet, choisir entre une fin de contrat à 10% et une réembauche à -20% de salaire, le choix est fait rapidement !!!!) De plus si 52% des contrats sont rompu par les salariés, c’est peut etre dû à ce mauvais rapport : niveau de salaire/type de travail.


        • alex (---.---.176.159) 12 janvier 2006 16:32

          Dommage a part cette phrase : Bref, tout le discours de ce secrétaire d’Etat, comme celui de tous ces énarques qui nous dirigent, était basé sur le même postulat : ce que fait le gouvernement est bon, donc, le chômage baisse.

          Les mauvaises nouvelles sont dues au journalistes, Les maladies aux docteurs et bien sur les problemes de l’etat aux enarques. Vraiement dommage


          • (---.---.51.4) 12 janvier 2006 18:48

            A propose de môme de 15 ans, cette démonstration fumeuse me rappelle les explications de documents que l’on faisait en Troisième. Courage, encore un effort et c’est le lycée !

            La démographie joue un role,c’est sur, mais ce n’est pas la peine de nous noyer dans le brouillard pour nous l’expliquer !


            • microgeographie de la baisse du chomage (---.---.97.205) 12 janvier 2006 21:51

              moi ce que je vois, habitant dans le bassin rennais, c est que l entreprise citroen debouche, et ne renouvelle pas ces cdd, l entreprise gomma de + de 2000 salariés parle de mettre la clef sous la porte, de moins en moins d’offres sont a pourvoir à l’anpe, et toutes les boites d’interim se plaignent de la baisse d’activité.

              Donc en resumé vous avez de la chance, vous dans le reste de la france, d’avoir du travail


              • fradet (---.---.165.89) 13 janvier 2006 06:35

                Je suis bien sur d’accord avec vous. L’enjeu des « gesticulations verbales » est politique et vise à masquer car maintenan nt nous sommes en période électorale et JC veut réussir sa sortie-entrée dans l’Histoire ou pire son come back. Mais ce que ces gens-là n’ont pas compris encore...c’est la puissance politique de Internet...qui a ressuscité en les amplifiant les cafés du commerce où se Forgeaient une conscience poltique par le débat ; l’opinion publique, qui vit le réel, est de plus en plus décalée par rapport à ces gens-là. La citoyenneté qui en pâtit saura tôt ou tard se réveler et ce ne sera pas agréable ! Outre vos copmmentaires il faut ajouter deux vérités qui nous sont spécifiques : 1. Le total des français en situation d ’exclusion est proche de 7 millions ! 2. Malgré la force de ses exportations de produits agroalimentaires archi subventionnés et qui contribuent à ruiner l’écologie française, la balance commerciale française est très déficitaire et celle de nos amis allemands sur les quels on jetait un regard apitoyé il y a peu dégagent eux une balance positive record avec des produits qui eux sont concurrentiels et non agricoles pour la plupart.


                • (---.---.124.101) 13 janvier 2006 07:37

                  Tu as bien raison de rappeler tout cela. A cela il faut ajouter quelques effets de mises à la retraite. Des seniors partent à la retraite, en particulier ceux qui ont commencé à travailler dès l’âge de 14 ans. S’il y avait un indicateur intéressant, ce serait de comparer les créations de poste et les suppression. Si le solde est positif, le chômage peut baisser en effet. S’il est négatif, c’est quand même plus difficile.


                  • (---.---.162.194) 13 janvier 2006 09:36

                    Merci pour cette explication, c’est un aspect qui n’est pas toujours abordé. Néanmoins, pourquoi depuis quelques années, les bonnes nouvelles se transforment systématiquement en mauvaises nouvelles ? Moins de travailleur, plus de travail, dans l’immediat la seconde partie de la phrase est importante, il me semble. Deuxièmement, que choisirait une personne de bon sens, l’ANPE, le RMI, ou un emploi même s’il n’est pas forcément idéal.. ??? Finalement, le nombre de CNE augmente depuis sa création, pourquoi toujours voir les choses de manière négative ??? Un CNE est certainement moins attractif qu’un CDI pour l’employé, mais c’est toujours mieux que pas de contract ?? Non ?


                    • Pepito (---.---.104.218) 13 janvier 2006 11:31

                      Bonjour, J’ai 60 ans et je suis retraité. Dans ma vie active j’ai eu des hauts et des bas , ouvrier, employé, chef d’entreprise... mais j’ai toujours pris le travail qui venait qu’il soit au niveau de mes diplomes ou inférieur. De ma génération il était normal de travailler pour manger, aujourd’hui avec tous les systèmes d’aide il devient plus avantageux de ne pas travailler que de gagner le SMIG. Aujourd’hui on fait la fine bouche ( j’ai de tres nombreuses expériences qui le prouve depuis ces 20 dernières années)


                      • jean-c (---.---.28.227) 28 avril 2006 02:09

                        Pour le CNE, c’est la possibilité de licencier sans motif, de façon arbitraire. Le CNE présente plus d’avantages que le CDD pour le patron : pas besoin de formalités ou de justifications à l’embauche, pas de durée fixe s’il n’est pas sûr de son affaire (commandes) et il n’a aucun inconvénient car il lui suffit de licencier s’il ne veut pas que cela devienne un vrai CDI ... en rembauchant le même salarié trois mois plus tard, ou dans une autre de ses entreprises (certains patrons créent plusieurs très petites entreprises pour ne pas dépasser le seuil de 10 salariés ou celui de 50 salariés : délégué syndical ...). Et beaucoup d’emplois ne nécessitent guère de formation, une simple adaptation à l’entreprise.

                        Pour le chômage réel et la très faible diminution de la population active dans les 10 prochaines années, voila ce que j’ai trouvé sur le site : http://travail-chomage.site.voila.fr

                        et d’autres acticles intéressants (ce qu’est réellement le « modèle britannique » ...)

                        " Chômage officiel et chômage réel (1996) Les données officielles minimisent beaucoup l’importance du chômage. Dans l’attente de données actualisées avec les valeurs 2005 et 2006, voici un exemple qui est toujours valable pour les modalités de calcul.

                        La population active de 1995 à 2040 Certains nous parlent d’une diminution massive de la population active à partir de 2006, entraînant un manque de main-d’oeuvre et la disparition du chômage. La réalité est plus modeste, avec une très faible diminution à partir de 2007 (75 100 en quatre ans, 251 200 en dix ans, 886 900 en vingt ans), à comparer au nombre réel de chômeurs. En 2040, la population active sera simplement revenue à son niveau de 1994. "

                        Cela fait réfléchir

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès