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Accueil du site > Tribune Libre > La bataille de Donetsk

La bataille de Donetsk

L’on dit souvent qu’un schéma vaut mieux qu’un long discours, surtout quand il s’agit de démêler les fils d’un écheveau singulièrement complexe… et que les médias s’ingénient à brouiller autant que possible quand ils n’ignorent pas purement et simplement le sujet, Mundial oblige ! Disons-le donc sans ambages, de la façon la plus géométrique qui soit : en toute logique la crise ukrainienne devrait dégénérer en conflit – au mieux un conflit limité dans le temps et dans l’espace géographique - dans les jours ou semaines qui viennent.

La situation actuelle sur le terrain est un premier facteur d’évaluation du risque. Situation avant l’assaut que les forces gouvernementales se préparent à donner l’assaut à la ville de Donetsk où se sont retranchés les combattants indépendantistes évacués de Slaviansk… tombée aux mains de l’armée après que celle-ci eut utilisé des moyens d’une brutalité extrême à grand renfort de bombardements aériens, d’artillerie lourde, d’hélicoptères d’attaque. Autres paramètres militant en faveur d’une dégradation accélérée de la situation à l’Est et au Sud de l’Ukraine, les acteurs, leur psychologie, leurs mobiles, ainsi que les enjeux géopolitiques, tous facteurs qui concourent à créer les conditions d’un conflit ouvert avec la Russie… Quelles que soient en effet ses réserves actuelles, la Fédération, ne serait-ce que pour des raisons intérieures, ne pourra pas indéfiniment laisser « massacrer », voire ethniquement épurer, les russophones du Donbass. Déjà des voix s’élèvent pour condamner l’attentisme du président Poutine et exiger de lui une intervention rapide. Un conflit qui s’annonce par conséquent comme beaucoup plus grave celui qui eut pour théâtre, en août 2008, l’Ossétie du Sud, puis l’Abkhazie et la Géorgie.

Une définitive impasse politique et diplomatique

Deux raisons évidentes sont à prendre immédiatement en considération pour bien évaluer la crise et son évolution probable en affrontement direct. Primo, l’irréversibilité du retour de la Crimée dans le Fédération de Russie. Débouché essentiel, vital pour la Russie sur la Mer Noire et, au-delà des Détroits, vers la Méditerranée et les Mers chaudes. La République criméenne de Novorossia ne semble par conséquent pas destinée, quoiqu’en disent les autorités de Kiev, à revenir jamais dans le giron ukrainien… sauf dure confrontation entre la Russie, l’Ukraine et très éventuellement l’Otan, dernier point qui malgré tout semble pour l’heure improbable. Confrontation qui verrait la défaite de la puissance russe, deuxième improbabilité. Rappelons ici que le référendum d’initiative populaire qui a décidé du rattachement de la péninsule criméenne à la Russie était sans doute « illégal » au regard de la loi ukrainienne, mais non point eu égard à la loi internationale. Depuis 1919 et la conférence de Versailles, le droit des peuples à s’autodéterminer est un principe définitivement passé dans les mœurs et les coutumes internationales. L’émancipation criméenne a d’ailleurs fait des émules ou renforcer des velléités séparatistes, aussi bien à Venise qu’à Édimbourg, où l’on vote très bientôt… et depuis quelques jours à Erbil, capitale d’un Kurdistan qui a vocation à l’indépendance, et en a aussi les moyens pétroliers !

Or le président Porochenko, le jour de sa prestation de serment à Kiev le 7 juin, a pris l’irréversible engagement de maintenir l’intégrité du territoire ukrainien, dont la Crimée… Mais le moins que l’on puisse dire de l’Ukraine est qu’elle est constituée d’un ensemble de pièces rapportés au cours de l’histoire récente. Il s’agit en un mot d’un État composite dont l’hétérogénéité ethnique, linguistique et confessionnelle irrigue et sous-tend la crise actuelle. Crise qui de ce point de vue ressemble beaucoup à celles qui ont ravagé les Balkans de 1992 à 1999. Crises dont l’amorce se situent déjà, là également, dans la construction européenne à la suite alors de la signature du Traité de Maëstricht en 1991. De la même façon, les perspectives d’étroit partenariat européen ouvertes en 2013 entre Bruxelles et Kiev, ont joué un rôle analogue poussant à l’éclatement d’une entité étatique en grande partie artificielle.

Par ailleurs, l’Ukraine, et particulièrement l’Est de l’Ukraine, sont absolument vitales pour la Fédération de Russie en raison des industries d’armement dont dépendent les forces armées russes : industries missilières ou encore, plus prosaïquement, les moteurs des hélicoptères Sikorski qui sont fabriqués au Donbass. Pas de moteur, pas d’hélicoptères. Dans ces conditions on comprendra que le Kremlin se voit contraint de manœuvrer au milieu d’un champ de mines… l’enjeu est énorme et le moindre faux pas est exclu.

De l’autre côté de l’Atlantique, il n’est pas non plus question de laisser - au cas où l’Est et le Sud-Est de l’Ukraine acquéraient leur indépendance, issue dont il n’était pas question au départ de la crise quand seule la « régionalisation » faisait débat - de laisser à Moscou faire de la Mer d’Azov un lac russe. Zbigniew Brzezinski l’a dit très tôt, notamment dans le « Le Grand échiquier » [1997] la puissance Russe est impossible sans l’Ukraine : « Sans l’Ukraine la Russie cesse d’être un empire. L’Eurasie reste l’échiquier su lequel se joue la lutte pour la primauté mondiale. Quiconque contrôle ce continent, contrôle la planète » ! Ce à quoi vient s’ajouter page140 : « … Dés 1994, Washington accorde la priorité aux relations américano-ukrainiennes. Sa détermination à soutenir l’indépendance du pays est généralement perçue à Moscou – y compris par les « modernisateurs » – comme une intrusion dirigée contre les intérêts vitaux de la Russie ». Onze ans plus tard, le même homme, mettant en évidence la rigoureuse continuité de la pensée géostratégique animant les cercles dirigeants américains, insistait sur la nécessité pour les États-Unis « de saisir l’occasion du « moment unipolaire » né de l’effondrement de l’Union soviétique » pour consolider les positions des États-Unis en Mer Noire [Washington Post - 30 mars 2008]… No comment !

Géopolitiquement parlant la situation est parfaitement inextricable

L’on peut à ce stade et à juste titre parler de bras de fer. Nul ne peut avancer ni reculer, pas plus Kiev et Porochenko que Moscou et Vladimir Poutine. L’un accusant l’autre de ne pas désarmer, de ne pas respecter les trêves, d’alimenter le cycle de violence. Lors d’une conférence de presse à Vienne, le président russe Vladimir Poutine, a estimé inutile voire dangereux d’exiger le désarmement des « milices » dans l’est de l’Ukraine tant que les radicaux ultras ukrainiens ne seront pas eux aussi désarmés… « Nous ne devrions pas exiger le désarmement, en particulier dans l’est de l’Ukraine, tant que, à ce jour, les forces radicales de Pravy Sektor et autres extrémistes n’ont pas été désarmées. Il y a eu des promesses à plusieurs reprises mais les forces illégales ne baissent pas les bras ».

La dégradation de la situation actuelle qui se mesure – avons-nous dit - à l’intensification des combats, donne maintenant le sens et marque la tendance que prennent les événements en direction d’un affrontement ouvert entre armées conventionnelles. Des cessez-le-feu successifs, aucun n’a été respecté, à commencer par les forces gouvernementales… au contraire les combats redoublent de violence. En témoigne le nombre de personnes déplacés et les dénombrements contradictoires des mort, et l’usage avéré d’armements, chasseurs bombardiers, hélicoptères, obusiers autotractés, blindés, missiles antiaériens, très inhabituels dans ce type de conflit. Recours à des armes qui montre que nous ne sommes pas dans le cadre d’affrontements destinés à réduire une dissidence intérieure, ou dans celui d’opérations de maintien de l’ordre, mais dans un tout autre registre. Ce que cachent soigneusement nos médias qui se taisent outrageusement sur la gravité des faits.

Le 30 juin, juste après l’annonce par le président ukrainien Piotr Porochenko de la levée en fin de journée du cessez-le-feu et de la reprise de l’opération « antiterroriste » dans l’est du pays, l’armée a commencé de pilonner durement le centre des villes de Slaviansk et de Kramatorsk sans épargner d’autres villes et villages du voisinage. Au lieu de s’apaiser les combats montent ainsi constamment en puissance : en deux jours ce sont trois aéronefs de l’armée régulière qui, semble-t-il, auraient été abattus. Sans autres précisions cependant sur le type des appareils touchés. L’information n’arrivant qu’au compte goutte et pas particulièrement via les médias français lesquels se signalent pour une pitoyable incurie en la matière. Mais l’on sait de source sûre que déjà plusieurs hélicoptères et un gros porteur ont connu un sort funeste au cours des dernières semaines. Ajoutons que les combattants des forces d’autodéfense de Lougansk ont pour leur part déclaré avoir abattu le 1er juillet deux avions militaires ukrainiens… « Tout récemment, cinq chasseurs ont bombardé le village de Louganskaïa. Deux appareils ont été abattus » dixit Vladimir Inogorodski, porte-parole de la république populaire autoproclamée de Lougansk via le canal de l’agence de presse russe RIA-Novosti. Le même jour les combattants de la république populaire de Donetsk revendiquaient à leur tout d’avoir abattu un avion près de Snejny dans l’est de la région de Donetsk…

Ne pas franchir la ligne rouge

Le jeu que décrit la comptine « je te tiens, tu me tiens… le premier qui rira… » donne une image assez fidèle de ce qui ce qui se passe à la fois dans les chancelleries et sur le front de guerre… avec un net avantage à Kiev qui sait à quel point la marge de manœuvre de Moscou est étroite compte tenu de l’importance des risques… des risques quasi dissuasifs, non en terme militaires, mais en termes de conséquences économiques et industrielles. Ce qui imposerait qu’en aucun cas Poutine ne franchisse en premier la ligne rouge c’est-à-dire la frontière… jusqu’à ce qu’évidemment l’équilibre de la balance géostratégique s’inverse ! La Douma russe a à ce titre prudemment abrogé le texte de loi autorisant les forces de la Fédération à intervenir au cas où une minorité russe de l’extérieure serait menacée. Tout se passe au demeurant comme si l’Ouest s’efforçait de pousser le plus loin possible Moscou dans ces retranchements !

Mais devrait venir très vite le moment où la seule possibilité restante pour le président Poutine sera l’engagement ou la déconfiture politique face à une opinion publique russe ne pouvant accepter que des minorités sœurs puissent être traitées de manière inadmissible, pour ne pas dire barbare… Or au regard des faits évoqués plus haut, l’on voit bien que le rythme de l’escalade va croissant. La question qui désormais se pose, ne serait ainsi pas de savoir si la confrontation aura lieu, mais qui en portera la responsabilité et où elle s’arrêtera ? À la frontière de la Pologne, sur le territoire de la Pologne ? À proximité ou dans les frontières d l’Ue ? Si cela devait advenir c’est bien le futur immédiat de l’Europe qui pourrait en conséquence se retrouver gravement remis en cause.

Une crise majeure menaçant l’équilibre international

Au cours du mois de mai dernier, le Congrès américain a procédé à l’examen du « Russian Aggression Prevention Act of 2014 ». Ce document prévoit entre autres, la gradation des sanctions à l’encontre de la Russie, la consolidation des dispositifs « défensifs » de l’Alliance atlantique, avec en sus le renforcement de l’armée ukrainienne et le recours aux pays tiers proches de Washington, en particulier ceux d’Europe orientale. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, nous devons finalement prendre conscience que la crise ukrainienne est l’une des plus graves, peut-être la plus porteuse de conséquences que nous Européens ayons eu à affronter depuis longtemps.

La crise ukrainienne est à l’évidence la crise la plus inquiétante que traverse l’occident depuis le blocus de Berlin en 1948, crise qui ouvre l’ère de la Guerre froide. Celle-ci culminera avec l’alerte aux missiles soviétiques de Cuba en octobre 1962. Observons à ce propos que le niveau présent de conflictualité est caractéristique d’un certain retour au statu quo ante de sourde belligérance entre les deux Blocs, Est et Ouest, mais cette fois dans un monde non plus bipolaire, mais multipolaire. L’Irak et la Syrie complétant le tableau d’une crise à entrées multiples et où s’observe un significatif accroissement des risques d’embrasement général… même si pour l’heure ce risque demeure « régional » !

Ne perdons cependant pas tout à fait de vue la montée des tensions sur les pourtours, continentaux ou maritimes de la Chine ! Un monde nouveau, inconnu, en pleine recomposition se dessine sous nos yeux. Monde où de grandes puissances émergentes battent en brèche l’influence hégémonique des États-Unis… il est notamment pour l’Inde, la Russie, la Chine, l’Iran de contenir les ambitions nord-américaines visant à contrôler l’ensemble des régions déterminantes du point de vue des ressources en énergies fossiles ou de leurs espaces de transit. Inutile d’énumérer les zones stratégiques qui, de ce point de vue, jalonnent le continent eurasiatique. Régions qui toutes se situent sur le Rimland, ceinture géopolitique qui enserre la masse continentale de la Mer Noire à l’Hindou Koush et au-delà vers le Xinjiang. Une ceinture géopolitique et géoéconomique à proximité immédiate de laquelle se trouvent justement les trois zones de guerre qui viennent d’être évoquées.

Trois crises qui ont en commun l’incapacité des Occidentalistes à susciter et à soutenir des gouvernements ou des mouvements politiques aptes à bâtir des consensus nationaux. Ceci en prenant comme point de départ de leur réflexion et de leurs actions, la « nature divisée » des pays en cause. Ce qu’avaient paradoxalement réussi, pour le pire et le meilleur, la dictature communiste en Ukraine ou en Yougoslavie, ainsi que les dictatures baasistes en Irak et en Syrie. État de stabilité auquel le modèle dit démocratique et libéral n’est hélas pas parvenu… Un échec qui met en danger la paix sur le Vieux Continent, du Levant aux rives de la Mer Noire, c’est-à-dire au sein de l’Europe réelle, de Paris à Vladivostok.

 


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19 réactions à cet article    


  • filo... 9 juillet 2014 09:52

    USA a été crée par la violence et depuis elle se nourrit des guerres. Mais elle pourra bien mourir par la guerre.

    Le américains ont dépensé 4 milliards de Dollars, chiffre reconnu mais en réalité beaucoup plus, pour créer cette « crise ukrainienne » qui est en réalité une pseudo crise.

    Elle tombe au point nommé et juste après l’annonce d’Obama de réduire ses force armée au niveau qu’elles étaient en 1940. Son complexe militaro industriel à crié au loup de tout ses forces.

    Donc voici comme résultat, Ukraine.

    Son escalade en partie a échappé à Obama. Les militaires ont forcé le passage et redonné une nouvelle importance à l’OTAN. Les stupides et probablement corrompus dirigeants des ex pays de l’Est ce sont mis en tête de cette escalade.

    Mais pas seulement eux mais aussi certains pays d’UE. P.ex. votre président de république est il compris réellement l’enjeux ? 

    Il est même avant les britanniques (pro américains par définition) dans son soutien aveugle et inconditionnel à Obama. 

    Très dangereux en cas de conflit.

    Et maintenant ?

    Les russes comme dans la crise syrienne ne peuvent plus et ne veulent plus reculer.

    Donc ils seront obligés d’intervenir. Surtout que Putin a compris que l’UE, crée par et pour les américains, est capable de faire la guerre à la Russie. Et qu’opinion publique européenne est comme tétanisé par la propagande, ne bouge pas.

    Donc...

    L’une des possibilités est que la Douma reconnaît la république de Donetsk. Ce que légalisera intervention militaire russe. Et comme Putin voulait toujours garder tout Ukraine, alors il va aller jusqu’à Kiev.

    Escalade de la guerre et l’intervention de l’OTAN possible mais pas très probable. Pour 2 raison essentiellement :

    Primo : c’est ce que les USA ont souhaitées depuis le début. Ainsi ils pourront obliger UE de mettre de nouvelles sanctions très drastiques à la Russie.

    Ce qui provoquera une crise économique sans précédent en Europe.

    Nouveau rideau de fer sera tiré et UE viendra sous domination totale américaine. 

    Triomphe américain et stupidité des dirigeants européennes !

    Les deux mondes vont se séparer pour des longues années...

    Secundo : au moment d’engagement russe en Ukraine il aura neutralisation, sous forme de coup de semonce, des pays baltes et peut être même de la Pologne. Après quoi le conflit risque de se faire directement avec l’OTAN et ça sera pour le monde entier le début d’un hiver nucléaire ! 

    Réveillons nous et agissons !


    • antyreac 9 juillet 2014 12:00

      Un ramassis d’absurdités qu’il ne vaut mieux pas commenter....


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 13 juillet 2014 14:18

      La Russie a tous les as. La superiorité militaire, stratéquie, et ici morale des russes est évident ; le seule enjeu qui est vrainebnt à prendre dasn cerre guerre est l’opinion publique européeene. Il s’agit pourla Russie de remplacer definitivement, comme champion et protecteur de l’Occident, les USA desormais dicrédités et honnis de tous. Poutine veut faire la preuve qu’il n’est pas homme a abuser de la force et ceux de Kiev en profitent.


       Si des exactions au Donbass sont médiatisés au point que les sondagesq montrent que Quidam Lamda en U.E soutient une riposte russe ferme... cette riposte aura lieu et il ne faudra que 24 heures pour regler la question sur le terrain.

      En attendant la population du Dobasse paye le pris, comme hiet ont payé les Belges, les Polonais et autres « petits » en leur heure.... Cabanel dit : : « quamd les éléphants de battent c’est l’herbe qui est écrasée. »

      PJCA

    • antyreac 9 juillet 2014 11:15

      Le responsable de la situation en Ukraine est bien Putin qui a armé les groupuscules terroristes qui ont semé la terreur dans l’est du pays

      Maintenant ils sont en train de perdre la partie et le prochain objectif sera la Crimée annexé par la Russie.

      • filo... 9 juillet 2014 11:28

        @antyreac
        Enlevez vite vos lunettes noire de soudeur car vous risquez de vous casser la figure sur les évidences !

        Ou bien vous êtes simplement un troll qui arrive chaque fois comme une mouche sur le vinaigre ?


      • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 13 juillet 2014 16:15

        @ philo


        Vous ne devriez pas repondre a antyreac qui est de toute évidenc un simle agent provocateur. Vous enouragez le trollisme.

         Pierre JC Allard

      • wesson wesson 9 juillet 2014 12:40

        Bonjour l’auteur,

        bien que je trouve votre papier en de nombreux points intéressant, je ne suis globalement pas d’accord avec ce que vous écrivez.

        Ma divergence se résume à ceci : Kiev - et l’Ukraine de l’Ouest - n’est pas en guerre contre la Russie, mais est en guerre contre sa propre population.

        Je sais que on ne cesse de lire partout que les milices du LNR et DNR sont entraînées et supérieurement équipées par les Russes. C’est tout simplement faux. Certes il y a une indéniable aide Russe, mais franchement, elle ne se situe pas au niveau militaire, mais plutôt au niveau humanitaire. Pour le dire clairement, pour empêcher les gens de crever de faim. 

        Alors d’où viennent les armes des miliciens ? Tout simplement de l’armée Ukrainienne elle même, qui a totalement fait défection dans les régions de l’Est et qui est tout sauf motivée pour aller taper sur la gueule avant tout sur des Ukrainiens. 

        Car la nature du conflit, et son enjeu est bel et bien le soutient de la population locale aux rebelles. Et la stratégie employée est -bizarrement- Américaine : Ne disposant pas de troupes motivées, on bombarde de loin, en espérant que ça brisera le soutient des populations locales, ou à défaut, de les faire fuir carrément (d’ailleurs à ce propos, Kiev propose officiellement à ses soldats de leur donner des terres, ce qui implique donc le « départ » de leurs occupants légitimes)

        Mais je m’égare. La question que tout le monde se pose est : est-ce la Russie va intervenir directement en Ukraine ? Pour moi la réponse est probablement non, même si Kiev en vient à raser totalement toutes les villes du Donbas jusqu’à la frontière Russe. Et déjà de l’autre coté de la frontière, on s’apprête à recevoir les réfugiés par million si nécessaire (selon les propres chiffres de l’ONU, ils sont déjà 160.000 qui sont passé en Russie, contre environ 50.000, incluant 13.000 de Crimée, qui sont allé du coté Kiev - vous les avez là, les vrai résultat du Référendum à l’est). 

        La stratégie Russe concernant l’Ukraine constate que son soutient par le BAO tient au fait qu’il s’agit d’un point de passage obligé pour le gaz et le pétrole livré à l’Europe. L’ouverture du South Stream la rendrait totalement inutile, ce qui fort logiquement provoquera l’abandon de tout soutient international. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le BAO manœuvre en sous-main pour éviter à tout prix que le South Stream ne se construise, notamment en déclenchant une tempête spéculative contre la Bulgarie- point de passage obligé du South Stream - faisant subir à ses banques le plus gros « bank run » des 20 dernières années. Pour moi les Russes ont de très bonne chances de l’emporter sur ce point là, ayant réussi à s’aliéner des soutient de poids, notamment en Autriche, mais également plus discrètement de la part des industriels Allemands et Français. Lavrov était hier encore en Bulgarie pour discuter du South Stream, et il y a fort à parier que l’argent que la Russie était prête à donner à l’Ukraine avant Maidan va se retrouver comme par miracle à Sofia.

        Pour résumer, le point de vue Russe pour l’Ukraine est de lui retirer ses soutiens occidentaux, ce qui provoquera une fin rapide de la guerre civile par l’incapacité de la financer. Et c’est à mon sens la meilleure des solutions, car dans l’hypothèse d’une victoire des DNR et LNR, cela ferait tomber le régime actuel de Kiev, qui est déjà très faible. Il y a encore des manifestants à Maidan et ça canarde encore à Kiev, bien que les télés occidentales ne soient plus là pour le dire. Tous les bâtiments officiels sont entourés de mercenaires ou de miliciens d’extrême droite, et 4 avions privés sur l’aéroport de Kiev se tiennent prêt en permanence pour permettre la fuite des VIP. Bref, le gouvernement de Kiev ne tient déjà qu’à un fil et par la haine des « moscovites », et Porochenko ne peut tenir d’autre discours que offensif, ou se faire débarquer encore plus vite même que Ianoukovich. Une chute trop rapide de ce gouvernement ne serait pas une bonne chose pour la Russie, d’autant plus que les remplaçants potentiels sont encore pire : Par exemple Oleh Lyasko - 8% à la présidentielle - qui se fait filmer en train « d’interroger » les rebelles à moitié à poil. Lui c’est un authentique taré. Pour les Russes, le gouvernement de Kiev doit chuter, mais uniquement lorsque il se sera totalement carbonisé auprès de sa population du centre et de l’Ouest, ce qui n’est pas encore le cas : les mesures économiques les plus impopulaires ayant été astucieusement « différés » de quelques mois.

        Donc pour résumer à très gros trait : Kiev veut retirer le soutient de la population aux rebelles de l’Est en bombardant les régions, et Moscou veut retirer le soutient de la population d’Ukraine au gouvernement de Kiev en hâtant la décomposition économique du pays, et en lui retirant ses soutiens occidentaux. Mais à moins d’une très improbable attaque directe de Kiev contre la Crimée (militairement vouée à l’échec à mon sens), les Russes ne s’engageront pas militairement en Ukraine, même si l’Ouest qui ne rêve que de cela en arrive à l’indicible.



        • antyreac 9 juillet 2014 12:53

          Franchement difficile de croire que les russes n’aident pas les terroristes alors qu’en même temps les russes massent ses troupes à la frontière russo- ukrainienne pour maintenir la pression sur le gouvernement ukrainien.


        • wesson wesson 9 juillet 2014 14:08

          Bonjour Anty,


          ah comme votre monde est merveilleux et que la vie est simple : les gentils d’un coté, les terroristes de l’autre. Finalement, c’est si facile et élégant. 

        • antyreac 9 juillet 2014 14:34

          Dans ce cas c’est plutôt vrai, d’un côté on a la Russie impérialiste et réactionnaire qui a annexé une partie de de territoire ukrainien de l’autre côté vous avez l’Ukraine pauvre et plutôt esseulé qui se débrouille avec les moyens du bord


        • Olivier Perriet Olivier Perriet 9 juillet 2014 15:01

          Et la stratégie employée est -bizarrement- Américaine : Ne disposant pas de troupes motivées, on bombarde de loin, en espérant que ça brisera le soutient des populations locales

          C’est également la stratégie de Damas contre les zones en sécession.
          Comme ce fut celle des Serbes en Bosnie.

          Comme c’est le cas de tout belligérant ayant une supériorité aérienne en fait.
          « Mais je m’égare »

          En effet. Ne rendons pas responsables de tout l’Oncle Sam


        • wesson wesson 9 juillet 2014 17:35

          Bonjour Olivier Pierret,


          « En effet. Ne rendons pas responsables de tout l’Oncle Sam »

          Effectivement, j’ai d’ailleurs déjà indiqué que en définitive, les USA se sont à mon avis laissés embringuer dans ce bourbier sans vraiment le vouloir, et qu’ils y sont coincés maintenant et obligé de soutenir Kiev, ne serait-ce que pour la crédibilité de l’OTAN qui se joue là.

        • goc goc 9 juillet 2014 19:21

          Bonjour Wesson

          Votre analyse est tout aussi intéressante que celle de l’auteur, et je pense qu’elle correspond assez bien à la stratégie de Poutine.

          Ma seule crainte vient plutôt du fanatisme suicidaire des américains qui sont en train de pousser les événements ukrainiens vers la guerre, car pour eux, il reste un mal congénital celui de l’anti-communisme imbécile. Et comme la Russie est également partie prenante dans la menace la plus grave depuis Cuba, à savoir la fin du $$$, on peut penser que cet anti-communisme primaire fait que les ricains ciblent d’abord la Russie, non seulement pour en faire un exemple, mais surtout par haine viscérale.

          Et cette haine les aveugle complétement au point de ne pas se rendre compte que la vraie menace, c’est l’Inde et le Brésil et non la Russie ou la Chine (la Chine pour le même motif d’anti-communisme primaire)


        • wesson wesson 9 juillet 2014 20:28

          Bonsoir Goc,


          « Ma seule crainte vient plutôt du fanatisme suicidaire des américains qui sont en train de pousser les événements ukrainiens vers la guerre [...] »

          Honnêtement, il ne faut pas en demander plus aux Américains que ce qu’ils peuvent. L’Ukraine c’est loin, c’est pas du tout un partenaire commercial, et qui sont juste à coté du concurrent géostratégique réel. Bref, il est naturel que les USA poussent un peu les feux sous les pieds des Ukrainiens, tout en pensant que si ça pète pour de bon, ils (les USA) ne seront pas vraiment touchés.

          Mais ne vous faites aucunes illusion : si ça tourne vinaigre, l’OTAN ne fera strictement rien. Tout simplement parce que cette structure n’est en définitive pas en capacité de se lancer dans une telle campagne à ce jour. 

          Par contre, c’est vrai que à Kiev, certains au gouvernement et surtout à la Rada pensent le contraire, et qu’il suffira d’impliquer les Russes pour que tout le bloc Atlantique vienne à la rescousse. Je crois qu’ils se préparent à de sérieuses déconvenues. 

          Si ils arrivent à réduire Donetsk et Lougansk, c’est tout à fait possible qu’ils soient assez stupides pour essayer dans la foulée un assaut sur la Crimée, et là les Russes ne mettront pas 2 heures à intervenir, ce qui aura pour effet d’ailleurs de probablement séparer l’Ukraine de tout accès à la mer. Après cela, et la constatation que ni l’Europe ni les USA ne vont bouger militairement le petit doigt, il leur restera plus qu’à finir de démembrer l’Ukraine, et de refiler les fachos à la Pologne.

          « la vraie menace, c’est l’Inde et le Brésil [...] »

          Boa, c’est pas parce qu’ils se sont fait ratatiner par les Allemands qu’ils vont faire une révolution ... quoique ... Et sur l’Inde effectivement, vu le 1er ministres qu’ils viennent d’élire, ça risque de barder un peu notamment pour les musulmans.

          Plus sérieusement, bien malin est celui qui peut dire où ça peut péter. Par exemple ces derniers temps, dans les monarchies pétrolières telles que le Barhein, ça ne va pas très très fort ...

        • filo... 9 juillet 2014 16:52

          Selon les médias de l’Est citant la radio « La Voix de la Russie » il aura à Slaviansk un trafic organisé d’organes. La même chose comma avec les prisonniers serbes au Kosovo. Ce trafic est couvert par des personnalités haut placés en Ukraine et en UE.

          Donc nous risquons de voir B. Kushner, grand expert en la matière, reprendre du service. 

           


          • antyreac 9 juillet 2014 17:03

            Pas trouvé sur internet 

            c’est plutôt un article de désinformation
            un fake... 

          • filo... 9 juillet 2014 17:26

            @antyreac
            Il faut savoir lire ; tout simplement.


          • wesson wesson 9 juillet 2014 18:03

            Vous trouverez l’histoire ici


            c’est l’examen d’un compte facebook hacké de l’avocat (et amant) de tymochenko , en contact entre autre avec un chirurgien Allemand, conversation fuitée qui laisse à penser aux prémisses d’un trafic d’organe.



          • mortelune mortelune 10 juillet 2014 03:05

            Je serais Putin je fermerais le clappé à tout le monde, je ferais ce que les US ont toujours fait. La moitié des Ukrainiens sont pro russes ou russes, pourquoi la Russie ne les aideraient pas ? Le premier qui bouge se prend un déferlement de bombes sur la tronche... La France intervient en Afrique sans rien demander aux Russes, les US et bien d’autres interviennent en Afganistan pour des motifs non patriotes et on voudrait culpabiliser les Russes de Russie d’aider les Russes d’Ukraine ? 


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