Symbole donc, de l’humilité. Mais si cela mettait tout le monde sur un pied d’égalité il y avait le revers de la médaille avec ceux qui affirmaient que c’était un manque d’honnêteté de ne pas assumer ouvertement lorsque l’on avait fauté. Alors en fonction de ses aspirations, certains ont voulu se cacher, se protéger en raisons de critères différents sous une cagoule, d’autres sont apparus à visage découvert en toutes circonstances. Déjà le bien fondé du port de cet accessoire vestimentaire se posait.
La gent féminine qui n’a pas ces perversités là, je ne parlerais pas des autres, a aussi pris à son compte ce vêtement. Mais s’il y a des controverses, elles ne sont que du fait de savoir si l’écharpe-cagoule est bien portée, cela ne va pas plus loin. « Souvent femme varie » et son port n’est discuté que lorsque la mode fluctue, et c’est tant mieux.
Ce côté-là d’un accoutrement avec le vêtement incriminé restera donc anecdotique. L’Histoire nous rappelle par contre que ce ne fut pas toujours le cas. Le Ku Klux Klan verra ses membres porter une grande cagoule blanche afin de ressembler à une sorte d’émanation des fantômes des soldats confédérés morts pour la cause. Vraisemblablement, tout laisse à penser que certains ne voulaient pas que l’on connaisse leurs identités, comme le boulanger qui vendait son pain aux Noirs et qui la nuit, cagoulé, les persécutait. A travers ce mouvement, qui deviendra fascisant, fondé à la fin du XIXéme siècle commence déjà à se poser la question sur l’utilisation autre qu’ornementale de la cagoule.
Ce que l’on peut retenir de cet exemple par rapport à l’actualité, c’est que l’on a affaire à des cagoulés en bande organisée. Il est indéniable que cela aurait mérité à l’époque une réflexion approfondie pour envisager comment réprimander ce genre d’organisation. Et bien, contrairement à ce que l’on peut croire, la droite étasunienne portait un regard plutôt complaisant sur ces énergumènes dangereux, allant même jusqu’à financer leur mouvement dans certains cas. Ses agissements furent donc longtemps passés sous silence jusqu’au moment ou le racisme recula aux USA et qu’il devint moins flagrant avec l’évolution de la société étasunienne.
Par ailleurs, en France, bien avant la guerre de 40, vers 1930, on voit l’apparition d’une bande où la majorité des membres étaient de dangereux fascisants et que la presse surnommera la Cagoule. Il s’agit en réalité de l’OSARN, puis OSAR pour finir en CSAR, Comité Secret d’Action Révolutionnaire. Comme on le voit le mot Révolutionnaire que l’on attribue souvent aux partisans des mouvements d’extrême gauche ne leur est pas réservé car dans ce cas là il s’agit de terroristes d’extrême droite. Il faut dire qu’en cette période trouble certains termes étaient galvaudés puisque dans le même ordre d’idée le parti d’Hitler portera le qualificatif de National Socialiste. Effectivement, la Cagoule, ce parti qui se voulait révolutionnaire est donc entré en clandestinité. Néanmoins ses membres ne portaient pas la cagoule mais quelques actions terroristes qu’ils entreprirent étaient bien ciblées et préparés en secret. Bien ciblées dans l’ensemble mais aussi sous le fait du hasard d’une rencontre car c’est le 13 février 1936 que les camelots du roi, futurs cagoulards, vont tenter d’assassiner Léon Blum qui avait deux tares à leur yeux, il était juif et socialiste, ça a raté et Blum s’en tirera avec une blessure à la tète, plus précisément à la veine temporale. Tout cela s’est passé en plein jour au carrefour de la rue de l’Université et du Boulevard Saint-Germain et nul n’était cagoulé, les camelots défilaient et Blum arrivait en voiture. Comme quoi, en faisant partie de la cagoule on ne portait pas la cagoule, un paradoxe si l’on veut aller par là. Il faudra attendre 1948 pour que l’on voit des membres de la Cagoule, sans cagoule, être jugés. Est-ce que si Mam avait été là elle aurait interdit cette cagoule si mal portée, c’est moins sûr.
On peut constater aussi que dans les deux cas présents, il s’agit de bandes plus où moins organisées, ce qui interroge sur la conception que l’on peut avoir sur ce que l’on va inclure comme définition pour discerner la bande respectable de celle beaucoup moins fréquentable.
Si on regarde dans l’Histoire la vie des quartiers, la rivalité entre les bandes de jeunes ayant leurs espaces déterminés a toujours existée. On peut lire Zola, écouter les chansons racontant la vie des « apaches, des gouapes de « Ménilmuch », des loubards, de tout temps cela a existé, et malheureusement parfois aussi la violence, même si n’est pas ou n’a pas été une généralité. Si cela se perpétue, c’est je pense le lot commun de toutes les civilisations. Sans doute cela vient du fait du manque d’activité et autres occupations roboratives, souvent aussi la conséquence d’un chômage de masse. Si les panneaux de basket ont fleuri aux USA dans les zones défavorisées c’est que cela permettait de rassembler les jeunes autour d’un jeu, de canaliser les énergies, évitant trop les gamberges claniques. Mais ce ne fut qu’un palliatif insuffisant à une politique des quartiers véritablement efficace. Ce phénomène touche aussi notre pays, et en privilégiant la répression, plutôt que l’occupation du terrain par les éducateurs, par les complexes sportifs, par une police de proximité participative, on va encore accentuer le phénomène.
Car je suis persuadé en effet que jusqu’à maintenant l’acuité du problème n’est pas primordiale dans le sens que l’on veut lui donner, peut-être que l’accentuation du chômage va faire craindre qu’une masse de jeunes inemployés pourrait devenir dangereuse. Alors, on peut déjà embaucher des éducateurs, créer des activités locales pas forcément lucratives, favoriser les rencontres sportives, en profiter pour se remettre à niveau scolairement, il y a encore pas mal d’options allant a contrario du tout sécuritaire et qui seront à n’en pas douter plus profitable à la société.
Alors pourquoi cette obsession de la bande, nous cacherait-on quelque chose ?
Est-ce que par hasard en interdisant la cagoule dans les manifestations et en faisant la chasse à la bande on ne voudrait pas faire d’une pierre deux coups ? Serait-ce que le syndrome anarcho-autonome aurait tellement traumatisé nos dirigeants qu’il en viendrait à vouloir embastiller les quidams dès qu’ils sont plus de trois, de surcroît encagoulés pour ce protéger du froid, armés ….de tronçonneuses, dans les bois de Tarnac, vers le pont romain sur la Vézère, en train d’abattre des arbres en plein hiver pour se chauffer !
Ou alors ne glisserait-on pas cette fois, véritablement, vers une dictature qui veut tout diriger, mettre le prolétaire à sa botte, accentuer l’esclavage capitaliste sans que le prolo ait le droit d’émettre une quelconque revendication, de manifester, j’ai bien peur que ce soit cette version qui se rapproche de la vérité.
Et la part belle sera faite alors aux gens d’extrême droite, de la droite qui, eux, auront le droit de défiler comme les camelots du roi, en rang serré la canne à bout ferré à la main, accompagnés des anciens combattants d’Afghanistan, bérets en tête, cranes rasés, les médailles bringuebalant, tandis que quelques-uns des participants porteront la cagoule autorisée pour aller faire pénitence dans une église où la religion sera partie prenante de l’Etat.
Pendant ce temps là, Madame Bruni-Sarkozy, entourée de sa garde rapprochée (les gardes du corps, hum..), assistera chez Dior à un défilé spécialement réservé au manteau-cagoule…
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