La Commission européenne et le photovoltaïque chinois ou l’Arroseur arrosé
La Commission européenne qui, en octobre 2012, avait recadré Arnaud Montebourg lorsque celui-ci avait osé parler de " protectionnisme ", est à son tour recadrée par l'Allemagne qui refuse que l'on fasse du chagrin à la Chine. Entre champions du commerce international, on se comprend.
Le 10 avril 2013, l'édition en ligne du Wall street Journal publiait un article intitulé " Europe Seeks New Trade Weapons ", indiquant que l'Union européenne étudiait très sérieusement le renforcement de ses mesures de sauvegarde contre la concurrence étrangère, en particulier chinoise.
Un petit mois après cette « hirondelle », on pouvait croire qu’un printemps protectionniste s’annonçait en Europe. On apprenait en effet, le 8 mai 2013, que la Commission européenne allait proposer aux Etats membres une taxation provisoire de 47 % sur les panneaux solaires importés de Chine, en parallèle de l’ouverture de négociations commerciales. Il s’agissait, selon la Commission, de « protéger en urgence des compagnies européennes dont la survie est menacée par des pratiques déloyales de la part des industriels chinois. (…) 30.000 emplois sont menacés dans ce secteur en Europe. »
Rappelons que l'Union a importé en 2011 pour 21 milliards d'euros de panneaux et composants solaires en provenance de Chine, contribuant ainsi à la déroute de sa propre industrie. Cruel échec, lorsque l'on sait que le traité de Lisbonne a confirmé la politique commune énergétique en tant qu'axe majeur de la construction européenne.
La récréation n'aura pas été longue : on apprend ce jour (28 mai 2013) que l’Allemagne, appuyée par 17 autres pays de l’Union, s’est publiquement opposée à la mesure proposée par la Commission. Avant un déjeuner avec Li Keqiang, premier ministre chinois, Philipp Rösler, ministre de l’économie allemand, a déclaré que « ces mesures de sanction n’étaient plus nécessaires ». Circulez, il n'y a rien à voir. Exit le débat du 5 juin : la Commission européenne a immédiatement déclaré qu’elle allait rechercher une solution négociée avec Pékin.
Il aurait été si dommage de gâcher l'ambiance du déjeuner de travail du ministre de l'économie allemand, avec le premier ministre chinois, en visite à Berlin. Entre champions du commerce international (Chine et Allemagne occupent les deux premières places sur le podium), on ne peut que s'entendre.
Et maintenant, bonne chance à Karel de Gucht, Commissaire européen au commerce, pour négocier avec la Chine ! Le même Karel de Gucht qui s'était cru autorisé à recadrer Arnaud Montebourg lorsque celui-ci, en octobre 2012, évoquait, plus généralement, l’éventualité de mesures protectionnistes : « S'il tente de le faire, il va trouver Bruxelles et le Commissaire à la concurrence Joaquin Almunia sur sa route ! »
C'est maintenant la Commission qui trouve l'Allemagne sur sa route. Cela fait quelle impression de se trouver dans la position de l'arroseur arrosé ?
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