La continuité par la repentance. Quand Jupiter crache sur l’Olympe (propos sur la commémoration du Vel d’Hiv)
"Si tu n'aimes pas ton pays, dégage mais ne souhaite pas en devenir le président."
C'est ce principe auquel aurait dû s'en tenir le président Macron, mais pas que lui d'ailleurs tant il s'inscrit dans une lignée inaugurée par Chirac, et à laquelle il se conforme avec un rare zèle. Il aurait été curieux que notre nouveau président ne saisisse pas cette occasion en or qui lui était offerte le jour de la commémoration du 75ème anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv de salir une nouvelle fois le pays qu'il prétend diriger.
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Eh oui, la France est un "pays de merde", enfin pour parler correctement un pays coupable de tous les maux qui ont ravagé l'humanité à travers les siècles. La France fut esclavagiste, colonisatrice, coupable de la shoah, et puis de plein d'autres choses. Cela commença sans doute avec sa création mythique, correspondant au baptême de Clovis qui, ne l'oublions pas, fracassa du tranchant de sa francisque le crâne du trouffion qui brisa la vase de Soissons au nom du rejet des privilèges que voulait s'accorder son roi, donc un révolutionnaire avant l'heure en même temps qu'un membre honoraire à titre posthume de la France insoumise, et dont la famille attend toujours un juste dédommagement. Mais ça viendra sans doute. Quand les problèmes de budget auront été réglés.
Depuis une bonne vingtaine d'années, on assiste en effet à un phénomène, non pas curieux car dans le temps et l'espace il fut amplement observable, mais dont on pourrait penser qu'il n'a pas sa place dans une société qui se prétend démocratique. Ce phénomène, c'est la confiscation de pans entiers de l'histoire par les politiques pour des raisons sans doutes variées, mais toutes suspectes et surtout méprisables. Il y a évidemment les petits calculs électoraux, chaque déplacement à Alger étant l'occasion de capitaliser davantage certains types de votes, il y a évidemment cette tentation de céder à un certain air du temps, à une mode impulsée par une frange certes minoritaire de la société mais tellement puissante en termes d'audience, et il y a surtout cette entreprise continue décrédibiliser la France aux yeux des Français, cette injonction qui leur est faite de rompre avec une histoire dont ils devraient avoir honte pour mieux se couler dans un monde nouveau, un monde dont l'effacement des frontières serait le prélude à celui des fautes pesant sur leurs épaules en tant qu'héritiers. Ces gens, ces Chirac, ces Sarkozy, ces Hollande, ces Macron, car tous ont participé à salir leur pays, sont les antithèses de Renan, de son propos sur la nation dont je citerai juste ce court extrait : "Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis." Ne souhaitant pas entrer dans une analyse fouillée du texte de Renan, je me contenterai de poser deux questions : qui pourrait avoir envie de faire vivre un héritage tel que celui que nous présente Macron et les autres ? Qui pourrait avoir envie, venant d'ailleurs de s'intégrer et mieux de s'assimiler (vivre ensemble, et pas à côté) en prenant cet héritage comme référence ?
Eh oui, c'est ainsi, comment pourrais-je avoir, moi l'étranger, même si j'ai les papiers qui prétendent que je ne le suis pas, l'envie de faire corps avec ce peuple non seulement héritier de tant de mauvaises choses, mais cultivant en plus la honte d'être ce qu'il est ? Et moi le Français, comment pourrais garder la tête haute et affirmer l'amour de mon pays tandis que l'histoire de ce dernier est jonché d'ignominies ? Pour mieux situer les enjeux et surtout les risques à court terme, n'oublions pas que le président actuel s'est déclaré favorable à l'accueil de migrants, notamment en multipliant les éloges à l'intention de Merkel sur sa politique migratoire, alors qu'il leur donne simultanément une image déplorable de leur pays d'accueil.
Alors une chose est sure : quand ces gens qui ne manquent jamais une occasion, un déplacement, une commémoration, un événement particulier, un fait divers pour salir leur pays, et qui plus est le pays qu'ils dirigent, ne les croyez jamais quand ils vous disent qu'ils aiment la France. Ils aiment la France comme le souteneur aime la pute qu'ils ont mise sur le trottoir, ou le vampire la victime dont il aspire le sang, pour ce qu'elle leur rapporte à eux et à leurs courtisans en honneurs symboliques et en avantages concrets. C'est peut-être et même certainement pire avec le dernier en date, l'homme installé par les ces riches capitalistes aux yeux desquels l'idée de frontière apparait comme odieuse tant elle peut encore constituer un frein à leurs affaires.
Et il faut avouer qu'il ne manque pas de zèle dans son entreprise de démolition de la France en tant que nation, donc en tant qu'ensemble dont la cohérence, dont les piliers sont essentiellement constitués de son histoire et de sa culture. En à peine quelques mois il aura accusé son pays de crimes contre l'humanité, aura nié sa culture, puis son art, avant aujourd'hui d'affirmer avec vigueur que c'est la France qui est seule responsable de la rafle du Vel d'Hiv en s'appuya sur cet argument "fort" qu'aucun allemand ne participa à l'opération, oubliant au passage qu'une opération avant d'être menée est pensée en fonction d'objectifs. En fait c'est tout juste si on se souvient que la France était vaincue et occupée, et que le gouvernement de Vichy, même s'il prit soin de s'offrir une façade légale, selon un processus d'om l'intimidation n'était pas absente, n'était qu'un gouvernement fantoche dont les membres étaient des traitres à leur patrie.
Mais peut-être que certains trouveront ma vision, ou mon interprétation excessive ou fausse. Mais sur quels critères ? Le propos de Macron en utilise-t-il d'autres supérieurs. Est-il meilleur que le général de Gaulle qui dès octobre 1940 déclarait dans son manifeste de Brazzaville que "il n'existe plus de gouvernement proprement français", et que "l'organisme sis à Vichy et qui prétend porter ce nom est inconstitutionnel et soumis à l'envahisseur" ? Sur quel texte s'appuie-t-il pour déclarer nulle et non avenue l'ordonnance du 9 août 1944 déclarant nulles et illégales toutes les mesures législatives et administratives prises depuis le 10 juillet 1940 inclus (loi constitutionnelle) et précisant la continuité de la République incarnée par le GPRF. Légalement donc, et même si la loi est dictée par le vainqueur, la France était à Londres puis Alger, en fait là où était de Gaulle. Et qui donc, qu'il s'appelle Chirac, Hollande ou Macron pourrait donc s'arroger le droit de nier ça et surtout de faire du contraire une vérité officielle.
Car certes les juristes pourront s'écharper sur le sujet, en même temps que les historiens, mais que se poursuive donc cette polémique entre spécialistes sans que s'en emparent un ou des individus, se drapant derrière leur dignité présidentielle pour dire ce qui est vrai. Etre président ne rend pas omniscient, mais comme on le voit ça rend capable de dire n'importe quoi publiquement dès lors qu'on rejette toute mesure de soi-même. Après tout que Macron croit en ce qu'il dit, c'est son problème. C'est le fait qu'il le dise et surtout l'assène comme une vérité, sans pouvoir être contredit au moment où il l'exprime qui est scandaleux, et qui est même un abus de pouvoir. La même chose pour ceux qui ont initié cette mascarade déshonorante pour leur pays sur ce sujet et sur d'autres.
Macron en faisant fusionner la France avec Vichy ne profère-t-il pas une insulte suprême contre ceux, connus ou anonymes qui dans leur combat contre les Allemands et contre les forces du Vichy avaient cette conviction ancrée dans leur cœur d'être la France ? Et d'ailleurs que penser de cette France métropolitaine des années de guerre que Eichmann maudissait parce qu'il ne parvenait pas à attendre ces objectifs macabres (voir Hannah Arendt "Eichmann à Jerusalem, rapport du la banalité du mal"), que penser de cette France qui perdit 26% de ses juifs victimes de la Shoah tandis que la Belgique en perdait 60% et les Pays-Bas 75. Certes, c'est trop, une seule victime aurait été trop, mais ne peut-on pas trouver dans cette France maudite quelques motifs de fierté à mettre en avant, non pas pour contrebalancer les crimes de ceux qui suivirent servilement la politique de l'occupant, mais juste pour montrer qu'un pays ce n'est pas seulement l'administration qui le dirige, qu'elle soit légale ou pas, légitime ou pas.
Mais évidemment cette nuance, même si elle n'échappe pas à Macron, comme elle n'a pas échappé à ses prédécesseurs, n'a aucune place dans un discours qui se veut culpabilisant. Elle n'a rien à faire, ni aucune autre considération, qu'elle soit historique ou juridique dans le discours de quelqu'un qui n'aime pas la France, et qui l'a déjà amplement prouvé pas d'autres déclarations honteuses.
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