La convention citoyenne pour le climat prise au piège du yakafautkon
Les échanges peu amènes qui entourent la suite à donner à la convention citoyenne pour le climat (CCC) sont révélateurs des oppositions qui traversent notre société sur le sujet sensible de l’écologie. D’un côté, la radicalité assumée d’activistes et d’EELV qui posent en préalable le « tout, tout de suite ». De l’autre, du côté de l’exécutif, où l’on mesure chaque jour la difficulté à gouverner, une volonté d’ouverture tempérée par la prudence, le pragmatisme et l’acceptabilité.
Passons tout d’abord sur la question de la légitimité d’une convention composée de 150 personnes tirées au sort. L’exercice n’est pas inintéressant pour autant qu’on lui donne la place qui est la sienne. Ni plus, ni moins. Ces conventionnels ne tirent leur légitimé d’aucun territoire ou d’aucune expertise mais, d’une procédure qui bouscule nos habitudes, voulue par l’exécutif. Cette légitimité doit par ailleurs être appréciée à l’aune de celle de parlementaires démocratiquement élus, responsables politiquement devant les citoyens, ce qui n’est pas le cas des conventionnels.
A la convention citoyenne, exposée par ailleurs à l’influence fort des experts auditionnés, de faire des propositions brutes. Au parlement d’en tirer la substantifique moelle qui réponde aux questions de faisabilité juridique et économique et d’acceptabilité sociale. A l’exécutif enfin, de tenter la quadrature du cercle. Tenir par tous les bouts une société qui se délite, rongée par des divergences plus nombreuses que les sujets de convergence.
Que répondre à une minorité active guidée par la peur de la fin du monde qui exige le « à prendre ou à laisser » et rejette toute négociation possible ? La démocratie à l’inverse, c’est le compromis permanent. Pas le changement radical de la révolution mais, une construction apaisée, partagée à petits ou grands pas. La psychologie enseigne justement, qu’en matière de changement de comportement, la patience est la règle.
Pas le temps d’attendre rétorquent les activistes. Ce faisant, ils dévoilent la grande faiblesse de l’écologie politique actuelle. A savoir, son manque cruel d’expérience dans l’exercice de responsabilités locales ou nationales. La confrontation de l’idéal au réel est souvent rugueuse. Les nouveaux édiles des villes conquises par EELV en font quotidiennement l’amère expérience.
Il est temps pour une certaine écologie de sortir d’une vision infantile reposant sur la yakafautquon. Déjà attendus sur le champ du régalien, les écologistes le sont tout autant sur celui de la démocratie. Imposer permet d’aller plus vite, faire accepter permet d’aller plus loin.
Le travail réalisé par la convention citoyenne doit permettre de lever les ambiguïtés sur le mécanisme qui doit permettre de transformer des idées en politiques publiques. La crédibilité en cause n’est donc pas comme certains l’affirment celle du président de la république qui a pris le risque de la CCC mais celle de l’écologie politique, sa capacité de passer à un âge adulte où, pour atteindre ses objectifs, il convient de s’adapter de façon darwinienne à son environnement.
C’est d’ailleurs ce que répond Barbara Pompili à Cyril Dion dans une tribune publiée sur Le Monde.fr. « J’ai suffisamment de recul sur l’histoire du combat écologique pour mesurer combien il est difficile de franchir le « dernier kilomètre » de la transition, le plus crucial : celui qui conduit à changer réellement nos modes de vie » écrit la ministre de la transition écologique et solidaire. Tribune contre tribune, bloc contre bloc, chacun reste sur ses positions, dans un impossible dialigue. Balle au centre et aux français de trancher. Rien de mieux pour cela que les prochaines élections.
21 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON