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La crise

Dialogue avec ma copine Anne-Sophie...

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Anne-Sophie : Quand j’écoute les actus à la radio ou à la télé, il ne se passe pas cinq minutes sans qu’on ait parlé dix fois de la crise ! Ca a l’air grave ! Non ?

MD : Tu as raison ! On dit crise à tout bout de champ, n’importe quand et pour n’importe quoi : crise de société, crise de nerfs, crise de confiance, crise de foie.. les jeunes, les vieux, les femmes, les agriculteurs, les PME, les banlieues, tout est en crise ….

 

AS : Oui ! Oui ! Et alors ?

MD : Il y aurait beaucoup à dire !

 

AS : Qu’est-ce qu'il faut en penser ?

MD : Au moins, le mot est clair ! Etymologiquement, le grec krisis, signifiait la décision, le jugement. Il désignait un moment clef, un moment décisif. En latin, on utilisait le même mot pour souligner la phase décisive d'une maladie. Le mot est resté tel quel dans presque toute les langues. C'est dire qu'on n'avait pas besoin de variante ! L’exemple typique, c’est la « crise cardiaque ».… Tu vois, c'était clair ! Maintenant, c’est devenu n’importe quoi ! Tiens, pas plus tard qu’hier, la fille de ma voisine me dit : « quand ma mère va voir mes notes, elle va piquer une crise ! ».

 

AS : Oui.. bien sûr, mais la crise …

MD : Il faut savoir que la crise est un concept paradoxal puisqu’il désigne un moment extraordinaire, rarissime, voire ultime, alors que tout instant est critique, banalement critique ! Voilà bien le paradoxe ! Dis-toi bien que, dans une seconde, l’univers peut imploser ou un météorite nous tomber sur la tête ou tu peux avaler de travers... Sur Terre, il y a au moins un bon million de personnes pour qui cet instant précis est le meilleur ou le pire de leur existence ! Tous ceux qui naissent, qui meurent, qui souffrent, qui aiment...La vie est crise. Le présent est crise, par excellence, par nature, puisque tout s’y joue et s’y rejoue, interminablement, comme au premier jour...

 

AS : Non...Heu..Oui..

MD : Ce que Jankélévitch appelait l’irréversible et l’irrévocable...

 

AS : Non ! Enfin, non ! Je parlais de la crise « financière » !

MD : Ah, la crise financière ! Moi, tu sais, l’économie, je n’y connais rien.

 

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12 réactions à cet article    


  • bakerstreet bakerstreet 21 septembre 2013 16:04

    Anne-sophie a un nom composé presque plus long que cet article,

    Lui-même aussi court que peut l’être, par définition, une crise. 

    Notons que Sophie veut dire sagesse, ce qui nous ouvre d’autres perspectives de débat. 

    Il est dur de porter certains noms. 
    Je connais moi-même une Sophie, qui est un peu trop porté sur le rosé !
    Savoir si ce prénom n’a pas pédisposé chez elle une crise identaire, un rejet de certaines valeurs que sa famille a tenté de lui imposé ?

    Le calendrier est plein d’aberrations de noms de saints, de ces chaussures qu’on tente vous imposer par la force, après vous avoir baptisé au forceps !
    Tant de noms difficiles à porter !
    Je ne parle pas des Louis, des Auguste, tout de même plus facile à admettre que celui d’Adolph !

    Rendez vous compte si Jean Marie s’appelait Adolph, et sa fille Marianne !

    • Michel DALMAZZO Michel DALMAZZO 21 septembre 2013 17:13

      Je suis bien d’accord, Bakerstreet, certains noms sont difficiles à porter.

      Savez-vous qu’il existe des sociétés de marketing qui utilisent les prénoms pour mieux cibler leurs actions de prospection ? 
      Le prénom en effet indique (en toute probabilité) l’âge et l’origine sociale de celui ou celle qui le porte. Et même souvent son origine géographique. Une petite recherche sur internet vous le prouvera rapidement.
      Ainsi, le prénom indique à 80% un centenaire, d’origine agricole aisée du Nord de la Loire. 
      Autre exemple, le prénom Jean-Marie, associé à Adolf en second prénom, indique à 99 % une naissance aux environs de 1940, dans les familles de la région de Vichy.
      Ah, le marketing est une science redoutable !

    • Robert GIL ROBERT GIL 21 septembre 2013 17:38

      on pourrait dire a Anne Sophie, soyons réaliste, si la crise ne profitait à personne il n’y aurait pas de crise...

      voir : CRISE, QUELLE CRISE ?


      • Michel DALMAZZO Michel DALMAZZO 22 septembre 2013 01:41

        Oui, on peut dire que la crise de dents profite au dentiste et à l’industrie pharmaceutique et qu’elle a pour origine le profit de l’industrie sucrière... 

        Oui, le profit est partout, tout comme l’abeille profite de la fleur et la fleur profite de l’abeille. 
        Alors, arrêter le profit c’est arrêter le monde. Quant à la crise, ce serait un moyen de le faire marcher !
        Du coup, on ne sait pas trop quoi faire, sauf bien sûr manger moins de chocolat et parier sur la bonne entente des fleurs et des abeilles,,,
        Hum, hum...
        Oui, j’aurais pu dire ça à Anne Sophie, mais je crains que ça lui aurait compliqué les choses..

      • bakerstreet bakerstreet 21 septembre 2013 18:17

        Pour en revenir à Marine, celle ci semble t’il n’a pas eu vraiment de crise, rejetant les valeurs du père.

        Sans doute pensait elle qu’elle était née sous une bonne étoile.
        Des étoiles : De l’étoile juive à l’étoile rouge, à l’étoile américaine, elles sont assaisonnées à tous les gouts !
        Le ciel est une auberge espagnole. 

        Le nom de Marine lui est tombé dessus, comme une étoile filante. 

        Le mot marine signifie une couleur, et aussi un corps d’armée. 
        Quelle était la vision de Jean Marie, en lui choisissant ce prénom ?
        Marine a eu de la chance, elle aurait pu s’appeler aviation, ou pire, infanterie.

        La crise est parfois salutaire, c’est selon sur la façon dont elle débouche, qu’on juge de sa qualité. 
        Mais quand une crise dure, comme une irruption d’acné sur la figure, qui persiste au délà de l’adolescence, on en conclura que ce n’était pas une crise, que le diagnostic était mal fait, ou qu’il était du à une volonté de mensonge et de manipulation. 

        Tout est question de position : Regardez les riches, et surtout les très riches. Ils n’ont jamais été si nombreux. 
        Et pourtant ce sont eux, et leurs valets, qui vous parlent de crises et qui se désolent. 
        Tout cela nous ramène au théatre de guignol !

        • Michel DALMAZZO Michel DALMAZZO 22 septembre 2013 02:00

          Bakerstreet, je ne m’étendrai sur la malédiction des prénoms. Ca me donne des souvenirs de cours de récrée qui en valent d’autres. Un prénom aussi anodin, en apparence, que Michel se transformait sans difficulté en « la mère Michel », et pourtant si je vous montrais mes photos d’enfant vous verriez tout de suite que je n’étais pas une fillette.. 

          Passons donc sur les prénoms.

          Sur la réalité de la crise financière, ne vous méprenez pas : je n’en doute pas ! 
          C’est sur l’explication que je ne me prononce pas, voilà tout. 
          Pourquoi ? 
          Parce qu’une crise, quelle qu’elle soit, et son explication, sont toujours composées de constituants contradictoires. Par exemple, en simplifiant, on doit expliquer une crise cardiaque par la fluidité sanguine insuffisante contredisant une rigidité excessive des vaisseaux..
          La crise financière n’y échappe pas.. 
          Toute explication qui n’isole qu’un élément est partiale... Et comme le sujet est idéologique, traiter des deux aspects, c’est se mettre tout le monde à dos ! 
          Prudent, hein, la mère Michel ?


        • smilodon smilodon 21 septembre 2013 20:59

          @ l’auteur : Bel article !... J’adore lire en ayant l’impression de déguster un bon plat !... Quand ça laisse un bon goût dans la bouche..............Ou dans la tête !... Merci... Adishatz.


          • Michel DALMAZZO Michel DALMAZZO 22 septembre 2013 02:02

            Merci, Smilodon, mon clavier a rougi..


          • bakerstreet bakerstreet 22 septembre 2013 15:40
            Michel

            Vous avez raison : Forces contradictoires.....
            Pendant plus d’un siècle, il y a une sorte d’équilibre entre les forces du marché, et les prolétaires, comme on les appelait. L’un tenant l’autre en respect, par la menace de la grève, et de mouvements sociaux et politiques. La main libre du marché était contrebalancée par une autre, tenant une clé à molette, et cela permettait à l’équilibre de perdurer. 

            Hors, voilà que la mondialisation, liée à l’effondrement des blocs socialistes, a donné au capitalisme une force nouvelle, celle de s’affranchir justement des limites avec lequel il était obligé de composer. 
            On peut faire le parallèle justement avec cette crise du pétrole.
            Jusqu’au début du siècle, le charbon produit était d’origine souvent national. Les travailleurs du charbon avaient donc une capacité d’entrave et de négociation très importante sur la production. 
            Le pétrole, venu du bout du monde, se moquant des frontières, a rompu la force des gueules noires.

            Plus de négociations, d’équilibre à trouver. 
            C’était le retour au capitalisme sauvage, à la force brutale des actionnaires, menaçant de délocaliser au moindre problème. La france a ainsi perdu tout son textile, sa sidérurgie, et ses manifactures. Il fallait « être absolument moderne »
            On paraphraser Rimbaud de façon outrancière, pour faire de vous un « has been ».

            La crise est un terme élégant, fait pour déguiser le loup revenu dans la bergerie, de plus en plus grande. 
            Elle n’est pas un problème pour certains, mais une solution, pour ces gens qui savent utilisés les mots comme des armes, ou des caches sexe, afin de dissimuler la vraie nature des choses ! 

             
            Mais on ne peut nier la nature impunément, les yeux rivés sur les chiffres, et sur des intérets purement personnels, égocentriques, en rupture avec les grands enjeux. 
            De multiples réalités sont à l’oeuvre. 
            Différentes crises, différents tsumanis en genèse. 
            il faudrait avoir une vision globale, politique dans la définition la plus noble du terme, c’est à dire déconnectée du phare du PIB qui nous ébouit dans cette nuit étrange, où les faiseurs d’illusions font recette. 

            Votre métaphore du coeur est astucieuse ; mais il ne faudrait pas oublier que la transformation du coeur en organe mécanique date de Descartes. 
            Autrefois on en faisait l’organe noble, le centre de l’individu, celui qui nous réglait et qu’on ne pouvait tromper. 
            « Avoir bon coeur, le coeur à l’ouvrage...... »
            L’intelligence froide et déconnectée à pris le relai, avec ses statistiques, ses courbes et ses spécialistes économiques, le nouveau moloch. 
            On vient de s’apercevoir que le coeur possède étrangement des neurones, et qu’il une sorte d’avant garde du cerveau, lié en tout cas à lui par les systèmes sympathiques, et parasympathiques, si bien nommés.

            Peut être est il temps de récouter notre coeur !

            • Michel DALMAZZO Michel DALMAZZO 22 septembre 2013 17:30

              Joliment dit, Bakerstreet !

              Mais expliquer la crise financière par la victoire du capilatisme est un point de vue aussi juste que de parler de la défaite du capitalisme (cf la faillite des petits capitalistes), ou de a revanche du tiers monde (la globalisation), ou de la revanche de la nature (la fin des énergies gratuites), ou de la perte (ou du retour) des valeurs morales (montée de se xtremismes)... Nombre de points de vue sont possibles. N’en retenir qu’un est toujours partial et idéologique..Je vous le disais.. voilà pourquoi, je préfère ne pas me mouiller..

              Ceci dit, je suis d’accord, il est toujours temps d’écouter notre cœur..

            • HELIOS HELIOS 23 septembre 2013 12:21

              ... bizarre, moi, je ne vois pas de crise, juste la loi du plus fort !


              • Ruut Ruut 23 septembre 2013 17:31

                Quelle crise celle des délocalisations massives qui génère du chômage chez nous ?


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