La danse du ventre de l’UMPS
Les commentateurs sont à dire que le MoDem a raté son pari, que Bayrou est en position quasi perdue à Pau. Ce furent ensuite les déclarations anti-MoDem. On connaît la chanson tantôt à droite, tantôt à gauche donc nulle part.

Or, on peut avoir une position très claire dans le domaine d’une élection que l’on a toujours dite locale : on s’associe à celui, qui, localement, fait du bon boulot. Et cela est extrêmement clair. Pour me faire comprendre je vais user d’une petite métaphore que ma nièce de 5 ans pure comme une colombe et engagée dans aucun parti comprend en souriant. Si je vous dis qu’à la montagne en hiver il y a de la neige, vous serez d’accord avec moi. Si je vous dis que c’est une situation locale, vous serez aussi d’accord avec moi. Si je vous dis qu’au bord de la mer en été il fait chaud et que l’on se baigne vous serez d’accord avec moi. Si je vous dis que c’est une situation locale vous serez d’accord avec moi. Si je vous dis que le vote pour les municipales est un vote local, vous serez d’accord avec moi pour 70 % d’entre vous. Eh bien voilà. Nous trouvons avec l’UMPS et le Modem dans la situation suivante. Il y a dans le camp de l’UMPS les défenseurs du toujours maillot de bain (au choix UMP ou PS) et les défenseurs du toujours la doudoune (au choix ou PS ou UMP, l’autre bien sûr). Le MoDem vous dit, et ceci en toute cohérence si nous nous situons dans des élections locales : moi quand je vais à la montagne en hiver, je prends ma doudoune et je fais du ski avec le meilleur moniteur de la station et qu’importe sa couleur politique, si je vais à la mer, je prends mon maillot de bain et je choisis le meilleur nageur local pour faire de la plongée avec lui. Cela s’appelle la cohérence avec la situation locale et il n’y a rien de trouble ni de douteux. En revanche, l’autre cohérence, celle de parti, celle du tout national ou du local, mais avec une ligne en partisane, bloc contre bloc, fait que les porteurs de doudoune se retrouvent à la mer en refusant de la retirer et les porteurs de maillot de bain vont sous la neige en grelottant. Ce sont donc deux cohérences qui s’affrontent : la cohérence bipartisane, partout et l’on retrouve ainsi à la mer et à la montagne des doudounes, et à la montagne et à la mer des maillots de bain. Les uns toujours en rose, les autres toujours en bleu. Eux se croient très cohérents, et les journalistes avec eux. Mais cette cohérence là a une logique certaine, mais qui est totalement inadaptée à la cohérence locale, celle du MoDem. La cohérence du MoDem sera comprise par une enfant de 5 ans qui vous dira en vous regardant bien dans les yeux et hochant la tête, pensant : "Ah ces adultes, quels imbéciles ils font !" : "mais t’es bête toi, d’aller dans la neige en maillot de bain ! N’importe quoi. Pffff !" Ce qui fait, qu’avec les journalistes complices qui feignent d’ignorer ce raisonnement et qui amplifient les images néfastes des ténors de l’UMPS contre le MoDem, moi je crois qu’il faut soit être partisan et de mauvaise foi, soit avoir moins de bon sans qu’une enfant de5 ans pour ne pas comprendre en quoi la position du cas par cas du MoDem est parfaitement cohérente et avec sa philosophie générale et avec des élections locales, claires et adaptées. En revanche là où on peut leur retourner la politesse c’est au contraire la position de l’UMPS. Cette UMP et ce PS, eux, ont accepté localement des accords en en rejetant la responsabilité sur le MoDem. Or le MoDem c’est sa logique de s’associer tantôt à l’un tantôt à l’autre en fonction du programme local et de la personnalité du maire, de ses résultats. En revanche comment un PS qui dénigre le MoDem, car justement il s’associe de façon diverse suivant le terrain, peut-il lui accepter cette alliance ? Et comment l’UMP qui vomit le MoDem, qui lui a soutiré des traîtres et perdants (ils n’existent plus, peu d’élus, Rouen du traître Albertini, balayé) peuvent-ils avoir des accords locaux avec le MoDem ? Donc ce qui est logique selon la théorie démocrate ne peut en aucun cas l’être avec l’UMPS.
Le plus amusant ce sont les déclarations maintenant de Ségolène Royal, de Mme de Panafieu, de Devedjian, de Fillon même qui font une danse du ventre effrénée devant le MoDem. Et Fillon qui dit « Je dis que si les responsables du MoDem acceptent de soutenir les listes de la majorité présidentielle, naturellement nous soutiendrons les candidats du MoDem quand ils sont en position de se maintenir et d’être soutenus par notre majorité ». Lui qui avec Sarkozy a traîné le MoDem dans la boue, il en a besoin pour ne pas trop perdre. Ces deux partis qui ont craché à la figure du Mouvement Démocrate et de son leader, le benêt du Béarn, n’ont eu de cesse de critiquer sa position locale qui est juste et sensée, maintenant veulent des alliances globales, comme les licences de musique pour cette chanson de l’arche de la nouvelle alliance. L’UMP fait un chantage à Bayrou, chantage qui n’est que par communiqués interposés sans passer ni par SMS ni par téléphone. Sarkozy avait fait le coup pendant les législatives. En faisant retirer son candidat il voulait délégitimer Bayrou, lui voler sa victoire. On connaît la technique d’achat de voix. Voilà que le grand Manitou veut acheter celle des Marseillais. Comme le révèle Le Monde : A six jours du second tour, Nicolas Sarkozy promet des aides économiques à Marseille
Pour les municipales Minimo a voulu abattre Bayrou en soutenant une liste socialiste, alors que le PS est l’ennemi avoué (mais l’allié effectif pour la bipolarisation). Il est même allé jusqu’à venir soutenir personnellement Uriéta aux frais de la République. Bayrou leur renvoie à chacun, finalement, et c’est un bel exemple à tous ceux qui le critiquaient, une fin de non-recevoir tout en prenant le risque de perdre. Il ne va pas vendre son âme et refuse cette main du diable. Cela va clouer le bec à ceux qui disaient qu’il avait un accord avec l’UMP en facilitant l’élection de Juppé à Bordeaux, qui a eu lors de cette élection une attitude très MoDem : des personnes du cru et sans étiquettes, venant de tous bords. On voit qu’en fait partout en France c’est l’idée du MoDem qui triomphe. Beaucoup de listes se sont ouvertes. Des socialistes ont pris des MoDem et des UMP, des UMP ont pris des MoDem et des PS. Il y eu énormément de dissidents tant PS qu’UMP. Ces dissidents sont en fait une preuve d’une sorte d’éclatement du modèle bipartisan. On n’en a pas assez parlé pendant ces élections. Et pourtant ces exemples sont nombreux.
Pour le coup Fillon et l’UMP sont minables. Après avoir à longueur de discours, de colonnes complices, d’estrades enflammées, injurié le MoDem, après avoir dit que ce n’était pas une défaite, ils viennent pleurer les voix MoDem. On sait d’avance qu’ils vont se venger d’avoir été rejetés. Ces hommes politiques n’ont qu’une logique de pensée : je t’achète ou je t’abats. Ils ont tenté l’un et maintenant ils tentent l’autre. A mon avis ils sont incapables de comprendre la réaction de Bayrou : refuser une aide pour gagner Pau et risquer de perdre. Cette logique de la fidélité à ses idées au détriment de la victoire. Comme disait l’autre : je préfère perdre avec mes idées que gagner avec celles des autres. Tout l’inverse du Nouveau Centre, et des ralliés de toutes catégories.
Ces élections municipales sont extraordinairement difficiles pour un parti jeune, avec un certain nombre d’élus qui visent à garder leur poste coûte que coûte, mais il y a eu l’émergence de très nombreux nouveaux arrivants. Il faut aussi noter qu’un nombre non négligeable de villes moyennes a eu dès le premier tour un maire MoDem. Quant au score national il ne veut rien dire car il n’y avait que 70 % des villes couvertes et il y avait des listes communes avec d’autres mouvements ou des indépendants. Ainsi ni à Dijon ni à Bordeaux les voix ne vont être comptées MoDem, mais seulement droite et PS. Il faut aussi noter que les journalistes ont abusé de façon assez honteuse les Français en parlant de ministres élus. Une bonne part était en position deux ou trois même plus loin. Cette part-là n’avait pas de ministre tête de liste et ces ministres ne peuvent être que pour une fraction seulement responsable de la victoire. Cela change quelque peu la donne. Cela permet de crier une plus grande victoire gouvernementale qu’elle ne l’est au reste.
Même si c’est difficile, il y a eu des chiffres encourageants comme les 20 % de Gilles Artigues à Saint-Etienne. Quoi qu’il en soit cela ne sera pas facile pour le MoDem, mais il vient bien de prouver de la façon la plus probante qu’il existe. Ce sont finalement l’UMP et le PS par cette danse du ventre qui vient de confirmer cette existence incontournable. On sait bien qu’après l’UMPS va tirer à nouveau à boulets rouges sur le MoDem, mais on pourra leur rappeler leur roue de paon.
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