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Accueil du site > Tribune Libre > La démocratie de copinage et l’anéantissement de la France (...)

La démocratie de copinage et l’anéantissement de la France (1)

Le capitalisme de connivence (ou de copinage) instrumentalise la démocratie de copinage à son plus grand profit. En France, le bipartisme caractéristique de notre démocratie gère la prédation de la richesse en faveur des sponsors. En période faste, il est possible de distribuer quelques "miettes" aux 99%. En période de crise, les sponsors exigent aussi les miettes. Si la démocratie de connivence n'est pas en mesure d'assurer ces nouvelles exigences, le capitalisme de copinage peut très bien s'accomoder d'un régime plus dur, une dictature par exemple. [Première partie de l'article]

Depuis de nombreuses années notre pays est sous l’emprise d’une pseudo démocratie[1] caractérisée par un bipartisme de « connivence » (ou de copinage) : gauche caviar et associés d’un côté, droite molle et associés de l’autre côté. Hormis le discours, l’alternance entre la « droite » et la « gauche » ne change rien, ou pas grand-chose, aux politiques d’inspiration néolibérale mises en œuvre. La démocratie de connivence a conduit la France sur une trajectoire d’affaiblissement et d’appauvrissement.

La démocratie de connivence est l’instrument du capitalisme de connivence[2]. Le capitalisme de connivence instrumentalise la démocratie du même nom pour obtenir des rentes, synonymes de profits faciles et élevés.

Anesthésiée par la consommation, les discours politiques et l’action des media, la population prend progressivement conscience de la stérilité du vote avec l’accentuation de la crise. Devant l’inutilité avérée de celui-ci, l’abstentionnisme se répand. Néanmoins, ceux qui, parmi les mécontents, persistent à voter pourraient menacer l’hégémonie du bipartisme de connivence en apportant leurs suffrages à la droite « extrême ». Or, ladite droite extrême a été créée par le système bipartisan pour canaliser les mécontentements et servir d’épouvantail pour les seconds tours des élections afin que tout puisse continuer comme avant. 

Une des caractéristiques principales du bipartisme de connivence est sa foi affichée en la croissance économique censée devoir régler tous les problèmes économiques, financiers et sociaux sans remettre en cause la structure du système. En effet, si le gâteau de la richesse nationale s’élargit sans cesse, ils pourront en distribuer à tout le monde, des grosses parts pour certains et des miettes pour d’autres, mais c’est le geste qui compte. Ainsi le bipartisme voue un culte à la croissance.

Depuis la fin des Trente glorieuses, la croissance économique s’est progressivement réduite jusqu’à ne plus permettre le ruissellement de la « richesse » jusqu’aux plus bas niveaux de la pyramide sociale. Le défaut de croissance menace la démocratie de connivence assise sur un système qui distribue des rentes aux sponsors ainsi qu’à la « clientèle » politique. Ce système clientéliste est en crise, mais le bipartisme se trouve dans l’impossibilité de le réformer car cette démarche serait suicidaire pour les « élites » au pouvoir. En conséquence, le bipartisme reconduit le système clientéliste sous une forme « appauvrie[3] » tout en organisant une fuite en avant dans l’endettement.

L’endettement a des limites et l’austérité, pour la masse, doit inéluctablement être intensifiée. En régime démocratique, même délité, des risques existent de graves troubles sociaux et de prise de pouvoir par des forces « hors système », c’est-à-dire non instrumentalisées par le bipartisme de connivence. Dans ces conditions, il convient de réduire ces risques : (i) en isolant le politique de l’économique et du social et (ii) en dévoyant la démocratie pour la rendre inopérante par la loi.

Malgré tout si les risques de déstabilisation perdurent, le capitalisme de connivence a la possibilité de changer d’instrument de domination : dictature, capitalisme d’État…

Dans ces conditions, quelle peut être la nature de la réaction des 99% de la population exploités ?

 

Le bipartisme de connivence paupérise la France

L’appauvrissement et plus généralement la baisse relative du bien-être en France se perçoivent à travers de nombreux indicateurs. Une référence à l’Indice de développement humain suffit à l’attester. 

Le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) calcule tous les ans, pour de nombreux pays, un Indice composite du développement humain (IDH) qui prend en compte la richesse par habitant (le PIB/habitant), l’éducation et la santé (espérance de vie[4]). Le PNUD établit ensuite un classement des pays selon la valeur de leur IDH.

En 1995, la France se situait au 2ème rang derrière le Canada. Par la suite, s'amorce une dégringolade dans le classement. Notre pays occupait le 12ème rang en 2000, puis le 20ème en 2012[5]. Dans le rapport de 2015 qui donne les valeurs de l’IDH pour 2014, la France arrive en 22ème position derrière le Royaume-Uni, l’Islande, la Corée du Sud, Israël, le Luxembourg, le Japon, et la Belgique[6].

Il faut rappeler que la France est censée être la 5ème ou la 6ème puissance mondiale, mais selon le cabinet privé britannique Center for Economics and Business Research, la France, « l'une des économies les moins performantes des pays occidentaux, gliss[erait] progressivement de la 5ème à la 13ème place du classement mondial en 2028[7] ».

La dégringolade permanente dans les divers classements, signe de la Tiers-Mondialisation[8] de la France, révèle au grand jour la responsabilité des gouvernants qui se sont succédés à la tête de notre pays depuis des décennies. « La réalité est que la situation actuelle est l’aboutissement naturel de l’évolution des trois décennies récentes à laquelle ont participé « droites », « gauches » et directions syndicales »[9].

Selon le discours officiel, le bipartisme de connivence sauve peut être la planète avec la COP 21 et la République, comme lors du récent second tour des élections régionales, mais il enfonce inéluctablement notre pays dans la misère.

 

Le culte du Cargo comme panacée à la crise

Nos dirigeants nous disent espérer et attendre la croissance, panacée susceptible de régler tous les problèmes. Ils pratiquent le culte de la croissance comme les tribus océaniennes pratiquaient le culte du cargo.

En effet, pendant la deuxième guerre mondiale, lors de la campagne du Pacifique, les navires américains apportaient des biens manufacturés, de la nourriture… dans les îles d’Océanie. Les populations locales ignoraient tant la provenance que les processus de fabrication desdits biens, ils leur attribuaient une origine quasi divine.

Quand les américains furent partis, les tribus, sous la conduite de quelques gourous, mirent sur pied le culte du cargo qui, grâce à des cérémonies, des prières et toute sorte de rites, devait assurer le retour des cargos pleins de richesses.

Nos dirigeants agissent de façon similaire avec la croissance. A l’instar des medias, des économistes apodictiques…, ils célèbrent la liturgie néolibérale. Sans doute bientôt organiseront-ils des cérémonies, des rites, des dévotions, des sacrifices, des périodes de jeûne… pour appeler au retour de la croissance.

En réalité, nos élites nous mentent, les initiés savent très bien que la croissance significative et durable ne reviendra plus. C’est la menace principale du système.

 

La croissance alimente le clientélisme fondé sur la rente

La croissance économique est la clé de voute de la démocratie de connivence car elle grossit le gâteau de la richesse nationale et permet aux politiciens de créer et de distribuer de la richesse sous forme de rente.

En effet, la démocratie de connivence se nourrit de la rente. Comme le soutient l’école des choix publics[10], les politiciens au pouvoir distribuent des rentes à leurs sponsors ainsi qu’à leur clientèle politique. Les sponsors financent les campagnes électorales, influencent l’opinion publique, notamment à travers les medias qu’ils contrôlent, et la clientèle politique apporte son suffrage aux élections. Ce système peut être qualifié de clientéliste. Tout va pour le mieux lorsque la croissance économique est de mise car le gâteau de la rente s’élargit sans cesse et permet globalement de satisfaire les demandes tant des sponsors que des électeurs. Le système clientéliste est prospère et les inégalités dans la redistribution des rentes ne suscitent pas trop de vagues conflictuelles du fait que, peu ou prou, tout le monde en profite.

La surenchère électoraliste de la démocratie de connivence a conduit à l’élargissement et à l’approfondissement de la distribution clientéliste de la rente. La multiplication des agents à la recherche de rente (entreprises, individus, groupes, communautés…) et l’accroissement de leurs exigences se sont traduits par une inflation rentière[11] qui s’est heurtée de front à la baisse de la croissance, puis à la stagnation. La multiplication des convives et leur appétit démesuré engendrent inévitablement des tensions lorsque la taille du gâteau à partager ne grossit plus, voire se réduit.

La survie du système clientéliste se heurte au défaut de croissance structurel. En effet, les fluctuations conjoncturelles autour d’une tendance de croissance longue peuvent être « corrigées » par des politiques de régulation notamment de la demande (politiques keynésiennes : monétaire, budgétaire, du change). Mais lorsque la tendance longue se renverse et vire à la stagnation ou à la régression, le défaut de croissance devient structurel et les politiques de régulation précédentes se révèlent inopérantes. Le système clientéliste menace de se gripper et doit se réformer impérativement sous peine d’implosion, à moins que par miracle, la croissance durable ressuscite.

 

Le clientélisme appauvri[12] comme thérapie palliative à la crise

Dans l’attente du retour de la croissance, auquel nos dirigeants font semblant de croire, ils reconduisent le système clientéliste ancien, mais sous une forme appauvrie.

Le clientélisme appauvri, c’est la distribution de la rente, au volume stagnant ou en baisse du fait de la crise, selon des règles modifiées. La structure de répartition de la rente doit évoluer en fonction de multiples contraintes.

Il est impératif de continuer à satisfaire les demandes croissantes exprimées par les sponsors, maîtres du jeu, car ce sont eux qui détiennent les finances, les media… gages d’élection ou de réélection pour le bipartisme de connivence. De façon mathématique, la part du gâteau dévolue aux autres acteurs sera réduite.

Le rôle de la stratégie politique du bipartisme de connivence est de gérer la pénurie pour la faire « accepter » par le plus grand nombre sans trop de remous politiques et sociaux. Lesdits remous pourraient déboucher sur une remise en cause réelle[13] du système. En effet, il s’agit d’un ajustement structurel non pas gagnant – gagnant, mais gagnant – perdant : le surplus de rente perçu par certains « agents » équivaut à la perte enregistrée par les autres agents.

Certes, il est possible « d’adoucir » l’ajustement en palliant à crédit, en totalité ou en partie, la baisse de la rente par des déficits publics et par l’endettement (État[14], collectivités territoriales[15], Sécurité sociale…), mais ce n’est qu’une fuite en avant qui retarde simplement l’échéance.

De façon inéluctable, la réduction de la part du gâteau destiné au plus grand nombre implique la mise en œuvre de politiques d’austérité que le bipartisme de connivence tente de justifier en faisant appel à des arguments néolibéraux présentés comme « apolitiques » : l’efficacité du marché, de la concurrence,… la nécessité d’être compétitifs en réduisant le coût du travail, en abaissant la fiscalité des grandes entreprises et en les subventionnant notamment sous prétexte de lutter contre le chômage par la création d’emplois.

Néanmoins, ce discours largement relayé par les media n’écarte pas tout danger pour la démocratie de connivence.

 

[1] Bernard Conte, « Le néolibéralisme et l’illusion démocratique », Le Grand Soir, 6 novembre 2011, http://www.legrandsoir.info/le-neoliberalisme-et-l-illusion-democratique.html

[2] Les anglo-saxons le nomment « crony capitalism », expression créée par les néolibéraux pour expliquer la crise asiatique de 1998. « Le « capitalisme de connivence », ou le « capitalisme politique » est le résultat de l'étatisme et d'une forme de corruption des élites : les grandes entreprises, de plus en plus inefficaces et bureaucratisées, réagissent au libre marché et à la concurrence en se tournant vers le gouvernement pour réclamer davantage de règlementations, de protection, ce que Bastiat appelait la "recherche de rentes". De même, les grandes banques brandissent la menace du "risque systémique" pour exiger un renflouement par l’État ou par la banque centrale suite à leurs erreurs. » http://www.wikiberal.org/wiki/Capitalisme_de_connivence 

[3] Sur la notion de clientélisme appauvri : Bernard Conte, « Côte d’Ivoire : clientélisme, ajustement et conflit », http://conte.u-bordeaux4.fr/Publica/conte_dt101.pdf

[4] L’espérance de vie à la naissance qui est un critère de niveau de développement, baisse en France. « Le constat établi par l’Insee dans son bilan démographique de l’année 2015 fait état d’une perte de 0,3 année d’espérance de vie pour les hommes et 0,4 pour les femmes », Libération, 16 janvier 2016 http://www.liberation.fr/france/2016/01/19/l-esperance-de-vie-baisse-pour-la-premiere-fois-depuis-1969_1427531 

[5] Bernard Conte, « La France en marche vers le Tiers-Monde », http://blog-conte.blogspot.fr/2013/03/la-france-en-marche-vers-le-tiers-monde.html , 16 mars 2013 et « L’avenir sombre de nos enfants et de nos petits enfants », http://blog-conte.blogspot.fr/2013/06/lavenir-sombre-de-nos-enfants-et-de-nos.html 5 juin 2013.

[6] « Parce que les organismes nationaux et internationaux améliorent continuellement leurs séries de données, les données — y compris les valeurs de l’IDH et les rangs — présentées dans ce rapport ne sont pas comparables à celles publiées dans les éditions antérieures », RSDH, 2015, p. 203. Cet avertissement du PNUD ne semble pas fondé pour les pays développés pour lesquels les données statistiques retenues pour le calcul de l’IDH sont « fiables » depuis longtemps. La mise en garde vise surtout éviter des comparaisons dans le temps comme celle qui est faite dans cet article.

[8] Sur ce concept : Bernard Conte, La Tiers-Mondialisation de la planète, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2ème édition, 2013.

[9] « Hollande, Valls, Macron, Tapie... et le vote FN », La science au XXI siècle,

http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2015/12/20/hollande-valls-macron-tapie-et-le-vote-fn-i-51291.html

[10] « La théorie des choix publics [public choice] est un courant économique qui décrit le rôle de l'État et le comportement des électeurs, politiques et fonctionnaires. Elle entend ainsi appliquer la théorie économique à la science politique. Le texte fondateur de ce courant est The Calculus of Consent publié en 1962 par James M. Buchanan (« Prix Nobel » d'économie 1986) et Gordon Tullock ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_choix_publics

[11] Déjà en 1975, un rapport de la commission Trilatérale mettait en lumière « l’ingouvernabilité » des démocraties occidentales dans lesquelles le développement de la démocratie a entraîné un certain nombre de dysfonctionnements « suicidaires » qui peuvent la conduire à sa perte. Parmi ces dysfonctionnements : l’élargissement de la participation et l’intensification de l’engagement politique ont multiplié les demandes adressées à l’État qui excèdent sa capacité à les satisfaire, créant une « surcharge » par l’expansion incontrôlée de l’intervention publique, exacerbant les tendances inflationnistes », voir : La Tiers-Mondialisation de la planète, op. cit. p. 216-219.

[12] A propos du clientélisme appauvri : Bernard Conte, Côte d’Ivoire : clientélisme, ajustement et conflit, CED, Université Bordeaux IV, DT/101/2004, http://ged.u-bordeaux4.fr/ceddt101.pdf 

[13] Remise en cause réelle et non pas fictive comme l’élection de candidats extrémistes (Front National).

[14] Concernant l’État, depuis 40 ans (1975), pas une seule année a vu un budget excédentaire, ni en équilibre, http://fr.sputniknews.com/france/20151223/1020516796/france-budget-deficit-dette.html

[15] « Depuis dix ans, la dette locale ne cesse d'augmenter : elle a atteint 141,5 milliards fin 2014, selon le dernier rapport de l'Observatoire des finances locales. Ce sont les régions qui ont connu la plus forte hausse ces dernières années, au point que leur stock de dette représentait fin 2014 presque l'équivalent d'une année de recettes de fonctionnement (97 %). Un niveau supportable mais conséquent. Et si les départements sont plus prudents (50,8 %), les communes affichent aussi un ratio assez élevé (82 %) ». Le Figaro, « La dette des collectivités grimpe », 16/07/2015, http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/07/16/20002-20150716ARTFIG00319-la-dette-des-collectivites-grimpe.php


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18 réactions à cet article    


  • Martha 26 janvier 2016 15:29


     Cette tiers-mondialisation de la France est évidente et se fait sentir, de six mois en six mois, de plus en plus pesante. Nos campagnes se vident, nos grandes agglomérations, en particulier l’Île de France, sont hypertrophiées et la dégradation de notre économie met la paix civile en danger.
     La France n’a plus entre ses mains la maitrise de ses choix stratégiques, ils sont maintenant commandés de l’extérieur.

     Nos élections, dites démocratiques, ne sont plus qu’une mascarade : il suffit de voir leur traitement médiatique et l’orchestration que ces pro de la désinformation et de la propagande mensongère font de ce tripartisme bidon. Tout le monde en France en a pleinement conscience.
     Cette situation ne pourra pas se prolonger indéfiniment.

     La présidentielle : date du premier tour, celui où tout peut changer, le 23 avril 2017, est dans 448 jours (2016, année bissextile). Il s’agit de s’y préparer et de ne pas le laisser passer. Toutes les conditions sont là pour que « les choses changent ».
     Un seul parti peut nous faire sortir de la nasse dans laquelle nos politicards minables nous ont mis : l’UPR.

     Revenir a une politique définie par la charte du CNR est le seul moyen de s’en sortir. Ce parti propose de le faire. Voter pour lui constitue un référendum : il désigne ce parti pour faire le choix salvateur de sortir de : l’EUROPE - de l’EURO - de l’OTAN.


    • leypanou 26 janvier 2016 16:05

      @Martha
      Un seul parti peut nous faire sortir de la nasse dans laquelle nos politicards minables nous ont mis : l’UPR. : du renfort pour Fifi_, GrandGuignol, eau-du-robinet, etc, etc...

      Est-ce-que cela va être assez contre la patrouille FNiste, aidée par les identitaires ? En plus, les FNistes envoient quelques éclaireurs qui viennent juste le temps de publier quelques articles avant les élections.

      Match très intéressant en tout cas, du même niveau que Djokovic-Federer en 1/2 finale de l’Open d’Australie.


    • Legestr glaz Ar zen 26 janvier 2016 18:40

      @Martha

      N’oubliez pas un point capital du programme de l’UPR : la modification de la constitution, à savoir la suppression de la procédure du congrès (seul le peuple pourra modifier sa constitution), inscription dans la constitution de l’initiative populaire (un certain nombre de signatures permet de modifier tout ou partie de la constitution), le référendum citoyen (un certain nombre de signatures permet au peuple de se prononcer sur une loi, ou un règlement, qu’il considère inopportune ou scélérate). Muni de ce triptyque, et étant sorti de l’UE, de l’Euro et de l’Otan, le peuple de France peut décider de son destin.


    • sinonquoi 27 janvier 2016 20:05

      @Martha

      « Tout le monde en France en a pleinement conscience »

      Malheureusement non, les français préfèrent majoritairement rester aveugle ou croire les promesses entendues à la télé et à la radio.

      Pendant la campagne des régionales, j’ai bien tenté, à mon échelle, d’expliquer à mes proches que le vote PS, LR ou FN ne peut que prolonger un système voué à l’échec.

      Les réactions ont été le plus souvent les suivantes :
      - on ne connait pas les autres partis,
      - les autres partis sont trop petits,
      - le FN gagnera,
      - la moquerie,
      - l’incrédulité,
      - je comprends mais je voterai quand même pour LR car il faut sanctionner le PS et le FN ce n’est pas possible,
      - je voterai PS car je ne supporte pas la bande à Sarkozy,
      - etc...

      Pourquoi ? En négatif, l’endoctrinement contre le FN et, en positif, la puissance des médias pour inciter à voter PS ou LR. Simple et efficace.



    • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 26 janvier 2016 18:50

      @Bernard Conte
      Je suis à 99% d’accord avec votre article. Vos observations sont justes. Les résultats (ou l’absence de résultat) parfaitement analysé.

      Seul, l’attribution du problème à un supposé néolibéralisme, est un contre-sens.

      Vous dénoncez exactement les mêmes choses que le font les libéraux : Capitalisme de connivence, clientélisme ...

      C’est bien par absence de liberté, et par l’immixtion de l’état dans tout les domaines, avec le coût prohibitif que cela occasionne, qui est la cause de ce délitement.

      Si l’état s’occupe d’économie, il devient facile pour des grands groupes de demander à l’état d’user de sa violence légitime pour imposer des situation de rente : Banque, assurances, industrie ...

      Quand l’état n’est là que pour assurer la justice et la protection contre les agressions, il est beaucoup plus difficile d’avoir prise sur les hommes politiques.

      Parler de libéralisme, ou néolibéralisme ou ultralibéralisme dans un pays où l’état absorbe 57% du PIB, où il est quasi impossible pour un travailleur salarié du privé ou employeur, de choisir son organisme d’assurances santé ou de système de retraite, est un absolu abus de langage (cf. classement des liberté humaine et liberté économique plus bas).

      Nous subissons plutôt un hyper-étatisme, avec son corolaire que vous dénoncez avec justesse : clientélisme, copinage, paupérisation, rente de situation et, et désaveux de plus en plus évident de la classe politique avec une radicalisation qui ne mène nulle part. Vous oubliez aussi de citer la fuite des cerveaux et des capitaux.

      Enfin, il existe aussi d’autres classements où la France fait pâle figure :

      Liberté de la presse : 38ème
      Liberté économique : 70ème (par la Fondation Héritage) ou 38ème (selon la Banque Mondiale)
      Liberté humaine : 33ème (Human Freedom index du Faser Institute : https://www.fraserinstitute.org/sites/default/files/human-freedom-index-preliminary-report.pdf)
      Index de démocratie : 23ème (https://en.wikipedia.org/wiki/Democracy_Index)
      Égalité de revenue : 39ème (https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_%C3%A9galit%C3%A9_de_revenus)
      Développement humain : 20ème (https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_IDH)

      Etc, etc.


      • gogoRat gogoRat 27 janvier 2016 12:21

        @jesuisunhommelibre

        Effectivement, notre industrie française relève plus d’une planification (cf plans quinquennaux de l’ex-URSS) que d’un libre échange entre citoyens responsables (qui, théoriquement, ne serait pas exempté de rester honnête et comptable de ses manquements à la dignité collective)
         
        Quand nos actuels dirigeant avouent miser sur ’le secteur privé’ pour La Reprise salvatrice qu’ils nous promettent, à quel genre de ’privé’ pensent-ils ?
         
         Nos grandes industries ? :
         - nucléaire (non démocratiquement cautionné - vertement mise en cause autant sur le fond que sur la forme : « lobbys »)
         - militaire (non démocratiquement cautionné - Avec des Présidents de la République jouant les VRP pour un constructeur d’avions présenté comme ’entreprise privée’ )
         - aéronautique/ aérospatial : clairement élitiste, et par conséquent dont les objectifs sont non démocratiquement cautionnés)
         - ferroviaire ...
         Jusqu’à quel point ces secteurs sont-ils ’du privé’ ? Qui finance, garantit, assume l’infrastructure et les très longues orientations de formations spécifiques à ces industries.
         
         Nos moyennes industries ? :
         - le modèle en est révolu. C’était celui de l’entreprise familiale (avec son corollaire paternaliste). 
         L’appât du gain finacier a conduit à morceler les effectifs ( Opposer les salariés pour régner, couper l’herbe sous les pieds à la solidarité ouvrière, et aux gros syndicats ...). Mais aussi, la science du cache-cash avec le fisc, ou avec les trop rares inspecteurs du travail, a incité à multiplier les tiroirs et les raisons sociales emboîtées pouvant masquer procédurièrement certains cartels.
         
         Nos petites entreprises (TPE) ? :
         réussira-t-on à faire gober à chaque chômeur qu’en devenant ’auto-entrepreneur’ il sera plus libre, plus efficace, et plus à l’aise que lorsqu’il n’avait pas, en plus du boulot pour lequel il a développé des compétences compétitives, - à assurer la prospective commerciale, - à courir après les impayés, - à aller pleurer auprès de banquiers, - à assurer le secrétariat, les charges administratives, - à militer auprès de ses copains du Medef ... ?
         
         Voilà un aperçu du seul volet ’industriel’ ! ....
         
         Alors, le fond du problème est certainement moins la classique question d’un choix d’idéologie en ’..isme’ qu’une toute bête question d’honnêteté.
         Nous prétendons vouloir une démocratie ( pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple, chaque citoyen ayant autant de dignité, de droit, de devoir, de pouvoir de décision que n’importe quel autre ) ... mais nous abusons du mot , ou nous nous laissons abuser (ce qui peut aussi être assez pernicieux) par des légitimations perverses.
         L’unique légitimité procédurière ne peut rejoindre nos diverse légitimités morales individuelles qu’en rapport avec la qualité des principes de légitimation que nous acceptons ou cautionnons.
         Que vaut le principe de délégation de pouvoir ?
         Que vaut l’a priori de ’mérite’ ? d’excellence ? Qui en décide (dans une démocratie, et non pas une aristocratie) ? (Le temps, l’Histoire peuvent certes apporter des réponses ... mais toujours interprétées, et après coup : les promesses n’ayant engagé que ceux qui y ont cru )


      • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 27 janvier 2016 15:50

        @gogoRat
        « L’appât du gain financier a conduit à morceler les effectifs »


        Il ne s’agit pas tant de l’appât du gain que de tentative d’échapper à la diarrhée réglementaire (obligations diverses et variées envahissant les entreprises à partir de 20 salariés, puis 50, puis 200 ...).

        Impôts rognant les marges.
        Impôts grignotant les revenus des actionnaires qui deviennent toujours plus exigeants pour compenser ce que l’état leur prend. Actionnaires que les chefs d’entreprises sont bien obligés de contenter s’ils veulent obtenir des capitaux pour développer leur affaire, les banques trouvant beaucoup plus rentable et moins risqué de financer la dette abyssale de l’état.

        Et tout cela se répercute sur le maillon faible : le salarié : Salaire en berne, et chômage de masse.

      • julius 1ER 26 janvier 2016 18:57

        Une des caractéristiques principales du bipartisme de connivence est sa foi affichée en la croissance économique censée devoir régler tous les problèmes économiques, financiers et sociaux sans remettre en cause la structure du système.

        @l’auteur, 
        c’est clair que la croissance ne règle rien par elle-même si la prédation par quelques uns n’est pas oblitérée c’est le rôle d’un état progressiste que de veiller à la répartition des richesses de manière équitable mais le modèle ultra-libéral fonctionne sur une base confiscatoire , les premiers sont les mieux servis c’est la marque de fabrique si je puis dire ....

        de quelque côté où l’on se tourne on s’aperçoit que tout le système est verrouillé cadenassé dirons-nous et le système bipartisme de connivence dont vous parlez n’est que la partie émergeante de l’iceberg !!!

        reste au petit-peuple le « choix » de devenir auto-entrepreneur avec les miettes qu’on lui laisse !!!

        • Shawford 26 janvier 2016 19:00

          Monsieur Comte je n’ai pas eu le plaisir d’assister à vos cours à Bordeaux IV dans les années 90 mais vous y aviez bonne réputation auprès de mes camarades qui ont eu cette chance smiley

          Et je vous découvre aujourd’hui sur Agoravox, peu d’universitaires se jettent ainsi dans l’agora citoyenne où l’on risque plus de coups qu’autre chose.

          J’espère aussi et surtout que vous participerez au débat qui est l’essence même de ces forums : l’émetteur n’y gagne (d)ses galons que quand il s’y révèle en contradicteur de bon aloi smiley


          • Le p’tit Charles 27 janvier 2016 07:54

            Vous êtes gentil en disant copinage...Moi je dis « MASIA »...


            • Le p’tit Charles 27 janvier 2016 07:55

              @Le p’tit Charles......’F’....... !!


            • Spartacus Lequidam Spartacus 27 janvier 2016 09:00

              En fait le diagnostic est bon. Mais c’est pas le libéralisme le coupable, c’est l’étatisme et le socialisme.


              C’est le socialisme qui prétend faire le bonheur en régulant la société. 
              En fait « réguler » est juste une excuse pour introduire la connivence dans un marché ou le résultat dépend plus de la connivence à l’état que la liberté de concurrence sur un marché libre.

              La France est le pays le plus étatisé du monde. Le plus régulé, réglementé et donc conivé du monde.
              Ce ne sont pas des excès de libéralisme mais le contraire. L’absence de libertés contre les accords de connivence que seul l’état peut imposer car lui seul dispose de la coercition.


              • aimable 27 janvier 2016 09:40

                @Spartacus
                un cheval avec la bride sur cou
                 devient vite un cheval fou


              • tonimarus45 27 janvier 2016 11:48

                @Spartacus— et pourtant depuis que le liberalisme a pris le pas sur le socialisme ne serait ce que depuis sarko et ensuite hollande plus a droite que le droite cela va de plus en plus mal ??????


              • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 27 janvier 2016 15:41

                @tonimarus45
                Il n’y a plus beaucoup de politique libérale menée en France depuis 1910 !


                Avec la progression délirante des impôts, des réglementations dans tout les domaines de la vie, tant privée que professionnelle, je ne vois pas où pourrait se nicher une once de libéralisme.

                Dans les années 70, Giscard, alors au début de son mandat, avait déclaré : « Quand un état dépense plus de 40% du PIB national, ce pays est un pays socialiste ». Et il s’était empressé, dans la foulée, de passer ce cap ! (Avec le résultat toujours constaté de l’augmentation du chômage).

                Où voyez-vous de la subsidiarité, des prises de décisions issues de la base ? L’état n’est plus au service du citoyen, mais c’est le citoyen qui doit servir l’état. On ne parle plus de protéger les citoyens mais de protéger les institutions (cf. l’état d’urgence). Tout ceci est bien à l’opposé de la philosophie libérale.

              • Bernard Conte Bernard Conte 27 janvier 2016 16:01

                Je tente une réponse générale.

                1. l’UPR : Retour au programme du CNR : pour c’est une impossibilité car les conditions sont totalement différentes. L’après deuxième guerre mondiale a été marquée par le développement du fordisme (productrion et consommation de masse)... A l’heure actuelle, c’est impossible notamment pour des raisons environnementales (7 milliards d’automobiles ???). Une démarche de type CNR (rassemblement des personnes de bonne volonté( n marge des partis politiques ?) pourrait fonctionner en définissant un projet à long terme pour la France et en se donnant les moyens de le réaliser.
                2. @jesuisunhommelibre : (moi aussi je ne suis pas un numéro). Je ne suis pas en contradiction avec moi-même. Le néolibéralisme est instrumentalisé par les forces dominantes à leur profit. En Europe, il s’agit de l’ordo-libéralisme (ou néolibéralisme allemand) qui préside à la construction européenne. C’est expliqué dans mon bouquin La Tiers-Mondialisation... Le marché c’est pour les faibles, les forts ne se plient aux règles du marché que si ça les arrange. Les forts préfèrent les monopoles ou les oligopoles constitués en invoquant les principes néolibéraux de libéralisation, de privatisation... Pour reveni au néolibéralisme, les économistes néolibéraux de l’école de Chicago (Friedman, etc) ont été largement financés par les néo-conservateurs américains (les multinationales...) qui leur ont offert l’accès aux media etc...Pour terminer, les conditions de la concurrence pure et parfaite (Walras) nécessaire au bon fonctionnement du marché, ne sont jamais remplies, c’est de l’utopie.
                3. La croissance significative et durable comme dans les Trente glorieuses, c’est terminé à mon sens. Le niveau de consommation élevé qui lui était associé sera de plus en plus réservé à « l’élite » (au plus petit nombre), les autres attendront de ramasser quelques miettes.
                4. Comme je l’indique dans la partie 2 : le capitalisme de connivence est compatible avec divers régimes politiques.


                • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 27 janvier 2016 17:07

                  @Bernard Conte
                  Si la puissance de l’Etat se met au service d’intérêts particuliers, c’est l’exact opposer du libéralisme.

                  Dire que les décision du FMI, de la BCE, de la Commission Européenne sont des décisions libérale est un oxymore.

                  D’autre part, le libéralisme n’est pas une idéologie, c’est une philosophie du Droit. Il ne s’agit pas d’atteindre une utopie parfaite, mais juste de constater que c’est à travers le maximum de liberté, et donc d’expériences diverses, de nombreuses erreurs aussi, bien-sur, que les choses évoluent vers le mieux. L’état ne devant être là que pour protéger les plus faibles en faisant respecter les contrats, et la propriété.

                  Je suis d’accord avec votre point 4. D’une dictature franquiste à une dictature communiste (la Chine), le capitalisme de connivence s’y développe sa contrainte.

                  En revanche, celui-ci à beaucoup plus de mal a exister quand le pouvoir de l’état se fait discret : En Suisse, par exemple, ou à Hong-Kong (pour l’instant).

                  « Le bonjour chez vous N°2 » smiley

                • soi même 28 janvier 2016 11:56

                  Cela a toujours été une difficulté le retournement du gant de la pensé, et l’on n’est pas près de sortir notre tête du murs, car au finale, c’est qui qui Gouverne la France le monde Politique où le monde de la Finance,, il est vrai que si l’on n’a pas un troisième point de vue, l’on est dans la impossibilité objectivement à répondre à la question............ !
                  Donc l’on revient à la question initiale c’est quoi la République, c’est quoi la Démocratie..... !

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