La différence des sexes ou l’indifférence ?
Par facilité, les mâles au pouvoir ont préféré pendant des millénaires inférioriser la gent féminine qui les troublait et les féministes ont eu raison de réagir contre une construction sociale sexiste. Aujourd’hui, alors que cette infériorisation apparaît inadmissible, il semble que, toujours par facilité, la différence des sexes ne soit pas davantage acceptée.
Pour ne pas risquer de la juger supérieure ou inférieure, la différence est maintenant souvent gommée. Parce qu’elle avait entraîné des discriminations inacceptables, il semble qu’on préfère aujourd’hui ne pas avoir à la gérer. Celle-ci est réduite au « genre », c’est à dire à la seule conséquence d’une construction sociale sexiste qui doit être combattue. Il est fait abstraction de la structuration du psychisme, indépendante de la culture, différente chez la petite fille et chez le petit garçon.
La différence de structuration du psychisme est difficile à prouver mais ne l’est pourtant pas davantage que la construction sociale. Si le fait de choisir tel jouet pour un garçon ou tel jouet pour une petite fille peut avoir de l’influence sur leurs comportements futurs pourquoi le fait d’être né d’une personne du sexe opposé ou d’être née d’une personne du même sexe (donnée indépendante de la culture) n’en aurait-il pas, au moins, autant ?
Admettre une différence des sexes amène à faire des distinctions entre les pères et les mères. Cette opposition dans les fonctions peut certes faire penser aux rôles donnés aux hommes et aux femmes par l’idéologie de la société patriarcale traditionnelle. C’est ainsi que de nombreux travaux de psychanalystes traitant de la place du père, apparaissent pour certains dépassés et même réactionnaires. Le refus d’une fonction différente du père que certains veulent confondre avec le sexisme et l’autoritarisme du « père fouettard » n’est-il pas pourtant en grande partie responsable de l’effacement des pères, regretté aussi bien par les hommes que par les femmes ?
L’homme, se limitant de plus en plus à un rôle maternant, devient souvent aux yeux de l’enfant, le simple auxiliaire d’une maman qui, par ses liens avec l’enfant (neuf mois de gestation…), sa nature (les hormones…), a plus de facilité dans ce domaine. Celle qui, au nom de l’égalitarisme ne voit plus la nécessité de faire appel à l’homme pour être le garant de la loi, ne lui permet pas d’être vraiment écouté par l’enfant qui reste dans la fusion avec la maman perçue « toute puissante ». Il ne faut pas s’étonner alors que celle-ci puisse être tentée d’écarter celui qui devient vite gênant s’il n’est pas assez performant. Ainsi, non seulement il a peu de chance d’être « inter-dicteur » et donc éducateur, mais il risque, devenant inconsistant, d’être évincé et de ne même plus pouvoir jouer le rôle affectif de papa.
Cette égalité-identité ne satisfait pas les hommes qui ne se retrouvent pas dans le nouveau rôle qu’ils se donnent ou dans lequel les mamans veulent bien les cantonner. Elle ne donne pas davantage satisfaction aux femmes qui sont les premières à se plaindre qu’il n’y a plus d’hommes assez solides avec lesquels se confronter et sur lesquels aussi s’appuyer. Les conflits qui s’en suivent entraînent les drames que l’on connaît pour les adultes. Plus grave encore, ils privent les enfants d’une véritable éducation et fait d’eux très souvent, des enfants en manque de père et de re/pères, des enfants qui ayant mal intégré la loi, risquent d’avoir des difficultés à vivre en société, à apprendre à l’école etc…
La lutte légitime pour l’égalité en droits doit-elle être confondue avec la recherche d’une société sans différence hommes-femmes. Alors que l’on veut refuser toute construction sociale, l’égalitarisme ambiant ne nous amène-t-il pas à un nouveau sexisme ? Ainsi, comme certains le proposent, ne cherche-t-on pas, pour aller à l’unité de sexe à guérir « l’homme malade »* pour en faire un « homme nouveau » ? Ne risque-t-on pas, alors, comme ceux qui recherchaient l’unité de race (les hitlériens) ou l’unité de classe (les staliniens) de verser dans l’utopie totalitaire et la confusion ? Nous n’en sommes pas là, mais avec l’idéalisation de l’humain androgyne ne sommes nous pas déjà un peu dans l’indifférence… ?
*Elisabeth Badinter
Jean GABARD auteur de : Le féminisme et ses dérives – Rendre un père à l’enfant-roi, Les Editions de Paris Max Chaleil réédition nov.2011 http://www.jeangabard.com
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