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La fin d’une époque

Connaissez-vous le premier critère nécessaire au bon fonctionnement d’une économie ? Oui, non ? Faisons-la sans suspense... Le premier critère est « la confiance ». Cette confiance est basée sur 2 facteurs : d’une part le respect de la propriété grâce au législateur, d’autre part la réputation de l’entreprise ou du système économique que l’on sollicite.

3 exemples tendent à prouver que ce premier critère qu’est la "confiance" s’étiole de jour en jour...

A/ Je reçois un appel téléphonique de mon fournisseur d’accès internet. Celui-ci se présente et me vante sa dernière offre commerciale en argumentant que cela me coûtera moins cher. Je lui réponds que j’en suis désolé : cela ne m’intéresse pas car je dois m’engager sur les 12 prochains mois, ce que je ne souhaite pas. Quelques heures plus tard, je reçois un email de ce même FAI qui m’annonce que mon abonnement a été changé au profit de la fameuse offre commerciale vantée ci avant. Bien évidemment, je m’en offusque et crie ma colère via un numéro surtaxé... Rien à faire... Je dois suivre la voie administrative en envoyant un courrier en recommandé avec AR. Je laisse tomber car je refuse de dépenser de l’énergie pour un résultat déplorable... Mais... Mais le résultat est que je n’ai plus confiance dans ce fournisseur... Dès qu’il tente de me relancer, je lui fais répondre que je suis parti pour 6 mois à l’étranger. Je ne ferais plus de business avec lui.

B/ Consultant en finance, j’ai été confronté à une situation bien curieuse lors d’une de mes missions. Un responsable de marché bancaire a forcé son équipe commerciale à vendre en une journée et demie 100 « codevi ». Ses conseillers-clientèle, devant répondre à ses ordres, se sont mis en quatre pour atteindre ce chiffre impressionnant en aussi peu de temps. Bien évidemment, les clients contactés par téléphone ont répondu dans leur immense majorité par la négative. Comme le devenir professionnel des conseillers était en jeu, la seule chose qu’ils pouvaient faire était d’ouvrir les fameux « codevi » sans avertir les clients. Bien évidemment, la semaine suivante, l’agence qui avait réalisé cette opération commerciale a été submergée d’appels outrés de la part des clients... Et les conseillers-clientèle ont passé leur semaine suivante à prétexter une erreur informatique et clôturer les codevi ouverts quelques heures plus tôt. De nombreuses journées de travail ont été perdues sans aucun bénéfice pour l’entreprise, encore moins pour les clients. Résultat : une partie de ces clients sont partis par mécontentement et ont communiqué à leur proche leur aventure en affectant la réputation de l’entreprise. La confiance a été bafouée et il y a eu moins de business pour cette entreprise.

C/ J’interviens en fac et j’avais passé le week-end dans le sud de la France. Je devais remonter sur Paris le dimanche soir en pleine période de grève des transports. Avant la grève, j’avais acheté un billet en bonne et due forme pour le dernier train du dimanche soir. Afin d’assurer ma présence à la fac le lundi matin et en raison des grèves, je décide de prendre le train précédent (à une heure de différence) au cas où... Une fois le train parti, le contrôleur me demande mon billet. Je lui présente et lui explique qu’en raison des grèves et de mes obligations professionnelles, j’ai préféré prendre le train précédent pour être sur Paris le soir. Imperturbable, il me répond que « faire la grève est un droit » et « qu’il faut savoir respecter la règle » en prenant le bon train. Et il me colle une amende d’une cinquantaine d’euros (alors que j’avais bel et bien payé mon billet). Dépité, je payais écoeuré. Résultat : dès que je veux voyager, je cherche une autre solution de transport via des compagnies lowcost et rechigne à être un consommateur de voyages par rail. La réputation de cette entreprise n’est plus ce qu’elle était, ce qui devrait affecter son business.

La morale ? Je constate que cette « confiance » si nécessaire au bon fonctionnement des échanges, du business et de l’économie, se délite dangereusement. Certains d’entre vous m’appelleront « Lafourmi la scoumoune ». D’autres diront qu’il faut de contenter d’une telle situation. N’empêche qu’en m’en ouvrant autour de moi, je constate que nombre de mes interlocuteurs ont vécu des situations similaires, lesquelles instaurent dangereusement le comportement de tout faire pour éviter de « se faire de nouveau avoir ». Et cela s’appelle « la peur ». Et de la peur dans les échanges économiques, c’est le grippage à terme assuré. Et qui dit grippage, dit récession. Il est vrai qu’il y a la récession normale qui concourre au cycle économique (dixit Schumpeter) et la récession « hors norme » qui peut se révéler être un véritable tsunami. Cette dernière est bien évidemment cataloguée selon l’échelle des ouragans en « catégorie 5 ». Et une telle récession survient lorsqu’il y a une baisse de la demande. Tel est le point de vue de l’expert en la matière qu’est Alan Greenspan. Et au vu de mes 3 expériences personnelles, des échos entendus ci et là, de la perte de confiance actuelle, et surtout de la baisse de la consommation, il se pourrait que nous soyons entrés dans une récession de catégorie 5.

Autrement dit la fin d’une époque.


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12 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 27 novembre 2007 10:11

    Les français ont élus le facteur « confiance » pour 5 ans à la tête de l’Etat pour réformer la France et redonner de l’espoir et de la confiance.

    Mais cela ne peut pas se faire en 6 mois.

    Concernant la recession,il est vrai que l’Euro fort apporte beaucoup pour le touriste ou l’investisseur (USA,Argentine c’est le moment d’investir ou d’acheter là bas)

    Ensuite il nous protége de l’envolé des prix des matières premières payées en dollars américains.

    Le problème c’est que les distributeurs en france se mettent trop de marge dans la poche et profitent pour augmenter les prix et ne jouent pas le jeu de l’offre et la demande en répercutant les prix par le bas quand il le faut.

    La recession ne pourra intervenir que si le dollar monte car il faudra payer plein pôt les matières premières et soyons sur que les distributeurs répecuteront ces hausses du dollar au prix fort.

    Les distributeurs ne jouent pas le jeu de l’offre et la demande,ils imposent l’offre et les prix et ils pourraient amplifier un phénomene de recession grave pour notre économie si des réformes ne sont pas engagées rapidement pour obtenir plus de transparence


    • Redj Redj 27 novembre 2007 10:23

      Le choc de confiance n’a pas eu lieu :

      1- le paquet fiscal (censé faire revenir les riches) n’a pas servi à rebooster l’économie.

      2 - on nous parle de revaloriser le travail alors que dans les faits on favorise les situations de rente.

      3 - Les prévisions de croissance pour 2008 en Europe sont catastrophiques, alors qu’aux USA tous les signaux sont dans le rouge.

      4- le pouvoir d’achat diminue de plus en plus.

      5 - La finance internationale est devenue quasi incontrolable etc etc etc...

      Effectivement le facteur confiance n’est pas là, encore moins avec ce gouvernement qui dit une chose et fait son contraire.


    • Francis, agnotologue JL 27 novembre 2007 10:42

      Bof. Heureusement que c’est concis. smiley


      • ZEN ZEN 27 novembre 2007 11:02

        Bien d’accord avec vous. La monnaie elle-même repose sur la confiance. Lorsque le dollar, monnaie de l’Empire, ne sera plus du tout crédible (c’est en voie...), que se passera-t-il ? Vous avez donné une partie de la réponse...


        • crew.koos crew.koos 27 novembre 2007 12:18

          La confiance effectivement s étiole tous les jours un peu plus. Le jeu de la soit disant libre conccurrence est complétement faussé, les accords « secrets » entre opérateurs téléphoniques permettent à ces derniers de maintenir un statut quo idéal pour tout le monde et ne bénéficient en rien au consommateur final. Qui peut douter qu il en sera de même avec la libéralisation du secteur de l’énergie, puis des hopitaux, puis... puis... puis.... la liste est longue....  smiley


          • Yves Rosenbaum Yves Rosenbaum 27 novembre 2007 12:49

            @ l’auteur,

            merci pour votre article. Vos exemples sont révélateurs du malaise qui touche l’économie mondiale. L’inquiétude transparaît clairement sur la finance internationale lorsqu’on suit de près ses dernières évolutions. Les pays émergents sont des colosses aux pieds d’argile, susceptibles d’être gagné par une crise boursière majeure à tout instant. La monnaie de référence, le dollar, n’inspire plus cette fameuse confiance. La croissance est appelée à ralentir dans les pays développés. Et la crise du subprime n’en finit pas de dévoiler sa véritable nature.

            La récession ? Fort possible. La fin d’un âge d’or, où nous nous sommes mentis à nous-mêmes trop longtemps, ça oui. Certainement.


            • boumboum 27 novembre 2007 13:40

              Jolie sophisme. A partir de 3 anecdotes, on peu se permettre de decretter « la fin d’une epoque ». Bravo, belle generalisation hative (j’aime Wikipedia).

              « Je laisse tomber ». On aurait pu dire aussi la paresse est quelque chose qui plombe l’economie.

              « Un responsable de marché bancaire a forcé ». Les cons sont aussi responsables de problemes economiques.

              « Dépité, je payais écoeuré. ». Ne me dites pas que vous l’avez paye directement ?! Vous saviez que la SNCF a tout de meme un service commerciale assez honnete ? Mais bon, le manque de courage ou la paresse vous fait vous pliez.

              En seconde ES, technologique et professionnel, on apprend que « le premier critère nécessaire au bon fonctionnement d’une économie » n’est pas la confiance, mais la securite, nous aurait on metit ? En bref, dans les 2 premier cas, la securite d’un pays (dans ce cas le systeme judiciaire) vous aurait permis de trouver reparation. Le troisieme, il aurait fallut vous bougez un peu les fesses et ecrire une lettre a la SNCF (plutot que d’ecrire cet article par exemple), car tout le monde sait que les controlleurs sont des stars du commerce...

              Pour ce qui est de la confiance, cela est bien plus important pour les financiers, quel taux d’interet en fonction de l’inflation. Mais tout ca dans un systeme ou la justice n’existe pas... ouch.

              Si les financiers laissent tomber la securite, c’est bel et bien la fin d’une epoque en effet...


              • Francis, agnotologue JL 28 novembre 2007 09:44

                Boum boum, votre niveau seconde ES, s’il ne vous permet pas d’écrire correctement, mais ça c’est la lecture globale me direz-vous - à croire qu’on ne lit plus après le primaire, de nos jours ! - vous permet quand même de faire ici un commentaire pas trop bête. Il est vrai que c’est facile sur ce texte superficiel.


              • LePetitCousin 27 novembre 2007 15:38

                Bonjour, La fin d’une époque ? Je crois bien que oui. Les symptômes que vous avez présentés sont représentatifs de bien des maux qui affligent notre tissu social à l’heure actuelle.

                Selon le fameux DSMV 4, la bible des psychiatres, l’attitude actuelle des grandes entreprises correspond à celle d’un psychopathe : Incapacité de reconnaître un tort, incapacité de s’investir, incapacité de nouer des liens, incapacité de comprendre son prochain, incapacité de tenir une promesse, incapacité de prendre une décision équilibrée etc.

                Nous savons tous que les grandes entreprises tuent allégrement pour parvenir à leurs fins. Nous n’avons qu’à penser aux pétrotueuses qui détruisent littéralement des villages entiers au nom du profit ou bien aux grandes textiles qui abusent de générations d’enfants sans même l’ombre d’un remords pire, quand on les écoute, être pauvre c’est une maladie honteuse et les riches sont les sauveurs de l’humanité !

                Est-ce la fin d’une époque ? Disons qu’un cancer finit toujours par aboutir.

                Quand le peuple est acculé au pied du mur et que la pétition sociale n’a plus d’effets, c’est la guerre. Et quand l’Homme peut de nouveau comprendre son prochain, on fait de la politique.

                Tant que la politique tirera profit directement des grandes entreprises, elle permettra à ces dernières d’abuser de tous les droits tandis que le citoyen épongera toutes les dettes.

                Que penser de nos représentants qui serrent la main de Poutine ? Qui vont contre Kyoto ? Qui soutiennent les jeux Olympiques en Chine ?

                Qu’ils ont été grassement financés pour être au pouvoir.

                Tant que le citoyen permettra à des êtres vils et impies d’être au pouvoir, il verra son pays sombrer dans la corruption, l’injustice et la misère sociale car, ce dernier sera livré en pâture aux plus vilains de ce monde.

                Vive l’instruction qui libère, vive l’éducation affectueuse, vive la reconnaissance d’une paternité collective et d’une fraternité commune. À eux seul ils feront de l’humanité un endroit où il fait bon vivre.

                Yannick.


                • Plum’ 27 novembre 2007 22:42

                  Vous avez cité la SNCF, pourriez-vous citer le nom de votre fournisseur d’accès à Internet, s’il vous plait ?


                  • Marc Bruxman 27 novembre 2007 23:04

                    Tu aurais pas du payer ton pv. Il y avait certainement suffisamment de voyageurs mécontents de la gréve pour que le controleur ne fasse pas le poids.

                    Tu refuse de payer et de montrer tes papiers. Le controleur n’a pas le droit de les prendre par la force et va devoir envoyer la suge (brigarde ferroviaire) pour te verbaliser. Monte le ton sans être agressif (histoire que le wagon apprenne ce qui se passe) et ce parasite progréviste n’osera certainement pas appeler la suge. Il retournera se terrer comme un rat d’égout !


                    • Martin Mystère 28 novembre 2007 02:45

                      Concernant le coup du train, je suis étonné : je ne pensais pas que les contrôleurs avaient les bollox d’exercer leur beau métier en temps de grève... Heureusement que ça ne s’est pas passé à Paris, parce qu’on leur aurait retrouvé étouffés avec leurs souches à amendes.

                      Dans un cas comme celui-ci en tout cas, il vaut mieux faire appel au médiateur de la sncf. Attention, lorsqu’il s’agit d’un procès-verbal d’infraction, le délai pour réagir est de deux mois.

                      Plus d’infos ici :

                      http://www.voyages-sncf.com/design/guide/ voyageurs/pdf/relations_Clients_Mediation_Convention.pdf

                      La médiation doit passer par une association de consommateurs (c’est contraignant) mais on peut toujours tenter d’écrire directement au médiateur (en lettre recommandée bien sûr) même si a priori ils renverront une réponse en disant de passer par une assoc’ (ça leur sert de filtre, sinon ils seraient submergés) :

                      Monsieur Bernard Cieutat Médiation S.N.C.F 66 rue de Rome 75008 PARIS

                      La communication à la SNCF c’est pas vraiment ça (lorsqu’une erreur est reconnue par un agent à la base, il faut souvent passer par tout un circuit pour régler une histoire, alors avec des amendes de contrôleur, imaginez). La médiation est là pour régler ce genre de souci. Il ne faut pas hésiter à s’en servir, c’est la meilleure arme des clients (de bonne foi !).

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