La fin du monde, ça urge vraiment
Il paraît que c’est pour bientôt. J’ai comme idée qu’il faudrait peut-être accélérer le mouvement. Qu’on en finisse une bonne fois pour toute.
Ou pas d’ailleurs.
Pour qu’on ait le loisir de regarder la fin arriver, mais avec le sourire. En se disant « hé merde, et dire que Maya l’abeille était clairvoyante », ou un truc du genre.
Le cynisme est mort, il faut dépasser l’idée même de prise de conscience que quelque chose cloche. Nous sommes au-delà du concept Van Dammien d’awareness.
La volonté de s’en tirer est has been, il est trop tard.
En profiter est has been aussi (et puis, pour faire quoi : célébrer la fin du monde ?).
Tout cela est dépassé, derrière nous. J’ai donc décidé de rétablir le beau geste, en hommage à Thierry Rolland et mes années foot.
Comme nous allons tous crever dans d’atroces souffrances (la plupart des religions s’entendent sur ce point, ce qui a un petit côté rassurant), il ne me semble pas opportun de discuter de l’aboutissement de ma vie, on sait à peu près où elle finira.
Par contre, plutôt que de devenir trader new yorkais (il est de toute manière un peu tard pour me mettre aux maths) ou très dur Dorcelien (déjà petit, j’étais drôle), et donc de passer ma vie à niquer les autres pour m’élever par l’argent ou niquer en levant mon sexe pour de l’argent, j’ai décidé de faire dans le non sens.
J’ai décidé de ne rien faire. Il en sortira forcément quelque chose.
J’aurais pu aussi devenir musulman pratiquant ou bouddhiste convaincu, mais j’aime trop le jambon, et prier c’est pas mon truc (me faire prier par contre, ça peut le faire).
Quand il n’y a plus de solution, il n’y a plus de problème comme disaient les Shadoks, il est donc urgent de s’abstenir, mais en le « pas faisant » bien, au lieu de le faire pas bien.
Il est aussi vital que tout cela cesse, j’en peux plus de voir mes contemporains manger la banane par les deux bouts tout en se gargarisant de leur réussite en carton.
Carton rouge même (le foot, c’est pour la vie).
L’apocalypse, invention pompeuse s’il en est, me fascine terriblement. J’aime l’idée qu’un jour les gens se diront « merde, c’est vraiment la fin », avec ou sans le jugement dernier, mais de manière coordonnée, pas juste chacun notre tour à l’issue d’un scanner mal négocié.
J’aime l’idée que tous ceux qui croyaient être les maîtres du monde se rendent compte un jour qu’ils ont précipité leur propre perte. Comme ça, juste pour le plaisir.
Ceci dit l’idée du jugement dernier n’est pas trop déplaisante. Voir tous les gros cons qui se ont marché sur les autres pour réussir (réussir quoi d’ailleurs ? Avoir une femme siliconée qui les trompe avec le premier connard venu pour oublier l’indigence de leur vie ? Avoir une Ferrari rouge du sang de leurs victimes, mais être limité à 130 km/h sur l’autoroute comme tous les exploités ? Etre en photo dans des magazines sinistres ayant la mort de milliers d’arbres sur la conscience ? J’ai beau chercher, un truc m’échappe), donc voir les gros cons, je disais, se faire enfermer en enfer et enculer par Belzebuth tout en reluquant des clips de Canibal Corpse, ça a un petit côté séduisant, rassurant peut-être (genre, quelque part il y a une justice divine (même si le divin est sans effort, et que vue le nombre de cons sur la planète, le procès risque de durer une éternité)).
Evidemment, cela ne se passera pas comme ça, et on va tous finir irradiés par notre connerie collective, notre incapacité à penser notre société ensemble, mais bon, on va pas le dire trop fort, on va croire qu’on ne croit en rien.
Alors que moi, je crois à pleins de trucs. Je crois que le PSG peut gagner le championnat (quand je vous dis que je suis un doux rêveur).
Je crois que le trader new-yorkais (encore lui) est plus « no future » que le punk de Bénodet, sinon pourquoi s’évertuerait-il à détruire ses contemporains à coups de formules mathématiques. Hein ?! Pourquoi feraient-ils ça ces nouveaux anges noirs, diaboliques et désenchanteurs de monde ?
Je crois qu’au stade où on en est (mais il va arrêter de parler de foot, nom d’un truc qu’existe pas !), un artiste de rue est plus utile qu’un expert en climatologie.
Je crois qu’il existe des parfums de glace que je n’ai jamais testés (et pourtant je m’emploie tous les jours à réduire leur nombre).
Je crois qu’un jour peut-être, je publierai un livre.
Je crois même que l’amour peut sauver le monde.
Le con.
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