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Accueil du site > Tribune Libre > La fin du principe du commerce

La fin du principe du commerce

Le principe du commerce n'existe que pour relier des individus isolés et donner un cadre conventionnel aux échanges entre ces entités indépendantes.

Il est flagrant que ce principe érigé en « système », qui explique tout et que la raison n'a aucun mal à justifier, est une maladresse criminelle.

Quelques citations :

« Face à cela le citoyen est totalement démuni. Il peut s'indigner, manifester, dénoncer les élus, s'affronter à la police, faire grève, pétitionner...cela ne change rien à la situation. »
Patrick Mignard, Vers l'abîme ? (2), philum.info

-

Nous insistons que les « alternatives » régnantes face à la crise actuelle prévoient non seulement de résoudre avec plus de capitalisme mais, pire encore, avec plus de néolibéralisme, question qui devient dramatique par l'empreinte sauvage qui dérive d'un système qui met en danger la civilisation entière.
José Francisco Puello-Socarrás, Libre-échange, l'étape supérieure du néolibéralisme, philum.info

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Les principes moraux détruits au profit de la finance
(...)
ce serait bien si une junte militaire prenait le pouvoir en Grèce
(...)
Il n'est pas nécessaire de connaître tous les liens de cette plaisanterie avec le subconscient pour comprendre que l'on est en train d'assister à la destruction massive des principes moraux nés de l'après-guerre, au nom d'une raison économique et financière supérieure.
Frank Schirrmacher, Référendum en Grèce La démocratie dévaluée, philum.info

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de grandes masses de gens - les « 99 pour cent » - ne peuvent se résoudre par quelques réformes éparses.
(...)
« La crise actuelle, qui embrasse tous les pays et rejette l'économie des dizaines d'années en arrière, a définitivement poussé le système bourgeois jusqu'à l'absurde.
(...)
la technique moderne a atteint un tel degré qu'elle pourrait assurer un bien-être élevé au peuple et à toute l'humanité ; mais la propriété capitaliste, qui se survit, voue les peuples à une pauvreté et à des souffrances toujours plus grandes. (Ces lignes ont été écrites il y a près de 80 ans)
Par Nick Beams, Les questions politiques essentielles soulevées par le mouvement « occupons Wall Street », philum.info

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L'ampleur du tir de barrage opposé au terme de démondialisation donne la juste mesure de son côté insupportable pour tous ceux qui avaient vanté depuis des décennies la mondialisation heureuse, alors même que les faits accumulaient jours après jours les symptômes de son échec.
(...)
on ne peut qu'être surpris que d'autres, au nom de l'idéologie altermondialiste dont le bilan des avancées depuis dix ans confine à l'évanescence, viennent, dans la crainte de perdre le peu qu'il reste de leur fond de commerce, joindre leurs voix aux premiers avec tout autant de mauvaise foi.
(...)
La soumission à une rationalité dite supérieure parce que mondiale crée ce que nos élites appellent la « contrainte extérieure ». Celle-ci n'est que le retour de ce qui a été voulu et recherché.
Michel Rogalski, Démondialisation : le débat interdit ? philum.info

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les indignés dénoncent aussi ce système de production et d'échange qui crée des injustices flagrantes, et qui par le productivisme débridé qui lui est consubstantiel, non seulement multiplie les pressions dévastatrices sur l'environnement (pensez aux sables bitumineux !), mais encore installe la faim et le manque partout.
Pierre Mouterde, Que peut-on dire du cri des indignés ? philum.info

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« Quand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l'argent ne se mange pas. » dit un proverbe indien.

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Bon.
(et encore ce ne sont que quelques citations marquantes piochées dans les articles des 7 derniers jours).
c'est cool je ne suis plus tout seul, mais pour autant je ne suis pas satisfait par ces débuts de prises de conscience.

En premier lieu on constate un malaise, entre ceux qui croient à une solution non encore trouvée et ceux qui ne croient pas en autre chose que ce qu'ils connaissent, et n'arrivent pas à sortir des schémas connus.
Ce sont les premiers qui sont des vrais humains.

Pour donner raison aux seconds, il faut dire qu'une bonne révolution, ou refondation du Système, s'exprime par le moindre chamboulement dans l'existant, un peu comme le veut le rasoir d'Ockham, qui dit que la solution la plus simple est la meilleure. Ici, il est question de trouver le contexte qu'il faut donner à l'existant pour que sa continuité obtienne un bilan positif du point de vue du développement humain, de la justice, de l'équité, et du sentiment d'appartenir à quelque chose de grand, et de motivant.

Il faut dessiner un système qui intègre dès maintenant le fait que l'énergie sera bien vite disponible de façon illimitée et gratuite.

Et voilà le mot, la gratuité.
Et voilà son inverse, le principe du commerce.

Le principe du commerce n'existe que pour relier des individus isolés et donner un cadre conventionnel aux échanges entre ces entités indépendantes.
Il est flagrant que ce principe érigé en « système », qui explique tout et que la raison n'a aucun mal à justifier, est une maladresse criminelle.

De même qu'il serait absurde de demander aux militaires de se débrouiller par leurs propres moyens pour acheter des armes et ainsi partir en guerre, il est tout aussi absurde de demander la même chose aux gens qui s'organisent pour poursuivre des buts scientifiques, culturels, ou quoi que ce soit qui vaille la peine (contrairement aux guerres à but lucratif).

Le capitalisme a essayé de faire entrer le monde entier dans une boîte trop petite pour lui, en réduisant toute chose à des produits de consommation, qui ne peuvent exister que dans le cadre d'un commerce.

(l'amour existe-il dans le cadre du commerce ? Non. L'amour est donc en danger !)

Ce capitalisme est un régissement des activités humaines qui stipule que celles-ci ne peuvent exister que si un investisseur y voit un intérêt, ce qui n'est pas le cas pour 99% de tout ce qui existe.
Si on trouve très joli en théorie que ces activités soient l'objet d'une volonté populaire (exprimée par les achats), il n'empêche pas moins que cette volonté peut s'exprimer différemment (en sous-pesant les bienfaits et les méfaits).

En tous cas, cela a fini par construire un monde où le phénomène de gratuité a complètement disparu, tout autant que celui des accords oraux passés entre personnes responsables. Je veux dire que même la parole n'est plus fiable, car au final tout ce qui compte sont les intérêts, et si un intérêt s'exprime au détriment de la parole ou de la morale, l'intérêt prime.

Il s'en suit, sans surprise, que même la parole est devenue une arnaque dont il faut se méfier.

En fait, ce sont les Droits (humains, légitimes, normalement attendus) qui sont recouverts par les Moyens. Le principal axe sur lequel il faut orienter son énergie révolutionnaire, c'est que les Droits soient prééminents, et que les moyens soient dépendants des Droits, et en fait, que les moyens soient directement exprimés comme des droits.

(c'est très difficile à écrire comme article j'espère que vous pardonnerez les enchaînements trop rapides)

Quand j'exerce mon activité favorite, enfin si je veux l'exercer, aujourd'hui on nous explique qu'il faut devenir soi-même un entrepreneur, savoir vendre son talent, remplir des masses pyramidales de documents administratifs, et passer sa vie à téléphoner, faire des tracts, de la pub, se déplacer, serrer les mains, bref tout ce qu'il faut pour faire autre chose que son métier favori.
Pour moi c'est hors de question, c'est Niet ! Je refuse.

En fait, j'ai observé que quoi que je fasse, de toutes les manières, on participe, on justifie, on est utilisé pour perpétuer la misère et l'injustice. Le mieux qu'on puisse faire, c'est prendre le job d'un plus faible que moi.

Donc non merci, je démissionne ! C'est ainsi que j'ai imaginé la carte de « objecteur civil de conscience », qui permet de s'extirper de la machine infernale de la « normalité » décrite avec tant de brio dans ce billet devenu très populaire : Le contrat qui nous enchaîne, philum.info (anonyme).

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Que les Droits soient directement l'argent, est un réponse phénoménale au défi de notre époque. Cela suggère que rien ne puisse se faire sans avoir obtenu au préalable la liberté de le faire, que cette liberté s'acquiert selon de nombreux modes (conventionnels, évalués, exceptionnels) et que l'expression de ces droits aient le même effet que la possession d'un argent qui permettrait d'acquérir les biens nécessaires à sa réalisation.

Mais ce n'est pas suffisant : cela, comme n'importe quelle autre solution sera voué à l'échec si au préalable on ne détruit pas le principe du commerce.
J'ai toujours souhaité des chaînes « sans but lucratif » en prouvant les nombreux avantages et en prédisant les quelques dispositions qui découleraient logiquement de ce fonctionnement.
Mais tant que le principe du commerce ne sera pas démantelé et qu'on ne l'aura pas substitué un autre principe plus intelligent à l'échelle collective, on en reviendra toujours au point de départ, la loi du plus fort.

La gratuité est impossible en ce monde. Il est même interdit de travailler gratuitement, les logiciels libres sont combattus avec force, les droits d'auteurs voudraient confisquer la liberté d'expression, et même quand il y a une catastrophe humanitaire (Haïti) les dons des gens qui se sentent forcés de combler la défaillance des états, sont tout sauf « donnés » comme ça, gratuitement, aux gens. Ce sont des entreprises à but lucratif et qui n'accordent aucune ristourne qui en tirent le bénéfice. Et au final, ce sont les banques qui y gagnent, à qui des dollars s'affichent sur la rétine à chaque fois qu'une catastrophe apparaît.

On a aussi vu par l'exemple une théorie ainsi avérée comme exacte, avec la Libye : la destruction massive de toute l'infrastructure aura été un juteux business pour le chef d'entreprise français et les autres qui auront prêté main forte, car voyez-vous, il faut le redire, le capitalisme, système de reconstruction d'après-guerre, ne vit que sur les décombres qu'il faut reconstruire, et sa finalité est ainsi la destruction incessante de tout ce qui existe.

On devrait arrêter de tourner en rond, de repartir de zéro et ainsi satisfaire les exigences économiques, surtout à une époque où tout ce qui est laborieux peut être robotisé, et où on pourrait allègrement se contenter de travailler chacun trois heures par jour pour tout faire fonctionner correctement, consacrant le bénéfice du temps restant à la progression et à l'évolution.

Il apparaît évident que le principe du commerce est le point d'orgue de la problématique, et que ne pas avoir conscience de cela, malgré les jolies déclarations sur l'injustice et l'aberration du système, rien n'est voué à réussir si on ne remet pas en cause ce principe stupide et préhistorique ; ou alors, on nous parle de démondialistation, de retour à la terre, etc... ce que le capitalisme fera très bien de toutes façons.

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Le principe du commerce sert à justifier les échanges. Les gars négocient des prix de tête, sauf quand il n'y a rien à négocier, auquel cas le consommateur subit le chantage qui l'oblige à faire ses achats. On le dit libre de choisir mais il ne l'est pas, il est prisonnier, et il n'a aucun contrôle, ni aucune information sur les arnaques perpétuelles dont il est victime pendant toute sa vie, jusqu'à ce qu'il finisse par trouver cela normal, et qu'en se promenant dans la nature il découvre les déchets de cette horripilante construction systémique.

Des Droits pourraient tout aussi bien justifier ces échanges. Les échanges n'ont à être équivalents que si chacun y trouve son compte, non pas dans l'instant de cet échange, mais au moment final où on fait le bilan, après-coup, de l'ensemble des échanges.

Un commerçant ne devrait jamais se satisfaire de DONNER ses jolis produits à des gens qui ont volé leur argent à des plus faibles et qui produisent du malheur. Ils voudraient que leurs produits soient donnés à des gens qui, par leur action, ont agi positivement pour le monde, et ainsi les récompenser, et ainsi, par extension, en extraire un bénéfice supérieur, exprimé en terme de bonheur.

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Si les termes de « rationalité » et de « contrôle » sont confiés à des Droits qui s'expriment comme le ferait l'argent, c'est à dire en autorisant ou non l'usage ou la consommation de biens, on trouvera rationnel d'établir les règles qui justifient ces droits, et on obtiendra un contrôle sur la finalité de l'exercice de ces droits.

Il n'est même pas question de « gratuité », puisque tout ce qui est le fait des hommes appartient de facto à tous les hommes. Tous, ont le même droit d'accéder à la meilleure médecine possible, à la meilleure éducation possible, aux conditions idéales de leur développement intellectuel et affectif, et tout méritent autant que les autres de vivre heureux, puisque c'est ça la seule chose qui est demandée aux humains (selon la recommandation trouvée sur le plus ancien texte écrit du monde).

La lecture des citations que j'ai choisies presque au hasard au début de cet article doit se faire dans l'angle de l'abolition du principe du commerce : relisez-les, et regardez ce qui change, du coup.

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source : http://philum.info/59358

ce texte fait suite à : L'inanité du principe du commerce

http://newworld.philum.org/


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4 réactions à cet article    


  • TyRex TyRex 6 novembre 2011 14:14

    Tout n’est que commerce. Commerce de soi, commerce de l’autre, commerce des besoins fondamentaux, commerce des besoins superflus, commerce du Bien et commerce du Mal.

    Essence même du système capitaliste, il est inscrit dans la pensée collective de manière pratiquement indélébile (pour la majorité d’entre nous en tout cas) et croire que nous pourrons nous « débarrasser » de cela aussi facilement relève de l’utopie.
    Le commerce a apporté confort et sécurité (pour ceux qui en ont les moyens), et, en favorisant l’individualisme et les plaisirs immédiats, les grands architectes de ce système ont renforcé l’idée mentale collective que le commerce conduit à la réussite globale de l’espèce humaine.

    Tous ceux qui diront le contraire seront considérés comme aliénés mentaux avec d’énormes carences culturelles... et si vous le faites valoir par la violence, alors, à l’unanimité, vous deviendrez un Terroriste !

    Cordialement.


    • 8119 6 novembre 2011 14:32

      Très bien alors faisons-le valoir par l’intelligence.
      En arrière plan au fait de supplanter le principe du commerce par une « utopie », il y a un travail à faire, qui consiste évaluer les DROITS et à faire que ces droits soient directement des moyens.

      La question de fond est celle du Droit d’exploiter des forêts, du droit de s’alimenter d’habiter de s’éduquer et de s’informer, de s’épanouir et d’exister.
      Si simplement ces droits sont désirés, alors les « commerçants » (les producteurs) voudront bien participer à ce système, et dès lors l’utopie n’en est plus une, tandis que le capitalisme, qui est l’utopie des riches, sera reléguée à un délire criminel.

      Il faut bien comprendre que de faire des droits des moyens est une très bonne chose pour 99% des commerces, puisque dès lors ils auront les moyens d’accroître grandement leur activité pourvu qu’elle soit désirée, et ce désir s’exprimerait simultanément par la consommation mais aussi par la légitimité et l’utilité, rendue visible par des systèmes de notation, qui eux-mêmes deviendraient l’enjeu de la politique.


      • Ruut Ruut 7 novembre 2011 10:45

        Comment une idée peut elle etre un moyen ?


        • 8119 7 novembre 2011 14:41

          Le sens de cette question est ce sur quoi s’appuie toute l’idée :
          - déjà l’argent est un moyen, mais au-delà de ça c’est devenu un produit de consommation, chaque billet coûte plus cher que sa valeur et rapporte des intérêts, ce qui est une large erreur ;
          - ensuite l’argent pèse zéro gramme, ce sont des données informatiques, juste des nombres qu’on tape avec le numpad du clavier, et ENTER, et voilà comment se crée la monnaie ;
          - dès lors, en indexant la création monétaire sur des raisons tangibles on se doit que ces raisons soient le fruits de lois, et ces lois ne peuvent que répondre à des droits.
          Ainsi, établir ces droits de sorte qu’ils soient considérés comme des moyens (tout comme l’argent, c’est une question de confiance en la viabilité de ces droits), permettrait par exemple de rémunérer au clic les sites, les producteur de biens numériques aussi bien que les producteurs de biens matériels.

          Le fait que l’argent donne des droits, que alors que les droits eux n’engendrent pas forcément les moyens d’exercer ces droits, pourtant constitutionnels. C’est une grave erreur, qui coûte très cher. C’est pourquoi il est proposé que les droits soient directement considérés comme des moyens, et que la formulation de ces droits prenne forme, comme l’argent aujourd’hui, de valeurs numériques, crédités puis débitées quand ils sont utilisés.

          Tout n’a pas été établi dans les détails mais une fois le principe posé ils sont assez faciles à déduire (http://philum.info/59523)

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