La Flandre et l’Europe ou la leçon de l’intolérance
Comme titre, j’eus pu choisir la Flandre, la loi et l’esprit des lois. Mais cela faisait moins accrocheur, trop parlant ou pas assez également…
Vous connaissez le Président de l’Union, ce cher Herman Van Rompuy chargé de nous représenter sans avoir jamais été élu par qui que ce soit ? On serait lui qu’on devrait quand même se sentir gêné quelque part. Non pas du fait de sa gaucherie apparente, ni de son rôle de représentant européen des forces de l’argent car il y a pire, bien pire. Et lui qui s'obstine à ne jamais rien à dire, sinon oui-oui aux desideratas de ses potes du groupe de Bilderberg, on devrait le prier de se taire. De se taire dans toutes les langues officielles, elles sont exactement 23 dans notre chère Communauté. Mais également, et c’est le thème de ce présent billet, se taire par épouse interposée, une pompom girl bien plus agissante dans la défense de la cause "nationale" que lui.
Madame ?
Oui, Madame ! Surtout depuis qu’elle s’est tiquée de faire de la politique. Du sans-gênes à monter en épingle, une ouverture d'esprit à vous faire frémir.
Les lois linguistiques iniques, toujours à l’avantage de la Flandre, qui régissent mon si plat pays sont claires : droit du sol et rien que le droit du sol, peu importe qui l’occupe. L’homme de Cromagnon qui y a un jour posé ses pénates ne parlait certainement pas flamand. Mais c’était il y a si longtemps. Le monde n'était pas encore figé, cela ne compte plus…
Notre couple royal, pardon présidentiel dont, par ailleurs, la famille contrôle une des banques les plus riches du pays ( ARGENTA ) est depuis toujours domicilié à Rhode Saint Genèse, une commune riche, très riche, de la périphérie bruxelloise. Une commune flamande, si flamouche de coeur que cela fait presque vingt ans qu’elle a à ses commandes l’Union francophone devenue au fil du temps de plus en plus majoritaire, mouvement d'expansion sociologique bruxelloise entamé par la haute bourgeoisie attirée par le caractère champêtre des lieux, les terres agricoles bon marché et la proximité de la forêt de Soignes, bijou écologique offert en son temps par Léopold II, notre plus grand Souverain au grand dam de l’Eglise Catholique et du peuple congolais qu’il asservit à la chocotte, pour ne pas dire sabre au clair. Rhode Saint Genèse, une commune emblématique de richesse pure. Une de ses plus belles villas appartint longtemps au Général Mobutu et sa petite famille. Rhode Saint genèse, commune qu'il est interdit de déflamandiser bien qu’elle jouxte à la fois Bruxelles et Waterloo.
Trés dame patronesse en recherche de sensations ou lassée de servir de potiche, Madame la Présidente est devenue au fil du temps l'égérie de la dorénavant minorité flamande à la recherche du temps perdu. Une minorité qui n'a jamais considéré le francophone autrement qu'un envahisseur, de grossiers under-mensch qui ne parviennent pas à s’adapter, dit-elle… Tête de pont de cette sociologie nouvelle que sa caste pieuse ne méritait pas, elle a donc mis sur pied une liste électorale "pluraliste" mais uniquement flamande qu’elle a, c’est un comble ! dénommé RESPECT.
Oui, oui : RESPECT, cela ne s’invente pas…
Le RESPECT que les autres doivent avoir pour elle, pas l’inverse
On devait bien vous le préciser, non ?
Et, à moins qu'elle ne le fasse exprès, elle a poussé le bouchon jusqu’à présenter en seconde place un ancien nazi notoire, admirateur d’Adolf et consorts. Interrogée en son temps par la presse internationale sur ce choix à tout le moins ravageur, elle s’est contentée de lui répondre sèchement que ce brave homme s’était récusé depuis et que l’incident - de parcours - était donc clos.
Vous avez bien entendu : clos ! Clos et sans autre justification, pour qui la prenez-vous ?
D’ailleurs y'a rien à dire puisque la loi lui donne raison. Une loi unique au monde, entendu que la minorité des urnes qui devrait normalement constituer l'opposition restera quoiqu'il arrive maître des lieux du seul fait de son identité linguistique… Mais bon, comme il est difficile de faire fi de la mathématique, le fait est qu'à raison de 65% des votes exprimés en sa défaveur, Madame qui n'en réunissait pas la moitié, dut se la caler dur dur, sans quoi c’eût fait encore plus mauvais genre.
Mesure vengeresse de la Flandre si perverse dès qu'une majorité francophone se dégage sur son sol, elle se réserve le droit de ne pas en nommer les Maires et, mieux encore, oblige le Conseil de Mairie diriez-vous, d’accueillir en son sein un représentant néerlandophone essentiellement chargé de sauver ce qui peut l'être en interdisant toute autre expression culturelle que la sienne, un dénigrement nationaliste si bien exploité par Bart DE WEVER et consorts, tous ou presque fils et petits-fils d’anciens collaborateurs notoires avec ….avec qui déjà ?
Le racisme sur base de la langue a écrit un jour LE MONDE dans le cadre d’un dossier tentant de vous expliquer - et c'est vachement compliqué - les arcanes de la politique belgo-belge. Un fédéralisme d'opposition dont un composant réunit à lui seul 55 %, si bien qu’il impose sa volonté au nom d'une mathématique qu’il rejette par ailleurs lorsqu'elle ne lui convient pas. Approuvée par le Parlement après 541 jours de crise, une nouvelle Belgique pieds et poings liée à sa seule appartenance linguistique est née. A l’exception du Front des Francophones, tous les partis francophones ont renié ce qu'ils avaient promis-juré avant les élections contre quelques strapontins, dont le poste de Premier Ministre octroyé pour la première fois depuis 35 ans au Président du PS francophone. Un PS francophone assuré pour sa part de dominer la partie francophone, mais érodé par le stupre parce que constamment dans les allées du pouvoir depuis passé 50 ans, via tout un tissu d’obligés grand-luxe chargés d'orienter les deniers de l’Etat dans ce qu'il faut bien appeler une sclérose des droits des travailleurs. Résultat de cette dernière traîtrise institutionnelle que l'on peut tout autant imputer à la droite au service de la haute finance, Bruxelles, ville ouverte et tolérante et de surcroît capitale de l’Europe, se trouve dorénavant enclavée ad vitam en Flandre sans que jamais la population, qui en est pourtant l'enjeu, ne soit compulsée lors des six, vous avez bien lu, six révisions constitutionnelles en moins de 50 ans !
Sixième révision, sixième déni francophone…
Et Bart le fürher de la N-VA réclame déjà la septième : le confédéralisme, la séparation totale hors le label Belgium, le hold-up parfait...
Herman Van Rompuy, bien que le désir ne lui en manque pas, n’appartient pas à la N-VA qui porte haut et fier son lion noir sur fond jaune ...avec des griffes rouges aux pattes ! mais au CDNV. Laminé d’élection en élection par un courant de pensée flamingantissime d’abord accueilli en son sein, le mouvement conservateur catholique flamand se voit forcé de courir derrière la louve qu'il a enfanté, sous peine de disparaître de l’échiquier politique. Retour du balancier, son socle vacille du côté de son aile syndicaliste qui, juste retour des choses, renacle de plus en plus à lui apporter son soutien.
Très très à droite, puante même, la N-VA a profité de la faille. Son populisme à tous crins l'a fait passer en moins de 10 ans du stade de rassembleur d’activistes au statut de parti majoritaire.
Anecdote ? Que non, car elle condamne le monde politique flamand - à la seule exception du Parti du Travail qui n’a aucun représentant au Parlement - à flinguer dans la surenchère, syndrome de séparatisme final d'un demi-pays qui, ce n’est même pas un euphémisme, n’existe plus que pour la Coupe du Monde de foot…
Privée de nominations para-politiques qui assuraient jusqu’ici sa prééminence, son tissu sur le terrain, l'intelligentia catho n'a plus qu'un choix, se montrer au moins aussi intolérante, raciste entre les lignes, que l’hydre.
Et c’est là que Madame l’épouse de notre Président supranational joue son rôle…
Les élections législatives et régionales se déroulant chez nous le même jour que les européennes, elle est donc montée en première ligne pour défendre l'intangibilité de la cause, transposition d'image de son mari qui, ne l’oublions pas, fut Premier Ministre belge avant que Sarko et Merkel ne décident, pour son manque de pesonnalité apparente sans doute, de lui faire franchir un échelon supplémentaire, le grand bond en avant.
Forte de sa nomination automatique d’adjointe au Maire chargée des Affaires Flamandes, ce qui la rend de facto indéboulonnable, Madame a donc envoyé tout à fait légalement une convocation électorale à ses administrés …en néérlandais uniquement ! Déjà méprisante, rabique même envers tout qui parle français, adversaire patentée de l’entrée de la Turquie dans l’Union – pour garder le caractère catholique de celle-ci, dit-elle sans développer d’autres arguments ! peu lui chaut également que plus de 20 % des habitants de sa chère commune soient européens, pour la plupart membres de lobbys divers, dirigeants de sociétés délocalisées pour raison fiscale ou fonctionnaires supranationaux. Pataquès ! Ces révolutionnaires décidément culottés ont osé lui signaler qu'ils ne comprenaient rien à son foutu document, une convocation aux élections européennes qui plus est ! Leur destin personnel étant, qu’on le veuille ou non, autant entre ses mains que celles de son mari, elle leur a donc répondu qu'ils avaient toujours le droit d'en demander, par lettre recommandée uniquement, la traduction en français.
En français, dites-vous ?
Oui, en français exclusivement ! Mais voilà : la plupart de ces braves nantis ne parlant que leur langue d’origine et l’anglais, ils n’y comprennent rien non plus.
Allons Madame, pourriez pas faire un petit effort, s’il vous plaît ? Etre à leur écoute ?
Enfin voyons, une telle demande est contraire aux lois, répondit la responsable des Affaires Intérieures de la famille Van Rompuy lors d'une conférence de presse avant-hier. C’est non et rien que non ! Déjà qu’elle ne s’en sort pas avec ces trublions de francophones. Et voilà que d'autres se mettent aussi à réclamer le droit d'être traité dans leur propre langue. Mais c’est à désespérer de tout ! On ne peut rester de marbre devant ce crime qui consiste à s'opposer ouvertement aux diktats sacrés de Maman Flandre. Dommage qu’on soit quatre siècles trop loin, elle les aurait faits brûler sur un bûcher !
Ubuesque ?
Non, légal et rien que légal !
Heureusement pour vous, mais pas pour nous qui allons devoir lui retrouver je ne sais quelle fonction dirigeante, Herman Van Rompuy, l’homme de l’ombre qui aurait bien fait d’y rester, a décidé de ne pas solliciter un second mandat, disons un second parrainage puisqu’il n’a jamais été élu, un comble pour un Etat se piquant de donner des leçons de démocratie à la moitié du monde, au moins la moitié du monde.
Son vrai caractère, notre cher Herman a donc décidé qu'il convenait de le faire valoir par épouse interposée.
Hollande a répudié son rottweiler pour moins que ça !
Mais bon, nous sommes en Belgique, n’est-ce pas…
ASTERIX
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