La France et sa peur du changement
Ce texte, je l’ai écrit, il y a plus de trois ans et, le relisant en ce moment, je me suis permis de vous le faire partager. A cette époque, j’avais 18 ans et je concourais pour une école. Ma thèse était le déclin de la France.
L’évolution de la France : l’idée de déclin chez les uns, l’optimisme en vigueur chez d’autres. Quelle est donc la situation de la France par rapport aux autres et à elle-même ?
Ce pays, réputé pour sa gastronomie, pour avoir la plus belle ville du monde (Paris), doté d’une diplomatie respectée et influente.
Les entreprises du Cac 40 obtenant des bénéfices de plus de 50 milliards d’euros.
Mais alors pourquoi cette idée de déclin de la France et de son modèle de démocratie sociale.
Les Français détestent et ont peur de l’évolution de leur société. Ils constatent que leur fameux modèle social est un échec et peut être une impasse : chômage de masse depuis trente ans, blocage de l’ascenseur social, épuisement de l’intégration, multiplication des insécurités, déficits publics abyssaux.
Toutes les enquêtes le prouvent, les Français sont les Européens les plus anxieux, les plus pessimistes sur leur avenir. Ils sont conscients de la nécessité du changement. Ils constatent le raz de marée de la mondialisation, le surgissement de la Chine, les formes implacables des nouvelles concurrences. Ils observent que tous les autres pays européens s’adaptent à marche forcée. Seule une petite minorité croit à la chimère du repli national et de l’enfermement tricolore. Comment ignorer qu’un salarié du privé sur quatre vit des exportations et que la France est le pays d’Europe continentale qui accueille le plus d’investissements internationaux ? Le psychodrame français est que chacun comprend l’urgence de métamorphoses, mais que la plupart les redoutent.
Beaucoup de Français ne veulent pas la solution libérale, ils sont attachés, plus que les autres Européens, à la puissance de l’Etat et aux services publics.
Ils n’osent pas aller de l’avant, restent figés dans le passé, attentistes, comme refusant d’entrer de plain-pied dans le libéralisme qui est pourtant la réalité actuelle du monde actuel.
Le problème en France, concernant la mondialisation, est que les Français ne la voient pas comme un modèle qui peut leur être bénéficiaire, mais en tant que norme risquant de les priver de leurs « acquis sociaux ». Mais ces acquis sociaux ne peuvent être financés qu’avec une économie forte en parallèle.
La France ayant de forts potentiels en son sein (de nombreux chercheurs, scientifiques, universitaires et entrepreneurs) possède un potentiel certain pour devenir une économie moderne, mais le manque d’ambition et le fait que les hauts fonctionnaires et dirigeants politiques soient en retard sur leur temps, car très ancrés dans un passé glorieux, ont fait ce qu’est la situation française : un pays avec une croissance en diminution constante après avoir fortement augmenté durant de nombreuses années.
Beaucoup reprochent aux politiciens leur manque de vision à long terme et ce manque de courage pour oser les réformes impopulaires, mais essentielles pour dynamiser l’économie du pays.
Et les conséquences de ce refus de la mondialisation sont les Français et entreprises françaises qui localisent leurs activités, leurs investissements ou leur patrimoine à l’étranger.
L’internationalisation des entreprises et des parcours professionnels, la réduction progressive des obstacles qui entravaient la mobilité des individus, des biens ou des capitaux, mais aussi le contexte de concurrence entre les espaces territoriaux qui incite à optimiser les choix de localisation, contribuent largement à cette évolution.
La France, malgré les délocalisations d’entreprises demandant beaucoup de main-d’œuvre, est le pays d’Europe ayant le plus d’investissements étrangers et montre qu’elle reste très attractive car de nombreuses entreprises de haute technologie s’y installent, ayant besoin de salariés diplômés. Ce changement montre que la France entre dans une économie de service et tertiaire où elle est l’une des places fortes.
Bien sûr, tout n’est pas noir en France, la preuve en est de la progression constante des bénéfices des grandes entreprises et multinationales françaises.
Les succès de l’Education nationale, la France ayant des universités fréquentées par de nombreux étudiants étrangers, un grand nombre de nouveaux diplômés chaque année et une démographie supérieure à celle de nos voisins européens sont des motifs de satisfaction et d’encouragement. Les technologies et connaissances françaises (le TGV et le nucléaire civil) sont demandées à l’étranger, comme en Corée du Sud. Les acquis sociaux que sont la Sécurité sociale nous sont enviés par beaucoup, mais le contrecoup de ces privilèges sociaux est le gouffre financier qu’ils provoquent.
De plus, l’Europe est en pleine construction et la France en demeure l’un de ses principaux piliers. Une Europe forte ne se fera qu’avec une France forte, une Europe soudée est obligatoire pour rivaliser avec les puissances américaines, japonaises et chinoises. Nous voyons que l’Union européenne est une réussite sur le plan économique avec Airbus, Ariane et bientôt le moteur de recherche Quaero. La France a donc de nombreux atouts, un appui de l’Europe où elle reste très influente, et dispose d’un fort potentiel à l’intérieur du pays avec un grand nombre de citoyens avec de hautes qualifications.
Mais le problème de la France n’est pas seulement économique. Les problèmes à l’intérieur du pays concernant l’insécurité, « la crise des banlieues », les manifestations à l’encontre des réformes proposées par les gouvernements en place (CPE, Loi Fillon) n’aident pas à mettre le pays sur les bons rails. Cette crise culturelle et sociale grandissante est due à un aveuglement des dirigeants envers leurs concitoyens, d’un ascenseur social « en panne », ce qui était l’une des forces de la France, car sans cet ascenseur social, l’espoir d’avoir une vie meilleure n’est plus. La sensation de beaucoup de Français vivant dans les banlieues est celle d’être en marge de la société, d’être considérés comme un poids pour le pays, ne se reconnaissant pas dans le paysage français, alors que beaucoup ont des diplômes et des qualités à revendre. L’absence de communication entre les différentes franges de la société a provoqué cette cassure qui ne se résorbera qu’avec ce retour de l’ascenseur social et de cette fraternité qui est l’un des fondements de la devise française.
Car c’est ce qui manque en France : l’égalité des chances et la fraternité sociale qui ont été depuis toujours les forces de la France, se fondant sur l’immigration et l’intégration des étrangers.
D’ailleurs, les politiciens ont pris conscience du problème et mettent en application de nouvelles lois (la discrimination positive) ou encore avec l’aide des directeurs d’écoles et universités comme le partenariat entre les lycées ZEP et Sciences-Po mis en place par Richard Descoing.
La France, pour repartir, devra se remettre en question et procéder à des changements de loi comme au retour des 39 heures, les 35 heures coûtant énormément d’argent, ainsi qu’au rallongement de la durée de travail, la durée de vie moyenne croissant, ce qui est une preuve que le système de soin français est bon, mais cet accroissement de la durée de vie pose le problème du financement des retraites, le nombre d’actifs par rapport à celui des retraités étant en diminution et, cela, bien que la France ait une natalité plus forte que celle de ses voisins européens. Sur ces points, comme la natalité, où la France garde une natalité assez élevée par rapport aux autres pays européens vient de sa politique sociale qui intègre des congés payés pour les parents de nouveaux-nés. Ces lois sont la preuve que la France sait innover, car intégrant la vie de famille à cette économie libérale.
Mais, le problème de la France vient aussi de cette même politique sociale qui ne cesse d’être mise en avant comme la principale perdante de la mondialisation par les opposants au gouvernement, alors que, pour que ces acquis sociaux fonctionnent, il faut une économie viable pour la financer. Voilà le paradoxe français, celui de comprendre qu’il faut réformer, mais qui s’oppose à chacune de ces nouvelles réformes craignant de perdre ces acquis sociaux qui pourtant ne pourront subsister sans ces réformes.
Enfin, et surtout, les Français doivent et devront prendre conscience que les réformes sont nécessaires pour relancer le pays, et d’arrêter de regarder en arrière et s’élancer avec optimisme vers le futur.
Je conclurai cette argumentation par cette citation de Léon Daudet :
« Autant l’optimisme béat, c’est-à-dire inactif, est une sottise, autant l’optimisme, compagnon de l’effort, est légitime ».
Alors, au Travail ! Arrêtons de nous cacher, et ouvrons-nous au monde et à la mondialisation. La France, je ne dirai pas qu’elle est en déclin, mais dans une crise identitaire, ne sachant plus quelle direction prendre, entre son passé glorieux et le futur à construire, le libéralisme de la mondialisation et son modèle social. Aux Français et au gouvernement de donner l’impulsion qui fera de la France, un pays à l’avenir doré, comme l’a été son passé.
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