La France ou l’enfer des professeurs (les tests PISA oubliés)

Pour certains (y compris à l'intérieur de l'éducation nationale), les professeurs seraient des privilégiés et leurs élèves de pauvres petits êtres brimés par un système autoritaire qui ne connaitrait que la sanction et le méchant redoublement, et qui les rendrait de fait incompris et malheureux. A l'heure où l'on met en avant des comparaisons internationnales avec les fameux tests PISA certaines révélations de ces études ont été élaguées (volontairement ?) ou écartées.
Et pour cause : La France est classée parmi les pires pays de PISA concernant le "climat de discipline" en classe, nous sommes 58ème sur 64 pays ! Un élève français sur deux estime qu'il ne peut pas bien travailler en classe à cause du bruit et du désordre. Tous les indicateurs amènent à la même conclusion : il y a davantage de bavardages, de bazar, de chahut et de bruit de fond dans les classes en France, et l'autorité du professeur y est nettement moins respectée qu'ailleurs. Le statut social de ce dernier, rabaissé par des salaires inférieurs à la moyenne des pays de l'OCDE, a son poids dans la balance.
Il est donc facile de constater qu'il y a une indéniable corrélation entre climat scolaire apaisé et performances scolaires des élèves (on s'en serait douté, remarquez...). Comment enseigner des mathématiques et du français à des élèves mal élevés, désocialisés et désoeuvrés dont les parents immatures ne peuvent s'occuper faute d'exemples à transmettre... les tests PISA ne permettent pas de comparer performances des élèves en ZEP et en-dehors mais il est évident que dans les "zones sensibles" où la violence est banale de la part des adultes comme des enfants l'environnement ne permet pas d'envisager des conditions d'études convenables.
Mais hélas comme souvent dans notre pauvre France c'est la fuite en avant qui prédomine. A l'heure où d'aucuns demandent la suppression de la notation ("traumatisante" !) des élèves, la diminution drastique des conseils de discipline ("stigmatisants" !) ou bien encore la mise au même niveau de la parole de l'élève et de celle du maître ("démocratique", conforme aux "droits de l'homme"), les tests PISA nous rappellent en réalité que le baratin post-soixuitard n'a fait que couler l'école française... et ils donnent raison de façon irréfutable à ceux qui dénoncent depuis des années le rejet de l'autorité des adultes et le pédagogisme à gogo. Est-ce un hasard si la Chine, le Japon et la Scandinavie sont en tête des classements dans chaque discipline ? La conception de l'éducation des enfants n'a rien à voir avec celle du pays des "droits de l'homme" dans ces contrées... j'entends par "droits de l'homme" droit du garnement ou du voyou...
Pour le français moyen poli et courtois qui s'aventure dans les rues des grandes villes françaises croiser des "jeunes" est souvent une corvée vus les spécimens qu'il doit supporter : langage à peine audible, tenues ridicules (sweet à capuche ou casquette de rappeur), nervosité et absence de retenue de nombre de ces cadets (pas tous heureusement !) nous interpelle : que peut-on faire de ces gugusses dans une classe ?
Sommes-nous si différents que les autres en France au point de ne plus pouvoir élever et éduquer les enfants ? La crise économique et sociale qui touche les familles n'est pas la seule explication, il y a des facteurs culturels, un manque de repères, qui entrent en compte. Nous sommes condamnés à réagir (ou à nous expatrier !) si nous ne voulons pas que ce pays deviennent un repères de gogols et d'abrutis d'ici vingt ans...
Source de l'article : "La France ou l'enfer des profs", La quinzaine universitaire, fev. 2014, p.18-19 - revue du SNALC (syndicat autonome de l'enseignement). Article synthétisé et commenté.
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