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La francophonie, un trésor délaissé

« Cet humanisme intégral qui se tisse autour de la Terre, cette symbiose des énergies dormantes de tous les continents, de toutes les races qui se réveillent à la chaleur complémentaire. » (Léopold Sédar Senghor, Le français, langue de culture, revue Esprit, novembre 1962).

 

Toute langue unit potentiellement. Toute langue tend à façonner chez ses locuteurs - par son lexique, sa syntaxe, ses expressions idiomatiques1 - une certaine vision du monde, une certaine manière de le dire2 et de l'écrire. Toute langue participe donc de la formidable diversité humaine. Le rêve - cauchemar pour notre part – d'une langue, en l'occurrence l'anglais, qui serait parlée de manière hégémonique par l'humanité entière, témoigne bien souvent chez les tenants de cette chimère d'un profond mépris et d'une peur de cette même diversité.

Qu'on se le dise : notre langue est un trésor délaissé. Le français a concouru par le passé à assurer une place de choix à la France au sein du concert des nations. Le français a véhiculé aux élites naissantes des futurs pays qui formaient notre empire colonial, des principes censés être nôtres. Ces principes ont été opportunément utilisés par les partisans des indépendances pour combattre la présence française (et belge en RDC). C'est peut-être là le grand paradoxe de l'entreprise coloniale française, sur laquelle nous éviterons de nous appesantir ici, et surtout pas pour en faire l'objet de discours moribonds de revanche ou de repentance. Comme l'écrivait Céline, « l'histoire ne repasse pas les plats ».

 

Un autre paradoxe a touché cette fois-ci à l'expansion du français dans le monde : elle fut avant tout le fait des états africains nouvellement indépendants qui engagèrent une formidable politique de promotion de cette langue, encore peu parlée chez les populations autochtones au crépuscule de l'empire. Cette politique, combinée au bond démographique phénoménal survenu dans ces états, a fait exploser le nombre de francophones dans le monde.

 

Qu'est-ce que l'espace francophone ?

Pour reprendre la formule du géographe Ilyès Zouari, l'espace francophone est l'ensemble des pays où la présence et la pratique de la langue française dans les échanges quotidiens, l'enseignement, le monde professionnel, l'administration, sont telles que « l'on peut y vivre en français ». Une telle définition donne un ensemble différent de celui mis en avant par l'Organisation Internationale de la Francophonie3 qui, par son caractère institutionnel, intègre des pays forts peu francophones (Lituanie, Mozambique...) et même forts peu francophiles (Qatar, Émirats Arabes Unis...) .

 

 

© Ilyès Zouari

© Ilyès Zouari

   

L'espace francophone constitue donc un très vaste ensemble de 45 pays et territoires, de plus de 16 millions de km² (soit 4 quatre fois l'Union européenne) et de plus de 450 millions d'habitants. C'est le deuxième ensemble géo-linguistique mondial par le nombre de pays et de continents concernés, et le quatrième par le nombre d'habitants. Il nous parait en général plus petit à cause de la déformation des continents que produit la projection de Mercator4, qui réduit la taille de l'Afrique sur la plupart des planisphères. La carte ci-dessus, basée sur la projection de Peters, nous montre une taille plus respectable et réaliste du continent africain. Inutile de préciser que les dynamiques démographiques à œuvre vont soutenir la croissance formidable de l'espace francophone, dont la population pourrait pratiquement doubler d'ici 2050...

 

 

© Ilyès Zouari

© Ilyès Zouari

 

L'Afrique francophone

Contrairement aux informations mensongères circulant tant dans les grands médias que sur la toile, l'Afrique francophone est une zone des plus dynamiques. Elle est l'une des régions du monde à plus forte croissance économique5. De plus, les pays africains francophones sont relativement plus stables que leurs voisins, notamment anglophones ; ils ont connu moins de coups d’État et d'épisodes de guerres civiles. Par ailleurs, leurs économies se sont davantage engagées dans la voie de la diversification et pâtissent moins de la faiblesse actuelle du cours des matières premières. Comprenons-nous bien : il n'est pas écrit ici que tout est au beau fixe en Afrique francophone mais simplement que les perspectives en termes de développement économique et des infrastructures, d'amélioration des conditions de vie, y sont meilleures qu'en d'autres endroits du continent.

 

Taux de croissance comparés de quelques pays africains francophones et du reste de l'Afrique

 

 

Afrique francophone

2015

2016

Algérie

3,00%

3,40%

Cameroun

6,00%

6,00%

Congo

3,00%

3,80%

Gabon

4,00%

3,90%

RDC (ex-Zaïre)

7,70%

6,30%

 

 

 

Afrique anglophone et autres

2015

2016

Afrique du Sud

1,30%

0,60%

Angola

2,80%

0,90%

Nigeria

2,70%

0,80%

Tanzanie

7,00%

7,20%

Zambie

3,60%

3,40%

 

 

La France a donc tout intérêt - au même titre d'ailleurs que d'autres pays francophones du Nord comme le Canada6, la Suisse et la Belgique - à aider en premier lieu au développement économique de l'Afrique francophone. Ceci comme l'affirme Ilyès Zouari, en vertu du « principe fondamental voulant que les échanges soient naturellement bien plus importants entre pays partageant la même langue »7. On peut parler ici d'un véritable phénomène de « vases communicants » où l'argent investi par un pays francophone dans un autre pays francophone aura plus facilement tendance à circuler au sein de cet espace géo-linguistique qu'en dehors de celui-ci. C'est peu ou prou le sens du concept britannique de Commonwealth que l'on pourrait traduire par « prospérité commune ».

 

Pour une réorientation économique franche vers l'Afrique francophone

Pour le moment, hélas, les échanges avec l'Afrique francophone et notamment sa partie subsaharienne sont très faibles : en 2015, la France n'a réalisé que 0,9% de ses échanges de biens avec cette dernière région et 3% avec l'Afrique francophone entière (en incluant le Maghreb). La modestie de ces échanges s'explique notamment par le surinvestissement absurde des entreprises françaises en Afrique anglophone et lusophone. Elle va à l'encontre de toute logique économique, et témoigne une fois n'est pas coutume des erreurs stratégiques majeures et coûteuses de nos élites politiques et économiques. Certains pays francophones n'ont d'ailleurs pas tardé à profiter du « relâchement » de la présence française pour conquérir des parts de marché : c'est le cas notamment du Maroc qui est devenu le 2ème pays investisseur du continent, après l'Afrique du Sud, et le 1er pays investisseur en Côte d'Ivoire.

 

Le roi du Maroc Mohammed VI inaugure des chantiers navals dans la commune de Yopougon en compagnie du premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan, le 26 février 2014.

© Emilie REGNIER pour Jeune Afrique

 

Les Anglo-saxons - que nos élites aiment tant porter aux nues - n'ont aucun scrupule à prioriser le commerce avec les pays anglophones du Sud, à y renforcer la présence de l'anglais et à leur accorder l'écrasante majorité de leur aide au développement. Ainsi parmi les 10 premiers bénéficiaires de l'aide publique au développement britannique (APD), on trouve 8 pays anglophones, contre seulement 4 pays francophones dans le cas français8... Pour autant, a-t-on déjà entendu un journaliste français qualifier l'installation d'une université américaine au Nigeria ou au Ghana de « néo-colonialisme » ? Pourquoi évoque-t-on si facilement la « Françafrique », sans qu'il ne soit jamais question d' « Américanafrique » ou de « Grande-Bretagnafrique » ? Le masochisme antinational n'a probablement pas été aussi fort dans les pays anglo-saxons...

Il est utile de rappeler ce qui devrait pourtant être une évidence, notamment pour les tenants de plus en plus affichés de l' « immigration zéro », voire de la « remigration » : l'immigration de masse à destination de l'Europe ne pourra être jugulée sans une politique volontariste et audacieuse de codéveloppement. Il va falloir mettre plus intelligemment « la main à la poche ». L'une de nos priorités devra être d'amplifier et de rediriger l'aide publique au développement que nous avons déjà évoquée. La contribution nette de la France au budget de l'Union européenne9 (soit un pactole de 9 milliards d'euros en 2015) pourrait en partie y contribuer en cas de sortie de l'UE. Les entreprises françaises ont bien sûr un rôle-clé à jouer dans ce processus, après des années de recul face aux Chinois et aux Américains.

Cette politique massive de réinvestissement devra logiquement s'accompagner du retour ou du renforcement de la promotion du français dans ces pays. La France appuiera ce processus via toutes les institutions et structures d'enseignement possibles : grâce aux alliances françaises, instituts et lycées français, qui font un travail formidable, mais bien sûr également en coopération avec les systèmes scolaires et universitaires loacaux ainsi qu'avec les entreprises sur place pour des formations en interne. Les visas étudiants en provenance de l'Afrique francophone devront être plus généreusement accordés en contrepartie d'une restriction du regroupement familial, absolument indispensable en temps de crise.

Concernant les entreprises, l'usage de l'anglais – qui choque beaucoup d'Africains et donne des Français l'image d'un peuple sans fierté et colonisé mentalement – devra être proscrit dans la publicité, la mercatique et idéalement dans l'ensemble des communications (comme ce devrait être le cas en France). C'est en jouant sur l'atout formidable que constitue notre langue commune et non pas en singeant les Anglo-saxons que nous regagnerons notre prospérité économique. Bien évidemment, pour engager une telle politique, il faut un État souverain et des gouvernants dignes de ce nom mais ça, c'est une autre histoire...

 

L'auteur adresse des remerciements particuliers à Ilyès Zouari pour sa disponibilité et sa gentillesse. Les travaux de démographie et de géographie de M. Zouari, axés sur l'espace francophone, ont beaucoup contribué à la rédaction de cet article. M. Zouari est notamment l'auteur du Petit dictionnaire de la francophonie, paru aux éditions l'Harmattan.

 

 

1Une expression idiomatique est une expression imagée, métaphorique, par exemple : « il pleut des cordes » ou « c'est gros comme une maison »

2http://www.lematin.ch/savoirs/ecossais-421-mots-decrire-neige/story/18743352

4 http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/logphil/notions/raison/convers/carto/mercator.htm

5 http://afrique.lepoint.fr/economie/l-uemoa-affiche-sa-bonne-sante-economique-07-06-2016-2045083_2258.php#xtor=CS2-241

8La France accorde ainsi une part substantielle de son APD aux pays non-francophones que sont la Chine, le Brésil, la Jordanie, le Vietnam et la République Dominicaine (source : Department for International Development,, octobre 2014)

9C'est à dire la participation de la France au budget de l'UE (22 milliards d'euros) moins les subventions accordées par l'UE à la France (13 milliards d'euros), soit 9 milliards d'euros en 2015

 


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15 réactions à cet article    


  • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 15 septembre 2016 11:46

    Les anglais déploient d’importants efforts pour la promotion de leur langue, et y réussissent très bien. Par exemple, la chaîne englishclub.tv, sans publicité, est pédagogiquement remarquable.
    Pourquoi ne pourrait-on pas faire la même chose ?


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 15 septembre 2016 19:29

      @OMAR
      Bien sûr, parce que l’enjeu essentiel est la survie de notre société. Sans cela, la francophonie est totalement inutile.


    • Alren Alren 15 septembre 2016 19:45

      @Gilles Mérivac

      Nos dirigeants aux ordres de la finance internationale ne veulent pas défendre la langue d’un pays coupable de tant de révolutions, alors qu’aucune révolution sociale n’a jamais eu lieu dans les pays de langue anglaise, que le capitalisme y est en quelque sorte génétiquement lié.

      Quand la France deviendra la principale puissance européenne après le déclin inévitable de l’Allemagne vieillissante et peu inventive, le français sera davantage appris en Europe et dans le monde, pas seulement en Afrique.
      Et ceux qui la parleront bénéficieront d’une expression claire pour exprimer des idées complexes.


    • La centrale à idées La centrale à idées 15 septembre 2016 21:47

      @OMAR
      D’accord avec le fond de votre commentaire mais le secrétaire général actuel de la francophonie est bien issu d’un pays francophone : c’est une Québecoise d’origine haïtienne.

      http://www.francophonie.org/Michaelle-Jean-45585.html

      Boutros-Boutros Ghali appartenait à la vieille intelligentsia égyptienne francophone qui a bien périclité hélas.


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 16 septembre 2016 12:49

      @OMAR
      La culture française ne se résume pas à un principe, pas plus qu’une marque ne se résume à son logo, c’est un mode de vie qui doit être respecté par tous, et non contesté incessamment pour des motifs futiles.

      Quand aux dirigeants, on peut en changer, mais si le peuple change, ce n’est plus du tout la même société. Les italiens ne sont pas les romains de l’antiquité, et les égyptiens non plus, ce deux civilisations sont mortes.


    • La centrale à idées La centrale à idées 16 septembre 2016 13:30

      @Gilles Mérivac
      Tout à fait Gilles, c’est du bon sens. Concernant cette question du respect des cultures autochtones je vous invite Omar, à lire l’article que nous avons publié sur le multiculturalisme :
      http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/du-multiculturalisme-en-republique-183648


    • MagicBuster 15 septembre 2016 12:21


      Comment dire ?!

      Ouaich ziva sa mère - on parle djà pus le cé-fran dans nos té-ci .. . . Eux zotres y croivent quon va le parlé à linter nationale.


      • La centrale à idées La centrale à idées 15 septembre 2016 14:46

        @MagicBuster
        Certes, c’est un autre chantier très important à mener !


      • mmbbb 15 septembre 2016 18:34

        @OMAR « nique ta mère » est ce une expression bretonne ? un idiome catalan ou une exclamation marquant la joie dite par les basques ?


      • Oceane 15 septembre 2016 23:05

        @mmbbb

        On n’entend pas « nique ta mère » au jt, parmi les zelites ", mais leader, coach, cloud, etc. Il faut les entendre à la radio.

        Ce n’est pas parce que Omar est Arabe qu’il faut à chaque fois lui tomber dessus.


      • La centrale à idées La centrale à idées 16 septembre 2016 13:32

        @Oceane
        La plupart de nos élites ne vivent plus dans le même univers mental que le nôtre, elles sont complètement à l’Ouest pour ainsi dire...


      • L'enfoiré L’enfoiré 15 septembre 2016 18:35

        « Les langues ont été pour moi, un sujet ’tarte à la crème’, par excellence. » la phrase par laquelle je commençais l’article Défendre une langue ou un dialecte ?

        Des points très importants étaient relevés pour faire rayonner la langue :

        • la créativité 
        • le développement économique, technologique et culturel
        • les contacts et les connivences
        • le dynamisme pour contrer le monde anglophone
        • faciliter ses règles. 
        • clarté et la bonne formulation
        • volonté politique

        • Oceane 15 septembre 2016 23:18

          @ l’auteur,

          « Imposer sa langue, c’est imposer sa pensée » Claude Hagège gère, à propos de l’anglais .

          Une suggestion de lecture, pout avoir une idée du point de vue des Africains - conscients - sur la langue avant de décider à leur place, une fois de plus. « Décoloniser l’esprit ». L’auteur s’appelle Ngugi Wa Thiong’o, est Kenyan et enseignant.


          • Thierry SALADIN Thierry SALADIN 16 septembre 2016 08:58

            @ Oceane,


            « Imposer sa langue, c’est imposer sa pensée » Claude Hagège gère, à propos de l’anglais. »
            C’est exact. Et la tournure que prend l’histoire du monde contemporain vient d’abord du fait que l’anglais est impo(et non s’impose, comme on l’entend ici ou là) notamment dans les négociations internationales. 
            Mais ce que se gardent bien de dire Claude Hagège, comme d’autres ( Michel Serres par exemple) qui au fond se cantonnent tous dans le constat, c’est que pour ramener l’anglais à sa place, — celle d’une langue nationale, parmi d’autres, et au passage protéger cette langue anglaise qui n’a rien demandé, elle — il faut mettre en avant la vraie langue internationale, l’espéranto. Laquelle est prête à l’emploi immédiat, car utilisée chaque jour depuis 130 ans

            Mais pas question pour eux d’en parler. Par manque de courage ? Serait-ce aussi par intérêt ? Ce qui laisse le champ libre à d’autres (des opportunistes vendus aux EUA) pour dire et faire des bêtises, et ce en toute conscience.
            Tout ça se paiera cher. Très cher.

            Cordialement.

            Thierry Saladin


            • L'enfoiré L’enfoiré 16 septembre 2016 17:15

              @Thierry SALADIN bonjour,


               Comme on se retrouve. smiley
               Vous utilisateur de l’esperanto et moi de l’anglais comme langue de transition.
               Cela n’a rien à voir avec un manque de courage « pour eux » (eux que vous devriez définir).
               Non la langue internationale n’est pas l’esperanto.
               L’esperanto n’a pas été conçue par Zamenhof pour l’être puisqu’il s’est limité au langues européennes.. 
               Si l’esperanto l’est peut-être international en France, elle ne l’est pas dans beaucoup d’autres pays où on parle globish.
               Je me souviens vous me mettiez à l’épreuve en me disant qu’à Bruxelles, il y avait beaucoup d’affiches en anglais.
               Vous aviez raison, comme il y en a en néerlandais (ou en flamand).
               Essayez de vous faire engager à Bruxelles et dites, je ne connais pas l’anglais, mais je connais l’esperanto et vous verrez la moue dubitative de la préposée à l’engagement.
               L’anglais national et tout le Commonwealth, ce n’est pas rien...
               Quel est le pourcentage des pages en anglais sur Internet ?
               C’est ça qui fait l’internationalité.
               Mais je suis d’accord qu’il faut soutenir le français.
               La langue en a bien besoin aujourd’hui, alors que du temps de Voltaire, (peut-être à cause de lui), le français était parlé dans l’Europe entière.
               Le français est la langue de la diplomatie au vu du nombre de finesses, de synonymes.
               L’anglais est la langue orientée vers le commerce.
               Qu’est-ce qui marche le mieux ?
               La diplomatie ou le commerce ? 

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