La fusée à 6 étages de la Démocratie
On a raté le coche ! Il n’y aura pas de 6ème République, du moins pour cette fois. Une seule voix a eu raison de l’immense multitude des électeurs du PS et du MoDem (et d’une partie des électeurs de l’UMP et du Centre). Les candidats Royal et Bayrou, représentant à eux seuls une majorité écrasante de citoyens, présentaient un programme quasi identique de réforme des institutions françaises. Ils n’ont pas été entendus. Certes la démocratie est celle qui est issue des urnes mais elle ne donne pas le droit de mépriser la majorité du pays. Ce n’est pas une onction divine qui accorde le pouvoir absolu.
La fusée à six étages de la Démocratie figurait dans les programmes du PS et de l’UDF lors de la campagne présidentielle de 2007. Hélas ! non seulement Sarkozy a bâclé ce 6ème étage et l’a réduit à sa plus simple expression mais il a, globalement, fragilisé les autres parties.
"La démocratie a deux aspects : représentation et participation des citoyens. Le temps où l’on pouvait gouverner sans la participation des Français, ou contre eux, est révolu", déclarait François Bayrou alors candidat. Il se trompait car il n’avait pas vu l’avenir. Jamais le pouvoir n’aura géré les affaires du pays en se passant autant de la participation des Français.
"La République refondée sera le lieu d’une authentique séparation des pouvoirs", disait -il encore. Et bien ce ne sera pas le cas. Les pouvoirs sont confondus et au service d’un seul homme à qui tout appartient : "On est à moi ou contre moi" pourrait être sa devise.
"Je suis partisan de réhabiliter le référendum pour donner la base populaire nécessaire à de grands projets. (..) Le référendum place le citoyen en position de responsabilité, de gouvernant." Bayrou souhaitait aussi un Parlement maîtrisant son ordre du jour. Sur ces deux points, la mini réforme de Sarkozy constitue une mini avancée. On pourra se consoler en se disant que c’est mieux que rien. Mais n’empêche quel gâchis ! La fusée Démocratie, avec son 6ème étage bricolé et inopérant ne pourra pas décoller.
Au lendemain de l’adoption par les parlementaires réunis en Congrès de la réforme des institutions, François Bayrou s’exprime à nouveau sur la réforme. Il se confie au site payant Mediapart. Pour lui, le texte est une "réformette" qui porte en elle "des germes de blocage pour la suite". Cette mini réforme "ne répond pas aux trois questions essentielles qui se posent : une loi électorale plus juste, une justice et des médias indépendants". François Bayrou évoque les "germes de blocage pour la suite" qu’elle porte en elle. Pour lui, il faut "un Parlement indépendant mais pas bloquant".
Quant au parti socialiste, son Bureau national avait tranché nettement le 8 juillet, c’est-à-dire à l’unanimité, et voté contre le projet de réforme. "Cette réforme n’aura été faite que par le pouvoir, pour le pouvoir et pour assurer le maintien au pouvoir du pouvoir", a affirmé à l’Assemblée nationale, Arnaud Montebourg, chef de file des députés PS sur la réforme des institutions. "C’est la raison pour laquelle nous vous la laissons (...) Nous vous avons tendu la main et présenté nos revendications. Nous n’avons reçu en échange que des fins de non-recevoir", a-t-il lancé au Premier ministre.
La démocratie est le moins mauvais des systèmes politiques. C’est à chaque citoyen de prendre conscience qu’elle est perfectible et d’apporter sa pierre à l’édifice. Je recommande la lecture du texte particulièrement clair et bien exprimé d’Evelyne Buissière, "Que signifie être démocrate ?", un texte qui s’adresse à tout démocrate et pas seulement aux militants du MoDem. Pour que demain, en 2012 peut-être, un mouvement civique se développe, et pour que la vision d’une république plus démocratique demeure et grandisse dans les esprits des citoyens. La VIème République reste à construire.
12 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON