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Accueil du site > Tribune Libre > La jeunesse, parent pauvre du sarkozysme

La jeunesse, parent pauvre du sarkozysme

Je veux un État où les fonctionnaires seront moins nombreux … “ Déclarait le candidat Nicolas Sarkozy, le 14 janvier 2007, lors du Congrès de l’UMP, celui où par onze fois, il assurait avoir “changé”.
Il aura tenu parole.

Il suffisait, comme annoncé, de ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique.
Et nous voilà "délestés" de 64 600 fonctionnaires depuis 2007 (Près de 100 000 à la fin 2010).
Sauf que, il y a un petit problème. Car la phrase complète était la suivante :

Je veux un État où les fonctionnaires seront moins nombreux mais mieux payés

Or là, le compte n’y est pas. Les salaires dans la fonction publique ont été revalorisés de 0.8% en 2008 (pour une inflation de 3.2% – chiffre INSEE).
0.8% une nouvelle fois et en deux temps (0.5 en juillet et 0.3 en octobre) cette année.
Et il est prévu une augmentation de 0.5% au 1er juillet 2010, idem au 1er juillet 2011.
2,6% en quatre ans ! C’est bien peu quand on promet aux fonctionnaires d’être “mieux payés”.

Ce serait démagogique de ma part que de dire “on a trouvé des milliards pour sauver les banques, l’industrie automobile, et même un bon gros milliard pour nous prémunir d’une pandémie qui ne semble pas vouloir se déclarer”, mais le serais-je si je disais que cette distribution de milliards aurait gagné à être mieux répartie ? Et notamment pour honorer cette promesse : mieux payer nos fonctionnaires ?

Mais il y a un autre (gros) problème. C’est que ce dégraissage du mammouth public touche aussi, et durement, l’Éducation nationale. Pivot d’une société. Et, puisque le chef de l’État s’est toujours présenté comme l’"abhorrateur" du mensonge :

Vous voulez la vérité ! Cela tombe bien : je refuse le mensonge !” [Nicolas Sarkozy - Marseille – 1,2,3 septembre 2006]

Prenons-le au mot (qui n’est pas l’expression préférée de Christian Vanneste …) !
Et rappelons quelle école, il souhaitait “construire” durant son quinquennat.

Je veux construire une école qui donne envie d’apprendre. Je veux construire une école qui renoue avec une conception exigeante de la culture et du savoir. Je veux construire une école capable d’être le creuset d’une culture commune.” [Nicolas Sarkozy - Marseille – 1,2,3 septembre 2006]

Ça fait rêver, non ? Une école comme ça, mais on est tous "pour" ! Même qu’on signerait des deux mains et les yeux fermés ou voudrions y retourner sur le champ !
Mais comment construire une telle école, ambitieuse, “exigeante”, en supprimant chaque année des postes d’enseignants, d’éducateurs, tout en revalorisant de deux virgule petits six pour cent ceusses qui poursuivent leur mission ?
Ils étaient 8700 de moins à la rentrée 2007. Pour celle de 2008, 11 200. 2009, 13 500. Et pour la rentrée prochaine, 16 000 ne seront pas remplacés. Soit 49 200 en quatre ans !
Certes quantité n’est pas gage de qualité. Mais quand une part inquiétante d’élèves arrivant en sixième a de graves lacunes en lecture, en écriture, peut-être ne faut-il pas mégoter sur les moyens humains pour rattraper le coup, gommer cet "handicap" lourd de conséquences pour l’avenir de ces enfants :

Je propose que lorsque les handicaps sont trop lourds on organise des classes de 15 élèves” [Nicolas Sarkozy - Marseille – 1,2,3 septembre 2006]

Comment “organiser des classes de 15 élèves” avec moins de personnel ?
Quelle est cette République qui en choisissant de se soulager pécuniairement, froidement et sans discernement, sacrifie l’avenir de ses enfants ?
Apparemment, ce n’est pas la République promise :

Ma République c’est celle du droit opposable à la scolarisation des enfants handicapés, parce que si l’on pense que d’ici à cinq ans on ne peut pas trouver les moyens de scolariser tous les enfants handicapés, il ne faut pas faire de politique. Ce droit n’est pas seulement un droit pour les enfants handicapés, c’est aussi une chance pour les autres enfants.” [Nicolas Sarkozy – 14 janvier 2007]

Je ne vois pas comment une école qui n’a pas su accueillir des enfants handicapés hier, pourrait le faire demain, avec moins d’enseignants, d’éducateurs. Soit en l’handicapant elle–même.
En admettant que réduire (numériquement) la fonction publique était une priorité, sans doute ne l’était-ce pas dans l’Éducation nationale … Peut-être, aurait-il mieux valu la repenser, la réorganiser, humainement et géographiquement. Mieux répartir les effectifs. Les augmenter là où c’était urgent, nécessaire. Les alléger ailleurs. Avoir le souci de l’efficience, pas de l’économie (ou de la radinerie). Faire d’une quantité, une qualité.

Comment s’étonner, alors, ensuite, que pour la jeunesse, celle sortie de l’école, Nicolas Sarkozy ne propose, aujourd’hui, et (bien) au fond, rien de mieux que le RSA ?
Lui qui, candidat ou fanfaron, promettait à cette jeunesse monts et merveilles. La reconnaissance, les moyens, le maximum :

Je veux être le Président d’une République qui dira aux jeunes : vous voulez être reconnus comme des citoyens à part entière dès que vous devenez majeurs. Vous le serez. Vous aurez les moyens de décider par vous-mêmes quand vous quitterez le domicile de vos parents. Vous aurez les moyens de réaliser vos ambitions, de vivre votre vie comme vous le souhaitez, d’aimer comme vous l’entendez. Vous aurez les moyens de devenir ce que vous voulez devenir (…) Je ne veux pas de la société du minimum parce qu’avec le minimum on ne vit pas. On survit. Je veux une société du maximum. Je préfère une jeunesse à qui l’on donne la possibilité de réaliser ses projets plutôt qu’une jeunesse qui est condamnée à l’assistanat. Je veux être le Président d’une République qui dit à la jeunesse : tu reçois beaucoup, tu dois donner aussi de toi-même." [Nicolas Sarkozy - 14 janvier 2007]

Est-ce avec la perspective, l’offrande d’un RSA qu’on peut devenir un “citoyen à part entière” ?
Est-ce avec un plan-plan de 500 millions d’euros qu’on permet à cette jeunesse de “réaliser ses projets” ? 500 petits millions d’euros alors que la crise n’a pas dit ses derniers maux, est-ce réellement suffisant ?

Serait-ce démagogie, encore une fois, que de dire que tous ces milliards dépensés (banques, industrie automobile, vaccin H1N1, etc.) auraient dû être mieux dispensés ? Que de dire qu’on ne construit pas la France de demain en rognant sur l’école, la jeunesse, l’essentiel ?

Est-ce mentir que de dire, déclarations et promesses à l’appuie, qu’à ce jour (soit à plus que “la moitié de son premier mandat”) Nicolas Sarkozy a déjà trahi, abandonné la jeunesse de ce pays ? Qu’elle est le parent pauvre de sa politique.
 

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15 réactions à cet article    


  • Eleusis Bastiat - Le Parisien Libéral eleusis 5 octobre 2009 14:49

    la ruine de notre pays, c’est Sarkozy ?


  • Eleusis Bastiat - Le Parisien Libéral eleusis 6 octobre 2009 12:49

    Je ne dis pas que Sarkozy soit bon, loin de la d aillleurs. Mais arretons de TOUT attendre des hommes et femmes politqiues, et si le pays est ruiné, posons NOUS aussi des questions.

    Sommes nous responsables  ? Travaillons nous collectivement pour que le pays aille mieux ? Avons nous des demandes d’interet particulier ou d’interet general ? 

    => La dette colossale alimentee par 30 ans de deficits, c’est bien parce que nous voulons collectivement toujours plus de depenses mais pas plus de recettes. 

    => un chômage massif : faisons nous les choix de consommation et de hierarchie des salaires qui favorisent l’emploi ? En d’autres termes, sommes nous prets a payer notre textile plus cher pour qu il soit produit en France ? Pret a acheter des voitures Made in France et non pas de Logan  ? Prets a abandonner le SMIC pour que l’emploi non qualifie devienne supportable pour les TPE ?

    C’est pas Sarko qui va nous tenir la main pour aligner la situation economique sur nos preferences individuelles.


  • morice morice 5 octobre 2009 10:40

    le gag ultime de cette histoire : la nouvelle campagne des jeunes de l’UMP... si la jeunesse doit prendre ça en exemple, autant tout de suite lui proposer le suicide comme seul avenir..


    et quel avenir !!! et quel modèle !!!
    http://www.jeunesump.fr/wp-content/uploads/2009/10/militer_final.jpg

    on est pas à une récup près !

    vanneste est de la fête : en voilà un qui pense aux djeunes (homos surtout !)

    les cons ça ose tout :

    et chez les « jeunespoulairesdunord »... un superbe site internet.. ouarf...

    enfin, avec quelques progrès à faire encore.. remarquez... :


    • Bulgroz 5 octobre 2009 12:12

      Je veux un État où les fonctionnaires seront moins nombreux … « 

      De 1982 (début de l’ère socialiste) à 2002 , les effectifs de la fonction publique d’état (hors collectivités et fonction hospitalière) ont augmenté de 253 896 (+13%).

      Bravo la décentralisation et l’internet.

      Entre 2003 et 2010, ces mêmes effectifs de la fonction publique auront diminué de 90 874 (-4%).

      Entre 1982 et 2002, les effectifs de la fonction territoriale ont augmenté de 448 610 (+42%) (décentralisation dans les mains de socialistes)

      Entre 1982 et 2002, les effectifs de la fonction hospitalière ont augmenté de 172 013 (+24%) (35 heures).

      Au total, +858 664 nouveaux fonctionnaires en 10 ans (+21%) alors que la population Française sur cette même période augmentait de 9,6%

      Bravo à la décentralisation, aux 35 heures et à Internet qui a grandement compliqué la tâche des fonctionnaires.

      Vous proposez quoi exactement ?


      • Philippe Sage Philippe Sage 5 octobre 2009 14:18

        Bulgroz, je propose que vous reteniez l’intégralité de la phrase, donc ne pas omettre des fonctionnaires « mieux payés ».


        • Bulgroz 5 octobre 2009 15:09

          Philippe Sage,

          De 2007 à 2009, le nombre de fonctionnaires a diminué de 53250. Soit un coût évité de 1,87 milliard d’Euros (sur la base d’un coût annuel de fonctionnaire de 35000 Euros).

          Rapporté au nombre de fonctionnaires existant ( 2 396 860), cela fait une économie annuelle pour chaque fonctionnaire existant de 780 Euros , cette économie permet d’augmenter le coût de fonctionnaire de 2,2% et donc nécessairement moins pour le seul salaire en admettant de reverser dans son intégralité l’économie « réalisée ». Je ne pense pas que l’idée de Sarkozy soit cela mais peut être de reverser la moitié (soit 1,1%).

          Par ailleurs, les effectifs de la fonction territoriale augmentent plus encore que les effectifs publics diminuent (plus de 30000 par an).

          et comme une augmentation concerne tous les fonctionnaires, je ne vois pas encore d’économie.

          Vous vous attendiez à quoi en matière d’augmentation de salaire au titre des réductions des effectifs ?


        • Philippe Sage Philippe Sage 5 octobre 2009 15:55

          Je reconnais que l’équation n’est pas simple. Que les chiffres sont impitoyables. Ajouté à cela le déficit de l’État, j’en conviens, c’est d’autant plus compliqué. Mais - et encore une fois, sans verser dans la démagogie - il me semble que j’ai donné la réponse à votre question dans ce « billet ». Quand il s’agit de trouver des milliards pour sauver l’industrie bancaire (en fallait-il autant ?) l’industrie automobile ou pour un vaccin (alors qu’on aurait pu choisir d’investir dans la coopération sanitaire) qui ne doit son existence qu’à une exagération du principe de précaution (et aux préconisations alarmistes de l’OMS) « on » les trouve. Une fonction publique mieux formée, mieux payée, je suis pas contre. C’était une promesse, qu’il la tienne. Voilà. 2,6% d’augmentation en 4 ans, c’est assez ridicule. Surtout quand on s’est présenté comme le héraut du pouvoir d’achat. Quand on a dit, comme Sarkozy, que « le problème en France, c’est que les salaires sont trop bas ». Et aussi, quand on a juré de ne pas mentir, trahir, abandonner comme « ses prédécesseurs ».


        • Cogno2 5 octobre 2009 14:20

          Le mec, on lui parle éducation nationale, il réponds 35h et décentralisation.
          Pour répondre à ta question, je propose que tu réfléchisses avant de venir ici te disperser dans tous les sens, tu auras ainsi l’air moins bête.


          • Eleusis Bastiat - Le Parisien Libéral eleusis 5 octobre 2009 14:48

            pourtant, il ne pose pas une question bete, je trouve le propos de Bulgroz assez intelligent.

            Face a des destinataires du service public moins nombreux (il y a moins de jeunes) et face a un theorique besoin MOINDRE de fonctionnaires , sans parler du desequilibre du budget public, comment voulez vous payer MIEUX vos fonctionnaires si vous ne commencez pas par en virer ?

            Qui plus est, les performances de l’education nationale devrait l inciter a etre modeste.


          • MICHEL GERMAIN jacques Roux 5 octobre 2009 14:30

            Non, non, moi je trouve au contraire qu’il tient bien ses promesses...pas les trucs qu’on dit en état d’ivresse médiatique, non, ce qu’il portait en lui comme promesses intrinsèques. Beaucoup de rédacteurs d’Agora réagissent comme celui qui élève un tigre, parceque c’est mignon tout bébé, et qui sont étonnés en rentrant du boulot quand le truc a bouffé le chien, la concierge, et le facteur . Il a tenu ses promesses, le tigre. intrinsèques.


            • fhefhe fhefhe 5 octobre 2009 17:04

              Depuis le début des années 90 , la jeunesse est sacrifiée.
              Stage non rénuméré , CDD , Mission d’intérim.
              La « Macdonalisation » des emplois pour les jeunes est un fait avéré.

              Une inflation jugulée , une réduction des coûts de la main d’oeuvre ...cela se planifient.
              Qui est sacrifié en plus grand nombre sur l’autel du profit ? les JEUNES.

              Il fut un temps , pas si lointain , oû les enfants devenus adultes , aidés financièrement leur parents , voir les logés même.
              Aujourd’hui c’est l’inverse.

              Il fut un temps pas si lointain , oû l’on se formait à des métiers pérennes.Mais les boulversements technologiques , la « Profitabilité » immédiate ont changé la donne quant à la sécurité de l’emploi.
              Pour ce qui est de la diminution des emplois dans la fonction publique...c’est un leurre.
              Philippe , vérifie le nombre de vacataires dans l’enseignement , entre autre , et le nombre de contractuel(le)s dans TOUS les ministères...

              Nôtre Président octroie un :

              R iquiqui
              S alaire
              A d vitam eternam ...à bon nombres de jeunes qui retrouveront les dizaines de milliers d’adultes , actuels.

              ScarfaceKosy...est un

              R hétorcien
              S anguinaire
              A d libitum... !!!

              Ses paroles , ses discours , sont des bombes à retardement qui tueront les Espoirs de Nôtre jeunesses.


              • Eleusis Bastiat - Le Parisien Libéral eleusis 6 octobre 2009 12:52

                que les jeunes votent, au lieu de s’abstenir, et qu ils votent pour des partis qui defendent leurs interets, plutot que d’etre les alliés objectifs du conservatisme.


              • fhefhe fhefhe 5 octobre 2009 17:06

                Erratum.

                R hétoricien


                • sleeping-zombie 6 octobre 2009 09:29

                  Comme a dit Chantecler, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
                  Comme a dit Coluche « il parait que la crise, ça rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je vois pas en quoi c’est une crise. »

                  Pour en revenir au sujet, je trouve assez ironique que ceux qui passent leur temps à se faire passer pour des chantres du plein emploi (j’irai les chercher avec les dents...), n’ont pas l’air de se rendre compte qu’un fonctionnaire viré (ou non remplacé, se qui revient au même à l’échelle de la société), c’est avant tout un chômeur de plus....


                  • Francis, agnotologue JL 6 octobre 2009 10:18

                    Sleeping-zombie, tout à fait : un fonctionnaire viré (ou non remplacé, ce qui revient au même à l’échelle de la société), c’est avant tout un chômeur de plus.

                    « Il parait que la crise, ça rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une crise. » Coluche nous manque.

                    En quoi c’est une crise ? La réponse est peut-être fournie par cette définition d’Alain Badiou : « Le capitalisme n’est qu’un banditisme, irrationnel dans son essence et dévastateur dans son devenir. Il a toujours fait payer quelques courtes décennies de prospérité sauvagement inégalitaires par des crises où disparaissaient des quantités astronomiques de valeurs, des expéditions punitives sanglantes dans toutes les zones jugées par lui stratégiques ou menaçantes, et des guerres mondiales où il se refaisait une santé.« 
                     
                    Les crises, au mieux, sont des succédanées de guerres. Au pire elles les déclenchent.

                     »Les promesses n’engagent que ceux qui y croient", sauf erreur c’est Pasqua qui a dit ça. Et il s’y connaissait !  smiley

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