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Accueil du site > Tribune Libre > La mode de la protestation

La mode de la protestation

N’affrontez pas un esprit qui croit en ses convictions : vous renforcerez d’autant plus son sentiment de révolutionnaire, tant à la mode et si respecté de nos contemporains. Malgré cela, il semble que la plupart ont oublié que pour être révolutionnaire, il faut une révolution…

Je les ai trop entendus, les nouveaux révolutionnaires. Tant et si bien qu’ils ne le sont même plus.

Je me souviendrai toujours de cette jeune française qui, un jour où nous discutions d’affaires plus sérieuses que d’habitude, m’a demandé pourquoi, nous les belges, acceptions d’être dirigés par un roi que nous n’avons ni choisi ni accepté. C’est une remarque habile, maintenant que le despotisme a <pratiquement> disparu il est compréhensible qu’une habitante d’une république interroge un habitant d’une monarchie.
La question que je lui ai retourné n’était pas innocente : je connais l’avis que les Français ont sur leur chef d’état. “Tu aimes bien Sarkozy ?”. Elle me répondit non en rigolant presque tant la question était absurde. “Alors toi, tu as, en principe, élu quelqu’un que tu n’aimes pas.”

Voilà comment fonctionne la démocratie. Si la moitié du peuple apprécie quelqu’un, ce quelqu’un a tous les pleins pouvoirs. Diantre. Et n’importe qui, ou presque, peut se faire élire président. Fichtre. Donc, un bel oiseau éloquent, bonnes intentions ou non, peut parfaitement réduire à l’esclavage un peuple entier d’électeurs.
Et on appelle ça la démocratie ?

Bien des gens, en Belgique, critiquent le ministère en place. Qui, parmi ces personnes plaignantes, a analysé la situation mondiale par rapport à la nôtre ? En France, il y a minimum une grève tous les jours. Aux états-unis, il est tellement courant de se révolter que c’en est devenu un droit constitutionnel réglementé. En Belgique, les gens se plaignent, ou font grève, en ignorant totalement contre qui se plaindre.

Parce qu’en France, dire “Sarkozy je te vois !”, c’est facile. Aux Etats-Unis, la victime garde la même couleur de peau qu’en 1960, et il n’y a qu’un seul nom qui retombe. Par contre, en Belgique, QUI est responsable des éventuels problèmes ? Le ministre associé au problème. Ou la loi. Mais jamais le pauvre roi qui, en fin de compte, n’est là que pour recevoir les éloges.

Sauf Son respect, Sa Majesté Royale Albert II n’est pas autant plénipotentiaire que Monsieur le Président de la République Française. En réalité, il n’a AUCUN pouvoir. Sa signature n’est que symbolique, c’est-à-dire qu’elle est nécessaire à l’élaboration du projet ou de la proposition de loi, que sans celle-ci la loi n’est pas recevable, mais il n’a pas d’autre choix que de signer, car le peuple –représenté par les deux chambres – l’a décidé. Le roi est bien plus esclave de son peuple que l’inverse.

Tandis qu’en France, un bonhomme d’un mètre soixante-sept prend des mesures parfois radicales, qu’il ne supprimera que si soixante mille personnes défilent dans les rues en criant. C’est à se demander pourquoi les Français ont voté pour lui.

Ceci dit, on ne peut certainement pas lui en vouloir. Comment voulez-vous qu’une seule et unique personne dirige le pays sans se tromper. Heureusement que chez nous, nos ministres sont –humhum- des spécialistes dans leur domaine.

Voilà où je voulais en venir. La VRAIE révolution, ce n’est pas marcher dans les rues pour se plaindre que telle décision est nulle. Parce que ça revient à dire que le refus de 60 000 personnes équivaut à la mesure d’une seule personne. Et si les ministres ont leur mot à dire, c’est un peu “cause toujours” ou même “celui qui décide, ici, c’est moi !”

La VRAIE révolution, c’est se demander pourquoi le ministre de l’agriculture n’est ni paysan, ni agriculteur, ni même concerné par le sujet, mais est diplomate de profession. La vraie révolution veut que ce ne soit plus un gars qui décide.

Alors, de toi à moi, qui vit le plus dans une démocratie ?

PS : D’après KANT, la morale doit être désintéressée. Je suis d’accord avec lui. Objectivement, vous êtes heureux par rapport à ceux qui, au moment où vous lisez, se font torturer, abattre, pour la présomption ou l’opinion. Et ce n’est que ce qu’il y a de plus doux. N’oubliez pas, dans tout ça : viol collectif à l’encontre de l’épouse ou des enfants d’une personne dans le but d’obtenir des informations ou des aveux, femmes battues par un “mari” aimant, dont les liens du mariage constituent une prison, parents et enfants vivant dans une misère atroce dans leur quotidien.

C’est contre ça que vous devriez vous révolter.


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20 réactions à cet article    


  • Daniel Roux Daniel Roux 9 novembre 2009 11:07

    Un billet d’humeur belge qui mérite quelques réponses.

    Un roi potiche est un luxe à notre époque que tout le monde ne peut plus se permettre mais qui ne regarde qu’eux.

    Nous nous en sommes victimes d’un curieux phénomène : Nos présidents sont pratiquement tous et rapidement atteints pas une maladie mégalomaniaque, « la souverainite » qui les conduit à se goberger et à dépenser tant qu’ils peuvent, à vivre dans le luxe et le gaspillage, à vouloir toujours plus gros, des avions, des voitures, des budgets, des gouvernements, des honneurs, à mépriser le parlement etc.. La science ne s’est pas encore saisi de ce cas. En attendant de trouver un remède, il faudrait désinfecté l’Elysée mais c’est trop bien gardé.

    En France, pour faire changer une mauvaise loi contre les salariés, il faut au moins un million de manifestants (dénombrés par les Renseignements généraux) répartis dans les principales villes. Pour une décision concernant les agriculteurs, environ deux milles à condition qu’ils se livrent à des dégradations de bâtiments publics, et les pêcheurs encore moins nombreux, peuvent obtenir quelques aménagement en bloquant deux ou trois petits ports avec une centaines de bateaux.

    La taille de Sarkozy n’est pas en soi un argument politique. Ce n’est que parce que cela l’agace que des taquins ont plaisir à souligner ce détail. Mitterand était aussi petit et personne n’en parlait. Son élection n’est due qu’aux flots de démagogie et de mensonges, joint à une campagne de dénigrement hallucinante à l’encontre de son adversaire, le tout relayés et amplifiés par des médias complices et monopolistiques. Le vrai problème français, est que les 10% qui font la différence y ait cru.

    Sarkozy est un despote dans la mesure où il accapare illégalement tous les pouvoirs sans en assumer la responsabilité juridique. Il refuse le contrôle du parlement sur ses dépenses alors qu’il use de l’argent publique, et sur ses actes alors qu’il a revendiqué gouverné à la place du gouvernement. On peut être un despote, sans tuer, ni torturer et à l’inverse, être un démocrate et ordonner ou être responsable d’horreurs (guerres coloniales par exemples).

    Qu’il y ait des tyrans criminels ailleurs ne doit pas neutraliser l’action politique chez nous, ni chez vous d’ailleurs, sinon nous en serions encore à mourir dans des guerres stupides pour satisfaire l’ego de nos souverains. Aujourd’hui, nos soldats vont mourir pour des grandes causes pétrolières, loin de chez nous.

    Pour finir, les horribles faits divers qui ensanglantent malheureusement tous les pays, n’entrent pas dans le champ de l’engagement politique autrement que pour souligner l’éventuelle concordance entre la montée concomitante de la misère et de la délinquance.

    Lire la suite ▼

    • Xime Xime 9 novembre 2009 17:15

      Absolument,
      il est clair que si je me suis étalé pour pour dé-dramatiser tout ce qui est dit. Par contre, ce que je maintiendrai, c’est que j’ai constaté une forte tendance à l’accusation :
      Par exemple, pour le fait divers d’une infirmière ayant commis une erreur d’injection (injectant un produit qui s’est avéré toxique pour le patient, conduisant à sa mort) nombre de commentaires accusaient Sarkozy d’en être responsable d’une façon ou d’une autre.
      Ce qui est absurde.

      Cependant, si je vous laissait je choix entre un président fainéant et un président atteint de votre « souverainite »... vous choisiriez lequel ? Celui qui « profite » de sa paye pour se tourner les pouces ou celui qui essaye d’être présent sur tous les fronts ?


    • Bardamu 9 novembre 2009 11:17

      J’aime les propos francs, clairs et précis, et non le discours pour le discours, la digression, tous ces menus plaisirs intellectuels qui ne mènent nulle part, hors la satisfaction narcissique de qui les émet !

      Clamer que de manifester est une bêtise, franchement je n’en vois guère l’intérêt !


      • Xime Xime 9 novembre 2009 17:17

        Alors je m’interroge sur l’intérêt de votre commentaire.
        Et manifester est une bêtise quand elle est faite pour trop peu de choses : trop de manifestations tue la manifestation ; ce qui mène à sa banalisation. Je n’ai pas dit que c’était bête, la preuve j’appelle à la manifestation pour des causes vraies et justes.


      • Bardamu 9 novembre 2009 19:52

        En Sarkozie, nous n’avons que d’excellentes raisons de manifester !
        Et les Belges, s’ils étaient conscients que les principaux responsables du désastre à venir se trouvent concentrer à Bruxelles -y prenant des décisions à l’encontre d’une Europe soumise-, devraient bien imiter leurs voisins Français.

        Mais je crois savoir que le Belge n’est pas un rebelle dans l’âme : l’influence du Flamand, sans doute !... par nature, plus marchand que contestataire.
        Dès lors, si la moitié d’une Belgique veut rejoindre la France, il faudra vous y mettre, les enfants.


      • Xime Xime 9 novembre 2009 20:57

        J’imagine que les commentaires à tendance quasiment raciste doit être ignoré. J’ai quand même signalé un abus. Il s’agit ici de critiquer un système, et non un état, et encore moins un peuple.


      • Bardamu 9 novembre 2009 11:18

        Si, peut-être de l’humour belge, alors !


        • Massaliote 9 novembre 2009 13:35

          De très sérieux spécialistes ont calculé que la famille royale anglaise, malgré une « liste civile » onéreuse, revenait moins cher au budget de l’état pour les prestations fournies : représentations à l’étranger, cérémonies officielles diverses, etc.. que des fonctionnaires nommés à ces fins. Je ne pense pas qu’un roi et sa famille réussiraient à dépenser autant que notre Pharaon.


          • Xime Xime 9 novembre 2009 17:20

            Aurais-tu le lien vers cette étude, ou une référence ?
            Je ne mets pas tes propos en doute, au contraire, je les trouve intéressants.

            Votre « pharaon » n’est jamais que l’unique fonctionnaire dont il est question ici, et ce qu’il coûte, à côté du budget d’un état grand comme la France, est vraiment négligeable.


          • Massaliote 10 novembre 2009 09:27

            Désolée, je l’ai lu dans plusieurs journaux, il y a quelques années de ça mais je n’ai pas de références précises ou de liens à te donner. Mais pour notre Pharaon, la construction d’une douche qui n’a jamais servi pour 245 000 euros, la fête (400 000 euros) donnée par notre consulat à New York pour son discours d’un quart d’heure devant les Nations Unies, l’impressionnant déploiement des forces de l’ordre pour le moindre de ses déplacements, et j’en passe... Pour un pays dont le déficit budgétaire à pratiquement triplé et en temps de crise, alors qu’on clame la nécessité pour l’Etat de faire de sérieuses économies, c’est d’une indécence absolue, quand une bonne partie de la population a du mal à subsister.


          • Xime Xime 10 novembre 2009 17:45

            En effet, ces dépenses sont clairement exagérées. D’autant plus qu’elles ne profitent pas aux citoyens, pourtant sont fournis par ceux-ci.


          • genjakano genjakano 9 novembre 2009 14:04

            J’apprécie la remarque en ce qui concerne l’incompétence des ministres dans le domaine dont ils sont chargés.
            On nous parle d’élite, mais je trouve que les dirigeants n’ont rien d’une véritable élite.
            Car qu’est ce qu’une élite ? on voudrait nous faire assimiler le mot ’élite’ à celui de ’privilégié’, ’grand de ce monde’, hors l’élite ce serait plutôt pour désigner une sommité dans un domaine de compétence, ceux qui ont un savoir faire d’exception dans un domaine.
            Et comme vous le faites remarquer, le ministre de l’agriculture n’a rien de l’agriculteur ni de son savoir faire, et est encore moins expert en agriculture.
            C’est la même chose dans tous les ministère.
            Tout ceci témoigne de la mascarade organisée en terme de pouvoir et c’est, je trouve, désolant.
            Mais à quoi bon protester, quand on sait qu’ils « entendent mais ne tiennent pas compte »


            • Xime Xime 9 novembre 2009 17:23

              J’ajouterai que ces gens sont des diplomates, par conséquent, manifester n’engendrera qu’une négociation et non une écoute directe du peuple, ce qui revient à dire que le pouvoir du peuple égale celui des ministres.
              C’est pas tellement la démocratie (=pouvoir au peuple)


            • Francis, agnotologue JL 9 novembre 2009 14:44

              « N’affrontez pas un esprit qui croit en ses convictions » (un donneur de leçons)

               smiley


              • Xime Xime 9 novembre 2009 17:27

                termes repris de Montaigne, il est évident que je ne me permettrai pas de donner des leçons.
                Mais compte tenu de vos réactions, il est clair qu’il avait raison, dès qu’un ministre vous contredit c’est la polémique, terme employé très souvent en France... recensez, en regardant votre journal télévisé, en un mois combien de fois le mot polémique retombe.


              • Xime Xime 9 novembre 2009 17:36

                Ceci dit, nous sommes d’accord, le fonctionnement de nos pays est bien étrange. Surtout pour quelque chose qui prétend accorder les pleins pouvoir au peuple.

                Mais bon, ce que je critique ici, c’est qu’à force de manifester, la valeur de cette manifestation a vraiment chuté. En 1920, une manifestation faisait grand bruit. Maintenant, comme je l’ai dit, c’est courant, régulier, journalier. Du coup, quand il y a vraiment lieu de changer quelque chose, quand il est certain que l’idée d’une démocratie populaire est bafouée, nous n’avons plus d’armes pacifiques, celles-ci sont épuisées par des causes inutiles.


              • citoyen 9 novembre 2009 15:58

                Mais cela fait un certain temps déja que la démocratie en france n’est plus qu’un mot .
                Un pays où le gouvernement s’assoit sur les résultats d’un référendum serait une démocratie ??? Laissez moi rire ! Nous sommes actuellement au temps du principat : une apparence de démocratie est maintenue , mais ce n’est qu’une façade de carton pâte . De manière plus générale , l’UE n’est absolument pas une démocratie et sa nature même étoufferait les éventuels vélléités démocratiques qui pourraient se manifester au sein d’un quelconque « état-membre » ( quel vilain mot) .


                • ddacoudre ddacoudre 9 novembre 2009 20:12

                  bonjour xime

                  j’ai bien aimé ton article, je l’ai trouvé amusant bien que même sous cet angle il soulève des problème sérieux que Condorcet avait déjà d’écrit, en disant que de la démocratie il pouvait en ressortir des effets contraires aux maux qu’elle est sensé solutionner. s’il n’y a pas de système idéal, l’autodétermination des peuples, même s’il s’agit d’un principe culturel, est la meilleure réponse sous réserve que des principes éthiques les guident, ce qui est un autre problème, pour justement que les convictions ne soient pas un mur cérébral infranchissable.

                  cordialement.


                  • sisyphe sisyphe 10 novembre 2009 06:47

                    C’est une blague belge, cet article ?

                    Auteur à entarter !


                    • Xime Xime 10 novembre 2009 17:21

                      Commentaire à se garder pour soi.
                      Il est d’autant plus idiot qu’il est insensé : nous partageons les mêmes points de vues.

                      Je constate avec tristesse que ceux qui sont en désaccord trouvent que mon origine a plus d’importance que l’article.
                      Vous êtes absolument pitoyables.

                      Quand, pour argumenter, on n’utilise que la voie de l’insulte ou du mépris, on ne fait qu’afficher la bassesse de son esprit. (pour ne pas dire sa connerie).

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