La mondialisation ne survivra pas à la pandémie de coronavirus
Après le coronavirus le monde ne sera plus le même, et ce n'est pas de l'alarmisme. Ce n'est pas tant la pandémie que la réaction de l'humanité à cette dernière qui montre que le monde très mondialisé ne sera plus le même après sa sortie de cette crise. Quels changements attendent les relations internationales et quelles tendances prendront de l'ampleur ?
La principale nouveauté du coronavirus est que le monde entier suit sa propagation en temps réel. Quand en 2003 sévissait la pneumonie atypique, et en 2009 – la grippe aviaire, l'humanité n'était pas encore aussi unifiée : la couverture de l'internet n'était pas pratiquement globale, et la vie en ligne n'était pas une règle pour une grande partie des Terriens.
Alors qu'aujourd'hui, l'épidémie en soi et la réaction à celle-ci sont suivies par l'humanité tout entière et provoquent la panique parmi la population, ce qui affecte à son tour le comportement de tous les autres et les actions des autorités. Les mesures de restriction et de quarantaine aggravent l'effondrement de l'économie mondiale, qui a déjà commencé mais n'est pas encore devenu irréversible. Les pays ferment leurs frontières aux autres, alors que la mondialisation est maudite par certains, et jugée comme l'unique panacée contre l'épidémie par d'autres. Quoi qu'il en soit la crise sera tôt ou tard résorbée. Imaginons que d'ici l'été l'épidémie s'achèvera, et les pays tireront les conclusions des leçons apprises dans la lutte contre le coronavirus.
Il est clair dès à présent que la mondialisation, dont la crise est pointée depuis longtemps non seulement pas ses opposants, mais également par une partie des partisans, ne parvient pas à gérer les menaces réelles pour l'humanité et ne fait que les aggraver. Et il ne s'agit pas seulement de la vitesse de propagation du coronavirus à travers le monde par les passagers des avions, mais également de l'absence d'un plan planétaire pour combattre le virus. Or le principal avantage de la mondialisation, selon ses adeptes, est précisément qu'elle permet d'unir les forces de toute l'humanité dans le combat contre les risques et les défis – la famine, les maladies, les guerres.
Nous n'assistons à rien de tout cela ces derniers mois. Même l'auteur de la mondialisation, l'Occident atlantiste, n'a pas seulement éclaté (les Etats-Unis se sont fermés à l'Europe), mais a également remis en question sa propre intégration : l'UE a disparu en cédant la place aux actions des gouvernements nationaux.
Il est évident que du point de vue des adeptes de la mondialisation ce n'est pas arrivé parce qu'elle est mauvaise ou faible, mais parce qu'elle est insuffisante et pas encore au point. Mais la plupart des habitants de l'Occident ne tireront qu'une seule conclusion : seul un Etat-nation peut faire quelque chose pour protéger ses citoyens contre le malheur, toutes les structures supranationales sont une fiction et des profiteurs.
Par conséquent, le nombre de partisans d'un Etat-nation augmentera à l'issue de la pandémie.
La hausse de la popularité des nationalistes à travers l'Europe est parfaitement prévisible. Etant donné qu'ils marquaient déjà des points ces dernières années sur fond de crise de réfugiés, la critique de l'intégration européenne et l'érosion de l'identité nationale, la hausse actuelle des sympathies pourrait accélérer leur arrivée au pouvoir. Et là où c'est encore impossible, comme en Allemagne – approfondir la crise des partis au pouvoir.
Le virus affectera également la répartition mondiale des forces. Dans l'ensemble, après avoir montré la faiblesse de la cohésion dans le cadre de l'UE, l'Europe perdra du poids mondial, tandis que la Chine accroîtra son influence. Les positions des nationalistes antimondialistes de Donald Trump se renforceront aux Etats-Unis, ce qui garantira au président sortant une réélection plus sûre en novembre.
La fermeture des frontières, tout comme l'arrêt de nombreuses usines diversifiées en Chine, devenue "usine mondiale", persuadera toutes les puissances mondiales de la nécessité de revoir le seuil de la sécurité au profit de son renforcement. A la moindre occasion elles chercheront à déménager la production des produits vitaux en situation de crise (et il ne s'agit pas seulement de médicaments) dans leur propre pays. Cela ne tuera pas la répartition mondiale du travail, mais rendra l'allure de la mondialisation bien moins sûre.
Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1463
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