La mort de Rafsandjani, un pilier important du régime en Iran
Ali Akbar Hachémi Rafsandjani, un des fondateurs du régime islamiste en Iran, est mort dimanche d'un malaise cardiaque à l’âge de 82 ans. Il était souvent qualifié de "pilier de la Révolution islamique" et joua un rôle déterminant dans les bouleversements du régime depuis la révolution de 1979.

Il participa d’abord, en tant que bras droit de Khomeiny, le premier guide suprême des mollahs, dans l’éliminations des partis politiques démocratiques issus de la révolution de Février et l’instauration d’un pouvoir autoritaire au nom de l’islam.
Signe de son influence dans le régime théocratique, il occupa les postes de président du Parlement de 1980 à 1989, commandant en chef de l’armée en 1988, président de la République de 1989 à 1997, président de l’Assemblée des experts (chargée d’élire et de révoquer le Guide suprême) de 2007 à 2011 et enfin, président du Conseil de discernement (chargé d’arbitrer les conflits entre institutions) de 1989 jusqu’à sa mort.
Les Iraniens surnommaient Rafsandjani de « kouseh », ce qui signifie en persan « le requin », une allusion à son insatiable appétit de richesses, « kouseh » signifie aussi imberbe, ce qu’il l’était aussi. Ce fils de paysan de la région désertique de Kerman s’était particulièrement enrichit après la révolution. Il possédait Mahan Air, la deuxième compagnie d’aviation du pays, des chaînes d’assemblage de voitures coréennes, des universités privées, etc., ce qui faisait de lui la deuxième fortune du pays après le Guide suprême. Il contrôlait également le monopôle commerce lucratif de la pistache.
Artisan de la répression des opposants
Les militants des droits de l’homme dressent une liste longue des exactions de cet « artisan de la répression des opposants » sous le régime intégriste. Notamment son implication dans « la solution finale » décidée par les autorités iraniennes au lendemain de la guerre Iran-Irak, pour l’élimination des prisonniers politiques qui purgeaient leurs peines dans les prisons iraniennes. Au cours d’un effroyable crime de masse, décrit par Amnesty Internationale de « massacre des prisons en Iran » en 1988, quelques 30 000 prisonniers d’opinion ont été pendu en moins de trois mois.
Un des crimes les plus abominables de Rafsandjani a été sa responsabilité dans la campagne d’assassinat d’intellectuels à la fin des années 1990. Un journaliste à l’époque proche du régime, Akbar Ganji, s'est retrouvé embastillé au début des années 2000 pour l'avoir, entre autre, décrit comme « l’éminence grise des assassinats en série ». Plusieurs écrivains, journalistes et figures de l’opposition démocratiques ont été lâchement assassinés par des commandos des services secrets iraniens chez eux ou dans la rue. Dont Dariouche Forouhar, dirigeant du Parti de la nation iranienne (libéral), et son épouse, égorgés à leur domicile. Alors qu’il était Président, Rafsandjani a également ordonné l’assassinat des leaders kurdes Abdul Rahman Ghassemlou, à Vienne en 1989, puis Sadegh Sharafkandi, à Berlin en 1992.
Entre 1984 et 1994, Téhéran a exécuté plus de 250 de ses opposants politiques dans 21 pays. À Paris, Chapour Bakthiar, l'ancien premier ministre du Shah, a été atrocement égorgé. A Genève, le pilote Moradi Talebi a été criblé de balle sous les yeux de sa femme enceinte. A Genève, Kazem Radjavi, frère aîné du dirigeant de la Résistance iranienne Massoud Radjavi, a été mitraillé par un commando des services secrets iraniens avec l’aval du gouvernement Rafsandjani.
Alors que les justices françaises, allemandes, argentines et suisses mettaient à jour la machinerie du terrorisme d'Etat iranien et ses bases en Europe, la justice argentine accusait l’Iran d’être le commanditaire de l’attentat contre un centre juif à Buenos Aires en 1994. Les plus hautes autorités du régime, dont Rafsandjani et le guide suprême Ali Khamenei, ont été mis en examen par la Cour de justice argentine pour avoir commandité le terrible attentat qui a fait 84 morts et des dizaines de blessés.
Documents joints à cet article

7 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON