La nouvelle extrême-droite française
Quand nous parlons de l’extrême-droite française, nous pensons tous au Rassemblement National qui s’appelait, il y a peu de temps, le Front National. Ce parti est devenu une force politique importante, inquiétante et respectable par la volonté de François Mitterrand. Je renvoie ceux qui n’en seraient pas persuadés aux pages 107, 108 et 109 de mon livre « De François Mitterrand à Jean-Luc Mélenchon ». Je vais revenir en arrière et non seulement au temps où, avant 1981, le FN n’était qu’un groupuscule mais aussi, avant sa création en 1972. L’extrême-droite, à cette époque portait deux noms : le GUD (acronyme de « Groupe Union Défense ») créé en 1968 et « Ordre Nouveau » créé en décembre 1969. Un regard sur l’évolution de l’extrême-droite française depuis ces années permet de mieux comprendre où elle en est aujourd’hui. Nous allons en particulier nous intéresser au parcours d’André Chanclu qui a traversé ces 53 années de l’histoire de l’extrême-droite. Il était déjà militant à l’époque où dans le GUD et le mouvement « Ordre Nouveau » chaque militant avait un casque et une barre de fer, comme les antifas d’aujourd’hui. Il est toujours aux avants postes de l’extrême-droite mais le style a changé. Maintenant il supervise des productions sur internet. Il organise des voyages en Ukraine ou en Russie. Il tisse des liens à l’international. Il cherche des financements. Mais, surtout, sa technique de recrutement a changé. Il ne s’agit plus d’aller chercher systématiquement la baston contre les militants de gauche et d’extrême-gauche mais plutôt de bien les écouter, de les caresser dans le sens du poil, d’aller chercher chez eux la fibre nationaliste, l’attachement à des valeurs traditionnelles… Il recrute maintenant des militants qui sont passés par le Parti Communiste, la France Insoumise ou qui se sont réclamés du trotskisme. Pour qui sait faire du prosélytisme, il ne faut rejeter personne apriori.
André Chanclu est co-auteur avec Jacques Mayadoux du livre « Ordre Nouveau raconté par ses militants ». Il explique notamment que ce sont eux qui ont décidé de créer le FN en 1972 pour donner aux fascistes français une apparence institutionnellement acceptable. Dans une vidéo disponible sur Youtube, il est interviewé par un journaliste d’Egalité et Réconciliation. Il commence par expliquer en quoi consiste le changement fondamental de stratégie de l’extrême-droite (De 1mn14s à 1mn48s) :
« Il faut être, toujours pareil, au plus proche. Parce que le principe du militantisme politique c’est d’être au plus proche des gens. Si on veut faire du prosélytisme, ce qui est le but de tout militantisme politique, c’est de se rapprocher des gens qu’on veut capter dans son rayon politique. Donc, c’est de s’y approcher, c’est d’essayer de leur changer leur manière de voir la vie en général, c’est de leur ouvrir les yeux sur ce qui est le scandale et les escroqueries du système actuel. C’est faire ce travail de fond ».
Il félicite ensuite les militants d’Egalité et Réconciliation (De 1mn48 à 2mn09) de savoir faire ce travail :
« Ce travail de fond que vous faites d’ailleurs, que vous faites très bien au travers de vos vidéos, etc. C’est une chose qui est très bien. Mais bon voilà ! Moi, je pense que ce que vous faites c’est bien pour faire un travail de fond, de militants politiques. C’est bien, donc avec une autre vision, une autre stratégie que celle qu’on avait vécue à l’époque d’Ordre Nouveau. C’est clair. »
Tout son discours vise d’ailleurs à montrer que, pour une orientation politique qui est exactement la même qu’à ses débuts en politique, il faut agir tel que le fait Egalité et Réconciliation avec des méthodes différentes de celles qui étaient nécessaires à l’époque d’Ordre Nouveau. Il en vient logiquement à évoquer un autre militant d’extrême-droite (Entre 9mn50 et 10mn06) il dit :
« J’ai notamment un de mes amis, qui s’appelle Alain Benajam, que vous connaissez peut-être, qui est un des fondateurs du Réseau Voltaire, qui est un ancien cadre du Parti Communiste, qui est un militant politique exemplaire avec lequel on milite régulièrement. »
André Chanclu et Alain Benajam sont en effet des amis très liés puisqu’ils ont créé et animent ensemble le « Collectif France-Russie » et le « Comité France-Donbass représentant français de Novorossia ». Svetlana Kissileva (Kysilyova), présidente de Novopole, André Chanclu et Alain Benajam, secrétaires et adjoints sont, rien de moins que les représentants officiels des « Etats indépendants de la Novorossia en France ». Ce sont les ambassadeurs d’un état qui n’est pas reconnu par la France. On les voit tous les trois dans la vidéo intitulée « Débats avec le comité France-Donbass ».
Dans cette vidéo, ils diffusent d’une seule voix leur nauséabonde idéologie ultra-nationaliste qui permet de fusionner, comme le dit Benajam, le drapeau rouge des travailleurs avec la croix de Saint-André de la Russie laquelle représente les valeurs traditionnelles. Nous retrouvons ici les notions chères à Alain Soral : « gauche du travail et droite des valeurs ». Ils illustrent ensemble à la perfection comment il est facile de tomber dans le nationalisme pur et dur en passant par le rouge-brun. Benajam explique consciencieusement qu’en venant de l’extrême-gauche il se reconnait parfaitement dans les discours des ultra-nationalistes et qu’il ne faut donc pas s’embarrasser de préjugés pour hésiter à plonger franchement dans l’idéologie des camarades Chanclu et Soral. Il dit (De 4mn40s à 5mn08s)
« Quand ils sont venus me voir en tant que Président du réseau Voltaire France, j’ai trouvé que leur combat, que leur volonté était, il faut le dire, admirable, je le pense comme ça, et qu’ils ont pris énormément de risques pour aller jusqu’à la Novorossia puisqu’ils ont été refoulés, certains ont été refoulés par le FSD russe. Ils ont dû… »
Pour Chanclu, il est normal que la mutation de l’extrême-gauche à l’extrême-droite ne se fasse pas du jour au lendemain. Le cas de Benajam est illustratif à ce sujet. En 2017, il avait voté pour Asselineau au premier tour et pour Le Pen au deuxième. En 2022, il votera pour Le Pen dès le premier tour. Dans la vidéo, on voit d’ailleurs Benajam critiquer l’idéologie d’extrême-droite et même parfois néo-nazie des partis au pouvoir en Ukraine en soulignant à ce sujet les contradictions de l’Union-Européenne. Chanclu l’écoute placidement, à peine inquiet d’entendre son ami critiquer le nazisme, il ajoute une indispensable précision antisémite et antiaméricaine : les bataillons néo-nazis sont financés par des juifs et finalement l’origine du mal n’est pas le nazisme mais bien le judaïsme. (De 16mn38s à 17mn18s) il dit :
« Je rajouterai que le paradoxe va très loin puisqu’en fait quand on s’aperçoit que le financier du bataillon Azov (Voix couverte par l’assistance) Igor Kolomoïsky est président du parlement juif européen. C’est donc avec des fonds de l’Union Européenne que ces gens-là financent des bataillons néo-nazis. Donc on est donc en train de tourner dans une spirale infernale. On finance des gens comme on finance le djihadisme. C’est pareil. C’est le même combat. Je crois qu’aujourd’hui les Etats-Unis ont décidé de financer les forces les plus sombres du monde à leur profit. Voilà ! C’est clair. Ce n’est pas la peine de tergiverser. Ce sont des faits »
Chanclu passe allégrement d’une critique d’un juif ukainien à une généralisation sur les Etats-Unis. « C’est clair » dit-il ! Heu… pas tellement ! Il est également loin d’être évident que le parlement juif européen dispose des finances de l’Union Européenne. Peu importe ! Pour Chanclu, l’essentiel est de trouver un tour de passe-passe pour accuser les juifs et les américains. Sous la conduite et la protection de son maître, Benajam est finalement le parfait militant de la nouvelle extrême-droite. Il est évident que l’opération est pilotée par André Chanclu mais que celui-ci se met volontairement en retrait en poussant son poulain sur le devant de la scène. Il le guide et l’observe en se tenant prêt à intervenir si besoin, comme il vient de le faire, pour redresser la situation.
Chanclu nous livre à l’occasion l’essence de l’idéologie de cette nouvelle extrême-droite : Le monde est dirigé par une petite élite de l’empire américain qui constitue « l’état profond ». Les juifs y sont prépondérants. Ils ont une vision raciste du reste de l'humanité, une idéologie messianique avec une propension phénoménale à la violence et une obsession pour l'argent et son pouvoir de corruption. Ils sont avant tout animés par la cupidité et sont prêts, pour arriver à leurs fins notamment pour s’accaparer l’essentiel du marché du pétrole et du gaz, à financer les forces les plus sombres du monde à leur profit notamment les djihadistes. C’est cette idéologie qui a guidé toute l’action de cette nouvelle extrême-droite tout au long du conflit syrien.
On voit qu’il y a une filiation directe de l’extrême-droite représentée il y a cinquante ans par Ordre Nouveau et le GUD avec, de nos jours, « Egalité et Réconciliation » et le « Réseau Voltaire ». Faut-il aussi montrer que le deuxième personnage qui a présidé à la création du « Réseau Voltaire » est lui aussi un militant d’extrême-droite ? Je parle bien évidemment de Thierry Meyssan qui était le collègue d’Alain Benajam. Puisque j’en suis à donner des preuves en vidéo de toutes les accointances, je mets au dossier une vidéo du 29 février 2016 ou Alain Benajam est en direct sur MétaTV mais il est aussi en vidéo-conférence avec son ami Thierry Meyssan qui se trouve physiquement à Damas. Cette vidéo est enregistrée à un moment embarrassant pour les comparses puisque la Russie et les Etats-Unis viennent de se mettre d’accord pour se débarrasser de Daech et donc, chacun à leur manière, pour aider Bachar el-Assad. Cela ne cadre pas très bien avec le discours du Réseau Voltaire qui affirme depuis un bon moment qu’il n’y a pas de révolution en Syrie mais un complot ourdi par les USA. Voici en effet les propos de Thierry Meyssan rapportés par la Wikipédia :
« Si ces observateurs [les observateurs de la Ligue arabe] font leur travail normalement, ils vont constater ce que le gouvernement syrien dit depuis longtemps et ce que toutes les personnes neutres qui se sont rendues sur place ont pu constater, qu'il y a un système de déstabilisation du pays avec des bandes armées qui viennent de l’extérieur, une guerre non conventionnelle qui est déjà effective, menée par des puissances occidentales dans ce pays, et qu'il n'y a pas du tout de soulèvement de masse et de répression. »
Thierry Meyssan se lance donc dans d’invraisemblables explications sur des forces opposées internes à l’Amérique (de 3mn55s à 5mn51s).
« C’est un retournement de situation pour vous parce que vous êtes abreuvés par ce que raconte la presse en occident et que donc vous ignorez la réalité de ce qui se passe ici. Mais ceux de vos auditeurs qui lisent ce que j’ai écrit… Moi, ça fait trois ans que je parle des contacts entre la Maison Blanche et le Kremlin pour arriver à un accord. Il y a eu un premier accord en juin 2012. C’était la première conférence de Genève. Cet accord a uniquement été saboté par des groupes aux Etats-Unis, mais pas par la Maison Blanche, et après, pendant trois ans, il y a eu toutes sortes de va-et-vient jusqu’à ce qu’on en arrive à l’accord de Munich que j’avais d’ailleurs annoncé avant que vous me contactiez. Cet accord, en fait ce qu’il a de fondamental c’est que la Maison Blanche a décidé de retirer le dossier des mains des néoconservateurs et des faucons libéraux qui pendant les dernières années ont organisé la guerre ici. Ce qui rend difficile les choses à comprendre depuis la France c’est d’abord que les Etats-Unis ce n’est plus du tout un état, une nation, c’est un pouvoir divisé avec des gens qui se battent entre eux avant de se battre contre les autres et que, d’autre part, progressivement le Président Obama avait évacué des postes importants de son administration ses adversaires et ils s’étaient regroupés au sein des Nations Unies. Donc ça c’est important à comprendre c’est que la guerre en Syrie était organisée depuis les Nations-Unies à New-York et non pas du tout, comme on le prétend, depuis la Maison Blanche à Washington »
On a là deux ingrédients de la rhétorique de Thierry Meyssan. Le premier consiste à expliquer que si ses comparses ne comprennent rien à rien c’est pour la seule raison que « vous êtes abreuvés par ce que raconte la presse en Occident et que donc vous ignorez la réalité ». Le deuxième argument clef de sa rhétorique arrive avec sa conclusion : tout s’explique par des complots internes aux USA. C’est sur un ton très docte qu’il va nous envoyer toutes les inventions de son esprit fécond conformes à sa rhétorique habituelle. Ce que les pauvres imbéciles n’avaient pas compris c’est que la guerre était organisée depuis les Nations-Unis, à New York, par les néoconservateurs et les faucons libéraux qu’Obama avait viré de son administration et maintenant elle va être organisée par la Maison Blanche qui se met donc d’accord avec Poutine pour venir au secours de Bachar el-Assad. Il est décidément le spécialiste des complots internes aux USA… Le pauvre Alain Benajam l’écoute avec une mine abattue et ne semble pas recevoir une révélation qui effacerait d’un seul coup les incohérences de son ami.
Le titre de la vidéo pourrait être « l’extrême-droite embourbée dans ses propres excréments » puisque, face à un fait nouveau, elle n’arrive pas à se dépatouiller de ses discours antérieurs. Quoi qu’il en soit, pour ceux qui doutent qu’il s’agit bien avec André Chanclu, Alain Benajam et Thierry Meyssan du même courant politique (l’extrême-droite), je vous ai présenté une vidéo où on voit ensemble Chanclu et Benajam et une autre vidéo où on voit ensemble Benajam et Meyssan (Ce dernier est en vidéoconférence depuis Damas).
Passons maintenant à Frédéric Chatillon, il est né en 1968 quand Chanclu était déjà en pleine activité politique mais il a en commun avec lui de ne pas se mettre sur le devant de la scène tout en étant un acteur majeur de la politique de la nouvelle extrême-droite. Il se tient le plus possible dans l’ombre tout en assurant la promotion de ses poulains. Il était dès 1991 le président du GUD (Groupe Union Défense) dont nous avons déjà parlé. Rappelons que c’était l’organisation étudiante française d’extrême droite la plus connue dans les années 1970. Elle a donné naissance au mouvement Ordre Nouveau en 1969 lequel a créé le Front National en 1972. Elle était réputée pour ses actions violentes bien avant que Chatillon n’y adhère.
Frédéric Chatillon est par ailleurs un proche de la famille Le Pen. Il a rencontré Marine Le Pen quand ils étaient étudiants à la faculté d’Assas. A cette époque, le GUD pratiquait encore les actions musclées. Les troupes de Chatillon s’appelaient les « Waffen Assas ». Il a épousé en premières noces une amie d’enfance de Marine Le Pen et, tout naturellement, Jean-Marie Le Pen est le parrain de l’une de ses filles. Il crée l’agence de communication Riwal qui travaille activement pour le Front National et les campagnes de Marine Le Pen en France, mais elle est aussi prestataire du gouvernement d’Assad. En 1994, il est en Syrie aux côtés de Moustapha Tlass le sanguinaire ministre de la défense. Il souhaite que le militaire partage son expérience et lui apporte son aide en tant que président du GUD. La Syrie finance alors l’édition d’ouvrages révisionnistes et plusieurs campagnes d’affichage du groupuscule d’extrême-droite. L’agence de communication de Chatillon a créé le site du ministère du Tourisme syrien. En décembre 2009, elle réalise une campagne pour le ministère syrien du tourisme, en faisant tourner un car dans Paris pendant deux semaines, avec le slogan « Syrie, une nouvelle aire ». Selon le journal « Le Monde », Chatillon est un fervent supporter du Hezbollah et il a, de longue date, des amitiés solides et haut placées à Damas. Durant la guerre de l’été 2006, il organise un voyage au Liban, via la Syrie, avec Dieudonné, Alain Soral et Thierry Meyssan. Il y rencontre le président Emile Lahoud (voir notre photo). Il fait un autre voyage de presse en août 2011, aux côtés de Thierry Meyssan.
En juin 2011, trois mois après le début des manifestations contre Assad à Paris, Chatillon lance le site InfoSyrie qui jouera un rôle clé pendant tout le conflit pour bloquer l’émergence d’une solidarité active depuis la France en faveur de la population syrienne qui subit la répression de Bachar el-Assad. Il devient un agent français des services de propagande d’el-Assad. Il ne se contente pas de reprendre telle qu’elle est la propagande syrienne ou celle de Poutine. Il l’adapte. Il sait jouer sur la méfiance de la population à l’égard des médias de masse. Ceux-ci-sont en effet dans les mains de quelques milliardaires et ils mènent une propagande pour le gouvernement de Macron et pour l’Union Européenne. Il profite de ce rejet des informations officielles par une grande masse de la population pour nier tous les faits qui accablent le régime de Damas. Il installe ainsi un récit falsificateur qui prétend « rétablir la vérité ». Cette inversion des réalités vise à réécrire le conflit syrien en faisant d’el-Assad une victime, voire même un sauveur, mais jamais un coupable et surtout pas un dictateur. Pour cela, il reprend toutes les grosses ficelles dont nous avons déjà parlé. Les français sont abreuvés par la propagande occidentale qui masque la réalité. En fait ce sont des terroristes à la solde de la petite élite de l’empire américain qui se sont attaqués à la Syrie. Les grosses fortunes juives y sont prépondérantes. Ce sont elles qui financent la rébellion contre le régime d’Assad qui doit vaillamment défendre son peuple contre les forces les plus sombres du monde. Ces grosses fortunes sont avant tout animées par la cupidité et sont prêtes, à tout pour s’accaparer l’essentiel du marché du pétrole et du gaz. Elles organisent des coups fourrés ourdis en coulisses dans des officines étrangères : ce sont ainsi des agents étrangers infiltrés qui ont tiré sur les enfants à Deraa. Les manifestants été rémunérés par les puissances étrangères aux bottes des grosses fortunes juives... Il n’y a pas eu de révolution. Comme dit Thierry Meyssan : « il n’y a pas du tout de soulèvement de masse et de répression ». Ce genre d’explication, qui relève du roman d’espionnage, est somme toute assez classique. Cela revient souvent et toujours de la part de ceux qui soutiennent un régime contre un peuple qui le conteste. Ce fut tout le discours des russes blancs puis des nazis à propos du complot judéo-bolchévique pour expliquer la révolution russe. Rien de fondamental n’est changé dans les rangs de l’extrême-droite et du fascisme.
Le site infoSyrie est la porte d’entrée la plus évidente entre une certaine extrême-droite et Bachar al-Assad. La proximité de Chatillon avec le Rassemblement National ne doit pas masquer le fait que c’est surtout une droite négationniste et antisémite qui constitue le gros de ses troupes.
Nous voyons ainsi comment la nouvelle extrême-droite s’est mise en place à côté de l’extrême-droite officielle de la famille Le Pen. Ses instruments de propagande les plus importants sont les sites Egalité et Réconciliation, Réseau Voltaire et InfoSyrie. Les principaux protagonistes sont ceux qui sont sur nos trois photos. André Chanclu, Frédéric Chatillon, Alain Soral, Alain Benajam, Thierry Meyssan et Dieudonné. Pour que le tableau soit complet, il me reste à dire quelques mots à propos de Soral et Dieudonné.
Soral est un militant du Rassemblement National qui critique tous les autres partis lesquels ont tous pour lui l’inconvénient majeur de prendre des voix aux RN. La nouvelle extrême-droite appuie entièrement l’extrême-droite officielle représentée par la famille Le Pen mais, elle n’est pas tenue directement par le respect des règles institutionnelles et l’électoralisme ce qui l’autorise souvent à prendre des libertés que Marine Le Pen ne peut pas cautionner. Le regard critique de Soral sur le RN tient à cela et aussi à sa mégalomanie. Il est déçu de ne pas y trôner comme un cadre supérieur reconnu par tous et en premier lieu par la famille Le Pen. Il est en effet le théoricien de cette nouvelle extrême-droite. Il a écrit plus de dix livres traduits dans plusieurs langues. Il est parfois reconnu comme tel à l’étranger notamment par le site web pro-Poutine « The Saker ». Quant à Dieudonné, j’ai écrit sur lui il y a quelques années un article intitulé « Le bouffon qui a ridiculisé un gouvernement ». Je n’ai rien à y changer si ce n’est que j’ai perdu tout espoir qu’il revienne sur sa dérive d’antisémite. J’ai expliqué en détail comment le sionisme et les sionistes l’ont poussé vers l’antisémitisme. Cela n’excuse rien mais cela illustre comment le sionisme engendre l’antisémitisme aussi assurément que le nazisme avait amené la xénophobie antiallemande. Les révolutionnaires ne seront jamais ni racistes ni xénophobes. Ils combattent prioritairement les causes des dérives : le nazisme hier et le sionisme aujourd’hui. Jean-Marie Le Pen parle de Dieudonné en l’appelant affectueusement « Dieudo » et il a accepté d’être le parrain de sa fille. Il déclare à son sujet :
« Son humour va parfois loin, il n’a aucun tabou, ne ménage personne. Mais cela ne me gêne pas. Il dépasse les bornes ? Je m’en fous. Quelles bornes ? Ce n’est pas mon affaire. C’est un chansonnier, un humoriste, pas un professeur de maintien ou de morale. »
Nous savons que Dieudonné n’est pas seulement un humoriste. Sur les photos que je publie ici, il ne fait pas de spectacle. Il se complait dans cette nouvelle extrême-droite où se retrouvent Chanclu, Chatillon et Soral. Ceux-ci sont fiers de l’exhiber parmi leurs nouvelles recrues avec Thierry Meyssan et Alain Benajam. Mais Dieudonné est en plus tellement homophobe qu’il est capable de traiter comme des sous-hommes Thierry Meyssan ou Florian Philippot qui partagent pourtant l’essentiel de ses idées mais pas son orientation sexuelle.
Le tableau est maintenant complet. Cette nouvelle extrême-droite est une force politique importante. Nombre de ceux qui la suivent ou qui sont influencés par elle non souvent pas conscience d’être d’extrême-droite. A l’instar de ce que fut pendant un temps Alain Benajam, ils peuvent être imprégnés de cette idéologie d’extrême-droite tout en s’affichant encore comme militants du Parti Communiste, de l’UPR, de la France Insoumise, de Lutte Ouvrière… La nouvelle stratégie de recrutement et de propagande de cette extrême-droite est aussi efficace que pernicieuse. Il faut connaître cette force politique pour la combattre. J’ai essayé ici d’apporter pour cela ma contribution.
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