La peur du peuple qui ronge Nicolas Sarkozy
Ce lundi matin, c'est Mélenchon qui s'y colle, en déclarant que c'est plié pour Sarkozy. Mais c'est un autre fait que je retiendrai. Celui d'un escamotage vite fait de la part du président candidat, lors de sa séance de bain de foule lors de son dernier meeting. Celui... de sa montre, dont des petits malins ont retrouvé le modèle et la valeur. Un cadeau de sa femme, qui se déclarait il n'y a pas si longtemps faire partie des gens "simples" et "modestes". Un seul geste, et le propos présidentiel est ruiné : Sarkozy ne fait aucune confiance à son propre peuple, on ne voit pas pourquoi cela devrait donc être réciproque. Mélenchon le dit, mais c'est Sarkozy qui le fait : il se sera plié tout seul, par des faits, par des gestes, qui démontrent qu'il aura désacralisé l'image présidentielle pendant cinq années, pour en faire celle d'un VRP vendeur de montres, habitué des palaces, des yachts de luxe et des jets privés. Son costume neuf d'employé des pompes funèbres ou de témoin de Jéhovah, nouvelle image d'une toute récente sobriété n'y fera rien. Pliée, la campagne du Jean-Claude Romand de la politique, celle de l'homme qui mentait à perpète (*), est belle et bien pliée.
En meeting ce week-end, le président qui ne fait pas confiance à son peuple a eu en effet un geste furtif qu'une caméra adroite a réussi à saisir ; celui de retiter subrepticement sa montre et de la fourguer vite fait dans sa poche gauche de veste avant d'aller serrer des paluches. Moment irréel, celui du réflexe d'un VRP besogneux tenant davantage à l'apparence de sa réussite sociale selon Seguéla qu'à une vraie et sincère communion avec son peuple. Cet admirateur de G.W.Bush a dû visionner tellement de films de campagne de son idole qu'il a dû se souvenir de cet épisode croquignolet où le président américain avait subi les mêmes déboires. On a pensé en effet qu'il s'était fait réellement piquer la sienne de montre lors d'un bain de foule en Albanie. L’« International Herald Tribune » parlera à propos de l'événement sobrement de "perte". Pour certains, dont la RTBF c'était un garde du corps qui lui aurait enlevé "au vol" si l'on peut dire... ce qui reste aujourd'hui encore à prouver.
Car l'objet qu'a mis subrepticement au frais Nicolas Sarkozy n'est pas rien non plus, nous dit le Nouvel Observateur, qui s'est amusé à retrouver le modèle, "un cadeau de Carla Bruni : une Patek "en or blanc, modèle 5140 G de l'horloger suisse - l'un des plus prestigieux -, lui a été offerte par son épouse Carla Bruni en janvier 2008. Son prix ? 65.000 francs suisses, soit environ 55.000 euros" indique le site, qui le prouve par un agrandissement d'image et une référence catalogue retrouvée (visible dans le lien fourni). Le président se promène avec 39 smics au bras gauche, comme ordre de comparaison, ou traîne au bout du bras un SUV Audi Q5. Vite remisé au garage, le SUV, par peur qu'on ne ne le griffe à coup de clé ou à coup de bougie d'allumage à l'électrode dépliée... la peur du peuple, cela s'appelle. Et quand on l'a, c'est qu'on a effectivement perdu... tout espoir de se sentir proche de ce peuple dont on se méfie. L'homme qui a renversé Kadhafi qui vivait terré dans un bunker, comme toute sa famille, présente les mêmes réflexes de pensée que le dictateur libyen. La peur de son propre peuple le taraude, ce dont on s'était aperçu depuis longtemps à compter le nombre de CRS (équipés de tout....ce qu'il faut CONTRE le peuple) accompagnant chacun de ses déplacements dans le pays.
Le geste fugace est d'autant plus risible que dans le même meeting le président sortant (et déjà sorti selon Mélenchon) n'avait rien trouvé de mieux que d'ahaner le discours écrit par Gaino, le scribe qui se prend pour un pharaon, en déclamant un superbe "n'ayez pas peur" emprunté à... Jean-Paul II. Le pouvoir, par la voix de Guaino ayant régulièrement puisé dans les propos du Pape. Au moment même où l'on découvrait caché dans les serveurs de Free toute la corresponance d'un autre Jean-Claude Romand : le caméléon Xavier de Ligonnes, qui s'est fait la malle, depuis, très certainement, et qui déclarait à propos de la religion des choses assez étonnantes : « Les cathos qui ne sont au courant de rien, ou qui ne veulent pas l’être, ne savent plus quels sont les maîtres mots de leur religion : ils ne retiennent que les mots « amour », « joie », « partage » et « charité ». Cela ne correspond pas à la réalité de leur religion, mais à son aspect « humanitaire ». Les vrais mots clés sont : « malédiction » (l’espèce humaine a été maudite suite au pêché d’Adam et Eve), « pénitence », « sacrifice » (non pas au sens « effort » mais « expiation »), « jugement » (dernier), « purgatoire », « punition » (infernale). » (Décembre 2006.). A faire revenir à l'esprit la rencontre du Pape avec Sarkozy, autre grand moment grotesque de ce mandat hors du commun pour un président français.
Grotesque rencontre, par la composition même de la délégation accompagnant cette toute première, où Nicolas Sarkozy utilisera sans vergogne son portable en pleine réunion : on y trouvait en effet, outre Henri Guaino, l’ancien ministre de la Justice Dominique Perben, le sénateur et maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, l’historien Max Gallo, les journalistes conseillers de l’Elysée Catherine Pégard et Patrick Buisson, mais aussi le père Guy Gilbert, surnommé le "curé des loubards", venu sans son perfecto, et "l’humoriste" Jean-Marie Bigard. Si à l'époque avait été notée la présence de ce dernier, présenté par certains comme "pétomane", ce qu'il n'est pas loin d'être, beaucoup avaient oublié celle de Patrick Buisson, celui qui est responsable de cette campagne d'une bassesse inouïe dans laquelle l'équipe de Sarkozy entraîne tout la France. Un Patrick Buisson appelé récemment et pompeusement "son éminence"
dans un des articles parmi les plus flagorneurs jamais écrits depuis longtemps dans la presse. Un des conseillers inspirateurs de la campagne actuelle, sinon le principal pour beaucoup d'observateurs. C'était dans le Figaro bien sûr, et c'était signé Vincent Tremolet de Villers. Le même qui avait écrit que l'amalgame entre prêtrise et pédophilie" avait été "médiatiquement imposé", "au risque de faire subir aux ecclésiastiques du monde entier une irrésistible loi du soupçon" (en gros qu'ils n'en n'étaient pas responsables !).
"A Rome, ce 21 janvier 2012, le jour se lève à peine. Un nuage d'encens flotte dans la nécropole des Papes. Devant la tombe de l'apôtre Pierre, un prélat français prêche sur le martyre de Louis XVI. Une silhouette sombre, le crâne poli comme un procurateur, le visage impassible, écoute. La politique, l'histoire, la tradition se rejoignent : son éminence Patrick Buisson est dans la place. Tout à l'heure, sur ordre du pape Benoît XVI, il sera décoré de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand. Dans les marbres tourbillonnants de la salle Ducale, au coeur du palais apostolique, la cérémonie se déroulera dans la plus stricte intimité. Cinq ans plus tôt, dans la salle des fêtes de l'Élysée, la République n'avait pas montré la même discrétion. Ce 24 septembre, tout Paris s'était réuni pour applaudir à tout rompre l'homme que Nicolas Sarkozy allait élever au rang de chevalier de la Légion d'honneur, « celui à qui je dois plus qu'à tout autre ». Buisson montrait le même visage impassible. Il jubilait pourtant devant ce ballet de ministres, d'éditorialistes, de journalistes qui, pour lui dire deux mots d'admiration, jouaient du coude et de la Weston. Conseiller de l'ombre en 2007, figure centrale du quinquennat qui s'achève, l'homme apparaît toujours en clair obscur". Le sommet de cette apologie hors normes étant je pense le "jouer de la Weston" : preuve que chez ces gens là, ce n'est pas la valeur intrinséque de l'individu qui compte, mais bien le prix qu'il a mis dans ses godasses (de 150 à 3000 euros dit-on). La Lagerfled théorie, qui juge selon l'aspect et non la valeur même.
Et le nombre de breloques improbables, tel celle de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, dont est affublé aussi depuis 1996 Jean-Claude Gaudin, qu'ils se coltinent sur la poitrine, comme des amulettes protectrices dignes des peuplades les plus reculées de la planète. Ma préférée, parmi les décorées de cet ordre, s'appelant la Princesse Gloria von Thurn und Taxis, qui orne le début de ce chapitre et qui, contrairement à ce qu'on peut penser au départ, n'est pas à la tête d'une entreprise de voitures jaunes, mais une givrée notoire (ici munie d'un fusil), rappeuse à ces heures, du bottin mondain bavarois. Des indiens d'Amazonie, mais portant Patek et Weston !
Ils affichent en fait un mépris sans nom pour les petites gens : je vous expliquerai bientôt les étranges protections françaises dont a bénéficié un proche de Kadhafi dont la femme avait exploité pendant des années des domestiques. Hier, on apprenait que c'était un ministre du gouvernement de Sarkozy qui faisait de même : Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur, embarqué semble-t-il dans une sombre histoire d'emploi de sans-papier mauricienne comme employée de maison. Les dénégations actuelles de Lellouche et ses menaces d'attaquer en diffamation cachent difficilement une fébrilité évidente qui lui ont fait signer une embauche à la personne concernée le lendemain même de la diffusion d'un reportage télé dénonçant les faits. Weston, Patek et mentalité d'exploiteur rhodésien... cela fait un tout, à tout bien regarder.
C'est dire tout le niveau de la fine équipe qui aura dirigé la France pendant cinq longues années, et dont la défaite annoncée, déjà pliée, ne pourra être que salutaire au pays.
(*) extrait de mon texte du 16 mai 2008 : "Et qu’on ne nous dise pas que cette fois nous n’avons pas été prévenus. Personne n’avait vu voir venir Romand. Nous, heureusement on a François Léotard, qui nous a averti que "tout cela allait mal finir." Sa conduite actuelle ressemble en effet à un véritable suicide politique, chaque jour annonçant soit un couac de sa majorité, soit une bourde d’un des ministres, soit un sondage encore pire que les précédents. Il a déjà tué en quelques mois la fonction présidentielle en en faisant seulement une sorte de saltimbanque ou de VRP à avions, en armements ou en centrale nucléaire. La cavalerie, il l’a faite avec les promesses de pouvoir d’achat, renouvelées encore et encore alors que l’économie ou la vitalité des entreprises ne s’y prêtent pas, et les cadeaux aux plus riches pour déshabiller les plus pauvres. Comme Romand, qui venait régulièrement dans sa famille pour ponctionner les fonds dont ils avait besoin, il vient voir un jour des pêcheurs pour leur dire qu’il pensera à eux pour qu’ils puissent quand même pêcher en janvier pour ne pas s’en rappeler en mars. Bref, notre président ressemble comme deux gouttes d’eau au héros du film L’Adversaire : le matin on croit qu’il part au travail, et en fait il emprunte un Falcon pour passer tout le week-end auprès de sa nouvelle compagne. On l’imagine partant avec des dossiers sous le bras, en fait, il part avec sa montre et ses habits neufs. Il promet de s’occuper de tous les Français, mais en réalité laisse d’autres se charger du sort des ouvriers de Mittal, trop occupéà sélectionner le meilleur titre du prochain album de Madame. La seule différence, en fait, pour l’instant c’est que Roman avait une maîtresse, à qui il venait raconter tous ses malheurs, ce mythomane complet. Qui s’en est pris pour perpète, lui."
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