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Accueil du site > Tribune Libre > La population : richesse ou handicap ? La réponse à une polémique

La population : richesse ou handicap ? La réponse à une polémique

Combien sommes-nous au Maroc ? 30 millions d’habitants ? plus ? 40 ? moins ? Les résultats du RGPH 2014 (Recensement Général de la Population et de l’Habitat) doivent bientôt le préciser. En attendant, nous essayerons de répondre au long débat sur la population au Maroc : est-ce une ressource ou un fardeau ? La population élevée, est-elle avantageuse pour le développement économique ? ou au contraire, le développement économique doit passer par la « maîtrise » de la croissance démographique. Comment se fait-il que la plupart des grands pays industrialisés détiennent un nombre de population élevé, tandis qu’on recommande aux Pays en Voie de Développement (PVD) de maîtriser leur croissance démographique ! et l’exemple de la Chine alors ?

 

Contrastes théoriques et réelles

On a longtemps vanté le modèle Malthusien de la population[1] ; les institutions internationales intervenant dans le domaine économique et social (notamment le FMI et des institutions appartenant à l’ONU), recommandent aux PVD des politiques réductionnistes de population, soupçonné d’être « coupable » du sous-développement. Ce modèle (suffisamment vieux pour être revu) n’est pas aujourd’hui incontestable. La remontée des théories du capital humain, qui voient dans la population une « richesse » à exploiter et soulignent le rôle des individus dans le développement économique, a contribué à remettre en question le fameux modèle. En outre, la réalité de la répartition mondiale des habitants permet de constater que la relation population n’est pas toujours coupable, bon nombre de Pays Développés sont peuplés : la Chine 1300 M d’habitants ; USA, 316 M ; Allemagne, 80 M ; France, 68 M ; Corée de Sud, 50 M ; Espagne 46 M, etc. en revanche, des pays moins peuplés restent toutefois sous-développés ou en voie de développement : Djibouti, 860 000 ; Mauritanie, 3.5 M ; République du Congo, 4.3 M ; République Centrafricaine et Sierra Leone 5.2 M ; Érythrée 6.2 M ; etc.

 

La population : des « bras à travailler » ou des « bouches à nourrir » ?

La source de la polémique revient au point de vue dont on considère la population. Deux visions s’affrontent : la première considère la population comme une source de création de valeur (donc de richesse des nations), un avantage concurrentiel sous forme de main d’œuvre et un marché de consommation ; la population est -selon cette vision- un appui à l’économie nationale. La deuxième vision considère la population comme un fardeau, des bouches à nourrir, des corps à soigner, des actifs qui réclameront leur embauche, etc.

Nous estimons que le débat sur la population et son rôle dans le développement économique ne doit pas porter sur le nombre de la population mais plutôt sur le caractère de celle-ci et notamment les indicateurs de développement humain.

 

C’est une question d’éducation

Le développement économique dépend plutôt du capital humain, il s’agit de « l’ensemble des compétences, qualifications et autres capacités possédées par les individus à des fins productives »[2]. La théorie du capital humain commence avec l'hypothèse que les pays décident d’engager dans le présent des dépenses qu’ils ne peuvent rentabiliser que dans le futur, dans un raisonnement similaire à l’Investissement. Les pays dépensent sur l’éducation de leurs citoyens[3], formation, soins médicaux, et sur d’autres aspects qui pourront améliorer leurs capacités et aptitudes. Ces investissements ont un coût, principalement les dépenses engagées et le temps consacré à ces investissements. La rentabilité de ces dépenses serait des gains culturels, physiques et autres, non-monétaires, qui sera associée ensuite à un retour sur investissement plus ou moins important qui, en effet, amélioreront les revenus et les situations économique des pays.

Dans ce sens, une population éduquée -aussi nombreuse qu’elle soit- permet de doter le pays d’un capital humain susceptible d’attirer des Investissements Directs Etrangers, de faciliter l’insertion dans l’économie du savoir et de l’immatériel, de répondre aux besoins des entreprises en termes de richesse de main d’ouvre et constitue une base de jeunes promoteurs.

 

Le tableau suivant compare deux pays proches du Maroc en termes de population, mais avec des disparités en termes de développement humain.

 

 

Canada

Maroc

Afghanistan

Population

35 M

32 M

30 M

Classement dans l’Indice de Développement Humain

8ème

129ème

169ème

Classement dans l’indice de compétitivité globale

15

72

-

Durée moyenne de scolarisation

12,3

4,4

3,2

Taux de scolarisation enseignement supérieur

102

69

52

Dépenses en éducation (% PIB)

5,5

5,4

-

 

 

Source : Rapport sur le développement humain 2014 (PNUD) et Rapport de la compétitivité globale 2014-2015(World Economic Forum)



[1] Thomas MALTHUS (1766-1834) a publié en 1820 sa célèbre théorie selon laquelle la population croîtra selon une progression géométrique, tandis que les moyens de subsistance augmenteront selon une progression arithmétique ; la population est donc source de famines, de guerres et de misères. L’amélioration des conditions économique est désormais liée à des politiques visant à « freiner » la croissance démographique.

[2] Encyclopédie des ressources humaines, (Le Capital Humain : Véronique Simonnet).

[3] L’éducation est un élément essentiel du capital humain, « elle est au capital humain ce que l’investissement est au capital physique ».


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4 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 17 septembre 2014 10:31

    c’est par rapport à la surface cultivable. et au nombre d’enfants par couple.

    en chine c’est un enfant.


    • foufouille foufouille 17 septembre 2014 10:32

      « Docteur en sciences de gestion de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. Professeur à la Faculté Polydisciplinaire de Larache (Maroc) Chercheur associé au Centre de Recherche et d’Etudes en Gestion / Université de Pau et des Pays de l’Adour »

      le CV !!!!


      • marauder 17 septembre 2014 19:04

        En afrique justement, il a existé des campagnes de distribution de terres agricoles pour des populations (désolé pour la précision, je ne sais ni le pays, ni quand, ni la mesure de ces actions). Superbe idée, sauf que le contexte socio-culturel a fait que les terres mises a dispo sont devenues tres vite insuffisantes pour nourrir les familles qui s’étaient créées et largement étendues...
        Je suis assez pour le partage des terres cultivables, 1 hectare agricole pour 1 famille ou groupe de 2 a 10 personnes, sauf que ces 10 personnes auront des enfants, et je ne suis pas sur que les 10 personnes de départ auront bien 10 enfants (qui vivrons tous, quand meme !) et mourrons en meme temps, pile au bon moment, lorsque leurs enfants seront aptes et a la fois utilisateurs des ressources.

        Ensuite, on ne doit pas contraindre la baisse de la natalité car dans quelle cadre pourrait-elle etre appliquée si ce n’est par une dictature, une guerre, une épidémie ? (oups, ca existe déja ...)
        Si on réfléchit dans une optique capitaliste, on entasse tout le monde dans les banlieues pour bosser dans les usines pas cher, on se fout de la santé, on laisse les pauvres procréer la chaire a travailler. D’autres pauvres viendront combler la demande de main d’oeuvre dans les campagnes possédés par de riches propriétaires et hop ....
        Si le tres pauvre se reproduit trop vite, un petit ebola et terminé.

        J’exagère presque.


        • Omar TIJANI Omar TIJANI 21 septembre 2014 00:23

          marauder, j’ai noté tes remarques, beaucoup de bonnes idées (dont je ne suis pas forcèment d’accord)...merci pour ta participation.

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