LA REUNION : La bombe était armée, ils ont enlevé la goupille !
Le 17 novembre 2018 restera comme le jour de la fin d’un monde à l’île de la Réunion, mais pas celui qu’on croit !
Commençons par bien situer le problème. La Réunion est une île située à près de 9 300 km de Paris dans le Sud-ouest de l’Océan Indien. Elle compte plus de 840 000 habitants et est une île multiethnique connue pour la qualité de son vivre-ensemble, c’est-à-dire non seulement une tolérance mais une vrai fraternité non feinte. Il n’est pas rare ici d’avoir des mariages mixtes et cela ne pose aucun problème. Au sein du même quartier à Saint-Denis on trouve une mosquée, la cathédrale et un temple hindouiste.
Toutefois, cette île connait de grandes difficultés économiques et ceci depuis le début de sa colonisation au XVIIème siècle. Éloignée de tous les grands centres économiques mondiaux, d’une superficie réduite, l’île n’a jamais pu se développer réellement. La culture de la canne à sucre imposée à l’époque coloniale n’a pas permis un réel développement surtout depuis la mise en concurrence avec les grands producteurs mondiaux que sont par exemple le Brésil, l’Inde et la Chine. Cette culture ne survit que grace aux aides européennes.
Or depuis 1946 et la départementalisation, l’île est entrée dans un développement non pas endogène mais bien exogène : l’apport financier constant de la métropole d’une multitude d’aide au développement. Dans le même temps, l’incitation à l’installation en métropole de nombreux jeunes entre 1946 et 1981 par l’intermédiaire d’une structure spécialisée avait fait baisser la pression démographique sur l’île. L’affaire dite des enfants de la Creuse (déplacement prétendument forcé d’enfants abandonnés vers ce département dépeuplé au cours des années 1970) en montre aussi les limites en particulier en ce qui concerne les droits de l'homme.
Avec l’arrivée au pouvoir des socialistes en 1981 renforce la perfusion financière. Les lois de décentralisation et les premières vagues de subventions qu’ils font voter permet dans un premier temps la mise en place des infrastructures encore inexistantes. Mais, c’est surtout la mise en place du Revenu Minimum d’Insertion (RMI) en 1988 qui bouleverse totalement la structure sociale de la société réunionnaise. Désormais, même ceux qui n’ont pas d’emploi dispose d’un revenu, le lien logique et même psychologique entre l’emploi et le revenu est rompu. Cette situation est la même en métropole. Sauf qu’à la Réunion l’emploi qualifié est encore rare, et dans la représentation sociétale réunionnaise même la rémunération d’un emploi n’est pas liée à la qualification mais bien à l’héritage : on est riche car on est héritier, et en aucun cas, on n’est riche grâce à son travail personnel. Cette idée est renforcée par le militantisme forcené du Parti Communiste Réunionnais.
En 1991, les manifestations du Chaudron, seulement trois ans après l’instauration du RMI, marque le début de l’utilisation de la violence dans les contestations sociales à la Réunion. Parties de la saisine des émetteurs de la télévision pirate « Freedom » (liberté en anglais), les revendications portent rapidement sur l’emploi et la formation des jeunes qui se sentent exclu du système.
Depuis le calme reste précaire dans une île qui compte environ 140 000 chômeurs soit un taux de chômage de 23 %. L’utilisation permanente d’emplois aidés par les élus locaux et l’attribution d’aides sociales forment le terreau d’un assistanat permanent offert pour obtenir la paix sociale. Le discours des élus locaux de tous les partis politiques locaux l’affirmant sans aucune hésitation.
À titre d’exemple, la Région Réunion offre à une part importante de cette population des aides au voyage vers la métropole au titre de la continuité territoriale permettant à personnes à faibles revenus de réaliser le voyage pour une somme modique d’environ 150 euros l’aller-retour alors même qu’un billet d’avion de ce type coute au moins 1 000 euros en basse saison. Le coût total de cette aide devrait atteindre pour la seule année 2018 la somme de 40 millions d’euros. Cette même collectivité paye chaque année à tous les jeunes entrant au lycée un ordinateur portable pour soi-disant réduire la fracture numérique, c’est le « Plan Ordinateur Portable » ou POP. Mais cet outil n’est absolument pas exploitable en terme pédagogique au sein des lycées puisqu’il n’est équipé que de logiciels libres.
Or, depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à la présidence de la République ce système est remis en cause par la forte diminution des aides de l’État pour le paiement des contrats aidés. Les maires et présidents de collectivités locales se trouvent donc démunis et dans l’incapacité à faire perdurer un système de clientélisme dont ils tirent eux-mêmes profit depuis plus de trois décennies. D’ailleurs, la plupart d’entre eux étaient déjà élus en 1988 et ils se sont assurés d’avoir installé les membres de leurs familles au sein des pouvoirs locaux. Clientélisme et népotisme sont donc menacés par la réduction à venir des multiples aides de l’État.
Le 17 novembre a donc été pour la plupart d’entre eux le meilleur moyen d’allumer un feu qui pourrait consumer l’île entière sans même que les « gilets jaunes » ne se rendent compte qu’ils sont totalement manipulés !
Yab-les-hauts
SITOGRAPHIE : https://www.regionreunion.com/aides-services/Continuite-Territoriale
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