La Rhétorique du Complot
Il suffit d'une simple question de vocabulaire, un point de courbure discret, noyer les nuances et la précision des faits dans le discours et le cliché, puis en route vers le grand détournement. Un trouble patient et insidieux, un hold-up mental continuel. Un inquiétant déni de réalité sans cesse porté en triomphe par la communauté médiatique labellisée. Des lignes blanches tracées sur les auto-routes de la guerre cognitive. Un garde fou idéologique qui s'active dès qu'il ricoche, et qui devient alors un droit de censure tacite, un gage de déni à toute épreuve.
La formule de « théorie du complot », en elle même, s'apparente globalement assez bien à un slogan de “Com” prédigéré. Un aphorisme bon marché mais facétieux. Apparemment, il désigne une puissante impasse conceptuelle. Bien utile de trouver là le vocabulaire pour décrire quelque chose de non-existant ! Si ce n'est en terme d'hallucination collective, bien sûr.
En fait cette notion a d'abord été démocratisée aux États-Unis, et elle est directement traduite de l'Anglais « Conspiracy Theory ». Elle envahit soudainement la presse US en 1967, quelques années après l'assassinat de JFK. Vraisemblablement pour recadrer un peu cette folie populaire montante et inédite, à l'instar de l'officialisation de l'enquête du procureur Jim Garrison, et qui consiste à croire que le gouvernement leur a menti sur un sujet aussi grave que l'assassinat du Président. Non mais franchement ! Près de 50 ans plus tard, cette même formule est miraculeusement devenue, comme on le sait, cet apport dialectique si “lumineux” qu'il est aujourd'hui érigé en pilier de choix de l'action du gouvernement Français ! Par le premier ministre notamment, ainsi que par la ministre de l'éducation nationale. Plus qu'un vibrant hommage au "génie culturel" Américain, c'est un « Combat ». A moins qu'il ne s'agisse là en fait tout simplement d'une vieille ficelle de propagande d’État.
C'est comme la théorie de l'eau qui mouille : la théorie du pouvoir qui s'exerce !
En tous cas cette caricature simpliste, cette multiplication par « zéro », à sa seule énonciation, permet de nos jours d'estampiller, de mettre en boite, de discréditer et d'ignorer l'analyse critique et documentée sur des sujets aussi graves et sérieux que la création monétaire par exemple, la politique extérieure Française ou la Santé, l'indépendance de la presse ou encore la corruption et le trafic d'influences dans les domaines judiciaires, économiques et politiques : un comble !
Car dans le cadre du paradigme homologué, il est apparemment consentit par principe que les puissances de l'argent et leurs décideurs, en plus d'être fiables aux points de vues Justice et Fairplay, seraient de toutes façons dans l'incapacité matérielle et intellectuelle de « conspirer » contre l'intérêt général dans des proportions significatives. De mentir ou de nuire impunément et secrètement aux innocentes populations du monde libre ! N'auraient elles même en fait aucun mobile tangible de le faire ! Ainsi, nul besoin d'étudier la réalité des faits ! Ça se saurait !
« La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l’autodétermination nationale pratiquée dans les siècles passés. »
David Rockefeller, 1991.
Un complot international anti-démocratique ?
D'abord, ne pas céder au simplisme « clinique » qui consiste à suspecter comme responsables ceux à qui profite, fusse-t-il outrageusement, le crime ! Non mais quelle idée !?
Ces brochettes de milliardaires super-influents, sponsors de nos hommes politiques, administrateurs de banques d'affaires, d'empires industriels et autres multinationales dévouées sont bien sûr, en dépit des ambitions déclarées de leurs principaux représentants, dans l'incapacité pratique d'influencer arbitrairement sur les lois, l'économie et les médias. Non mais franchement, l'argent n'achète pas tout !
Ajoutons qu'une telle perspective ne prendrait apparemment pas en compte la réalité méta-physique des aléas de la notion de Secret dans une société humaine. Réalité méta-physique qui limitée à la seule parole des acteurs cooptés du microcosme médiatique et politique perd certes énormément de son caractère universel. Mais bon.
« Lorsqu’un gouvernement est dépendant des banquiers pour l’argent, ce sont ces derniers, et non les dirigeants du gouvernement qui contrôlent la situation, puisque la main qui donne est au dessus de la main qui reçoit. [...] L’argent n’a pas de patrie ; les financiers n’ont pas de patriotisme et n’ont pas de décence ; leur unique objectif est le gain. »
Napoléon Bonaparte
En fait l'idée d'un « complot universel permanent » pourrait presque se résumer à la nature même du système financier actuel... Ou même à la seule notion de Loi du Profit. Cette sorte de veto nihiliste, le moment des décisions stratégiques venues, de se plier à cette logique qui dans l'équation comptera toujours si volontiers le bon sens commun et l'intelligence, l'intérêt de la majorité, comme nuls et non avenus si de gros bénéfices sont possibles pour les investisseurs. Cette avidité capitaliste extrémiste qui consiste à réduire tout ce qui existe sur cette planète à une valeur comptable, à un titre de propriété : Un grand complot contre la Vie. Et tout ça pour le plus grand profit d'une petite clique de dandys largement minoritaire : les capitaleux.
Précisons qu'il y a le Commerce, et il qu'il y a le « Marché ». Ne surtout pas confondre les qualités et les tares respectives de chacuns.
Mais plus concrètement, c'est peut être des rapports de classes qu'émane la cohésion de cette adversité tant décrite par les « complotistes ». L'organisation pyramidale de la société, la réalité des regroupements et des entités, des fortunes, des lobbys. Les connivences, l'inhérence de la collusion, et bien sûr de sa formalisation : Les réseaux ! Un grand tabou autour duquel s'articule un important mal-entendu... Car le grand « complot » est là, incarné dans l'exaltation des rapports dominants-dominés. Il est là depuis la nuit des temps, muant simplement au grès de la complexité du tissu hiérarchique et des millions d'individus qui constituent maintenant nos tribus géantes, s'éprouvant au travers de la logistique, des outils cognitifs et surtout d'une catharsis technologique majeure : La monnaie.
Mais là ou les puissances de l'argent nous asservissent en fait de plus en plus précisément, de plus en plus ouvertement, la majorité continue apparemment de consentir au cirque, et de répéter à l'occasion cette horripilante formule, moquant avec indigence et sans le moindre inconfort ces théories « fumeuses » qui ont l'audace de prétendre qu'il y aurait autre chose que la fatalité pure et simple derrière les douleurs de notre temps !
Profits, pouvoirs et psalmodies, mensonges, duplicité. Nos « élites » vénèrent le diable. Le vice. La destruction. Mais on ne le dit certes pas comme ça, car tous soudés autour des jungles abstraites de l'idéologie, nous nous en tenons à l'euphémisme, ou au simple déni. A l'impotence congénitale du pouvoir politique. Au concours de circonstance fortuit. À la fatalité malencontreuse. À l'eau qui mouille. Et à la notion de complot qui ne serait qu'une théorie.
Mais plutôt que « La » théorie du complot, disons simplement qu'il existe en tout état de cause « des » complots. Des petits et des grands. Des réussis et des ratés. En terme juridique « crime en bande organisé », dans le droit Américain, on utilise d'ailleurs le mot « conspiracy », un terme récurant en la matière : c'est les affaires courantes quoi ! La plupart ne nous concernent certes pas, mais disons que pendant ce temps, derrière tout ce gros nuage de fumée conceptuel, il y a quand même quelques sujets primordiaux qui demeurent :
La centralisation et la privatisation de la Monnaie ! Avec en corrélation directe : l'endettement public et la crise financière !
Les conséquences en cascades des guerres militaires, économiques et cognitives que mènent les dirigeants Américains vis à vis du Monde, de l'Europe et de la France depuis 75 ans !
L'avancée des œuvres du choc des civilisations depuis le 11 septembre 2001 !
La notion d'écologie résumée à une croisade contre des atomes de carbone !
Mais n'est ce vraiment que la limitation intellectuelle qui polarisent à ce point les opinions sur ces sujets ? Beaucoup aussi peut-être découle des mécanismes de psychologie de groupe. Le problème semble quand même se situer légèrement en amont des disponibilités cognitives spontanées et du quotient intellectuel. C'est un problème de fond, de culture et de lucidité, au sens où ces notions elles-mêmes se retrouvent court-circuitées par la subversion idéologique colossale qui s’abat sur les masses et les intellects occidentaux depuis environ quarante ou cinquante ans. Au sens ou le conditionnement est le fruit d'une ingénierie redoutable.
« La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment.
Oui, ils sont très durs les américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C'est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. »
François Mitterrand, 1997, « Le dernier Mitterrand », Georges-Marc Benamou.
L'Information n'est tout simplement pas un enjeu stratégique mineur ! D’où cette montagne de désinformation. Aujourd'hui une guerre ouverte ou la Propagande d’État, l'intox de tous bords, l'erreur d’appréciation multiforme et l'information objective se croisent et s'entremêlent dans un balais si complexe et fleurit qu'il faut nécessairement situer un minimum le décor pour ne pas perdre complètement le nord. Un minimum de recul Historique, économique ou sociologique donne naturellement de la profondeur à ces questions autour du Pouvoir. Et franchement, au milieu de tout ça, et quoique le mot soit par définition mal choisit, puisque orienté vers un contexte polémique et réducteur, la notion de « complot » apparaît finalement davantage comme une sorte de constante structurelle qu'une fantaisie paranoïaque.
Epilogue :
Les positions de pouvoir, plus elle sont élevées, plus elles ont tendance à attirer les profils de gens les plus sociopathes qui soient. Cela peut paraître exagéré, mais c'est en fait assez logique et géométrique d'un point de vue anthropologique, voire zoologique.
Disons que jusqu'ici, la Nature était immunisée contre sa propre « barbarie ». De l'espace, une faune diverse et archaïque. Tous dépendants de l'ensemble, mais eux mêmes sans emprise directe sur le destin de cet ensemble. L’anarchie tenait lieu d'assurance vie, en quelque sorte. En opposition à la centralisation totalitaire pratiquée par l'Homme.
Dans le règne animal, les coups de folie des mâles dominants sont connus pour être parfois violents et déraisonnés. Mortels. Et souvent foncièrement asociaux. Mais sûrement qu'aucun d'entres eux ne peux se venter de pouvoir entraîner le destin de toute leur espèce, et de tout leur monde, sur quelques coups de sang... Donc plus qu'une logique contre-nature, c'est les proportions dans lesquelles se réalise l"Empire" qui président à cette catharsis. Un carrefour plutôt anguleux. Une véritable révolution, en fait. C'est quasi du quitte ou double. À l'insu du plein gré de la Nature. Une prise d'indépendance qui implique apparemment de danser quelques temps au bord du gouffre. C'est là de grands risques pour l'Ensemble, d'immenses blessures particulières, et surtout une insupportable malveillance idéologique quotidienne... Une folie pour laquelle l'indifférence des masses occidentales pèse douloureusement. Mais cette capacité de nuisance, aussi cruelle et désespérante soit elle, peut-être n'a d'égal que l'ahurissante teneur des Possibles encore enfouie dans la portée du Temps et de l'évolution. On retrouve souvent la notion de paradoxe assise à la table du progrès en la matière. Enfin bien sûr, quand toutefois il y a "survie". Il nous reste probablement à conquérir un champ de conscience qui équilibre nos avancées techniques, notre capacité de destruction et l'inérence de ces shémas comportementaux.
La notion de Centralisation est à la fois un prodigieux levier d'accélérateur pour l'humanité et en même temps un piège monstrueux. Aussi, je vous propose une nouvelle formule pour réfléchir plus sereinement à la tragédie en cours : « La théorie de la Centralisation » ! C'est moins accrocheur, c'est moins glorieux, mais c'est plus clair.
Allez, Courage !
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