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Accueil du site > Tribune Libre > La Saint Valentin et l’envers des choses

La Saint Valentin et l’envers des choses

La Saint Valentin approche. C’est donc l’occasion d’évoquer les processus de mythification ou de mystification au travers desquels le bon peuple est amené à croire le parfait contraire de la réalité, car tel est bien le cas de la Saint Valentin. Or, comme nous entrons dans l’Apocalypse, c’est-à-dire, un temps de révélation des choses cachées depuis la fondation du monde, il convient de s’exercer à « ouvrir les yeux » pour remettre les choses dans le bon sens avant qu’il ne soit trop tard. Cette fête consumériste nous en donne l’occasion.

Si vous croyez que la Saint Valentin est le jour où les couples, mariés ou non, célèbrent leur passion, c’est-à-dire, la dimension amoureuse de leur relation — qui en revêt bien d’autres, comme la reproduction (tant biologique que sociale) — vous n’avez pas tort.

C’est bien se qui se passe actuellement. En se retrouvant à l’écart des vicissitudes du quotidien pour un moment festif, le couple revient aux émois originels, se redit la force du lien qui unit l’un à l’autre et refonde cette unité élémentaire du corps social qu’il constitue : la cellule familiale. Il n’est rien de plus socialement correct que ce ressourcement rituel.
 
Maintenant, si vous pensez qu’il en a toujours été ainsi depuis l’origine de cette fête, vous vous trompez, lourdement.
 
La Saint Valentin constitue une monstrueuse « récupération » que la société a opéré vis-à-vis de la passion amoureuse. Car depuis l’invention de l’amour courtois, celle-ci a principalement été adultère, de sorte qu’à l’origine, la fête de la Saint Valentin était le moment où la femme disait en substance à son mari : « désolée, ce soir je ne suis pas à toi, mais à mon Valentin ».
 
Le sociologue Serge Chaumier explique tout cela en détail dans un livre passionnant : « La déliaison amoureuse » que je vous recommande vivement. Vous apprendrez qu’il n’y a pas si longtemps, la Saint Valentin ne se limitait pas forcément à une soirée. Elle pouvait durer presqu’une semaine au cours de laquelle la femme allait chaque nuit rejoindre son Valentin sans que le mari puisse y trouver à redire... puisque c’était les conventions du temps.
 
Comme vous le voyez, les conventions ont bien changé et c’est cela qui doit nous interroger. Comment avons-nous pu passer d’un usage incroyablement libertaire de la Saint Valentin à cet absolu contraire qu’est la célébration consumériste et cul-cul la praline de l’élan amoureux au sein du couple « officiel » qui s’étale à tous les coins de rue et qu’on entend annoncer sur toutes les radios et télévisions ?
 
Peut-être ne connaitrons-nous jamais l’histoire exacte de cette bascule. Ce n’est pas bien grave car, ce qui importe, c’est de savoir qu’elle a existé. Ce qui importe, c’est de prendre conscience de la capacité que nous avons d’être placés sous « hypnose », d’accepter une matrice ou un hologramme absolument contrefaits et de prendre, dès lors des vessies pour des lanternes. Ce sont ces dispositions naturelles chez l’homme qui font son panurgisme et les beaux jours des manipulateurs et désinformateurs de toutes espèces.
 
Permettez-moi d’enfoncer le clou en parlant cul, ou plutôt cœur. Comme vous l’avez remarqué, l’image qui illustre cet article représente un cœur basculé, renversé exactement comme je viens de renverser la signification de la Saint Valentin.
 
L’envers des choses du cœur, vous l’avez certainement remarqué, évoque furieusement un cul, un joli cul au demeurant.
 
Est-ce un hasard ?
 
Que nenni  !
 
La chose à voir et à comprendre que j’ai découverte dans un beau livre de Desmond Morris, Manwatching, c’est le fait qu’on a donné au cœur la forme symbolique que nous lui connaissons pour la bonne et simple raison que celle-ci évoque inconsciemment ce sommet du désirable chez l’homme qu’est un joli cul bien rond.
 
Mesurez-vous la profondeur de la duperie dont nous avons été victimes toutes ces années où nous avons naïvement partagé la ferveur populaire pour ce joli symbole, consensuel jusque dans l’idolâtrie de l'affecteux, sans jamais soupçonner que sa beauté venait de son pouvoir de parler à nos pulsions biologiques ?
 
Cela pourrait-il nous aider à prendre conscience de notre fragilité et, corrélativement, de la puissance de ces processus de construction sociale de représentations mensongères que « les puissances de ce monde » sont capables d’imposer ? Voyez-vous que ce qui nous fait nous tenir à une réalité préfabriquée c’est simplement le fait que nous voyons tout le monde faire de même et que nous n’avons plus aucune envie, dès lors, de remettre cela en question ?
 
Quand nous sommes pris dans cette dynamique mimétique, panurgique, il ne nous vient pas à l’idée qu’il puisse exister un envers du décor. Ceux qui en parlent nous apparaissent comme des malades, des fous ou des conspirationnistes paranoïaques. Nous préférons mille fois mieux la chaleur du troupeau bêlant qui nous rassure puisque, comme nous, il reste sourd aux lanceurs d’alertes qui proclament que le bord de la falaise est proche.
 
C’est pourtant cela qu’il nous faut faire : sortir du troupeau, ouvrir les yeux, déconstruire les réalités fallacieuses avec lesquelles les bons penseurs entendent nous guider vers notre catastrophe.
 
Nous pouvons faire cela tout azimuts, à l’égard de la monnaie, de la dette, de la démocratie, de l’idée de « peuple juif », de la sécurité sanitaire de l’eau, de l’air, de l’alimentation ou du médicament, du 9/99 comme du 9/11, etc. Car tout est en carton pâte, comme dans la matrice de Dark City.
 
Il n’est en fait que d'écouter et d’observer attentivement les gesticulations de nos élites dirigeantes pour comprendre que via l’Europe et l’OTAN, elles ne sont que les marionnettes de l’Empire de sorte que, oui, nous sommes bien dans un monde à l’envers, nous marchons sur la tête et il est plus que temps de remettre les choses à leur place.
 
Certains s’en souviennent peut-être, je me suis servi de l’image cœur/cul — que j’appelle « L’ove » parce qu’elle fait retour au sens originel — dans une série d’articles sur le nouveau désordre amoureux vis-à-vis duquel je tentais de dessiner une possible issue en concevant un rapport amoureux basé sur l’accord et donc, empreint de paix (voir 1, 2, 3, 4, 5, 6). Agir à ce niveau a été pour moi, très tôt, une manière de dire « Basta ! ». Porter le symbole du cœur à l’envers, avec une orientation fidèle à sens véritable, est pareillement un moyen de dire « J’en ai assez des faux-semblants ! ».
 
Il me semble qu’il est non seulement temps que nous ouvrions les yeux, il est temps que, chacun à sa manière, mais quoi qu’il en soit tous ensemble nous déclarions publiquement notre refus des gigantesques manipulations que les médias alignés tentent au quotidien de nous faire avaler.
 
Actuellement c’est surtout la Syrie qui en fait les frais, avec l’Iran. Voyez-vous le processus d’accusation dont ces deux nations sont victimes simplement parce qu’ils ont, jusqu’à présent su rester hors du contrôle de l’Empire, à distance de la finance internationale et de son arme de destruction massive, la dette ?
 
Si ce n’est pas le cas, si vous considérez encore ces deux nations comme l’OTAN entend que vous le fassiez, c’est-à-dire, comme étant dirigées par des monstres sanguinaires dangereux pour leurs peuples respectifs et le reste du monde, eh bien, c’est peut-être le bon moment pour vous exercer à une saine gymnastique mentale en renversant complètement cette image pour voir enfin la violence incroyable des nations occidentales qui se mettent dans la position du chevalier blanc allant terrasser le dragon alors qu’au mépris de toutes les lois et de tous les règlements internationaux, leurs agissements sont d’emblée des casus belli, des motifs criminels de déclaration de guerre comme il y en a eu déjà tellement avec l’Afghanistan, l’Irak et la Libye, pour ne citer que les principales victimes.
 
Afin de réaliser ce travail de salubrité mentale, si tant est que vous soyez concernés, fermez vraiment (j’insiste) la télé, allez lire du côté des canadiens de www.mondialisation.ca, ou des belges avec l’équipe d’Investig’Action qui autour de Michel Collon traite de mediamensonges, plongez-vous dans les éclairages renversants du Réseau Voltaire réalisés sous la houlette de Thierry Meyssan, écoutez Alain Soral sur Egalité & Réconciliation, ouvrez-vous à la formidable pédagogie développée par Etienne Chouard, faites ce que vous voulez, mais ne mourrez pas idiots et souvenez-vous que, comme l’a si bien dit Guy Debord : « Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux. »
 
C’est à ce prix que l’envers des choses vous apparaîtra et pourra alors seulement être remis à l’endroit. Car cela ne se fera pas sans vous. Donc à la Saint Valentin si vous le voulez bien, mais pas à la Saint GlinGlin, bougez-vous le popotin !

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25 réactions à cet article    


  • sleeping-zombie 10 février 2012 11:12

    Hello,

    Pourquoi t’embêter à renverser le coeur pour y voir un cul alors qu’il suffit d’y mettre des poils autour pour y voir une vulve ?
    Tu crois encore à « bouclier et lance pour les hommes, miroir pour les femmes » ?


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 février 2012 11:43

      Hello sleeping-zombie,

      J’adorerais voir comment tu fais pour mettre des poils autour de ce symbole et donner à voir une vulve.

      A supposer même que tu y réussisse, je ne vois pas ce que cela démontrerait.

      Quant à ta dernière question, je pense que tu trouveras la réponse si tu lis ce texte mais aussi d’autres que j’ai pu écrire au sujet de l’amour courtois qui montrent suffisamment que loin de me tenir aux stéréotypes, j’aurais plutôt tendance à les déconstruire, les « renverser ».


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 février 2012 11:45

      Les liens vers les textes sur l’amour courtois, déjà mentionnés dans le présent article :
       1, 2, 3, 4, 5, 6


    • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 12 février 2012 11:09

      Personnellement je préfère les coeurs bien épilés. 



    • Scorsonère noire géante de Russie 10 février 2012 11:43

      Très bon, Mr Salvador. J’approuve cet article dans son intégralité et vous remercie. 


      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 février 2012 11:46

        Merci ! smiley


      • tikhomir 10 février 2012 13:23

        Une autre bonne question à mon sens au delà du « comment ? », c’est « pourquoi ? ». Pourquoi les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être ? Pourquoi soit on refuse de les voir telles qu’elles sont ? Pourquoi on refuse de nous les présenter exactement telles qu’elles sont ?

        Vaste sujet... Une partie de ce sujet me semble recouper au moins en partie votre spécialité d’ailleurs.


        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 février 2012 14:13

          Je pense que vous avez pour bonne part répondu à la question que vous posez.

          Nous refusons souvent de voir les choses telles qu’elles sont car nous préferrons continuer à les voir telles qu’elles nous ont toujours paru puisqu’ainsi nous n’avons pas à changer nos habitudes.

          L’être humain est conservateur. Il aime son confort. Et prend donc des petits accommodements avec le réel qu’il croit innocents. Ils ne le sont pas et, tôt ou tard, nous coûterons cher.
          C’est là où il faut se souvenir de ce que disait le cinéaste Billy Wilder en parlant des juifs qui vivaient en Allemagne avant guerre : « les optimistes ont fini à Auswitch, les pessimistes à Beverley Hills ».

          Quant à l’idée que certains nous cache la réalité, elle va de soi, tant il est clair que l’action est toujours en prise avec la représentation et que contrôler cette dernière, c’est déterminer la première à sa guise. Sweet dreams... comme dit la chanson.

          La plus ancienne manip de l’humanité a été celle du victimaire (horreur, je suis victime) associée à son corrélat immédiat, celle du bouc émissaire (et c’est de la faute de ce monstre).
          Pour notre malheur, elles sont toutes deux restées d’une parfaite actualité.
          Nous n’avons pas encore ouvert les yeux...


          • tikhomir 10 février 2012 14:45

            Même sans parler de « cacher la vérité » (même si c’est un fait courant), il y a au moins la distorsion qui est souvent opérée entre ce qu’il s’est par exemple réellement passé et ce qui est présenté. Cela peut-être même plus ou moins volontaire à divers degrés.

            Quoiqu’il en soit, merci. C’est toujours agréable de vous lire.


          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 février 2012 14:56

            Oui, je suis tout à fait d’accord.
            Une bonne part du travail de construction de la matrice se fait ainsi, par la myriade d’idiots utiles qu’on trouve dans les médias principalement et qui, en toute innocence supposée, nous donne à voir le monde tel que leurs possédants souhaitent que nous le voyons.
            Mais « ils ne savent pas ce qu’ils font ».
            On ne va donc pas leur jeter la pierre.

            Merci pour le compliment ! smiley


          • tikhomir 10 février 2012 15:11

            Mais dans aucun cas on ne jette la pierre smiley. Le tout, c’est d’être un peu conscient de tout ça... Pas en prendre conscience une fois, mais en prendre conscience de façon renouvelée régulièrement. Pas toujours évident de se remettre en question. Pas toujours évident pour certains d’aller à contre courant. Des fois ça pèse lourd dans une vie.

            D’ailleurs (HS), ce n’est peut-être qu’une impression mais il me semble que vous utilisez/citez de plus en plus de références juives et chrétiennes (cf. le texte de l’article et le commentaire ci-dessus par exemple), ce qui n’est pas non plus pour me déplaire. Mais c’est peut-être simplement mon esprit qui me joue des tours.


          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 février 2012 16:08

            Oui, bien sûr, jeter la pierre, pas plus ou pas moins à eux qu’à d’autres.
            Même la haute finance ne sait pas ce qu’elle fait.
            Dès lors, que faire, si ce n’est contribuer inlassablement, chacun à sa mesure, à former les consciences ?

            Oui, c’est clair, mon registre se fait de plus en plus explicitement « biblique », vétéro et néo-testamentaire. Cf. mon article de la veille smiley

            Il faut dire je parle d’entrée du fait que nous sommes dans l’Apocalypse, à part de là, le reste s’ensuit tout naturellement... smiley


          • Eleostearique 10 février 2012 17:23

            Si je vous comprends bien, il faut se méfier de ce que l’on voit autour de nous ! Nous devons chercher à pénétrer l’envers du décor afin de rencontrer le vrai ? La Saint Valentin est un attrape nigaud, une pure hypocrisie...

            Et pourtant quel plaisir de rendre ce jour-là particulier en célébrant l’attachement que nous éprouvons pour une personne. Un bouquet de fleurs, une petite attention...un peu comme un anniversaire...une soirée romantique juste pour le plaisir !!!
            Je suppose que pour la Saint Valentin, vous allez offrir à votre valentine un bouquet de légumes...au moins tout sera vrai ! pas d’envers du décor. 
            Euh... des légumes bio j’espère !

            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 février 2012 17:32

              Ah j’ai bien ri smiley

              Le coup du bouquet de légumes, c’est pas mal.

              Bien sûr, ce sera du bio.

              Plus sérieusement, s’il faut attendre la St Valentin pour passer une soirée romantique juste pour le plaisir, c’est à se demander ce qu’est une relation le reste du temps.

              L’attention, la délicatesse, c’est tous les jours que dure la relation, ou elle n’est pas une relation.

              Vous ne pensez pas ?


              • Vipère Vipère 10 février 2012 18:38

                J’ai une profonde aversion pour les fêtes programmées du calendrier !

                A-t-on vu Cupidon frapper à une date déterminée à l’avance, la même pour tous ?


                • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 11 février 2012 01:17

                  Oui, le plus triste dans toutes ces fêtes programmées me paraît être le fait que chacun se fait alors un devoir d’être spontanément attentionné et affectueux.

                  Et s’il oublie de l’être et reste dans la routine du quotidien, malheur à lui ! smiley


                • sinique sinique 10 février 2012 19:19

                  Ma femme s’est délectée de ton article ( tout comme moi ) et nous t’adressons nos félicitations ( si , si ! ) . Je pensais en laissant dériver mes pensées au fil de ton article aux expressions s’y rapportant : avoir le coeur à l’envers , des haut - le - coeur ... il est vrai que c’est toujours plus « courtois » de dire qu’on en a « gros sur le coeur » plutôt qu’ « on en a plein l’cul » ! Quant aux cartes à jouer , le roi de coeur est bien l’envers du roi de pique ( les ennuis !!! il y a même dans le dessin du pique une allusion par trop explicite que je tairai  ! ) et pour finir sans vouloir passer pour un obsédé absolu , on notera la belle inversion entre « avoir le coeur sur la main » et parler de « mettre la main aux fesses  » 

                  Sur ce , vive l’amour !!! 


                  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 11 février 2012 01:13

                    Merci pour vos félicitations, c’est toujours encourageant pour la suite !

                    C’est vrai que la langue recèle toujours plein de richesses à méditer. J’avais oublié l’expression « j’ai le coeur à l’envers ». Pourtant elle fait 76.000 sur Google !

                    Oui, je crois que le pique peut bien se lire comme tu le fais, je compte m’en servir un jour graphiquement, en jouant sur les couleurs smiley

                    Vive l’amour, bien sûr, qui n’a pas besoin de symboles...


                  • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 12 février 2012 11:27

                    Je crois que s’il est intéressant de faire une distinction entre deux sortes d’êtres humains, c’est celle qui sépare les humains qui gobent tout ce qu’on leur dit sans se poser la moindre question et les humains qui mettent en doute les informations provenant des autorités constituées. 

                    Pour le dire autrement, certains hommes fonctionnent comme ils ont été programmés pour fonctionner, de leur naissance à leur mort ; tandis que d’autres hommes sont capables de se déprogrammer eux-mêmes à volonté. 

                    Poussons encore plus loin : certains hommes cherchent à voir les choses comme on leur dit qu’il faut les voir, et ils ne voient pas ce qu’il ne faut pas voir, de sorte qu’ils se font un tableau du monde stable et bétonné ; d’autres hommes cherchent à voir les choses comme elles sont, de sorte que la plupart du temps leur vision est souple, mouvante et indéterminée comme un vaste océan dont les bords sont invisibles et la météo imprévisible. 

                    La seconde catégorie d’être humains est systématiquement persécutée par la première. 

                    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 12 février 2012 14:50

                      On pourrait en effet voir les choses ainsi dès lors qu’il est tenu compte du fait qu’un certain nombre d’humains se trouvent dans un entre-deux au sens où ici ils font preuve d’un intense panurgisme et là, preuve d’un grand courage et d’indépendance.

                      Ce ici et là pouvant concerner le temps autant que l’espace.

                      Bref, il y a une certaine variabilité intra-individuelle mais sur le fond, oui, l’enjeu est bien celui-là.

                      On pourrait le reformuler par l’opposition entre ceux qui cherchent la sécurité et ceux qui cherchent la vérité.

                      Et je retrouve ainsi votre dernier point puisque, comme dit la chanson : « le premier qui dit la vérité...
                      ... il doit être exécuté ! »


                    • Lucadeparis Lucadeparis 14 février 2012 23:38

                      Je préciserais que chercher la vérité, c’est aussi chercher une sécurité (être certain, c’est être sûr ; et douter, c’est redouter), comme on trouve cela chez Nietzsche ; la différence, c’est peut-être une capacité à vivre dans l’inconfort, le doute, la dissonance cognitive, le changement d’avis.


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 février 2012 04:19

                        Oui, bien sûr, j’ai pensé à ça en proposant ce distinguo puisque la recherche de vérité est une recherche de contrôle, donc une recherche de sécurité maximale.

                        Je ne crois pas que la différence soit dans la capacité à vivre dans l’inconfort même si cela peut être un indice pertinent.

                        Si on va d’emblée à l’essentiel, la recherche de contrôle, on dira que celui qui recherche le confort a peu d’ambition, une faible confiance en soi et en le monde, il cherche le plaisir et tient le réel à distance, ainsi que le ferait un enfant, dans le jeu, plutôt sur le versant de l’assimilation «  »«  »«  » pure «  »«  »«  » comme disait Piaget

                        Celui qui cherche la vérité est sur le versant de l’accommodation, il a de l’ambition, confiance en sa capacité à se confronter à un monde qu’il veut découvrir, cad qu’il veut la réalité plutôt que le jeu et le pur plaisir de la satisfaction immédiate.

                        On retrouve le distinguo de Flavell entre ceux qui peuvent tolérer la frustration (différer la satisfaction) et ceux qui ont besoin de satisfaction immédiate.

                        La réussite scolaire est corrélée à l’attitude des premiers. Bref, ceux qui ont confiance en eux et peuvent traverser « l’épreuve ».


                      • Lucadeparis Lucadeparis 19 février 2012 09:34

                        Très bien !
                        Qu’est-ce que le distinguo de Flavell ?


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 février 2012 13:42

                        Le distiguo, je l’ai expliqué juste après le mot Flavell. Tu as tout ce qu’il y a besoin de savoir.

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