La séparation des pouvoirs
Cet article est en réaction aux remarques qui ont suivi l’article de Paul VILLACH.
Une controverse est née pour savoir si le journaliste devrait être l’auxiliaire de la police, y a-t-il dépassement du rôle du journaliste qui est de donner l’information brute.
« Mais il n’appartient pas aux journalistes de se conduire en auxiliaires de la police. » Citation de Fergus.
Mon article n’a pas pour objectif de reprendre l’analyse de P. VILLACH sur l’information. Il le fait très bien. Que l’on soit entièrement d’accord avec lui ou que l’on ait des réserves est une autre question.
Un autre aspect beaucoup plus grave dans cette « affaire des infiltrés » qui est « le mélange de genre. »
Dans une démocratie, les institutions sont bien définies, et ceux qui ont la charge de les faire fonctionner doivent s’en soucier. Le problème lié à la compétence ratione materiae ( matérielle) n’est pas à prendre à la légère. De même la compétence ratione loci ( territoriale).
Maintenant, les journalistes jouent aux policiers, Le Président de la République au Premier Ministre, et le Parlement à une chambre d’enregistrement.
C’est quoi l’utilité d’avoir un 1er ministre si au final le Président de la République phagocyte la fonction ?
C’est quoi l’utilité d’un parlement si au final, il doit y avoir une discipline de parti qui impose un suivisme à toute épreuve ?
C’est quoi l’utilité d’une institution policière avec un corps de loi contraignant pour sauvegarder aussi bien les droits des agents chargés de la police judiciaire que les droits des citoyens pour éviter l’arbitraire ?
Le plus grave, c’est qu’on en vient, sous le coup de l’émotion, à admettre que la recherche de la preuve doit se faire en dehors de tout cadre légal. À la sauvage.
Les gens sont en train d’abdiquer, de céder petit à petit des droits fondamentaux en pensant que ceux qui seront le plus gênés sont les voyous et les criminels. On n’est pas loin d’admettre qu’il faut sacrifier quelques cas d’erreurs judiciaires et bavures policières dans la mesure où la tranquillité de la majorité est sauvegardée. C’est un peu à la Zemmour, ce n’est pas grave si il y a des contrôles au faciès dans la mesure ou « la plupart des délinquants sont... ». Circuler, il n’y a rien à voir.
Mais ce n’est qu’un boomerang, tôt ou tard tous les citoyens en souffriront.
Longtemps la garde à vue était un sujet sans trop d’importance, de même les prisons. Il aurait fallu que certaines personnalités aient fait la malheureuse expérience pour s’en émouvoir.
Il faut être lucide sur le changement grave qui est en train de se faire dans nos institutions, sans s’en indigner. Un changement est en cours, en douce mais qui dénaturera à la longue notre régime et le peu d’acquis démocratiques que nous avions obtenus de haute lutte.
Le juge d’instruction est menacé. Et la suppression du juge d’instruction est présentée comme une avancée et une réforme. Le dé-tricotage des institutions se fait par petites pièces et cela passe très facilement, alors qu’un système s’il fonctionne plus ou moins bien, risque vers la fin de coincer si les pièces qui le composaient venaient à être remplacer n’importe comment et sans réfléchir sur l’ensemble de son fonctionnement.
On nous a fait croire d’abord que l’Europe aller apporter la prospérité, la paix et défendre ses citoyens. Mais l’Europe a fonctionné le temps des six et encore celui des douze, avant qu’elle-même ne se transforme à coup de petits ajouts en un monstre que l’on ne peut pas définir, un Léviathan.
Elle ne protège ni les citoyens ni elle-même ; et elle seulement est un argument pour dédouaner les politiques de leurs responsabilités.
Ensuite on a décrié les institutions françaises en vantant celles des anglo-saxons ou des pays du Nord de l’Europe. Ainsi observe-t-on un « amateurisme » des politiques qui ne font que copier sur les autres en nous faisons croire que la France est nulle et à la traîne par rapport à ce qui se fait de mieux au niveau des réformes chez les autres.
La France est has been ; en tout. La langue, la culture, le régime social, économique, et politique. Nous devons avoir honte et on nous somme de copier sur les meilleurs. Le ton est donné. Discuter quoi que ce soit et l’on entend tout de suite le qualificatif de défenseur d’immobilisme et de privilégiés.
Mais est-ce de l’amateurisme ou est-ce une volonté de conduire le pays vers quelque chose de bien précis mais qu’il faut mettre en route en douce ??
L’on remarque que les débats tournent autour des ragots de bas étage, après Clearstream, voilà un autre complot, le mot n’est pas fort, il n’est pas ridicule non plus.
Des journalistes font de la politiques, font des enquêtes policières, mais ils font surtout l’opinion et la réputation et la dignité des politiques.
Quatre pouvoirs ?
Législatif, exécutif, judiciaire. Et l’on a pensé que la presse peut être un pouvoir au service de la démocratie et des citoyens.
Ce dernier pouvoir n’est en fait que le pendant d’un pouvoir économique arrogant, qui met au pas, si il ne les met pas à son service, les autres pouvoirs. Non, il y a de moins en moins de séparation des pouvoirs. Et le mélange de genre est un indice indéniable d’une démocratie très mal en point.
Dans nos oreilles il y a un bourdonnement de mouches désagréables. Boucher les oreilles ?? est-ce suffisant ???
La question est posée.
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