La théorie du complot enfin démystifiée !
L’humanité s’est égarée. Il n’est plus temps de comparer les avantages et les inconvénients du capitalisme et du socialisme. Ces doctrines du siècle dernier sont définitivement obsolètes car les données ont évolué. Friedman, Keynes, Smith, Ricardo, Marx, aucun d’entre eux n’avait intégré que les stocks vitaux étaient éphémères ou altérables
Ne comptons pas non plus sur Dieu pour nous montrer la voie car "Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes" (Bossuet). Mais il nous reste, ultime espoir, à créer l’Humanisme. Voilà de quoi nous occuper utilement. Mais il est déjà bien tard et nous sommes bien peu nombreux à nous y intéresser ! "Le pire, c’est ce qu’il y a de mieux !" disait Lénine.
C’était la conclusion de mon précédent billet "le Référendum interdit, quelle civilisation pour quel destin ?" J’y évoquais deux civilisations et donc deux destins possibles pour l’humanité :
- "Le courage et la raison" ou l’évolution vers une société immatérielle, l’Humanisme, dont l’intérêt général constitue la valeur essentielle ;
- "L’illusion réemballée" ou comment après avoir été rafistolée la machine infernale des intérêts égoïstes nous entraine inéluctablement et à toute vitesse vers une grande catastrophe humaine.
Les sympathiques commentaires des "Agoravoxiens" m’ont fait comprendre que je caressais là une douce utopie : l’homme est un prédateur et cette nature profonde n’est pas amendable. Verdict sans appel, restons réalistes ! Ajusté à la marge, agrémenté de quelques artifices - le bonus des traders, les paradis fiscaux et quelques hochets pour sauver les apparences - le système repart donc, dans l’euphorie générale, stimulé par la promesse d’une croissance éternelle. La crise de la première décennie du XXI° siècle n’était donc qu’une banale péripétie. Ouf !
Qu’est ce qu’une utopie : "Idées qui participent à la conception générale d’une société future idéale à construire, généralement jugées chimériques, car elles ne tiennent pas compte des réalités."
Les réalités, selon ses convictions ou selon ses intérêts, peuvent être fort différentes. Le militant du "courage et de la raison" s’appuie sur deux faits indiscutables :
- Les ressources naturelles bases de toute production sont en voie d’épuisement. Les échéances estimées sont indiquées dans mon précédent billet ;
- La surproduction et la surconsommation, bases de toute croissance, altèrent l’environnement ce qui contribue à accélérer et amplifier les changements climatiques, causes probables de futures grandes catastrophes humanitaires.
Les zélateurs de "lillusion réemballée" entretiennent...l’utopie d’une croissance illimitée ce qui impliquerait de facto...des ressources naturelles illimitées. La remise en cause de l’exploitation, de la prédation, de la spéculation et de l’accumulation sans limite, piliers du capitalisme, serait donc sans fondement. Quelques degrés de plus ? Même pas mal ! Contre toute évidence.
Les utopistes de "l’illusion réemballée" ne seraient-ils donc que des naïfs, des abrutis ou des ignorants ? Que nenni. Ils constituent l’élite politique, financière et industrielle, ont fréquenté les meilleures écoles, occupent les postes de pouvoir stratégiques et détiennent de surcroit la richesse. Ce sont eux, bien entendu, les mieux informés. Ils savent mais entretiennent l’utopie : "nous sortirons de la crise plus forts qu’avant !!" Pourquoi un tel déni ?
Y aurait-il derrière cette dissimulation une machination "discriminatoire" inavouable en phase de maturation ? Damned ! Encore un adepte de la théorie du complot ! Ou bien la généreuse attention d’épargner aux "masses" une grande déprime ? Peu probable, un prédateur ignore la compassion, Monsieur ! Alors ce doit être le secret espoir de découvrir sous peu du pétrole sur Mars, du fer sur Vénus, du gaz sur Saturne, de l’eau claire sur Titan et d’exploiter ces filons extraterrestres à un coût raisonnable ? Houlà !...Il ne faudrait tout de même pas les prendre pour des cons ! Pour quelle raison alors ?
La vérité est sûrement plus ordinaire. Elle ressemble au ridicule camouflage de l’autruche devant l’imminence d’un danger. Surtout ne pas voir ce que nous savons ! Nos zélateurs utopistes sont essentiellement dans l’intérêt égoïste de court terme : la protection de leurs privilèges et la préservation ou l’accroissement de leur pactole. Pas question de partager le gâteau ! Les conséquences futures restent des préoccupations très secondaires. Nous mesurerons l’inconscience de cet aveuglement égocentrique lorsque nous subirons collectivement les effets du dérèglement climatique tandis que la pénurie énergétique commencera à impacter nos activités (baril à 300/400 dollars par exemple).
L’utopie de la croissance infinie n’est donc que pure folie. Une mystification qui pour un instant encore permet d’entretenir l’illusion. Or si nous refusons l’évidence et sommes incapables d’inventer une civilisation immatérielle fondée sur l’intérêt général que j’appelle Humanisme (prédominance de l’homme sur l’individu) alors, et ce sera irréversible, nous laisserons un champ de ruines à nos successeurs, enfants et petits enfants. En outre c’est, me semble-t-il, l’unique option démocratique. Des mesures autoritaires, coercitives et liberticides, dans un contexte non maitrisé de raréfaction globale et durable, sont inévitables.
Reste donc à travailler, immense chantier, sur la construction d’une civilisation Humaniste immatérielle fondée sur l’intérêt général. Avons nous le choix ? Partant du postulat que nos inhibitions ne sont que la substance résiduelle du formatage originel, c’est libéré de toute autocensure que je vous soumettrai prochainement des pistes de réflexion. Je suis convaincu que vos critiques et commentaires seront sources d’enrichissement.
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