La violence, seule alternative face à la crise ?

Qui en France n’a pas été choqué par ces millions d’euros reversés avec tant d’indécence sous formes de "stocks-options", "golden parachutes" ou autres "retraites chapeaux" ?
Qui en France n’a pas été profondément choqué de voir que des entreprises, compétitives, qui ne perdent pas d’argent, annoncer des licenciements en motivant lâchement ces douloureuses décisions en se cachant derrière la "crise" ?
Qui en France n’a pas un parent ou un proche ayant perdu son emploi ou ne parvenant pas à entrer sur le marché du travail ? Qui n’a pas entendu un ami pester contre sa banque qui lui refuse un prêt pour lancer un commerce ou acquérir un bien immobilier ?
Nous sommes tous concernés par cette crise.
Ce ras-le-bol généralisé est légitime, les Français sont touchés de plein fouet par cette crise financière qui est devenue économique et sociale. Bien sûr que nous sommes inquiets et nous aurions torts de ne pas l’être, mais pour autant, peut-on comprendre, voire excuser toutes ses manifestations de violences qui tendent à se banaliser ces derniers jours ? Je ne le crois pas.
Je ne crois pas que les violences, verbales ou physiques, que les séquestrations visant à se venger des "patrons voyous" puissent déboucher sur quoique ce soit de positif, bien au contraire. Cette violence qui se banalise ne fait qu’à accroître les tensions et fait le lit des extrémistes qui voient en cette crise une opportunité politique historique de surfer sur les mécontentements.
Le contre-sommet de l’OTAN à Strasbourg et les manifestations de soutien à Yvan Colonna en Corse illustrent à merveille cette nouvelle mode qui fait la part belle à la violence et à son apologie. S’opposer revient à tout casser, manifestation et opposition riment désormais avec destruction et séquestration. Malheureusement, cette banalisation de la violence n’est pas sans conséquences directes sur notre quotidien, il est désormais fréquent de voir un client insulter à loisir le guichetier travaillant à la banque qui a le malheur de lui annoncer que sa demande de prêt a été refusée. Le pays retient son souffle jusqu’au prochain débordement...
Face à cette tension palpable, il serait trop facile de sombrer dans le populisme et la démagogie en tentant d’expliquer aux Français qu’une petite poignée de nantis s’engraisseraient sur leurs dos. C’est pourtant ce que certains s’attellent à faire, avec un certain succès je dois le dire, puisque qu’ils recueillent un écho dans les médias.
Mais au fond, peut-on sincèrement penser que cette violence, pour détruire, sans même savoir ce que l’on veut rebâtir, peut aboutir sur une alternative pour sortir de cette crise ?
Le sommet du G20 qui se tenait à Londres est, à mon sens, historique en ce qu’il a permis de marquer une claire ligne de rupture entre les réformateurs et les casseurs, entre ceux qui ont fait le choix de changer ce système capitaliste qui marchait sur la tête et ceux qui n’ont rien à proposer.
Nous arrivons je crois à un tournant et il ne faut pas se tromper sur la direction à prendre. Les citoyens du monde attendent beaucoup de leurs dirigeants et il ne faut pas les décevoir avec de nouvelles promesses utopiques que nous ne pourrons réaliser. Il ne faut pas se mentir, cette crise est loin d’être derrière nous et nous devons dès à présent nous attacher à bâtir ensemble le monde de demain. Nous devons repenser notre modèle économique, en y incluant plus de justice sociale, avec une répartition plus équitable des richesses entre ceux qui produisent les richesses, mais aussi en insérant pleinement la notion de développement durable, afin de produire et consommer différemment.
Cette crise nous offre l’opportunité de refonder un système qui ne tournait plus rond, en replaçant l’Homme au centre de ce nouveau modèle qui saura concilier les principes et notions d’équité, de solidarité et de responsabilité. En dépit de tous les dégâts qu’elle a provoqués, cette crise peut se révéler être une chance.
N’attendons plus pour la saisir !
Mathieu SOLIVERES
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