Le 7, pour changer l’Europe avec le Parti Socialiste Européen
Le titre est clair et franchement partisan. Mais les raisons sont sérieuses. Si je ne suis pas personnellement en position éligible, je continue chaque jour à échanger avec tous ceux que je rencontre un peu partout sur le territoire, en campagne ou en ville, pour convaincre de l’intérêt de voter ce dimanche pour le Parti Socialiste Européen (il ne s’agit pas, rappelons-le, de voter pour un parti national mais pour des députés et un programme européens).

La France, l’Europe et la plupart des pays à travers le monde connaissent une crise à la fois économique, écologique et idéologique. Le capitalisme financier, celui qui fait passer les valeurs financières avant les valeurs humaines, est devenu fou. Comment qualifier autrement un système où les transactions réelles, celles qui concernent les biens et services, ne représentent que 2,7% des transactions monétaires de la planète, un système où la finance de marché a permis à ses acteurs d’accorder 32 dollars de crédit pour un dollar de capital ?
Ce capitalisme financier répond à une logique politique de la droite libérale et corporatiste tel que Nicolas Sarkozy la représente en France. C’est une logique dont on ne veut plus. C’est tout le sens du combat européen, le sens du vote du 7 juin prochain. Soit nous continuons avec l’Europe des marchés, qui détruit, soit nous construisons l’Europe qui protège, l’Europe des peuples.
Près de 70% de la législation nationale est d’origine européenne. C’est un chiffre que l’on pourrait expliquer longuement mais qui signifie bien qu’une part majoritaire de ce qui gère notre vie quotidienne est décidé par le Conseil des ministres européens, par la Commission européenne ou par le Parlement européen. Qu’il s’agisse de l’aménagement de la 2×2 voies à côté de chez nous, des crédits alloués à nos formations professionnelles, aux associations d’insertion, de garantir dans nos assiettes des steaks sans hormone, de plafonner nos communications de téléphones mobiles, de contraindre la production de produits chimiques nocifs, ou encore de la réfection de nos monuments locaux.
Aujourd’hui, les trois institutions communautaires sont à droite. Celle qui ne veut pas d’Europe politique et encore moins d’Europe sociale mais qui veut simplement une Europe du tout marché, où les services de proximité seraient démantelés, les services publics mis en concurrence, les savoirs- faire locaux détruits, les artisans et les TPE/PME abandonnées au profit de subventions massives accordés aux grands groupes qui en plus de polluer et de démolir les tissus sociaux ne sont même pas capables de créer le moindre emploi.
Aujourd’hui, le Parlement européen ne co-décide que de 60% des textes, demain ce sera 90%. Nous votons donc pour des eurodéputés au pouvoir renforcé.
Le 7 juin, nous avons l’occasion, et ce n’est pas rien, de renverser la majorité conservatrice et destructrice de lien social, pour imposer, enfin, une Europe citoyenne. Même avec une majorité d’États membres qui restent à droite, un Parlement renforcé, de gauche, permettra une nouvelle orientation politique puisque si le groupe PSE (le seul en capacité de l’être) devance le groupe PPE, nous pourrons changer le président actuel de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Dans le cas contraire, si tout reste à droite, ce sera la situation d’aujourd’hui, en pire.
N’est-ce pas la Commission actuelle, les ministres et parlementaires européen de droite qui ont imposé ou cherche à imposer le démantèlement de La Poste, la possibilité de travailler jusqu’à 65 heures par semaine, l’ouverture sans règle de notre marché qui conduit à des délocalisations massives, le refus de l’allongement des congés maternité, le refus d’un salaire minimum dans chaque pays européen ?
Et il n’est pas absurde de rappeler que l’Europe pourra alors aussi nous protéger de la droite française. Elle pourra et devra le faire sur le service public, ne plus être l’excuse de la destruction mais, au contraire, le bouclier qui nous protège.
Beaucoup parlent du vote utile. On peut en effet rappeler que le vote pour des listes qui obtiendront moins de 8% dans certaines circonscriptions ne servira à rien puisqu’aucun élu n’en sortira. Mais il n’est pas nécessaire d’aller plus loin.Le Parti Socialiste Européen est le seul parti européen, présent dans l’ensemble des États membres de l’Union européenne, a avoir adopté un programme commun. La droite européenne est quant à elle divisée en 27 programmes différents, de même que les autres formations politiques. Seul le manifesto (programme du PSE) sera directement applicable si les socialistes deviennent majoritaires au Parlement européen.
Avec une Europe à gauche, nous défendrons nos services publics et de proximité avec une directive cadre qui assurera la fin des démantèlements.
Nous mettrons fin à la mise en concurrence des travailleurs, nous instaurerons un salaire minimum européen, ainsi qu’un impôt européen sur les bénéfices des grands groupes, et nous garantirons les droits aux congés, à la protection santé et à la retraite.
Nous permettrons pour les États qui le souhaitent de constituer de grands pôles publics de l’énergie et de l’eau.
Avec une Europe à gauche, au niveau local nous ferons le désenclavement des zones rurales, nous développerons les axes de communications, nous permettrons de protéger les culture locales, si essentielles au lien social. Comment accepter l’uniformisation proposée par la droite ? Celle qui, par exemple, suppose l’élaboration d’un vin rosé en coupant du blanc et du rouge reniant des années de pratiques œnologique différentes ici ou là. Cette droite qui tue les petits exploitants et agriculteurs, sans prendre en compte leur travail sur l’environnement et l’aménagement du territoire, qui ne veut plus de quotas laitiers et laisse quelques grandes firmes agro-alimentaires en position de quasi-monopole, achetant des productions en-dessous du prix du marché ?
Nous renforcerons le budget européen, car qui peut croire qu’avec seulement 1% de la richesse globale du continent, l’Union européenne puisse assurer une vraie solidarité entre régions riches et régions en difficulté ?
L’histoire du “plombier polonais” s’explique simplement parce que la droite européenne (à l’inverse de ce qu’avait fait la gauche avec l’Espagne et le Portugal) a préféré proposer aux nouveaux États entrants de pratiquer le dumping social et fiscal plutôt que de les aider massivement pour rattraper leur retard et harmoniser le niveau de vie au sein de l’Union. Les États-Unis ont un budget fédéral équivalent non pas à 1% mais à plus de 17% de la richesse globale de ses États.
La différence est donc colossale et montre comme nous sommes loin d’une “Europe puissance” (ou des “États-Unis d’Europe“) qui permettrait d’assurer un modèle social progressiste et performant tout en étant respectueux de l’environnement.
En fait, une Europe à gauche, c’est changer les règles du jeu. C’est avoir une ambition commune bien loin de la seule obsession commerciale.
C’est une Europe “humaine”, celle des peuples, celle qui était dans la rue de toutes les capitales pour dire “non” à la guerre en Irak. Celle des ouvriers français de Continental, manifestant côte à côte avec les ouvriers Allemands.
Une Europe à gauche, c’est mettre un terme au tout spéculatif, c’est renforcer les droits des travailleurs et des consommateurs, c’est aussi, très concrètement, mettre un terme aux abus bancaires.
Une Europe à gauche, c’est également une Europe qui refuse la voie de la honte et de la démagogie criminelle. Une Europe lucide qui refuse de se laisser enfermer dans cette politique d’immigration délirante et inefficace qui
aboutit à l’arrestation d’enfant voire de nourrisson, comme cela s’est passé dans certains centres de rétention administrative.
Un homme qui a tout renié, comme M. Besson peut peut-être s’en féliciter, un homme qui n’a jamais eu d’autres souci que de manipuler les peurs et les fantasmes comme M. Sarkozy peut s’en réjouir, mais nous nous devons être le camp du refus.
Le PSE s’y inscrit parfaitement de même qu’il l’est sur les questions liées aux droits sociaux. Mais il est également le “premier proposant” et le mieux à même de changer l’Europe du marché en Europe puissance et citoyenne.
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