Le bénéfice risque de Java pour les entreprises est devenu négatif
Suite à la vague de cyberattaques de début d'année liées aux failles du langage Java, Oracle a publié début avril pas moins de 42 patchs correctifs sensés améliorer la qualité de son produit phare. Mais n'est ce pas déjà trop tard ? Les efforts de la multinationale semblent vain en considération des dégâts effectués : chaque nouveau correctif mettant en avant l'ampleur des failles de scripts du langage créé par Sun en 1995. Une étude lancée par Veracode montrent que les entreprises sont déjà en train d'abandonner massivement Java lassées pas les problèmes de sécurité de la solution qui ne semblent plus finir.
Des failles dans le code du JRE (Java Runtime Environnement)
En publiant 128 patchs correctifs sur l'ensemble de ses produits, Oracle espérait sûrement calmer la vague de mécontentement liée à la sécurité de ses produits dont les attaques utilisant les failles de Java ont été particulièrement virulentes depuis le début d'année. Il n'en sera rien : les 42 patchs liés au JRE ont surtout mis en exergue la vulnérabilité du produit, une majorité des failles de sécurité détectées étant considérées comme critiques, à corriger d'urgence donc. Le raisonnement est trivial : si Oracle trouve tous les mois de nouvelles failles critiques à Java, les pirates ne devraient avoir aucun mal à faire de même, ce qui ne rassure en rien les entreprises. Ross Barrett, ingénieur chez l'antivirus Rapid7 le confirme : « Les administrateurs et utilisateurs doivent réaliser que le bon sens en ce qui concerne la sécurité et les précautions autour du plug-in Java ne va pas changer avec ce patch, le suivant ou celui d’après. En tant que plug-in web, Java a de nombreux problèmes non résolus, dont la plupart sont révélés à Oracle par des chercheurs responsables qui font essentiellement le travail d’assurance qualité d’Oracle, de manière régulière et gratuitement ».
Une étude publiée début avril par Veracode, spécialisée dans la sécurité des systèmes informatiques, montrait que 82% des applications comportant Java dans leur script comportaient des erreurs de code. A comparer aux 25% obtenus par les langages concurrents type C/C++. Pas étonnant dans ces conditions que de nombreuses entreprises choisissent désormais de se priver de Java, dont l’intérêt est de toute façon de plus en plus limité. Wade Williamson, analyste chez Palo Alto Networks assure : « Pour beaucoup d’entreprises, les récompenses de Java ont considérablement diminué avec les années, alors que les risques ont augmenté exponentiellement. Alors de nombreuses entreprises vont devoir examiner longuement et attentivement Java pour savoir si le jeu en vaut la chandelle ».
Les entreprises délaissent Java
Pour rappel rien que ces derniers mois, ce ne sont pas moins que Twitter, Facebook ou encore Apple qui ont été victimes de cyberattaques exploitant des failles de Java. Les cybercriminels les utilisent pour pénétrer les ordinateurs d'employés des compagnies afin d'en extraire un maximum de données. Steve Jobs avait d'ailleurs été particulièrement clairvoyant en affirmant dès 2007 : « Ça ne sert à rien de développer pour Java. C’est un boulet ». On imagine qu'il doit se retourner dans sa tombe face à l'attaque ayant impacté son entreprise en début d'année. Si une entreprise hypersécurisée comme Apple réussit à se faire pirater dans ces conditions, les pirates ne devraient pas avoir trop de mal à utiliser ses failles dans un environnement moins sécurisé.
Des failles Java déjà détectées lors du vote sur Internet
En mai dernier, le vote par Internet lors des législatives françaises pour les français résidant à l'étranger avait déjà été entaché par des « bugs » liés à Java. Laurent Gregoire, un ingénieurs nantais, avait ainsi montré qu'il était facile d'utiliser ces failles pour modifier le bulletin de votes des électeurs. Bien qu'il est alerté le conseil constitutionnel de ces failles de sécurité et que les médias s'en étaient fait l’écho le vote avait néanmoins été validé par le conseil de sécurité en février dernier. Pas très sérieux pour ce qui faisait office de test grandeur natur pour le vote électronique : avait-on réellement besoin d'utiliser cette technologie ?
Vous l'aurez compris ces nouveaux patchs de sécurité apportés par Oracle ne devraient pas modifier en profondeur la situation. A savoir, un rapport bénéfice risque en défaveur du JRE : pour les particuliers et d'autant plus pour les entreprises, il est recommandé de désactiver Java tant qu'Oracle n'aura pas sécurisé de façon pérenne sa solution.
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