Le bidouillé fistal

Ma première tâche du matin est de calmer ma faim qui me noue le ventre et le remplir du quignon de pain d’hier trempé dans mon café, puis calmer la colère induite par ma condition qui se rappelle à mon esprit dès que celui ci est enfin réveillé, c’est à dire bien après mon ventre. Je dois pour cela fumer une clope puis courir me ravitailler au tabac le plus proche et à la boulangerie. Le calcul a été le suivant : je prends ma voiture essence, taxée à 75 %, parce qu’il n’y a plus le moindre commerce dans mon village à part le notaire, et cela ne date pas du Tsarkovsky, mais d’un siècle de bouleversements escla-ravagistes. J’achète mon paquet de clopes américaines à la mode, taxées 8O %, et j’en profite pour-boire un coup en ville, prendre des nouvelles de mes amis agricoles, et siroter un blanc cassis, taxé 8O %.

Bon, il m’arrive de payer des tournées de cinq et ainsi d’en boire cinq pour le même prix. Pour rentrer, je prends le chemin creux avec ma deux chevaux, comme il y a un siècle, quand les pauvres incapables de rentrer chez eux, étaient basculés sur leur tombereau, et le cheval, après une bonne tape sur l’arrière train, rentrait tout seul à la ferme. J’ai roulé dix ans dans ces conditions sans assurance, m’épargnant trois mille euros, ce qui est exactement le budget pour cette voiture dont on m’a fait cadeau, et que j’ai ainsi divisé par deux, à part les pleins à vingt euros par mois.

L’essentiel de mes achats représentent 70 % de mon revenu et représente donc mon sous-bouclier-fiscal maximum à moi. Je ne compte pas bien sûr la molécule chimico-médicinale qui vaut un million d’euros le kilo, parce que rien que d’y penser, je frise la crise, je bascule dans la dépression que seul, un autre verre pourra peut-être me faire oublier. Avec le reste, je bouffe, mais, j’ai décidé de cultiver dans mon jardin cinq fruit et légumes par jour. Ils sont souvent biscornus, pas vraiment transparents, ni rarement de couleurs unie et morne, je n’en vois rarement de tels quand je vais faire mon marché, mais quand je les vois, je les achète car ils sont moins chers, et sûr, naturels.

D’où ce constat : pourquoi les pauvres doivent-ils acheter des polos à la mode qui ont rapporté 1 ct d’euro à un enfant azerbaidjanais ou bengali, pourquoi les pauvres achètent vingt grammes de clopes emballées à cinq euros, qui font quand même deux cent cinquante euros le kilo ! Doit on vraiment aimer de toutes notre santé les étasuniens pour leur acheter leurs résidus de gazon tondu, ou leurs déchets végétaux invendables peut-être ogm, qu’ils emballent derrière un papier même pas recyclé au prix la truffe et bien plus cher que le meilleur foie gras ou le Champagne...

Quand je perçois les difficultés des jeunes pour atteindre le droit de conduire, le célèbre permis puis les prix des voitures indiennes ou chinoises qui commencent à cinq mille euros, le droit de travailler etc...sans compter les campagnes anti tabac qui rapportent plus à l’État tout en ne dissuadant pas une certaine jeunesse de commencer à fumer encore plus tôt, je me dis que tout fout le camp...vers le marché chinois. Car nous ne nous en rendons pas compte, mais si nos industriels du Cac 4O nous ont proclamé consommateurs, ils ont aussi délocalisé le boulot chez nos nouveaux esclaves. Ce qui me navre dans mon malheur c’est que la campagne anti-tabac en France s’exportent en Chine à grand coup de forfait tabac obligatoire.

Chez nous, la commission européenne légalise les ogm et huiles de vidange dans la salade, pendant que l’Etat cherche à faire défendre la gastronomie française devant l’Unesco, et décrète le bouclier fiscal à 5O % du revenu pour les plus riches dont on apprend ensuite qu’avec le soutien du ministre de l’économie, ils payent en fait moins de dix %. Alors que pour les pauvres, les taxes à n’en plus finir et sans aucune limite sur les produits de première nécessité frisent les 8O %, parce qu’il subventionne les allocations de toutes parts et qu’elles lui retournent ainsi dans les caisses avec ce processus ultra ingénieux !

pendant ce temps là, on peut apprendre sur les ondes payantes que, pour mille euros par mois, un résident monégasque se paye cent mètres carré, c’est à dire, près de 6O % moins cher que les chambres cinq fois plus petites des hôtels bas de gamme et complètement insalubres où logent les défavorisés souvent immigrés sans papiers parisiens. L’État français paye les trois quarts, par l’allocation au logement d’un prête nom. C’est à dire les derniers non chômeurs, Les 20 % qui travaillent tous les matins, sont rincés jusqu’à la moelle, et financent cette gabegie où les inégalités territoriale les plus criantes se côtoient presque partout. Ils sont à la fois les payeurs et assistent témoins au jt du soir, aux gâchis navrant des conseilleurs.

Pendant ce temps là, on peut apprendre que les plus beaux appartements de six cent mètre carré des plus beaux quartiers de Bruxelles, avec piscine intérieure, sauna, robinets en or, et jardin suspendus se louent mille euros par mois et que si tu es banquier, tu pourras l’acheter à ce prix mensuel. M’est avis que les plus belles femmes du monde que l’on retrouve en petite tenue, voire moins, derrière le glaçage du papier des revues de mode, les habitent gracieusement et je n’ose imaginer les courbettes qu’elles doivent exécuter pour se les faire offrir à l’œil rincé...Il est navrant de constater comment la femme, pour fuir sa condition de paysanne en tablier, accepte de le poser devant pareil bankster et tout cela pour confirmer sa vengeance envers d’autres, encore moins machiste et surement plus sentimentaux.

Évidemment, vu sous cet angle là, les 456 niches fiscales et le bouclier à 50 % de revenu semblent du latin pour les millions de érrémistes, fumeurs, qui roulent à l’essence, alcooliques, et les presque dix millions d’abonnés quotidiens ou réguliers aux médicaments psychotropes déclarés aliénés par l’administration psychiatrique.

Voulez que je vous dise comment j’accepte ma condition, j’ai un secret ancestral et ça marche !

Juste après l’avoir utilisé, j’aime à ce que plus rien ne compte...