Le bon dieu, Christian Clavier, le racisme et la morale laïque
Le film qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ? est sorti en salle la semaine dernière sous les applaudissements d'une presse enthousiaste et peu soucieuse de recul critique sur une production cinématographique pourtant convenue. Trente ans après la mort de Louis De Funès, Clavier et compagnie reprennent le thème de Rabbi Jacob pour nous faire "rire" et "réfléchir" sur le sujet d'une gravité exceptionnelle qui vous touche tous amis internautes, la lutte contre le racisme. Il en ressort une leçon d'éducation civique tendance morale laique, sauce united colors of Benetton, où tout le monde il est beau tout le monde il est gentil. Sauf bien entendu le méchant bourgeois blanc campé par Clavier, plein de préjugés et furax de voir ses filles épouser des gens issus de la diversité...
Rien de bien original. On voit mal ce qui pourrait donner matière à réflexion dans ce film, car le thème bien pensant à l'instar d'intouchables va dans le sens de ce que le grand public a envie d'entendre dans les médias. Les tensions inter-communautaires, l'extrêmisme religieux, les refus d'intégration de certains n'ont jamais donner lieu à des scénarios en France, à l'exception du remarqué Pierre et Djemila de Gérard Blain. Chez nous il existe des critères sélectifs en la matière. Au fait, en quoi la France serait "raciste" ? Pour avoir beaucoup voyagé en Europe, notamment en Italie et dans les pays de l'est je peux vous affirmer que la France est la plus "ouverte" à la misère du monde en terme d'accueil. Il n'y a que chez nous qu'il est interdit d'aborder l'origine ethnique des délinquants, que les plus pauvres sont prioritaires pour les HLM accordés hors critères de nationalité sans parler de la CMU... sujets tabous, refus de discuter sereinement de sujets sensibles, conformisme soviétique.
Car il ne faut pas avoir peur des mots. Le cinéma français a un côté ex-communiste dans ses pratiques et ses réalisations politisées et sensées influencer le jugement du spectateur. Un peu à l'image des oeuvres de la DEFA au bon vieux temps de la RDA. J'exagère ? Citez-moi un bon film d'aventures historiques ou un thriller convenable produit ces dernières années dans l'hexagone... tout doit avoir une justification pédagogique. Indigènes, l'ennemi intime, la marche, intouchables, le film d'Arcady sur Ilan... tout est prétexte à réeducation de ce vilain beauf franchouillard tel qu'il est imaginé à la terrasse du café de Flore (Paris 5ème). Nous ne sommes pourtant pas des imbéciles. Nos opinions sur les gens sont issues de nos expériences personnelles, de nos relations de voisinage, de notre vécu professionnel, de nos rencontres. Notre éducation et notre culture personnelle complètent nos jugements. Il n'y a rien de plus irritant que de recevoir des leçons de morale de tartuffes qui se prennent pour des curés de la laicité.
Ma compagne actuelle est d'origine vietnamienne. Ses parents ont travaillé pour s'intégrer en France, pour s'assimiler. Ils ont fui dans les années 70 une dictature communiste sanguinaire pour intégrer le pays des droits de l'homme. Celui où chacun pense ce qu'il veut et se forge sa propre opinion des choses. Ils n'ont jamais subi de "racisme", sont polis et courtois, travailleurs. Leurs enfants dont mon amie ont fait des études. Ils sont respectés, comme le sont les gens qui montrent une bonne image d'eux-mêmes, éduquent leurs enfants, respectent leurs voisins de palier et paient leurs împôts. La victime d'un prétendu "racisme" n'est que celui qui ne montre pas un visage respectable dans ses actes quotidiens. Point barre. On a que ce que l'on mérite.
Pour revenir au cinéma heureusement qu'il nous reste les films américains pour les fresques historiques, la science-fiction et les thrillers. A quand un Noé à la française où Clavier reprendrait le rôle de Russell Crowe ? On peut toujours rêver. Car ce genre de film n'est pas dans les critères éthiques des commissaires politiques des sociétés cinématographiques françaises. Films nombrilistes narrant des histoires à l'eau de rose produit par les maîtresses des producteurs ou leçons d'éducation civique à deux balles, triste est l'état de notre cinéma. On en vient à regretter les accords de l'OMC qui limitent l'accès au marché français des roads-movies US. Tiens ! Au fait, cette limite à la concurrence libérale infligée par ailleurs aux salariés français n'a pas cours dans le cinéma ? Moi qui croyait que le protectionnisme était ringard et le patriotisme économique dangereux, c'est dû moins ce qu'on rabâche tous les quatre matins. Deux poids deux mesures ?
Le conformisme et l'hypocrisie des milieux culturels français nous font gravement ch... que ces gens ne s'étonnent pas de la chute de fréquentations des salles françaises. Pour conclure ce topo je vous invite à aller voir le film Cristeros avec Andy Garcia dans le rôle principal, qui relate le massacre de 100000 mexicains insurgés au début du 20ème siècle par un gouvernement laic et sectaire qui voulait fermer de force les églises catholiques. La répression des protestataires fut terrible et digne des massacres staliniens quelques décennies plus tard. A noter que cette fresque a attendu deux ans avant de trouver un producteur en France ; pourquoi donc ?
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