Le capitaine Volkonogov s’est échappé : l’enfer communiste dans sa réalité brutale
C'est un film difficile destiné à un public averti qui vient de sortir sur nos grands écrans. Réalisé par deux cinéastes russes, Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov en 2021, il a été présenté dans divers festivals. Aborder l'horreur du socialisme russe des années 1930, sa police politique (le NKVD), l'arbitraire des arrestations pour raison politique et l'effroyable misère du peuple sous le joug de Staline n'est jamais une mince affaire.
Le capitaine Volkonogov s'est échappé est un pur chef d'oeuvre, qui nous décrit le Moscou de 1938, sa population opprimée et soumise, la grisaille des rues sales, l'industrie qui tourne à plein régime avec des ouvriers pauvres, mal logés dans des appartements communautaires, au sein d'immeubles délabrés. Notre capitaine est un privilégié, il a une chambre pour lui tout seul, un meuble, des habits propres.
Formé par le NKVD, on lui a inculpé la haine des autres, l'art de la torture, des brimades, des éxécutions sommaires. D'abord servile et docile, il finit par se rebeller après le suicide de son supérieur hiérarchique dont il est témoin par malchance. Car qui dit témoin dans un état socialiste dit gêneur à éliminer. Il prend la fuite, entrainant l'arrestation de son collègue et meilleur ami qui va subir le même sort que les détenus du palais de la Loubianka : tabassage, humiliations, torture au masque à gaz et assassinat. Il se réfugie chez sa petite amie qui le dénonce par peur, mais il parvient à s'échapper.
Notre capitaine devenu clochard retrouve son ex-collègue "zombifié" une nuit après avoir participé à l'enterrement sommaire de dizaines de victimes du NKVD. Il lui annonce d'outre-tombe qu'il va devoir se faire pardonner par les familles de ses victimes s'il veut échapper à l'enfer (voilà pour la partie "fantastique" du récit)...
Une mission qui va vite s'avérer impossible. Le capitaine se fait rembarrer plus ou moins méchamment quand il annonce la vérité à une mère, un mari, un frère sur le sort de leurs proches. Il manque de se faire arrêter par ses ex-collègues lancés à ses trousses, qui n'hésitent pas à interner toutes les cibles potentielles du héros, y compris des enfants.
Partout où il passe, lâcheté, alcoolisme, pénuries alimentaires, dénonciations, abrutissement des consciences sont la règle. Il finit par sauver une vieille dame de la mort par malnutrition, ce qui lui vaut une "amnistie spirituelle" annoncée par le bref retour de son seul collègue et ami. Le capitaine finit par se suicider pour échapper aux bourreaux, la mort étant la seule issue possible dans cet enfer socialiste.
Ce film est plus qu'un récit, c'est un témoignage, une sorte de docu-fiction, sur la barbarie soviétique et la logique du socialisme. Ainsi qu'une allégorie sur le sens de la vie, la rédemption, l'examen de conscience. Un système impitoyable qui inspira d'autres sinistres dictatures en Europe à la même époque, avec la même recette : police politique, arrestations arbitraires, camps de la mort et assassinats.
A une époque où notre pays connait le retour de l'ultra-gauche et des milices antifas, il est utile de visionner cet excellent film, qui peut être proposé au public scolaire de lycée par exemple. A ne pas rater, à condition de trouver une salle qui le propose, peu évident quand un récit va à l'encontre du politiquement correct ambiant.
Bande-annonce de Youtube :
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