Le capitalisme profite impunément des carences de régulations de la mondialisation aux dépends des salariés
De toute évidence, la mondialisation économique est allée plus vite que la mondialisation politique, et les effets économiques de la mondialisation plus vite que notre aptitude à la comprendre, à l’orienter et à gérer ses conséquences par des processus politiques.
Qu’est-ce que le capitalisme ? Essayons d’en démonter la logique.
Le capitalisme, c’est l’exploitation du travail collectif à des fins d’enrichissement personnel sous l’alibi de la mise à disposition des moyens de productions, aussi appelés capital.
Le libéralisme définit l’ensemble des conditions nécessaires à la mise en œuvre du capitalisme.
Les piliers du libéralisme économique sont la libre circulation des capitaux, des marchandises, des services et de la main-d’œuvre. Il est communément admis qu’entraver une de ces quatre libertés aurait pour conséquence de sombrer dans le protectionnisme, c’est-à-dire le nationalisme , la xénophobie mais ce sont des idées reçues , un conditionnement d’esprit que l’on pourrait déconstruire en remettant à l’ordre du jour la Charte de La Havane [2] qui proposait , à la sortie de la guerre, une autre façon d’organiser le commerce international fondé sur la coopération « Chaque Etat achète autant que l’autre lui vend, leurs balances des paiements doivent être en équilibre sauf s’ils en décident autrement d’un commun accord », plutôt que sur la concurrence et le libre-échange. La mondialisation correspond à ceci : financer là où les capitaux sont le moins chers, produire là où les coûts sont le plus bas, et vendre là où est le marché est le plus « consommateur » et où les profits sont le plus élevés. En fait, la mondialisation réorganise le travail à l’échelle planétaire grâce au libre-échange sans en réguler les conditions.
Pourtant, qualifier le processus de mondialisation des activités économiques de « libéral » est une erreur. Parce que le libéralisme n’est pas un système entendu comme une organisation économique et sociale concrète, mais relève du domaine des idées. L’erreur est d’autant plus regrettable que le libéralisme présente deux facettes distinctes, quoique liées entre elles. Le libéralisme est une philosophie politique qui met l’individu libre au centre de sa problématique. C’est aussi une doctrine économique qui elle-même contient deux volets. Le premier est une justification du capitalisme fondée sur le fait que la propriété privée serait un droit naturel - et non pas circonstanciel et lié à une société particulière, datée historiquement - et qu’ainsi la recherche de l’intérêt individuel conduirait au bien-être général. Il en découle un discours normatif sur ce capitalisme, qui constitue le second volet du libéralisme économique : la régulation de la société doit se faire par le libre jeu des mécanismes de marché, hors de toute intervention publique. Et c’est là que le jeu est faussé.
Le libéralisme authentique vise, au contraire, à élargir l’autonomie réelle de chacun et ses possibilités de développement personnel dans un cadre sociétal plus juste (dont l’Etat est garant) en coupant l’omelette politique sur les deux bords : l’ultra capitalisme in-égalitariste et monopoliste d’un côté, et le social-étatisme totalitaire de l’autre, qui sont deux ennemis des libertés concrètes de tous les citoyens et qui, nous le savons, peuvent tout à fait fusionner, comme dans certains pays d’Extrême-Orient, avec les conséquences despotiques qui en découlent. Dans ce contexte, la démocratie n’est pas une fin en soi, mais le moyen de la liberté.
Il serait possible d’arrêter cette tendance, nous l’avons évoqué. Il faudrait réintroduire de la régulation, mais au niveau international, il n’y a pas de structure pour cela, ni la volonté d’en avoir, et le niveau national a été court-circuité en Europe par une UE sans légitimité constitutionnelle.
Tout cela s’achèvera par un soulèvement général, sauf si d’aucuns prennent conscience du changement fondamental de la dimension espace/temps auquel nous tous sommes confrontés depuis l’avènement des moyens de communications, de la rapidité des moyens de transport, des standardisations techniques et réglementaires multiples rendant par ces faits la planète virtuellement plus petite. Ce changement d’échelle nous oblige à raisonner macroscopiquement, et à nous organiser en conséquence, d’où la nécessité urgente de régulations sociales, écologiques, économiques, financières et politiques équilibrées et concertées interculturellement et planétairement.
A défaut de réaliser cette gouvernance démocratique mondiale, le postulat de Rothschild Brothers restera valable pour très longtemps encore : “Les rares personnes qui comprendront le système seront soit si intéressées par ses profits, soit si dépendantes de ses largesses qu’il n’y aura pas d’opposition à craindre de cette classe-là ! La grande masse des gens, mentalement incapables de comprendre les immenses intérêts en jeu, en supportera le poids sans se plaindre !" [3]
[1] Luigi Chiavarini, professeur d’économie et finance auprès d’INVESTA et International Account Director GETRONICS.
[2] Cette charte est signée le 24 mars 1948 mais elle n’est pas ratifiée par le Congrès américain ce qui eut pour conséquence la création de l’OMC.
[3] Rothschild Brothers of London, communiqué aux associés à New York 25 juin 1863
47 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON