Le cas Trierweiler s’aggrave !
A-t-on oui ou non le droit de parler de la vie privée des hommes et femmes politiques ?
Dans le livre « La Frondeuse » qui sort cette semaine, Christophe Jakubyszyn, qui n'est pas le premier venu (chef du service politique de TF1 et LCI) et Alix Bouilhaguet (grand reporter au service politique de France 2) déclenchent un déluge médiatique post "tweet" en révélant non seulement que l'actuelle compagne de François Hollande aurait eu une relation extra conjugale avec Patrick Devedjian, qui aurait duré plusieurs années, mais surtout que cette relation aurait été conjointe avec une autre, impliquant l'actuel locataire de l'Elysée.
Les auteurs - des professionnels de l'information chevronnés - précisent même, pour être certain d'être compris, que cette relation triangulaire (et même quadrangulaire : Valérie Trierweiler vivait à l'époque sous le même toit que son mari, dont elle a eu plusieurs enfants) fait songer au film "Jules et Jim" de François Truffaut ! Pour mémoire dans ce film, qui fit scandale, Jeanne Moreau a deux amants en même temps.
Valérie Trierweiler a annoncé, par l'intermédiaire de son avocate, Me Frédérique Giffard, que le « dépôt d'une plainte pour diffamation et atteinte à la vie privée (était) en cours ». Patrick Devedjian, président UMP du conseil général des Hauts-de-Seine, va lui aussi, semble-t-il, porter plainte.
Il faut savoir que les atteintes à la vie privée sont diversement punies selon que ce soit dans la presse ou via un livre. Dans la presse, une telle divulgation vaudra le plus souvent une amende substantielle et un “placard” (soit un avis de la condamnation sur une page ou une demie) dans un numéro suivant ; mais pour un livre, la rétorsion s’applique très durement en réalité dans les faits : l’éditeur, s’il est reconnu “coupable”, est sommé soit de retirer le livre de la vente (cas extrême qui a des précédents, par exemple le livre du Dr Gubler après la mort de Mitterrand) soit de retirer les passages litigieux du livre, ce qui revient à le condamner de facto ( destruction de la première version imprimée, rappel coûteux des ouvrages déjà distribués, refonte totale de l’ouvrage, coûts divers nombreux, etc.)
De nombreux livres en France, révélant tel ou tel trait d’hommes politiques ou de vedettes, n’ont pas été publiés car leurs auteurs, même prestigieux, n’ont pas trouvé d’éditeurs, par crainte précisément de ces mesures de rétorsion très sévères.
Bien entendu on peut arguer que le fait que Mme Untel ait connu bibliquement Pierre Paul ou Jacques n'a pas à être connu, et qu'il soit heureux que ce soit prévu par le législateur. Néanmoins, un personnage public d'une importance aussi considérable que la compagne du Président de la République a-t-il (elle) le droit à l'opacité totale au seul motif qu'il ou elle est connu ? C'est un débat compliqué sur le droit à l'information - exactement l'angle pris cette semaine par DSK, qui réclame le droit à une sexualité libre, point.
Il serait dommage que le livre de Jakubyszyn et Bouilhaguet finisse prématurément sa carrière car on y apprend d’autres choses, d’une certaine importance sur le plan politique. En effet, Valérie Trierweiler y est décrite par ses propres amis (dont certains la surnomme “Cruella” !) comme une personne très dure, à la colère froide, cassante, ce qui n’est pas une révélation en soi, mais confirme nettement ce que laissait entendre les images et les faits récents.
Or, vu le poste stratégique qui est désormais le sien comme Première dame, ce portrait augure d’un problème politique réel à gérer pour François Hollande et qui se résume d’un mot : quand surviendra le prochain clash public que déclenchera sa compagne ? Un Président de la République peut il être sur le qui-vive en permanence par crainte des foudres de sa femme, comme on l’a vu récemment à l’ONU où il a rebroussé chemin alors qu’il était attendu, pour ne pas croiser Ségolène Royal ?
On en saura plus sur le sort de ce probable succès de librairies dans les jours qui viennent, mais il n'est pas impossible qu'il soit retiré de la vente - ce qui posera en ce cas le problème de la liberté de révéler.
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