Le chaudron du Sahel : 30 000 $ pour un occidental
Avant-propos : cet article a trouvé son inspiration dans la vidéo de l’intervention de deux heures de Serge MICHAILOF (chercheur associé à l’IRIS) devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH317/Fotolia_73536528_XS-c4e85.jpg)
Il fait un constat inquiétant : plusieurs dizaines de millions d’africains seraient sur le départ vers la France. La marmite sahélienne boue à la sauce syrienne, mais une sauce 10 fois plus épicée.
La France et la Belgique focalisent sur les attentats terroristes qui les endeuillent.
Pour conjurer la peur sans doute, les citoyens communient dans une sorte de célébration de la liberté menacée. De cette communion transpire une crainte collective, c’est qu’elle ne devienne un rituel, comme si nos territoires désanctuarisés n’étaient plus qu’une ligne de front dangereuse.
L’intuition collective se trompe rarement… De quelle prochaine déflagration devrions-nous nous préoccuper, dont le souffle ébranlerait la Nation une et indivisible et ses valeurs ?
De quoi et par qui est-elle menacée ?
Par une déflagration migratoire déstabilisante et par l’Islam impérialiste s’il poursuivait sa progression depuis l’Afrique.
Quelle potion diabolique est donc portée à ébullition dans le chaudron du Sahel ?
Une formidable déferlante migratoire se forme. Quels sont les ingrédients de cette alchimie à un souffle de nos frontières ?
Le grenier agricole du Niger est vide
L’économie du Niger, territoire emblématique du Sahel, repose sur son agriculture. Or celle-ci qui nourrit 20 millions d’habitants est en panne. Elle est déficitaire de 200 000 tonnes de céréales par an et ne crée aucun emploi.
Ce pays ne pourra pas nourrir ses 40 millions d’habitants dans 20 ans. De plus cette perspective désolante sera aggravée par le réchauffement climatique qui a déjà bouleversé la fréquence pluviométrique.
Et la ruralité constitue avec l’Islam, le premier des deux piliers de ce pays.
Une explication technique s’impose sur le mécanisme qui est en train de bloquer. La gestion traditionnelle des terres est celle de la longue jachère. C’est-à dire que la phase de culture d’un sol varie de 5 à 15 ans puis est abandonnée en jachère pour 10 à 30 ans. C’est cette phase qui permet un retour à un haut niveau de fertilité des sols.
Hélas, le principe fonctionne et nourrit la population pour une densité démographique de 40 h / km2 et Le Niger est déjà à 150 h/km2 selon Serge MICHAILOF.
C’est une catastrophe écologique et agraire qui est en cours avec l’enchainement des périodes de sécheresses et la raréfaction des pâturages. Les sols meurent faute de pouvoir aller à échéance des jachères.
L’échec de la transition démographique
C’est sur ce sol détruit que chaque année 150 000 jeunes arrivent.
L’explosion démographique est ingérable. Avec un taux de développement annuel de l’ordre de 3,5 % par an, le Niger est passé de 3 millions d’habitants en 1960 à 20 millions aujourd’hui et ce sera de l’ordre de 42 millions dans 20 ans. C’est un cas unique au monde, une marmite sous pression, à une traversée de la France.
Les experts les plus éminents parlent sur la base de ces chiffres, d’une impasse démographique. Pourquoi ?
Parce que cette explosion démographique se greffe sur la question précédente, une agriculture dont le terreau se raréfie jusqu’à ne plus représenter aujourd’hui que 8 % de superficie agricole.
Or, en imaginant même qu’une décision politique opportune soit prise demain, l’inertie serait de 30 ans avant de produire un effet vertueux sur le niveau de la population. Et le couvercle de la marmite est déjà en sustentation sur l’écume bouillante.
L’absence d’un appareil régalien, l’émergence d’une société mafieuse
Des millions d’âmes ne peuvent errer sur des sols en friches et sans emploi. Pourquoi ?
Parce qu’en plus du désastre agricole et démographique, toutes les fonctions politiques et administratives sont défaillantes, voire inexistantes, hors des zones urbaines. C’est-à-dire que dans ces territoires, il n’y a plus ni police, ni défense, ni justice ni structure de santé et bien sûr pas d’enseignement. L’organisation de la société est livrée à la puissance la plus prégnante, celle des dominants régionaux.
Cette organisation mafieuse de la société avec son cortège de parrains qui tiennent l’économie parallèle, tire ses ressources de tous les trafics y compris le plus récent, le très juteux commerce de la migration.
Dans ce chaudron sahélien,
Sans perspective aucune d’insertion sociale, car sans ressource, la jeunesse est une aubaine pour les djihadistes, la seule proposition d’insertion est celle proposée par les trafiquants de l’Islam radical.
Avec une offre allant de 400 $ pour poser une mine à 30 000 $ pour enlever un occidental, l’Islam de la terreur est en train de lever une armée de pauvres hères mais corruptibles car le revenu moyen mensuel serait de l’ordre de 40 $.
Le maître du grand Sud saharien est d’ailleurs un voyou. C’est Mokhtar Belmokhtar. Il règne sur les pistes du grand Sud saharien, se livrant à des attentats financés par la contrebande, notamment de cigarettes, qui lui a valu le surnom de « Mister Marlboro".
L’influence salafiste a cannibalisé l’Islam soufi
Les fondations du Golfe, encore le Qatar et l'Arabie saoudite, jamais très loin, comme en Afghanistan, financent l’Islam radical jusqu’ à Dakar. Il y a trente ans, les femmes de l’Islam soufi vivaient tête nue au Niger, aujourd’hui, elles sont couvertes de la tête aux pieds. « Le salafisme est un foyer d’attraction pour des jeunes déboussolés » (Souleymane Bachir Diagne, philosophe sénégalais)
Voilà donc le terrain de jeu infecté par les islamistes radicaux qui à la fois, peuvent lever une armée puissante, semer la malédiction et la mort et provoquer à court terme, la plus formidable vague migratoire que la France aura connue. Et là-bas, il n’y a ni Bachar El-Hassad, ni Vladimir Poutine.
La France bien naïve
Surpopulation et désordre agraire, dans un contexte de terreur salafiste face à un Occident passif et un Etat nigérien absent sont porteurs d’une insécurité permanente qui vient d’être exportée vers les pays côtiers, la Tunisie en 2015 et la Côte d’Ivoire récemment seront déstabilisées. La migration a donc commencé. Face à une telle vacuité des Etats du Sahel et de l’Europe, un tsunami migratoire se prépare, postérieurement à l'écroulement du chateau de cartes des pays côtiers qui a débuté... Contre un tel danger, l’opération Barkhane et ses 5000 hommes est illusoire.
Les migrations suivent toujours un cheminement préférentiel, celui pris par la diaspora. Et c’est en France qu’elle est la plus nombreuse, après celles des pays d'Afrique de l'Ouest.. Sans doute la France aurait-elle intérêt à s’affranchir de sa naïveté pour se préoccuper maintenant de savoir ce qu'elle veut pour la Nation. Et si nous voulons éviter cette submersion, c’est sans doute, sans velléités néocolonialistes évidemment, par le financement à marche forcée d’un appareil régalien au Niger, que l’on pourra réduire cette poussée migratoire qui de toute manière se produira puisqu’elle a déjà commencé. Merci la France Afrique…
Sources :
"Africanistan". Conférence de Serge Micailof devant la commission des affaires étrangères de l' Assemblée nationale - 28/04/2016
Agoravox 22/01/2015 « Le Qatar pour les nuls, du pétrole au sang » (René Pichon-Costantini)
RFI Afrique 25/11/2014 « Nigéria : Le comportement de l’armée face à Boko Haram »
Ministère de la Défense – dossier Barkhane
Paris Planète Jean-Christophe Ploquin « Le combat du soufisme contre l’islam littéraliste »
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