Le climat, sujet du « porteur de parole »

On peut dire qu’on a vécu un moment sympa. On a été actifs pendant presque 3h, on a rencontré un tas de monde, les échanges avec des inconnu(e)s ont été cordiaux et on a beaucoup appris. La technique du porteur est à la porté de tous et surtout elle est très attrayante autant pour ceux qui animent que pour ceux qui répondent à la question. Cela se fait très naturellement.
La situation
Le samedi matin à Saint-Gely du Fesc (34) c’est marché. Détendus, sympas, plus sur le mode promenade que sur le mode, je fais mes courses vite fait, les gens sont nombreux et ils ont un peu de temps. On s’est mis en haut du marché, un endroit où pratiquement tout le monde passe, nous étions sept.
La question
Quelques semaines avant, avec juste quelques échanges à 3 ou 4 nous avions convenu de la question. Fondamentale la question pour une porteur de parole. Et on s’est mis d’accord pour : « Vous sentez-vous menacé ici par le changement climatique ? » Elle a très bien fonctionné cette question. La parole venait toute seule, il y avait juste à noter.
La technique
Comme on voit sur la photo il suffit d’afficher la question à deux ou trois endroits, de tendre une corde à linge. Les enquêteurs vont à la rencontre des gens et leur demandent leurs réponses. Ils reformulent et prennent bien note de ce qui est dit. Ils demandent aussi le prénom et l’âge de la personne interviewée. La feuille de carnet est alors déchirée et transmise à un(e) scribe qui a la vocation de bien écrire et même très lisiblement sur une feuille A3 colorée. Ensuite on dispose les feuilles sur la corde à linge, ou on la scotche au mur. Curieux, les gens qui passent lisent.
Des perles
Certaines réponses sont très fortes et remarquables, l’émotion est là : Léana 11 ans nous dit qu’elle se sent menacée, sa réponse est : « Oui, parce que après, ce sera la fin du monde ». Jean 67 ans nous dit : « Je suis en colère et désespéré ». L’émotion est palpable là aussi : « Très touchée, Faut agir, ça s’accélère » Sylvia 39 ans. Parfois une réponse nous fait sourire : « Oui, la menace dans notre région c’est la montée des eaux. On aura des « migrants » palavasiens et de la Grande Motte d’ici 50 ans » Maurice 69 ans.
Pas de climatosceptiques mais des défaitistes
Il est à noter que sur environ 50 personnes interviewées pas une n’a nié la réalité du réchauffement. On comptait encore 35% de climatoseptiques en 2013 en France, on dirait qu’en 2019 les derniers sont entrain de disparaitre. En revanche certains pensent que les humains n’y sont pour rien… ou qu’on y peut rien : « Non, je ne me sens pas menacée, c’est une évolution normale des temps. On n’y pourra rien. Ici avant il y avait de l’eau » Marie-Thé : « C’est inéluctable, on ne peut pas l’arrêter » Michèle 70 ans.
L’argent et le sens
Plusieurs personnes ont dit que c’était l’argent de problème. L’idée c’est que tout tourne trop autour de l’argent dans notre monde et il y a cette réponse aussi de ceux qui voudraient bien faire et ne le peuvent pas à cause de quelques centaines d’euros : « Marre de manger des choses mauvaises, mais pas assez d’argent pour faire autrement » Marine 24 ans. Et si on supprimait la TVA sur les produits bio de première nécessité ? Christian 75 ans dit : « On fonce, on fonce… la croissance c’est pas la finalité ».
La confiance plus là, mais là encore
Souvent on a constaté le manque total de confiance dans les dirigeants politiques et économiques : « Certaines grandes entreprises ne font rien. Ça démoralise, ça énerve. On nous rabache de beau discours » Carole et Louis 30 ans. « Oui il y a urgence à ce qu’il y ait des vraies mesures » Maurice 67 ans. « Oui, j’ai signé la pétition « l’affaire du siècle ». Y en a marre qu’ils ne fassent rien tous ces dirigeants » Danielle 70 ans. Félix 24 ans dit : « La planète est attaquée tout le monde doit y mettre du sien. La planète est forte, les racines d’un arbre soulèvent le goudron. Ayons confiance en nous. »
Agir, se battre, les solutions
Certains sont dans l’action : « Je me sers du vélo et de mes jambes » Joelle 69 ans. « On est mal barrés. Faut se battre ! » dit Vincent 35 ans. « Oh oui ! Pour mes petits enfants surtout. Je suis militante engagée depuis longtemps. Ça avance doucement » Paulette 78 ans. « On ne sait plus que faire ; C’est en haut que ça doit bouger. Nous on fait à notre petite échelle, je trie, j’achète local, on est inquiet pour ceux qui arrivent » Martin 79 ans, Martine 65 ans et Aline 63. « Il faut faire l’éducation des gens » Véronique 50. « Il n’y a pas 36 solutions DECROISSANCE changer de modèle » Jean-Luc 56 ans. "J'oeuvre pour le changement j'ai réduit ma consommation de viande" Charlotte 32 ans.
On le refera !
La police municipale était sur zone, très bienveillante, nous avons eu quelques échanges cordiaux. Nous n’avions pas fait de déclaration à la mairie. Il faut dire que c’est vraiment bon enfant comme action. On peut le voir comme une animation culturelle. Parfois les gens nous demandaient pour quelle organisation nous agissions. On leur répondait pour aucune en particulier et que nous étions engagés dans plusieurs associations qui luttent pour le climat, ou l’éducation populaire. Comme on s’est bien amusés et qu’on trouve ça utile de faciliter l’expression des gens qui ne s’expriment nulle part, on le refera !
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