Le dernier roi fainéant
Si on se réfère à la position des parlementaires dans l’hémicycle, aucun doute l’UMP est bien un parti de droite. Mais, dans les faits, la situation est tout autre et inquiète de plus en plus. Une frange considérable d’électeurs se demande à quoi peut donc bien servir d’aller voter puisque, au final, strictement rien ne change. Nous pensions avoir élu le président du renouveau, nous avons en fait installé au pouvoir un nouveau roi fainéant, probablement le dernier.
1/ Classement international des « enfers fiscaux »
Quand on vote pour un président dit de droite et que l’on vit dans le pays classé numéro un et, de loin, au hit-parade des « enfers fiscaux » (cf. l’étude du magazine Forbes www.forbes.com/global/2008/0407/060_2.html), on attend naïvement des actions significatives qui iront dans le sens de la réduction des déficits, des dépenses publiques, de la pression fiscale. Il est au passage amusant de constater que ce classement montre que nous sommes plus taxés en France que dans des pays au communisme assumé. Ah mais oui c’est vrai, nous sommes aux-pays-des-droits-de-l’homme, avec un système de santé que-le-monde-entier-nous-envie, et ça, que voulez-vous, ça n’a pas de prix.
2/ Populisme, quand tu nous tiens
Le taux de dépense publique était de 53 % du PIB avant le sacre de notre bien-aimé président. La pression fiscale rôdait autour des 44 % avec un déficit de 40 milliards d’euros. Je veux bien parier tout ce que vous voulez qu’en 2012 aucun de ces trois chiffres n’aura diminué, bien au contraire. Même si ces indicateurs ne sont pas une fin en soi, peut-on qualifier « de droite » une politique qui ne tend pas à les réduire quand ils sont parmi les plus élevés au monde ? Et que reste-t-il comme marge aux malheureux socialistes, condamnés pour exister à se lancer à cœur perdu dans une surenchère sociale suicidaire ?
Nous sommes dans la continuité parfaite des mesures démagogiques, populistes et égalitaristes initiées par les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy. Après l’invraisemblable et inapplicable droit opposable au logement, il est maintenant évoqué sans plaisanter la création d’un « droit opposable à l’alimentation » et d’un « droit opposable au travail ». L’ISF a beau être supprimé par les gouvernements socialistes de nos voisins européens, notre président affirme le maintenir à tout prix comme symbole, glaive de justice de l’opprimé face aux méchants riches profiteurs. Plus démagogique tu meurs. Une droite vous avez dit ? Et ultralibérale en plus ?
3/ Des réformes ? Où ça ?
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L’illustration parfaite est la mesure-phare de la première saison présidentielle, la réforme de la retraite des fonctionnaires, qui de l’aveu même du gouvernement va coûter plus cher à la France sur les vingt prochaines années que si elle n’avait pas eu lieu. Et, au-delà de ces vingt années, « on verra ce qu’on verra ». On croit rêver, mais malheureusement non... On comprend pourquoi les syndicats se sont empressés de signer les accords !
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Nos universités ont leur autonomie et, maintenant, « on va voir ce qu’on va voir ». Oui, et ?
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On annonce des centaines de réformes dans un rapport Attali bien peu ambitieux (tiens, on l’avait presque oublié), et le pantalon est baissé dès les premiers soupçons de difficulté avec les taxis. C’est vrai qu’oser défier le surpuissant lobby des taxis, ça faisait froid dans le dos.
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Supprimer les publicités dans les chaînes publiques, et les remplacer par des taxes ? Ah oui, là c’est une vraie réforme de droite cette fois. On touche le fond... Et on sent bien par ce genre de « mesurette » pour laquelle le président en personne monte au créneau, que les préoccupations des Français sont bien prises en compte. Non ?
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Nos pêcheurs sont en difficulté ? Plutôt que d’investir dans des infrastructures comme l’aquaculture, on subventionne, on assiste, on se contente d’ouvrir le porte-monnaie. Et, au final, on ne fait que reporter le problème d’un ou deux ans.
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Le marché pétrolier est en crise ? Plutôt que de regarder le problème dans les yeux, d’oser dire que le plus dur est à venir car les hydrocarbures appartiennent déjà pratiquement au passé, on annonce une subvention. Un droit opposable au pétrole ? A mourir de rire ou à pleurer, c’est selon. On aurait préféré entendre l’annonce d’un grand pôle technologique de validation d’énergies de substitution, en partenariat avec les constructeurs automobiles. Avec un échéancier clair et impératif. Mais, non, on préfère fermer les yeux et contenter au plus tôt et au plus vite l’opinion : on ouvre le porte-monnaie, on le retourne en le secouant un peu, et « miracle il reste encore quelques pièces, donnons-les vite, peut-être qu’avec ça ils voteront encore pour nous ».
Nous pensions en avoir terminé avec les rois fainéants depuis la fin du règne de « Chichi la magouille », nous en avons un autre sous une forme un peu différente : toujours l’inaction, mais en voulant à tout prix donner l’image de l’action. C’est peut-être pire.
4/ La chasse aux « riches »
Peut-être que le gouvernement pourrait oser assumer publiquement qu’il est nécessaire que certains s’enrichissent pour que ces mêmes personnes créent de la richesse. Expliquer que cela aussi peut être un cercle vertueux. Nos concitoyens sont-ils en mesure de comprendre qu’un créateur d’entreprise n’a aucun intérêt à justement créer une entreprise si, au final, il n’en tire pas un bénéfice très conséquent ? Sont-ils en mesure de comprendre pourquoi un employeur n’ose plus employer ? Sont-ils en mesure de comprendre pourquoi toutes les entreprises françaises créent leur filiale de commerce électronique en Suisse, Luxembourg ou Angleterre ? Délocalisent ce qu’il reste à délocaliser en toute hâte pour rester compétitives ? Ou préfèrent-ils croire au mensonge honteux des soi-disant « nombreux grands groupes étrangers qui viennent chaque année implanter leur outil de production en France, grâce à la productivité française qui reste une des meilleures au monde », pour reprendre des propos télévisés récents, et à mon sens tout simplement scandaleux, de Julien Dray. Scandaleux car si la « journaliste » (Arlette Chabot en l’occurrence) avait eu l’éclair de lui demander de nous citer un seul exemple de 2008, voire de 2007 de ces implantations miraculeuses, notre ami Julien aurait eu de grosses gouttes de sueurs.
5/ Et justement, les socialistes dans tout ça ?
Ils sont dans une situation plus qu’inconfortable. L’UMP s’étant parfaitement décalée sur leur créneau, que peuvent-ils sérieusement proposer de plus ? Augmenter encore les déficits pour financer encore plus de social ? Même leur traditionnel dogme économique
[Je taxe les riches et les entreprises =>Je fais du social => donc les pauvres consomment => plus de croissance => les entreprises créent des emplois]
ne les sauvera plus, cette fois. A moins d’accepter de se faire mettre à la porte de la zone euro et d’entrer prématurément dans une crise économique terrible, bien entendu. Ils le savent et n’abordent pratiquement plus de manière frontale la question de la pression fiscale ou d’augmentation de la dépense publique. Tout au plus, de façon épidermique sur des sujets symboliques, comme les stocks-options et les parachutes dorés. Mais, sur ces thèmes justement, l’UMP les a brillamment précédé...
Que reste-t-il au PS ? Des miettes. Coincés entre une UMP qui met la barre à bâbord toute, et une montée en puissance remarquable d’O. Besancenot, ce n’est pas pour rien qu’il n’arrive plus à sortir de programme depuis quelques années. C’est presque devenu mission impossible de se démarquer. Ils ont trouvé une solution provisoire et elle semble satisfaire leurs partisans : ils ne proposent rien, critiquent tout et s’agrippent comme une moule à son rocher à des thèmes tapageurs, mais au final absolument inutiles comme l’ADN et les OGM. Et font du misérabilisme leur fonds de commerce, bien sûr. En cela, le Parti socialiste n’est guère différent du Front national : sa ligne directrice consiste à exploiter le mécontentement des masses pour satisfaire les buts d’une élite manipulatrice. La gauche-caviar traîne tellement de casseroles que c’est à se demander comment ils arrivent à tenir des discours d’égalité sociale sans un sourire aux lèvres.
6/ Mais alors pour qui voter ?
Pour qui voter si on souhaite que la pression fiscale et le taux de dépense publique baissent en France ? Que les monopoles étatiques soient remis en question, au moins débattus ? Pour que nous ne soyons plus gouvernés par les syndicats ? Ce devait être le rôle de l’UMP, elle l’a complètement abandonné, et elle n’y reviendra pas vous pouvez en être sûrs. Les élus sont bien trop contents de l’être et rejetteront toute forme de risque politique, ils l’ont démontré maintes fois.
J’ai voté Nicolas Sarkozy, et on ne me reprendra plus à voter pour cette personne ou son parti usé par le pouvoir. O. besancenot me semble au moins aussi dangereux que M. Le Pen, en laissant entendre qu’une révolution armée ne le dérangerait pas plus que ça. Le Front national a montré toute son aptitude à gouverner en 2002, en annonçant juste après le premier tour qu’il était pris de court et n’arriverait pas à imprimer les tracts du second tour à temps... risible. Le MPF ne décollera jamais. Il ne reste que Bayrou, et croyez-moi c’est bien la mort dans l’âme que j’écris cette dernière phrase...
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