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Accueil du site > Tribune Libre > Le discours autour de l’Art

Le discours autour de l’Art

Le discours sur l'Art est en grande partie composé d'approximations oiseuses. De prétendues références historiques. De considérations générales ou au contraire extrêmement pointues. Bref, un ramdam érudit parfaitement arbitraire mais authentiquement verbeux plus ou moins consciemment fait pour impressionner le profane et suggérer une initiation au vaniteux.
 
Moi-même je me suis essayé à maintes reprises aux discours traitant de l'art. Textes aux apparences sérieuses faits de doctes allusions, construits sur de savantes fumées, tissés de phrases creuses tonnant comme des mirages pleins d'autorité conventionnelle, voire avant-gardiste... On l'aura compris, ce genre n'est qu'imposture. Le plus fort, c'est que ça marche !
 
Nul ne comprend rien ou presque, tous acquiescent. Personne au fond de lui-même n'est d'accord avec le critique d'art, et pourtant même l'esprit le plus indépendant adhère. C'est que dans le domaine de l'Art officiel le poids de l'autorité des "initiés" est si grand, l'impact psychologique de l'artifice verbal si puissant qu'ils annihilent tout esprit critique.
 
On a applaudi à mes textes sur l'Art, ce n'était pourtant que de purs exercices de style à la "Christie's". Il suffit de lire les brochures distribuées dans les galeries d'Art pour se rendre compte de la grande farce académique que constitue la critique d'Art. Personne n'ose contredire ces solennelles âneries écrites autour de la plupart des oeuvres d'art. Il y a beaucoup de vent dans la critique d'Art, peu de propos réellement pertinent, et c'est d'ailleurs ainsi que le système fonctionne : une bonne dose d'imposture (faite d'hypocrisie culturelle, d'effets linguistiques brillants et d'artifices phraséologiques recherchés) est nécessaire à l'élaboration du mythe des oeuvres d'art.
 
Certaines oeuvres d'art parmi les plus vides doivent d'ailleurs leur célébrité à tous les discours creux inventés pour leur servir de projecteurs. Discours longs, denses, difficiles d'accès émis par d'éminents clowns diplômés des grandes écoles des Beaux-Arts. Le vent est la composante la plus importante dans le domaine de l'Art. L'on s'extasie sur des pots de chambre, sur des toiles couvertes d'un blanc uniforme, sur des tableaux peints avec de l'excrément, sur des sculptures prétendument abstraites et qui en fait représentent le vide difforme et monstrueusement boursouflé de leurs auteurs...
 
Qui aujourd'hui est encore capable de se dresser contre ces statues de sable qui éblouissent autant les imbéciles que les esthètes ?

VOIR LA VIDEO :

http://www.dailymotion.com/video/xrovga_le-discours-sur-l-art-raphael-zacharie-de-izarra_news
 

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6 réactions à cet article    


  • Radix Radix 23 juin 2012 12:49

    Bonjour

    Je me souviens d’une série d’émissions avec Raymond Aaron intitulées « Les modernes » qui étaient une critique au vitriol de toutes les supercheries dans la littérature, le cinéma et le dernier sur la peinture moderne.

    Cette dernière émission présentait une série de tableaux dans une galerie de peinture tous d’un blanc uniforme. Le galeriste défendait tant bien que mal le « propos » du peintre (qui n’avait pas osé venir) et à la fin Aaron dit à l’exposant : « Vous avez beau dire, mais ces tableaux sont toujours blancs ! » ce qui a clouer le bec à l’épicier !

    Radix


    • Radix Radix 23 juin 2012 13:13

      Pas Aaron mais Aron.

      Radix


    • pigripi pigripi 23 juin 2012 18:51

      Un peu court votre article, peut-être parce qu’il n’y a rien d’autre à dire smiley


      Je pense comme vous que le discours officiel sur l’art est creux sans doute dans le souci de rester artistiquement correct mais surtout de ne pas contrarier ceux qui assignent le statut d’art à un objet. Certaines personnes sont habilitées à se prononcer sur ce statut en fonction de leur pouvoir dans la société et elles peuvent dire ce qu’elles veulent, car leur parole est d’or au sens propre et figuré.
      Finalement, c’est sans doute le temps qui donne raison à l’objet d’art dans ce qu’il a à nos yeux d’intemporalité. Mais ce n’est pas tout, il y a aussi le trait, la touche, la manière, la matière et tout un ensemble de façons qui permettent de s’y retrouver ou d’y trouver un écho à sa sensibilité. Ce n’est pas simple et cette complexité explique aussi les désaccords...
      La parole officielle ne dit pas sa subjectivité, elle se prétend absolue alors qu’il y a autant de manières d’envisager l’art que d’individus sur terre, hier aujourd’hui et demain ...
      Il y a tant à dire et ne pas prononcer ....

      • Crab2 23 juin 2012 19:29

        C’est ce qui s’appelle, écrire pour ne rien dire


        • Christian Labrune Christian Labrune 23 juin 2012 22:04

          Ce que vous écrivez est tout à fait juste. Les délires ont culminé à l’époque où la peinture ne pouvait plus être qu’abstraite. Un platonisme de classe terminale mal assimilé s’y entraînait à y découvrir, enfin révélée, l’essence même des choses. Que de sottises !
          Et ne parlons pas de tous ces braves gens qui connaissent à peine les collections permanentes du Louvre et sont capables de faire la queue trois heures devant le Grand Palais pour ne pas voir (quand on est trois devant un tableau, on ne le voit pas) des expositions dont tous les journaux ont assuré la publicité.
          Ce qu’on peut faire encore de mieux dans ces sortes de grandes célébrations artistiques qu’il vaut mieux désormais éviter, c’est suivre deux ou trois personnes et écouter discrètement ce qu’elles se racontent. Cela a rarement un rapport avec ce qui est exposé. Je me souviens d’une femme qui, dans une exposition où j’espérais pouvoir examiner plusieurs toiles de Sebastiano del Piombo, se racontaient leur vie. L’une venait de subir une opération de chirurgie esthétique racontée avec toute sorte de détails, dont elle paraissait déçue : son mari l’aimait désormais beaucoup moins avec sa nouvelle tête !
          Tous ces conformistes me font pitié. Au Louvre, on vient de « restaurer » la Saint-Anne du VInci. Tous admirent, évidemment. Mais le tableau est désormais complètement désaccordé, on ne voit plus que le bleu très cru du manteau de la vierge qui, débarrassé des glacis qui l’adoucissaient, crève littéralement les yeux. A deux pas, « La charité » de Del Sarto, qui est dans un bien meilleur état, paraît être une leçon de peinture sur l’art d’accorder les bleus. Elle paraît accabler et condamner, par son excellence même, une maladresse d’écolier du pauvre Léonard qui, s’il était encore vivant, n’y survivrait pas. 


          • Christian Labrune Christian Labrune 23 juin 2012 22:14

            ERRATA
            On voudra bien excuser deux fautes :

            J’aurais dû écrire « s’y entraînait à découvrir », le second « y » est de trop

            De même, plus loin « Je me souviens de DEUX FEMMMES qui... » et non « d’une femme qui »

            Cette erreur me dégoûte tellement que je referme la page et vais m’ouvrir le ventre. Le seppuku s’impose en pareil cas.

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