Le discours du Front national revisité pour l’occasion des lundis républicains

Mme Sorel qualifiée par certains de Zemmour au féminin. Dans son intervention, elle a fait référence à Luc Ferry (lui même se réfère à la culture grecque), Max Gallo et bien d’autres.
Elle insiste sur les principes de la laïcité, l’égalité et la fraternité.
Elle fait une distinction entre les migrants européens qui avaient quelques repères communs avec la communauté française d’accueil.
Elle fait ensuite le constat suivant : la société au lieu de permettre et d’inviter le migrant et sa descendance à s’élever vers le niveau social ( sous-entendu acquérir le normes et standards de la société française), elle a procédé à des concessions sur des principes fondamentaux de la nation française. Mais, Mme Sorel fait la part entre le politique et la société civile. Cette dernière n’a pas fait de concession et n’a pas cherché à s’adapter aux entrants, au contraire elle n’a jamais cherché à aliéner son identité. D’où ce hiatus entre le discours politique et la société civile. Donc l’apparition d’une contradiction entre l’élite politique et les citoyens. Elle rappelle une citation d’un penseur indien « Pas de concession sur des principes fondamentaux ».
Elle insiste sur la notion de la liberté. Elle fait la remarque selon laquelle la notion de la liberté et sa pratique n’est pas une donnée qui va de soi, elle n’a pas la même signification dans toutes les cultures, et elle tient à rappeler l’adage suivant : « Tout ce qui n’est pas interdit est permis ».
Quant à l’égalité, une fois qu’elle en donne la définition classique, elle manifeste son doute de sa bonne application, surtout la tendance d’aller vers la discrimination positive. Elle souligne que la discrimination positive ne favorise qu’une classe et ne permet pas de toucher les populations les plus modestes. Elle est donc pour elle une source qui favorise le communautarisme.
Pour ce qui est de la fraternité, c’est de considérer que l’être humain est un frère de par son humanité, certaines cultures limitent la fraternité à celui qui partage la même culture et la même croyance.
Ensuite, elle s’attache à montrer qu’il n’y a pas eu suffisamment d’information envers les enfants d’immigrés sur l’apport bénéfique que leur apporte la société française et ce que cette dernière a fait et fait pour tous les nouveaux arrivants, elle souhaite par exemple que l’on suscite et l’on développe le sentiment de reconnaissance de ces populations vis-à-vis de leur société d’accueil. C’est à l’évidence ce qui manque chez les enfants des quartiers. Elle reproche au discours qui culpabilise la société française et victimise cette population d’engendrer de la haine et la frustration suite aux problème de l’échec scolaire et le défaut d’intégration. Elle n’hésite pas à rappeler les chiffres des dizaines de milliards pour l’intégration, et elle répète que l’on doit insister sur ce « socle de reconnaissance » qui fait développer le sentiment d’aller vers la société d’accueil.
Et bien sûr la laïcité est un principe qui ne peut pas exister partout, « il y a un abîme entre les systèmes culturels ». Elle souhaite inciter au respect de ce principe de part son histoire douloureuse.
Mme Sorel fait la distinction entre l’intégration et l’insertion.
Elle pense que « la repentance » est une idéologie contreproductive, injuste et dangereuse et à terme elle est un frein à l’intégration et à l’insertion. Pour elle nous en vivons actuellement les conséquence.
L’école qui était jusqu’à récemment un outil d’intégration formidable ne l’est plus. Parce qu’elle a changer de méthodes pédagogiques. Selon Mme Sorel, nous avons travaillé sur les symptômes et non sur les causes des difficultés des enfants d’immigrés. L’école s’est rendue coupable à trop vouloir prendre en compte les spécificités des enfants des immigrés. Nous avons érigé en dogme le culte des différences au lieu de transmettre à l’enfant le pacte républicain.
Actuellement, le taux de présence en terme de culture sur certain territoire est tel que le mélange et l’ouverture sur la société est presque inexistant, d’où les difficultés de se réapproprier des normes et des standards de la société française. Elle propose de transmettre le sens de ce qui est l’identité nationale.
Mme Sorel réfute l’existence d’un ascenseur social. Pour elle il n’y a pas eu d’ascenseur de tout. Qu’il fallait parler de parcours personnel et de projet de vie qui font la réussite d’une personne.
Elle réfute également l’explication simpliste qui consiste à dire que les difficultés que rencontrent les gens de quartier sont dues à une société raciste.
Qu’attendons-nous de la population migrante ? Voilà une question à laquelle il faut répondre.
L’insertion c’est une cohabitation sans se fondre dans la communauté nationale, ou une intégration c’est-à-dire faire partie de la nation. Dans les deux cas la population a pour obligation de respecter les normes de la société d’accueil.
Elle cite le Premier ministre turc qui déclare que le fait de demander à ses concitoyens de s’intégrer est une violation et un crime de leur identité . Pour ce politique, l’acquisition de la nationalité n’est pas un signe d’intégration, il les incite même à défendre leur culture tout en tirant au maximum les avantages de ce que peut leur apporter la nationalité du pays d’accueil.
Donc, le problème peut se poser d’avoir la nationalité du pays d’accueil sans avoir une adhésion affective, cette allégeance reste acquise pour le pays d’origine.
D’après elle, l’intégration se fait de manière volontaire et par conviction. C’est un cheminement moral et personnel. Mme Sorel pense qu’il n’y a pas de panne de l’intégration à la française, au contraire l’intégration continue, même avec des gens venant de contrées n’ayant pas la langue française en commun.
Elle estime que la langue française est un facteur d’appropriation des éléments de la culture et par extension l’appropriation de l’identité nationale, « est français celui qui parle français » d’après sa formule. Le refus de parler la langue est un signe de refus de faire partie de la communauté la plus large, c’est-à-dire s’approprier un élément de l’identité nationale.
Voilà globalement le contenu de ce débat. Une intervenante a estimé que Mme Sorel est excessive dans sa description des phénomènes, et qu’elle généralise à outrance des cas particuliers. Mais la plupart des intervenants furent acquis à son discours.
Personnellement, j’estime que le discours de Mme Sorel n’est pas nouveau. Le Front national a une longueur d’avance sur elle. Est-ce que le constat de situation particulière peut à lui seul donner au discours la profondeur de la pensée philosophique, sociologique, de la justesse ?? J’en doute fort.
Qu’elle ait raison sur certains faits, cela ne se discute pas, son discours est plutôt empreint de bon sens, mais ce bon sens se limite aux généralités mais ne va guerre en profondeur. Par exemple, l’idéologie de la repentance, la victimisation des populations immigrés ou issues de l’immigration. Derrière cette idéologie il y a visiblement un refus obstiné de voir cette population autrement qu’incapable d’acquérir une pensée différente de celle de leur culture d’origine. C’est inscrire des individus dans un déterminisme social et religieux à l’instar des religions qui ne tolèrent aucune hérésie. Ce n’est pas étonnant de voir les gens revendiquer cette appartenance pour ne pas se sentir lésés. On est bien dans l’ère de la liberté totale. Autant commencer par celle qui nous permet de prendre notre revanche sur l’autre.
Elle a fait une réflexion assez juste sur la burqua, rappelant que beaucoup de musulmans disent que ce n’est pas dans l’islam et cela ne concernent pas l’islam, en résumé, c’est une hérésie. Mais dès que l’on souhaite réglementer ce genre de phénomène, ceux-là mêmes s’indignent que cela stigmatise les musulmans. Donc, il faut savoir c’est dans l’islam ou pas, si ce n’est pas dans l’islam c’est que les musulmans ne sont pas stigmatisés par une réglementation concernant cet accoutrement.
Par contre, d’autres points abordés sont moins pertinents. Le plus flagrant concerne la langue française. En effet, Elle dit textuellement que « est français celui qui parle français ». Je ne pense pas que les Québécois, les Suisses, Certains Belges sont Français parce qu’ils parlent français.
Mme Sorel fait une erreur fondamentale, elle même fait l’erreur de prendre les symptômes pour des causes. Quand elle parle de la violence en estimant que le sport n’est pas recommandable à des enfants déjà nourris de violence. Je me demande sur quoi elle se base pour proposer sur ce genre d’affirmation.
Elle mélange les décisions d’ordre individuel et d’ordre politique. Elle mélange ainsi les conditions subies par des familles défavorisées généralement populaires manquant d’éducation avec le comportement typiquement bourgeois, calculateur, prévoyant etc. Les décisions de prise en charge qu’elle préconise sont paradoxalement impossible à appliquer à moins d’arracher les enfants de leur milieu familial. Les enfants seront porteurs malgré tout de l’héritage familial en bon ou en mauvais. Implicitement ou inconsciemment, elle admet que la pauvreté est pour quelque chose dans les difficultés de ces gens, ajouter à cela un conflit de normes difficile à résoudre dans un contexte économique qui hypothèque durablement l’avenir des jeunes.
Mais le plus choquant, c’est quand elle parle de gens qui ont certainement raté leur intégration (de gens qui sont en France depuis trois génération voire même quatre) comme s’ils doivent toujours avoir le même rapport avec la France que celui qui venait d’arriver. Celui qui s’est fait naturalisé, ou encore étranger, a certainement de la reconnaissance pour la France de l’avoir accueilli, mais quid de ceux qui sont nés en France de parents Français eux-mêmes Français nés en France, le sentiment de reconnaissance dans son discours ne fait pas de distinction de populations. Elle prend pour synonyme les populations immigrées et celles d’origine immigrée et leur assigne un devoir de reconnaissance qui devient un legs familial à porter de génération en génération. Cela peut se concevoir pour la première, mais la deuxième population française depuis plusieurs générations est-elle dans un rapport de donnant-donnant, est-elle turbulente parce qu’elle estime qu’elle a des droits comme tous les autres composantes de la nation, et qu’elle veut se faire entendre à tort ou à raison ?? Son analyse mérite d’être complétée à ce niveau-là.
Je termine par une question à laquelle je n’ai pas de réponse, pourquoi a-t-on diabolisé le FN si finalement tout le monde reprend ce qu’il a soulevé comme réflexions sur des problèmes qui se posaient il y a maintenant plus de deux décennies ??
http://www.agoravox.tv/actualites/societe/article/eric-besson-invite-malika-sorel-26350
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