Le double enfumage de François Hollande sur la création des 60 000 postes dans l’éducation
Une des propositions phares de François Hollande pour l'éducation nationale, c'est la création de 60 000 postes dans l'éducation nationale pendant son futur mandat de cinq ans s'il est élu, alors que Nicolas Sarkozy en aura supprimé 50 000 pendant le sien. Or cette proposition n'est pas honnête, même si elle part d'une bonne intention.
Signalons d'abord que François Hollande a nuancé la proposition depuis son annonce initiale de création de postes d'enseignants présentée comme une dépense supplémentaire, comme il est familier de cette pratique, revenant souvent sur ses annonces ("suppression" puis finalement "réforme" du quotient familial, "fusion" puis finalement "rapprochement" de la CSG et de l'IR, ajout timide d'une tranche marginale de l'IR à 45% puis ajout d'une autre à 75% trois semaine après,...). En effet, comme il l'a dit lundi soir 27 février 2012 lors de l'émission "Parole de candidat", ces postes ne seront pas seulement des postes d'enseignants (combien ?) mais également des postes d'accompagnement : surveillants, infirmières scolaires, psychologues, assistantes sociales,... (dans quelle proportion ?). Il avait aussi laissé entendre récemment que des créations de postes seraient faites au détriment d'autres postes de fonctionnaires (lesquels ? Dans quels domaines ?).
Mais je ne qualifierais pas cette ambiguïté d'enfumage. Il s'agit de précisions dénotant que l'annonce initiale était quelque peu précipitée et irréaliste, donc une intention louable de la rendre plus crédible, mais laissant de nombreuses questions sans réponse.
En revanche, quand on évoque le financement de cette mesure, évaluée à 1,7 milliards d'euros par an (représentant 12 000 postes par an qui cumulés sur 5 ans arrivent à 60 000, soit 5,2 milliards d’euros sur la durée du quinquennat, sans compter les futures pensions à payer, sachant que les pensions des fonctionnaires ne sont pas provisionnées en France, comme le soulignait le rapport Pébereau 2005), François Hollande botte en touche en disant : " c'est exactement le coût du manque à gagner de la baisse de l'ISF décidée par Nicolas Sarkozy [en compensation de la suppression du bouclier fiscal], alors, préférez-vous faire un tel cadeau aux riches ou recruter des postes dans l'éducation ?" Ce qui conduit habilement à soutirer l'adhésion du public sur la proposition, ... sans répondre à la question du financement. J'appelle cela de la manipulation et de l'esquive de la question. Donc premier enfumage.
Le deuxième enfumage est plus grave, car vise la faisabilité de la proposition : est-ce vraiment possible de recruter plus d'enseignants dans les conditions actuelles ? Comme l'a déjà signalé François Bayrou lors de l'annonce initiale de François Hollande, et comme le rappelle Luc Châtel, ministre de l'éducation, "« C’est irréaliste, car c’est faire preuve d’une méconnaissance totale du système de recrutement des enseignants. Or aujourd’hui, nous avons déjà des difficultés de recrutement et le doublement aboutirait mécaniquement à une baisse du niveau des enseignants recrutés. ».
Regardons les chiffres :
- 16 000 postes supprimés dans l'éducation nationale en 2011, comme l'a prévu la PLF 2011 : 8.967 postes d'enseignants supprimés dans le premier degré, 4.800 dans le secondaire et 600 dans les services administratifs, dans le cadre du non-remplacement du départ à la retraite d'un fonctionnaire sur deux (voir cet article reprenant les chiffres de la rentrée 2011) ;
- 13 434 enseignants ont été recrutés par concours pour la rentrée 2011 (voir cet article, source Ministère de l'Education nationale) ;
- En 2011, 20% des postes offerts aux Capes (4 880 places) n'ont pas été pourvus, faute de candidats à niveau, car il y a bel et bien une crise de vocation, dans une profession devenue de plus en plus difficile, mal considérée et mal rémunérée (rappelons que les enseignants allemands ont un salaire deux fois plus élevé). Voir aussi cet article).
Si dans les conditions actuelles de suppression de postes on n'arrive même pas à recruter les enseignants sur les postes vacants, on n'est pas près d'en recruter plus sans reprendre complètement la question de la revalorisation de la profession et du rehaussement du niveau des candidats, à moins de baisser l'exigence en rabaissant le niveau des professeurs recrutés.
Ou bien François Hollande ne compte-t-il que des postes d'accompagnement non enseignants dans les 60 000 recrutement ?
Le Parti Socialiste devrait méditer la célèbre citation de Georges Clémenceau : "La France est un pays extremement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impots".
20 réactions à cet article
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Bonjour, Marianne.
Hollande enfume, Sarkozy enfume, Le Pen enfume, Bayrou enfume, Mélenchon enfume...
Le jeu va consister non à savoir qui n’enfume pas (ils enfument tous à des degrés divers), mais qui a des chances d’être élu en étant le moins pénalisant pour les classes populaires.-
@ Marianne.
Vous avez cité Clémenceau, je me cite moi-même : « La France est un pays fertile : on y plante des promesses électorales, il y pousse des inégalités ! »Et pas sûr que votre champion soit mieux placé pour donner des leçons aux autres, lui qui a longtemps accompagné les dérives libérales avant d’être marginalisé par son ambition égocentrique.
Bonne journée.-
« On ne ment jamais autant qu’avant les élections, que pendant la guerre et qu’après la chasse... »,
Sacré Clemenceau, va !-
« - En 2011, 20% des postes offerts aux Capes (4 880 places) n’ont pas été pourvus, faute de candidats à niveau, car il y a bel et bien une crise de vocation, dans une profession devenue de plus en plus difficile, mal considérée et mal rémunérée (rappelons que les enseignants allemands ont un salaire deux fois plus élevé). »
Que les candidats au capes n’aient pas le niveau n’a rien à voir avec une qcq crise d’un métier soit disant mal rémunéré (bel enfumage pour reprendre le terme de l’article, ma compagne à 35 ans, non agrégée, gagne 2300€/mois pour 19h de cours par semaine, certes une petite huitaine d’heure de boulot à domicile, et 4 mois de vacances... Difficile de payer plus, mais je m’égare) ou mal apprécié (je dirais bien 2ème enfumage là, on confond le cadre qui devient pourri faute d’éducation parentale et perte d’autorité de l’enseignant, entre autres, et le métier qui jouit d’une belle côte d’amour en France) mais est lié au fait que non seulement l’éducation nationale a un niveau de plus en plus bas (il faut voir les fautes d’orthographes de certains candidats, par exemple...) et qu’on demande master 2 maintenant... Qd on demandera un doctorat, y aura encore moins de candidats... De plus, le nombre de candidats est encore bien au-dessus de ce qui était avant le pic monstrueux qu’il y a eu fin années 90 début 2000.Après, aucun des 2 candidats principaux ne s’attaque vraiment aux problématiques... Pour l’un faut augmenter les profs car les élèves les respecteront plus s’ils gagnent mieux leur vie (vive l’échelle des valeurs...) et pour l’autre plus de profs... Bref, l’EN est ds une belle panade mais ça dure depuis 20 ans, à croire qu’on veut la saborder...-
Les jeunes ne veulent pas aller au casse-pipe organisé par le calamiteux président.
Pour entrer de façon satisfaisante dans le métier d’enseignant, il faut recevoir une formation en pédagogie, en didactique, en psychologie de l’enfant et de l’adolescent....Dans la police et dans la justice, par exemple, la formation dure un an ou deux.Le recrutement prévu par Hollande est un message signifiant l’arrêt de la destruction de l’enseignement par l’ancien mauvais élève présidentiel.Marianne, votre religion sarkozyste vous empêche d’avoir un raisonnement cohérent.-
D’un côté nous avons des enseignants qui n’arrêtent pas de se plaindre alors qu’ils sont grassement payés pour le peu d’heures qu’ils font, d’un autre un système qui bafoué l’autorité de ces mêmes enseignants.
Il faut remettre le système à plat c’est une évidence trop d’erreurs ont été faites par le passé.Hollande est un rigolo qui ne s’attendait pas à arriver sur le devant de la scène, il n’a d’ailleurs pas les épaules assez larges pour cela. C’est un exécutant, pas un dirigeant, même son service de com est obligé de l’inciter à donner de la voix. Il mènera la France à sa perte s’il applique ce qu’il a bafouiller, la grande descente va arriver plus vite que prévu. Gros problème, en face le nain même s’il a plus de poigne, n’oeuvre pas pour le bien du pays. Entre le siècle, le CRIF et compagnie, il est trop à la botte des gens qui le commandent. -
600 postes en moins dans les services administratifs !!!! Alors que c’est la qu’il faudrait faire du ménage !!
Il y a un probléme fondamental d’organisation ...................
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Grosso modo, les 3 milliards que l’on donne aux restaurateurs sans contrepartie et les 3 milliards que se sont partagés rien que sur les revenus de leur capital les 100 personnes les plus riches de France représentent de quoi créer prés de 500 000 postes dans la fonction publique !
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http://2ccr.unblog.fr/2011/12/23/emploi-richesse-et-chomage/-
tu fais partie des 90% ou des 10% ?
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Quand Nicolas Sarkozy parle de l’EN, c’est comme un Martien qui donnerait son avis sur un match de baseball !
Voir Le Monde de ce jour :Effectifs de l’éducation nationale : les mauvais calculs de M. SarkozyToute la politique menée par le pouvoir et ses acolytes repose sur un seul objectif : le démantèlement des services publics et particulièrement l’étouffement de l’École républicaine, gratuite laïque et obligatoire. Au moins Hollande promet de cesser cette casse, alors que si le candidat-président est réélu, cela en sera terminé d’une certaine « idée de la France » : il n’y aura plus de Services publics, partant plus d’École ...Comme l’écrit Fergus ci-dessus, tous les candidats l’élection présidentielle cherchent à raconter une bonne histoire (a good story du storytelling). Doit-on obligatoirement parler d’enfumage ? Peut-être.Je ne rentrerai pas dans une querelle de chiffres : tout le monde arrive leur faire dire ce qu’il veut, surtout sur un sujet aussi technique.Quant aux élucubrations de barbamaman sur les salaires et les vacances des profs, on peut lui faire remarquer que ces derniers travaillent au moins 35h/semaine (chiffres officiels du ministère) et que s’il estime que gagner 2300€ mensuels après plus de douze ans de carrière, c’est bien assez, je me demande pourquoi il n’y a pas plus de candidats aux concours (CAPES, Agreg etc ...) !-
La seule qui enfume pas c’ est la cigarette électronique .
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Sarko fait des promesses aux paysans
Et Hollande aux profs !
Et personne pour promettre quoi que ce soit
Aux terrassiers, aux couvreurs, aux maçons, aux carreleurs, à tous ces boulots qui vous démontent les genoux, le dos.-
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C’est bien.
Maintenant que Sarkozy a annoncé qu’il reviendrait sur la règle du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux concernant l’éducation nationale, pouvez réécrire l’article en mentionnant bien l’enfumage du petit Nicolas, un enfumage « grave, car vise la faisabilité de la proposition : est-ce vraiment possible de recruter plus d’enseignants dans les conditions actuelles ? » :->-
Nous n’en sommes plus à l’analyse des programmes de Sarko ou d’Hollande ou des autres candidats , mais à une réflexion toute simple : barrer la route à un second mandat de Sarkozy.
Cette campagne se fait donc sur le rejet et non sur les promesses dont on sait ce qu’elles valent : elles n’engagent que ceux qui y croient.
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Et puis, qui on met en place à la place de Sarko ? Le culbuto ? Là on risque d’échanger un cheval borgne contre un cheval aveugle. C’est un réel problème, je l’avoue
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on ne va pas tarder à voir se profiler des appels à la royauté ou à la dictature tellement il devient à la mode de traiter tous les candidats de pourris de menteurs.
à moins qu’on ne préfère être gouvernés par des robots.au lieu de se répendre en lamentations et autodestruction maladive, les gens feraient bien de se dire que nous somme une république et pas une anarchie , que nous devons impérativement être gouvernés , que nous devons choisir les moins pire à défaut de gesn parfaits qui n’existent pas,mais nous devons aussi nous prendre en charge et faire entendre notre voix après l’élection au lieu de laisser faire et se contenter de râler et approuver l’insupportable.la preuve, des millions de gens godillots et masos s’apprêtent à revoter sarkosy après le quinquennat le plus calamiteux de notre histoire !!-
quand on pense que des pauvres gens trouvent anormal et scandaleux de faire un peu plus participer à l’effort ceux qui gagnent plus d’un million d’euros alors qu’ils trouvent naturel qu’on continue sans cesse de faire payer les pauvres, c’est dire on en en est !
pauvres chanteurs, pauvres sportifs, pauvres patrons du cac 40, réjouissez vous, on pleure sur votre sort dans les chaumières, et on meurt de faim et de froid dans Paris en 2012 !-
Qui enfume qui ,chère Marianne , si quelqu’un brevette le jeu il fera fortune .
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Le métier d’enseignant est devenu un métier de seconde zone fait pour ceux qui veulent une sécurité de l’emploi au prix d’une image sociale en mal d’estime. Le salaire est ridicule et les conditions de travail désastreuses. Ce qui est malheureux c’est qu’il n’y a pas que les profs à avoir été mal menés par la droite rpr et umpiste.
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