Le Grand Appauvrissement
Le service public, c'est le patrimoine de ceux qui n'en ont pas
La situation en France est aujourd'hui critique.
Notre pays vit un de ces moments qui précèdent la Tempête.
Une situation critique à plusieurs titres, sur plusieurs fronts, et pratiquement à tous les niveaux.
Que ce soit au niveau politique, mais aussi économique ou encore social, les voyants sont au rouge vif depuis bien, bien trop longtemps.
Et les derniers filets de sécurité sont en train de tomber.
Un tsunami de crises
La crise crise politique tout d'abord : un président le plus mal-aimé de la Vème, un président aux réformes dont les français ne veulent pas, un président éborgneur, méprisant, haï...réélu avec 20% des voix du collège électoral, par défaut, pour "faire barrage".
Cette crise politique émane aussi et avant tout d'une crise de légitimité démocratique : avons nous jamais été en démocratie dans ce pays ? Certains parlent aujourd'hui d'un "effacement démocratique" mais en vérité, cela fait longtemps que nous ne savons pas ce qu'est réellement la démocratie. La démocratie consisterait essentiellement, pour celles et ceux qui se gavent sur notre dos, à notre "devoir" de mettre un bulletin de vote dans l'urne tous les cinq ans. Puis à la fermer les cinq ans qui suivent, en subissant tout ce qu'il est possible de subir comme recul social et en étant toujours plus infantilisé, et dépossédé de tout pouvoir économique et politique. Est-ce cela, la démocratie ?
Dans un pays ravagé par la crise économique, et malgré les maquillages statistiques et médiatiques, le chômage et les faillites explosent. L'inflation est à un niveau historique, et le refus obstiné du gouvernement d'augmenter les salaires et d'appeler à la "générosité et au bon sens" des patrons, en dit long sur ce gouvernement. Un gouvernement mis en place par un banquier d'affaires, lui-même marionnette d'intérêts privés qui en attendent évident retour sur investissement. De fait, alors que la misère explose, et que les français commencent à voir leur espérance de vie diminuer, les coups de boutoir libéraux s'accumulent. Aucune accalmie sur le front antisocial. Alors que dans les couloirs des urgences, des personnes meurent, faute de prise en charge, des lits d'hôpital continuent d'être supprimés en masse, et les soignants qui refusent de se vacciner sont suspendus. Des gamins victimes de l'épidémie de bronchiolite sont trimballés à 200 km de chez eux, faute de places dans les services de Pédiatrie qui eux aussi, s'effondrent, privés de ressources, de lits, de praticiens.
La crise énergétique et la guerre en Ukraine ensuite : elles ont bon dos. Le gouvernement est en train de "préparer les français" à accepter de moins se chauffer, de moins s'éclairer, de moins vivre en somme...bien sûr le fait que macron vienne gentiment le demander aux riens que nous sommes, dans ses vidéos ridicules où il apparait en manches de chemises nous prouve que lui aussi, il applique la règle qu'il a imposée aux administrations : 19 degrés maximum dans les bureaux, et pas plus. Le service Public de l'énergie, qui a fait de l'indépendance énergétique du pays un instrument de sa souveraineté et de son autonomie, est désormais en ruines : edf-gdf est partiellement privatisée, les agents embauchés au statut n'existent plus, et les centrales nucléaires sont tellement bien entretenues par les intérimaires et autres travailleurs sous-traités précaires, que la moitié du parc est à l'arrêt. La France importe à grands frais (parmi les tarifs les plus chers de la zone euro) une électricité qu'elle produisait à bas coût, et qui lui est vendue hors de prix, la faute à un mécanisme européen délirant qui indexe le coût de l'électricité sur celui du gaz.
Du jamais vu.
Cette crise énergétique augure plus largement une crise majeure de tous les services publics : hopital, urgences, pédiatrie, sécu, sous-préfectures, petite enfance, ASE... la liste est tellement longue de ces Services Publics qui répond(ai)ent à des besoins essentiels de la population, et qui sont désormais à l'agonie.
La crise sociale dans laquelle s'enfonce chaque jour un peu plus notre pays n'est que la conséquence de cette destrruction programmée des services Publics français, la seule richesse de ceux qui n'en ont pas.
Et le fait que la majorité de la population, pour l'instant, ne s'en soit pas encore aperçu est symptomatique de ce qui arrive au pays. Les classes dites "moyennes", cette majorité silencieuse qui continue de grimacer mais se tait et subit sans broncher, ne sont pas encore sérieusement touchées par le tsunami qui s'annonce à l'horizon.
L'inflation ? Elle touche en premier lieu les plus misérables, qui n'ont pas l'énergie pour se battre, vu qu'ils la mettent toute entière à tenter de survivre.
La dégradation de la qualité de service rendu dans les services publics ? Elle sert à alimenter la rhétorique du "tous fainéants", alors que la majorité des retards et autres difficultés sont dûs à des surcharges de travail historiques, tandis que les effectifs et les budgets dondent comme neige au soleil. Mais ça, les classes moyennes s'en foutent, car la numérisation à marche forcée leur convient, tant que ça marche : elles y trouvent leur compte, et ne voient absolument pas le danger à ce que tout soit de plus en plus numérisé, digitalisé, budgété, contrôlé, verrouillé et in fine, dénaturé en permanence. Sous des arguments comptables, des biens et services "qui devraient échapper au Marché" comme disait l'autre, se retrouveront de plus en plus marchandisés, jusqu'à finir comme au pays de l'Oncle Sam. Les classes moyennes françaises ne se rebellent pas, inconscientes grenouilles qu'elles sont, car plongées dans une casserolle d'eau tiède que l'on porte lentement à ébullition. A leur insu.
Et, quand l'eau sera bouillante, il sera trop tard.
En fait, il est déjà trop tard.
Les scientifiques ont démontré qu'une grenouille plongée dans l'eau bouillante meurt instantanément.
La fameuse histoire de la grenouille nous plait, mais en fait elle est bidon : la grenouille, c'est nous, tous les jours.
Pas d'échappatoire : peut-être sommes nous déjà morts, bouillis, sans même le réaliser encore ?
Comme des grenouilles dans l'eau bouillante
La crise du maintien de l'ordre suivra donc la même tendance que les autres : tous les jours les CRS et autres "forces de l'ordre" brisent les manifestants et la contestation sociale, avec une violence d'Etat sans précédent dans "les pays démocratiques". Une contestation qui bien sûr, faute de débouché politique, survient à intervalle réguliers. L'état arme sa police avec du matériel "non létal" qui mutile et tue, et à chaque nouvelle crise la rhétorique, bien rôdée, de la parfaite démocrature prend de plus en plus de place. A tel point qu'on en arrive à traiter "d'écoterroristes" de simples citoyens qui, avec des pancartes et quelques fulmigènes, essaient de s'opposer pacifiquement à l'accaparement d'une ressource en eau devenue vitale pour un système agro-industriel engagé dans une fuite en avant irréversible. Après la rhétorique, en général, vient la répression en rapport avec cette rhétorique : combien de temps avant que ces "terroristes" ne soient arrêtés et mis au secret, voire pire ? Et combien de temps avant que les "forces de l'ordre" ne se rebellent, ou mieux encore, ne décident de faire un coup d'état à la Pinochet, histoire de reprendre les choses en mains ?
C'est une fuite en avant que nous servent désormais tous les jours nos gouvernants : mais il y a toujours pire que l'autoritarisme rampant qui nous guette, en terme de danger pour nos sociétés entières.
La crise écologique, pour ne pas la citer. Une crise qui ici là aussi, ne semble pas entraîner autre chose qu'une fuite en avant, sans retour en arrière possible.
Entre ceux qui nient l'évidence, ceux qui la refusent, et ceux qui s'en accomodent, y voyant même par là une nouvelle source de profits, un nouveau marché...et ceux qui la subissent et qui meurent dans l'indifférence générale.
Les français marchent vers l'anéantissement, tels des somnambules, dans un monde globalisé qui court à sa perte.
Mais les français ont une longueur d'avance : ils ont l'acceptation pour eux.
Nous sommes donc désormais heureux que l'hiver soit particulièrement doux (car nous économisons de l'électricité, et ça embête Poutine. Et donc c'est bon pour notre "démocratie". Ou pas), tout en faisant la grenouille (ou l'autruche) pour le prochain été, qui promet d'être lui aussi aussi "doux" que l'été dernier...ou pas.
En attendant, avec une inflation sur les produits de consommation courante qui atteint les 20% et des salaires qui stagnent, et une explosion des prix de l'énergie et des injonctions toujours plus pressantes à la "sobriété", que reste-t-il aux français ?
Les Services Publics sont tout ce qu'il leur reste de richesse véritable : pouvoir se soigner sans vendre la maison au moindre pépin de santé, pouvoir éduquer ses gosses sans s'endetter sur trois générations, pouvoir prendre sa retraite sans tomber dans la misère... Il faudra bien que les français comprennent que ces Services font partie du dernier patrimoine qu'il leur reste, et qu'il est en voie de braderie.
Il faudra bien que les français comprennent que ces Services Publics sont le seul filet qui les sépare encore de l'abîme, et du Grand Appauvrissement envisagé par nos "zélites".
Un Grand Dépouillement théorisé de longue date, et -presque- consciencieusement mené à son terme par le banquier placé à la tête de l'Elysée par ces mêmes zélites.
C'est son prooojet, c'est notre destiiiin
Citoyens votants (mais aucunement décidants), accepterez-vous donc de vous appauvrir, vous et vos enfants, à petit feu ? A moyen feu ? A plein feu ?
Accepterez-vous la tiers-mondisation en cours de ce pays, avec un retour au XIXème siècle, le temps béni des exploiteurs ?
Accepterez-vous de mourir dans un couloir des urgences en cas de coup dur, ou de perdre votre femme enceinte car elle devra faire 200 km en voiture suite à la disparition de la maternité la plus proche ?
Accepterez-vous de devoir vendre tout ce que vous possédez pour financer votre Affection de Longue Durée, lorsque votre Assurance maladie, devenue privée, vous signifiera au bout de 6 mois de traitement (pour cancer, diabète, dépression...) que vous n'êtes plus couvert, car pas assez rentable ?
Accepterez-vous les coupures d'électriité aléatoires, à toute heure du jour ou de la nuit, en été comme en hiver ?
Accepterez-vous de vivre à la bougie, de manger froid, de vous les geler chez vous, et de voir vos enfants faire de même ?
Accepterez-vous de vivre comme des gueux, alors que vos élites se prélasseront à la télé, agiteront leur richesse et leur bien-être sous votre nez, mangeront du homard sur votre dos, tout en continuant de vous mépriser, de vous insulter, de se gaver ?
Accepterez-vous le destin qu'on est en train de préparer pour vous et vos enfants ?
Acceptez, et vous finirez bouillis.
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