Le Grand Orient de France n’est pas mixte, il est universel
Saisie par le Conseil de l’Ordre (Bureau exécutif) pour statuer sur le sort des six femmes initiées dans des loges de l’obédience, l’instance juridique du Grand Orient de France, la chambre Suprême de Justice Maçonnique (CSJM) a rendu une décision nette et historique : elle a ordonné l’intégration des six femmes initiées et confirmé qu’aucune disposition règlementaire ne pouvait s’opposer à la liberté de chaque loge d’initier des femmes.
L’universalité humaine n’a pas de sexe.
Partisans ou adversaires de cette entrée des femmes dans l’obédience de référence de la maçonnerie française continueront quelques temps encore à échanger des arguments virils sur la mixité, ses mérites et ses défauts. Il convient d’analyser plus finement ce qui vient de s’opérer sur un plan sémantique.
Sans qu’une ligne du Règlement Général du GO n’ait été modifiée, la CSJM a cependant constaté que rien dans ce texte ne réduisait l’obédience à un caractère exclusivement féminin. Ce règlement ne comporte pour autant jamais la mention de "soeurs" et les membres y sont toujours désignés par le titre de "frères". En effet, ni dans le préambule du règlement - dénommé Constitution - ni dans les articles concernant l’admission, il n’est jamais fait mention du caractère masculin de l’obédience. Au convent 2009, la majorité des loges s’est prononcée à la fois contre la liberté des loges d’initier des femmes et contre le caractère exclusivement masculin du GODF. Vote paradoxal dont il fallait tirer les enseignements. Le refus de considérer le GODF comme une obédience masculine constitue un principe qui s’intègre logiquement dans la rédaction séculaire du règlement général. Le refus de laisser la liberté aux loges d’initier des femmes constitue un vote circonstanciel qui doit, en toute logique, être en harmonie avec les principes supérieurs du règlement général.
Or ces principes supérieurs sont clairs : le GODF n’admet aucune discrimination physiologique, qu’il s’agisse de la couleur de peau, du handicap, de l’orientation sexuelle et, désormais, du sexe même de ses membres. Cela signifie que ces notions n’existent pas dans l’espace laïc de la maçonnerie : pas plus qu’il n’y a de noirs ou de blancs parmi les frères, tous membres de la communauté humaine, il n’y a désormais pas d’hommes ou de femmes, mais uniquement des francs-maçons. Ce n’est pas la mixité qui entre au GODF, c’est l’universalité qui le réinvestit.
De l’arrière-garde à l’avant-garde.
D’un coup d’un seul, le GODF n’a pas fait que rattraper la société : désormais il la devance sur ce sujet. La laïcité exclut toute forme de réduction communautaire. Le GODF proclame désormais que, dans l’espace public, la distinction homme-femme ne doit plus exister. S’il demeure à l’évidence des domaines où l’égalité des femmes avec les hommes continuent de mobiliser légitimement les bonnes volontés, cette égalité ne vise qu’à abolir la distinction civile entre les sexes de la même façon qu’il convient de toujours avancer pour l’abolition des distinctions de race ou d’ethnie.
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